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Chapitre 35

Deux semaines passèrent depuis que le groupe de Link avait quitté le village de Nehvir. Thomas s'était mis de son propre gré à l'écart des autres et se contentait de prouver, en silence, qu'il était inoffensif. Personne ne lui avait pardonné la tuerie du village soneau, pas même Link qui se montrait pourtant à l'écoute de l'androïde. Ce dernier culpabilisait à cause de cela : il avait le sentiment de se servir de la bonté de l'élu, de profiter de son empathie dans l'unique but de se sentir exister. Ce fut pourquoi il s'enferma dans un mutisme volontaire pendant qu'il ménageait sa pierre d'énergie. Bien entendu, il ne cessait de surveiller les alentours pour percevoir la présence ou l'absence de Caï ainsi que des soldats du néant. Fort heureusement, les voyageurs croisèrent la route de Krassens dont ils parvinrent à se débarrasser en unissant leurs forces.

De son côté, Zelda parcourait un grand camp de fortune tout juste monté. Depuis son départ de Nehvir, elle avait réussi à rallier une dizaine de villages soneaux et à réunir quelques quatre cents guerriers prêts à se battre pour l'avenir et la liberté. L'idée de vivre à la « surface » les avait séduits, notamment car la vie y serait plus simple et plus douce. Suite aux récits de la princesse, nombreux furent ceux qui voulaient voir le ciel et le soleil de leurs propres yeux, comme Lasya, et qui voulaient se battre pour la déesse Hylia. Sa descendante était parmi eux, elle venait les guider et les libérer de cette prison souterraine qui ne leur offrait que famines et maladies. Toutefois, les convaincre de la suivre n'avait pas toujours été évident ; lors d'une visite dans un nouveau village, Zelda et ses compagnons comprirent qu'ils se tenaient au centre des descendants de guerriers ayant combattu pour Ganondorf, autrefois. De ce fait, ces derniers, en plus de haïr la déesse, ne possédaient plus le lien qui les unissait à elle. Ils tentèrent donc de tuer la prêtresse royale qui fut protégée par ses nouveaux soldats, dont Ren et Soran. Ils furent contraints de décimer les villageois rebelles et tous ceux qui désiraient sa mort. Ce ne fut pas un choix facile en raison de sa cruauté, mais Zelda ne pouvait pas se permettre de laisser en vie ceux prêts à la tuer et à plonger le continent dans le chaos.

Marchant au milieu des Soneaux, elle constata que certains avaient allumé quelques feux afin de cuire leur repas du moment tandis que d'autres se reposaient. Bientôt, la princesse rendrait visite au dernier village avant d'atteindre les souterrains du château : elle touchait à son but. Elle pourrait enfin revoir Link et lui apporter des renforts, bien que son armée ne soit composée que de quatre cents hommes et femmes. Parmi eux, quelques-uns n'étaient même pas soneaux. Ils descendaient d'Hyliens condamnés à vivre à Delteha, des millénaires auparavant, et avaient décidé de se joindre à elle et de gonfler ses rangs. Contrairement aux Soneaux, ils ne souhaitaient pas vivre à la surface par la suite mais voulait que leur royaume sous terre soit nettoyé de sa corruption et connaisse un avenir meilleur. Ils pensaient déjà à créer une forme de commerce avec Hyrule pour améliorer leur qualité de vie.

Zelda leur accordait quelques sourires mais reprenait bien vite un air sérieux durant sa marche soutenue. Elle se dirigea vers Ren et Soran qui discutaient près d'une colonne large et haute construite par les Soneaux des anciens temps. Ces derniers jours passés à arpenter Delteha et à forger des alliances leur avaient permis de mieux faire connaissance et de s'apprécier, ne serait-ce qu'un peu, même si leurs disputes restaient très fréquentes. Leur sujet de conversation concernait principalement la princesse ou bien la suite de leur stratégie pour rejoindre la surface. Malgré tout, Ren ne connaissait toujours pas l'histoire de l'enfant gardien ni toutes les épreuves qu'il avait traversées jusque-là. Elle le considérait toujours comme un homme un peu fou en dépit de ses capacités de combat remarquables. Il avait d'ailleurs été le premier à comprendre, lorsqu'ils étaient entrés sans le savoir dans un village ennemi, que les guerriers les entourant ne voulaient que la mort de Zelda.

- Votre discussion a l'air animée, remarqua l'Hylienne en arrivant à leur niveau. De quoi est-il question ?

Les deux Soneaux se tournèrent vers elle en même temps, Ren posa ses mains sur les hanches et Soran croisa les bras en gardant son air fermé. Tous les deux l'attendaient depuis de longues minutes en raison d'un conseil à venir avec d'autres deraïrs.

- Soran veut laisser Lasya ici, soupira la cheffe d'Altoz. Il dit que le monde au-dessus est trop dangereux pour elle. Après tout ce chemin parcouru, je ne peux pas l'abandonner à Delteha ! Pas aussi loin d'Altoz...

- C'est une enfant, elle n'aurait jamais dû entamer ce voyage avec nous, déclara-t-il en gardant ses positions sur le sujet. Un adulte responsable et conscient des dangers actuels n'aurait jamais accepté qu'elle vienne.

La guerrière tiqua et détourna la tête avec agacement. Ce taré ne l'écouterait jamais. Il était le premier à parler de responsabilité alors qu'il n'était même pas stable psychologiquement.

- Pour l'énième fois, mêle-toi de tes affaires et obéis aux ordres qui t'ont été donnés, grogna Ren en retirant ses mains de ses hanches. Maintenant que Zelda est là, allons rejoindre les autres deraïrs. Nous sommes tout près des souterrains de votre cho...chu...

- Château, l'aida Soran qui leva les yeux vers la voûte avec exaspération. Ce n'est pas bien compliqué à retenir.

Ren le fusilla du regard, les yeux plissés, puis elle donna un coup de pied sans grande force dans son tibia. Le brun grimaça et la dévisagea avec énervement.

- Du calme, tous les deux, essaya Zelda pour apaiser la tension entre eux. Ce n'est pas avec des disputes aussi futiles que nous réussirons à être unis...

Les deux combattants soutinrent toujours leur regard dur l'un dans l'autre, ne voulant s'y dérober sous aucun prétexte à cause de leur égo. Cependant, quand ils virent Zelda s'éloigner sans prendre la peine de les attendre, ils durent accourir derrière elle et lui emboiter le pas.

- Espèce de taré, bougonna Ren avec désinvolture.

Soran souffla avec dignité et adopta son attitude princière qu'il prenait encore du temps où il vivait avec sa sœur.

- Le dernier à m'avoir insulté en a répondu de sa vie.

Ren ricana amèrement et dut se retenir de répliquer après le regard lassé que Zelda lui adressa. Bien que l'Hylienne ne comprenait pas un traître de leurs mots, elle se doutait que leur échange en soneau n'avait rien d'élogieux. Ses deux compagnons durent se taire jusqu'à ce qu'ils rejoignent les autres deraïrs. Ceux-ci les attendaient près des ruines de leurs ancêtres bâties, à l'origine, pour honorer les esprits des morts ainsi que celui de l'Alpha. Il s'agissait de colonnes gravées et portant différentes sculptures qui représentaient des animaux, certaines ressemblaient étrangement aux rumys et d'autres prenaient la forme d'une tête à deux visages : l'Alpha lui-même. Zelda salua ces guerriers et guerrières qui inspiraient le respect par leur prestance ou bien leurs actes auprès de leur village. Les chefs soneaux invitèrent la prêtresse royale à se joindre à eux et à exposer ses desseins pour la suite de leur périple. Ren fut l'interprète et traduisit aussi bien en soneau qu'en hylien en fonction de l'interlocuteur.

- Nous ne savons pas encore si le dernier village est notre allié ou non, commença Zelda avec grand sérieux. Maintenant que nous avons un nombre considérable de soldats, il est probable qu'ils nous voient comme une menace et qu'ils tentent de me tuer.

Elle repensa à cette fois où on lui avait tendu un piège et que des dizaines de guerriers l'avaient entourée, elle ainsi que ses alliés. Fort heureusement, malgré le massacre du village ennemi par la suite, Zelda s'en était sortie vivante mais avec la mort de femmes, d'enfants et d'hommes sur la conscience.

- S'ils ont un peu de bon sens, ils n'oseront pas te faire du mal, objecta Aeri en souriant avec confiance.

Elle était l'une des deraïrs présents et s'approchait, tout comme Ren, de ses trente ans. En dépit de sa petite taille, il s'agissait d'une femme tout en chair qui arborait différents tatouages en plus de son animal totem : le sanglier. Dans un premier temps, Zelda s'était méfiée d'elle à cause de ce simple motif qui lui rappelait de très mauvais souvenirs. Cependant Soran possédait le même et n'était pas un partisan de Ganondorf pour autant.

- Après tout, ils ne se risqueraient pas à tuer le chef d'une armée quand celle-ci est aux portes de leur village, avec les capacités de le raser, termina-t-elle. Procédons comme tu en as l'habitude, cela ne te sera que bénéfique.

- J'en suis consciente, affirma Zelda qui joignit ses mains pour cacher son début de nervosité. Mais plus nous approchons de notre but, plus je crains de subir une trahison.

Elle baissa la tête quand le visage d'Oswald lui revint en tête.

- Excusez-moi pour ce moment de doute. Il y a certains souvenirs plus durs à surmonter que d'autres.

Ren prit la liberté de poser une main sur son épaule en guise de soutien silencieux et solide. N'importe quel chef douterait vers la phase finale de son plan. L'essentiel était d'être bien entouré et de posséder toutes ses cartes en main pour réussir. Certains Soneaux se demandaient en quoi ce dernier village pouvait être important pour gonfler leurs rangs, en particulier car ils étaient déjà assez nombreux. Mais aux yeux de Soran, ceux qui habitaient près de l'ancien château connaissaient parfaitement la région et seraient en mesure de les avertir contre des dangers éventuels.

- Descendante de la déesse, intervint un homme d'un âge avancé nommé Makaio, nous voulons savoir si nous nous dirigerons directement vers le cimetière des créatures de fer après avoir rallié le dernier village. Ou bien préfères-tu accorder un jour de repos à nos guerriers ?

- Tout déprendra des informations que nous aurons. Même si je souhaiterais quitter Delteha au plus tôt pour retrouver les miens, je dois ménager nos forces car ce qui nous attend là-haut sera encore plus éprouvant que vous ne le pensez.

Tous hochèrent la tête avec compréhension et la remercièrent pour cette sage décision. Leur cœur, leur âme, toutes les fibres de leur corps ne souhaitaient que combattre pour la déesse pour qui leur peuple avait juré allégeance, des millénaires indénombrables plus tôt. Ils savaient que leur mission et leur combat seraient auprès d'elle ou de sa descendante, alors ils se devaient de tout mettre en œuvre pour sa réussite, même si leurs forces actuelles sembleraient bien ridicules face à Ganondorf. Cependant, cette petite armée se joindrait à celles bien plus conséquentes des Hyruliens et des autres pays autour d'Hyrule. « L'union fait la force » selon un dicton célèbre, il ne fallait pas l'oublier.

- J'accompagnerai Zelda, comme toutes les autres fois, déclara Ren qui prit appui contre l'une des colonnes sculptées. Mais si tu veux mon avis...

Elle ancra son regard dans celui de la blonde pendant que Soran prenait la relève pour traduire, d'un air las.

- Je préfèrerais que tu restes à l'extérieur du village. En cas d'attaque surprise, tu auras la vie sauve.

Zelda lui offrit un sourire empli de reconnaissance mais la reprit bien vite :

- Non, je dois venir. Je suis consciente des risques que j'encours mais ma présence est nécessaire. Ils doivent voir mon implication dans ce conflit et l'importance que je donne au peuple soneau. Je suis bien plus inquiète par la manière dont les soldats du château et le personnel réagiront en voyant une armée arriver par les bas-fonds...

Un silence pesant s'ensuivit et surprit la princesse qui haussa les sourcils. Elle se demanda si les mots employés n'avaient pas tous été compris par les habitants de Delteha. Pour certains, ce devait être le cas. Mais pour d'autres, comme Soran, ce fut une forme d'embarras qui se lut aisément sur leur visage. Un embarras dont l'origine échappait à Zelda et la laissait perplexe. Soudainement, son bas-ventre se tordit avec force et lui arracha une grimace qu'elle tenta de cacher en pinçant les lèvres. Son abdomen recommençait à lui faire mal ; des douleurs plus vives arriveraient dans les prochains instants et cela serait problématique au vu de la situation.

- Je pensais que tu étais au courant, reprit Aeri en s'adressant à elle. Votre... château n'est plus là. Il n'y a plus qu'un trou immense d'où sort une lumière aveuglante. Personne n'ose s'en approcher par peur de perdre la vue définitivement et l'accès y est condamné pour le moment.

Les yeux de Zelda s'écarquillèrent sous l'effet de la stupéfaction et de l'incompréhension.

- Comment ? souffla-t-elle en tournant la tête vers l'enfant gardien. Soran, je pensais que tu étais passé par les souterrains du château pour atteindre le cimetière des Gardiens...

- Je suis bien passé par là, je n'ai pas menti, se défendit-il en fronçant les sourcils. Je ne savais pas que tu n'étais pas au courant.

Elle serra les poings lors de la première grosse contraction qui lui donna l'envie de geindre. Cependant, ce qu'elle apprenait était bien trop grave pour accorder de l'attention à son ventre.

- Au courant ? Je suis ici depuis des semaines, comment veux-tu que je sois au courant ? Tu es la seule personne qui puisse m'apporter des nouvelles d'Hyrule ! Qu'est-il arrivé au château ?

Tous les regards se posèrent sur le brun qui détestait cette attention trop poussée sur lui.

- Ganondorf s'en est emparé grâce à un moyen qui m'échappe. J'ai vu la forteresse s'envoler de mes propres yeux et emporter avec elle ses derniers occupants. Quant à la citadelle...

Il baissa les yeux et observa tristement le sol en se souvenant de l'état dans lequel il l'avait retrouvée.

- Elle a été rasée par un souffle dévastateur. Il ne reste que des débris et des ruines.

La honte l'empêcha de poursuivre et d'expliquer comment il avait pu descendre vers Delteha. En effet, une trentaine de mètres séparaient les deux niveaux, tout saut s'avérait impossible sous peine de se tuer. Après l'avoir menacé de mort, Soran avait forcé un Piaf blessé à le déposer au cœur des souterrains avant de le libérer de cet enfer. Terriblement affectée par cette nouvelle, Zelda cacha sa bouche et eut un mouvement de recul lorsque les larmes lui montèrent aux yeux. La citadelle... La magnifique citadelle qu'elle avait reconstruite avec l'aide de Link et de Pahya... avait été détruite définitivement. Il ne restait plus rien, ses espoirs avaient été soufflés et effacés en quelques instants. Et Ganondorf avait emporté avec lui le lieu de son enfance, le berceau des épreuves qu'elle avait surmontées. Il avait volé l'héritage de son père pour le corrompre et le souiller. La princesse ne put le supporter : elle planta ses ongles dans ses bras quand elle sentit une rage nouvelle la submerger. Que les déesses la pardonnent d'avoir des pensées aussi sombres à propos d'un individu... À cet instant précis, Zelda voulait la mort de Ganondorf. Elle souhaitait le voir souffrir et payer pour tous ses crimes, pour tous ses actes, pour ces millénaires de peur.

- Zelda, je t'en prie, reprends-toi... essaya Ren en la voyant dans cet état. Cet enfoiré paiera mais ce n'est pas le moment !

Les iris d'un vert glacial de la princesse s'ancrèrent dans les siens et la firent frissonner. Pour la première fois, la guerrière voyait de la haine à travers le regard de la descendante. Une haine qu'elle n'aurait jamais dû connaître et éprouver. Ren savait à quel point ce sentiment dévastateur pouvait éloigner une personne du droit chemin et la transformer, ne serait-ce que quelques instants. Jamais elle ne voulait voir Zelda basculer ainsi.

- Ganondorf m'a volé ma mère et mon enfance, prononça l'Hylienne à mi-voix. Cette fois-ci, il viole la mémoire de mon père et arrache mes espoirs d'un avenir de paix et de bonheur...

Elle posa une main contre son ventre après une deuxième vague de douleur qui la fit gémir. Gémissement mal interprété par les Soneaux, loin de se douter qu'elle attendait un enfant.

- Et maintenant, il veut s'en prendre à mon peuple et à ma nouvelle famille...

Repenser à Link et à son absence lui fit d'autant plus mal. Bientôt, ils seraient réunis et ils combattraient ensemble une dernière fois. Pour le meilleur et pour le pire. Peu importait si Zelda n'était pas en possession de cette Altéis introuvable. Le Guide avait tort à son sujet, aucune arme autre que l'épée de légende, aucune personne autre que les élus des déesses ne pouvait vaincre Ganondorf. Altéis n'était qu'un prétexte stupide, une énigme sans utilité dont elle n'avait pas trouvé la solution. Le front dorénavant en sueur à cause de son ventre, Zelda prit appui contre une colonne et jeta un regard suppliant à Ren qui comprit immédiatement ce dont il était question. Les deraïrs et Soran voulurent l'aider à leur tour mais elle les congédia aussitôt : elle prétendit qu'une anxiété trop vive lui donnait la nausée et qu'elle avait besoin de réfléchir pour calmer son trouble. Sceptique, l'enfant gardien regarda les deux femmes s'éloigner sans rien dire puis il s'assit sur un rocher recouvert de mousse, prêt à se rendre au dernier village soneau et à défendre la descendante de sa sœur. Bientôt, il pourrait venger celle-ci et obtenir son pardon.

De son côté, Zelda prit place un peu à l'écart des guerriers et haleta bruyamment en fermant les yeux avec force. Une fois de plus, elle sentait ses forces comme absorbées par le petit être qui se développait en son sein. Au bord de l'évanouissement, elle laissa Ren la soutenir et la déposer contre le tronc d'un arbre souterrain. Habituée à ce genre de crise, l'altozienne décrocha la gourde en bois souple de sa ceinture puis donna de l'eau à sa compagne de route. Puisque Zelda fut incapable de boire sur le moment, la guerrière lui mouilla le front après l'avoir éventée de longues secondes. En dépit de l'état de l'Hylienne, elle l'admirait pour son courage et sa capacité à retenir ses cris de douleur. Après tout, la blonde ne voulait pas susciter l'inquiétude des troupes ou bien des questionnements à son propos.

- Tu es sûre de vouloir rencontrer le dernier deraïr ? lui redemanda sérieusement Ren qui s'accroupit devant elle. Je ne veux pas que tu sois encore plus fatiguée après ça.

Zelda entrouvrit difficilement les yeux. Ses douleurs ainsi que l'annonce des ravages de la citadelle n'étaient vraiment pas arrivées au bon moment. Cette accumulation d'informations difficilement assimilables l'avait surmenée en peu de temps. Elle hocha la tête dans le but de confirmer sa présence. Dorénavant, un énième problème se posait de nouveau devant elle : sortir de Delteha en passant par un trou béat situé à des dizaines de mètres de hauteur. Il faudrait construire des échelles, cela prendrait encore beaucoup de temps et pourrait coûter très cher à son peuple resté à la surface. Mais y avait-il d'autres solutions ? Zelda n'en voyait aucune. Et savoir que des soldats de Ganondorf était à sa recherche rajoutait un poids de plus sur ses épaules. Au final, elle ne pourrait pas accorder de temps de repos aux guerriers venus se battre en son nom. Ils devront bâtir des échelles assez hautes et solides pour atteindre la surface. Cependant le bois de Delteha n'égalait pas la qualité de celui d'Hyrule : il était fragile et humide, donc peu résistant aux poids conséquents. Il n'y avait malheureusement pas d'autres choix à adopter pour le moment.

Zelda inspirait et expirait lentement afin de calmer les douleurs brûlantes dans son abdomen. Quant à cet enfant, elle ne savait pas comment annoncer la nouvelle à Link le jour où ils se reverraient. Son cœur se pinça fortement à cette idée et un vif sentiment de vide la replongea dans sa solitude. Leurs chemins se recroiseraient-ils ou bien mourrait-elle avant à cause des Corrompus ? Elle contempla alors sa bague de fiançailles. À cet instant précis, la jeune femme n'avait plus la force de se battre. Elle se maudit pour son sentiment d'impuissance intensifié par les dernières informations désastreuses. Si Link avait été là, il l'aurait épaulée et lui aurait redonné du courage, comme il avait si bien su le faire par le passé.

- Cet enfant ne survivra pas à la guerre, murmura-t-elle en regardant dans le vide pendant qu'elle laissait sa main reposer sur son ventre. Quoi que je fasse, il mourra. Il ne sera qu'un énième sacrifice causé par Ganondorf...

L'expression de Ren s'assombrit en l'entendant dire une telle chose. Elle aurait aimé la contredire et lui assurer que son bébé naîtrait comme n'importe quel autre. Seulement elle en était bien incapable. Le Guide avait déjà prévenu la prêtresse royale que son enfant mourrait en couche ou bien dès l'instant où le sceau divin serait exploité à pleine puissance. Il n'y avait donc aucune alternative possible. La guerrière prêta plus attention aux cernes visibles de Zelda ; le manque de lumière et de nutrition adéquate l'épuisaient de plus en plus, et la grossesse n'arrangeait rien. Le visage en sueur, l'Hylienne observa la voûte au-dessus d'elle tandis que sa respiration s'accélérait peu à peu pour reprendre son rythme habituel.

- Je ne sais même pas comment je vais l'appeler, reprit-elle tristement d'une voix tremblante. Je n'y ai jamais réfléchi, je ne voulais pas encore d'enfants...

- Tu as le temps d'y penser, la rassura Ren qui lui essuya une nouvelle fois le front.

Zelda lui prit la main et la repoussa avec douceur en regardant sur le côté.

- Une fois que nous serons à la surface, ce sera impossible. Je ne pourrais pas me permettre de perdre mon temps à y réfléchir. Nous aurons des éléments bien plus importants à traiter.

- Dans ce cas, laisse-moi appeler Lasya, la pria l'altozienne en se relevant. J'ai cru comprendre que ça lui ferait plaisir de t'aider à trouver un prénom.

La princesse lui demanda de se hâter car elle voulait rencontrer le dernier deraïr le plus tôt possible. Elle profita de ce dernier moment de répit et d'attente pour recouvrer quelques forces. À travers le bracelet, bien que ce ne fut qu'un bref instant, elle perçut une grande joie qui vint lui réchauffer le cœur. Link venait d'apprendre une quelconque bonne nouvelle, elle n'en doutait pas. Elle espérait qu'il ait gagné une bataille au nom d'Hyrule. Cependant, à cette pensée, la peine la rattrapa bien vite et la jeune femme se mordit l'intérieur de la lèvre inférieure. De manière égoïste, elle aurait voulu qu'il vienne la chercher dans les tréfonds du royaume. Mais il avait tant à faire à la surface et contre Ganondorf qu'elle acceptait qu'il privilégie son devoir à sa famille, même si cela la peinait.

- Zelda ! s'exclama Lasya qui arrivait en courant sans Ren.

Tout de même heureuse de la voir, l'Hylienne lui offrit un sourire à l'apparence éreintée, certes, mais sincère. Fière de sa prise toute fraîche, la fillette lui montra un lézard gris qu'elle avait piégé peu avant.

- Regarde ce que je vais griller pour le repas, se réjouit-elle en observant l'animal avec avidité. Il n'y a pas beaucoup de chair mais la peau croustille entre les dents.

Elle plongea le lézard dans sa poche puis vint s'asseoir rapidement en tailleur près de l'adulte qui replaçait ses cheveux. Lasya regarda alors son amie en affichant un grand sourire. Zelda ne sut guère pourquoi un silence s'installait entre elles. Elle avait le sentiment que l'enfant attendait un mot ou un geste de sa part au vu de la bonne humeur dont elle lui faisait part.

- Je lui donne mon prénom ! s'exclama soudainement Lasya avec enthousiasme. C'est un vrai garçon, il le portera mieux que moi.

La jeune femme papillonna des yeux, comme si elle avait mal entendu. Néanmoins, face à la détermination de sa petite compagne de route, elle n'avait pas rêvé. Lasya lui proposait de donner son premier prénom à son fils.

- Pourquoi ? fut la seule chose que Zelda put dire à cause de son étonnement.

- Parce que ça me fait plaisir. Il y aura au moins une personne qui le portera, c'est ce que mes parents souhaitaient.

La princesse déglutit, ne sachant si elle pouvait réellement accepter une telle proposition. Bien entendu, elle la touchait. Mais d'une autre manière, elle se sentait mal pour cet homme et cette femme qui avaient voulu nommer leur enfant Eraen ; Zelda avait l'impression de leur enlever le bonheur d'avoir un enfant au nom unique.

- Lasya, je ne sais pas quoi dire, s'excusa-t-elle avec embarras. Ta proposition me touche, crois-moi. Mais je suis perdue...

La fillette perdit son sourire avant de river son regard vers ses pieds.

- Ce serait un souvenir de ton passage à Altoz, énonça-t-elle sur un ton neutre. Ren m'a dit que tu ne reviendrais pas vivre avec nous après ta mission. De toute manière, une fois là-haut, tu vas te dépêcher de me mettre à l'abri donc on ne se verra plus pour un bout de temps...

Zelda passa une main dans sa chevelure blanche et l'ébouriffa quelques secondes.

- C'est pour ton bien, lui assura-t-elle. Il est hors de question que tu nous accompagnes sur le champ de bataille par la suite.

Lasya grimaça en s'imaginant toutes les horreurs qu'il y aurait. Jamais elle n'avait aspiré à devenir guerrière, surtout pas après avoir assisté à la mort d'Asam, ce même homme qui avait tenté de la tuer car elle avait surpris une conversation qui conspirait contre Ren. Soran l'avait sauvée, certes, mais lui avait montré une vision de la mort qui avait terrifié l'enfant à vie.

- Nom d'un Krassen, j'veux pas voir ça ! J'irai me cacher durant des Éclosions s'il le faut.

La prêtresse royale émit un soupir discret pendant que son regard laissait transparaître une certaine tristesse. Comment expliquer cela à une enfant ? Même si elle comprenait les mots, elle n'en saisirait pas toute l'ampleur.

- Il est probable que je ne réchappe pas à ce conflit, lui avoua difficilement Zelda. Tu dois accepter la possibilité que nous ne nous revoyions pas.

- Quoi ?! Non, me dis pas un truc pareil !

Lasya lui agrippa les manches et lui montra ses yeux plus humides suite à ce qu'elle venait de dire. Cette vue créa une boule dans le ventre de Zelda et lui assécha la gorge.

- Zelda, promets-moi que tu reviendras me chercher avec Ren après votre bataille ! Peu importe s'il te manque une jambe, un œil ou une partie de tes souvenirs ! Mais je t'en supplie...

Elle éclata en sanglots de manière si soudaine que Zelda en fut désemparée.

- Ne m'abandonne pas comme mes parents, la conjura l'altozienne en s'emparant de la demi-cape de la princesse.

Cette dernière la prit dans ses bras et la serra avec chaleur pour tenter de la réconforter. Elle ne lui promit pas de revenir vivante car il lui était impossible d'affirmer qu'elle survivrait à toutes les épreuves qui l'attendaient à la surface. À la place, elle déclara qu'elle garderait le prénom Eraen pour le moment et la remercia pour sa suggestion. Zelda l'aida à sécher ses larmes et à calmer ses pleurs car la voir dans cet état la démoralisait. Soran avait raison : Lasya aurait dû rester auprès de sa grand-mère. Elle y aurait sans doute été plus en sécurité malgré la présence des soldats du néant. Après tout, les guerriers restés sur place auraient aidé les villageois à se cacher et à fuir vers une cavité sans dangers. Seulement Zelda ne pouvait savoir que le village d'Altoz avait été dévasté par les Corrompus et qu'un grand nombre de ses habitants avaient péri. La fillette aurait très certainement fait partie des victimes.

oOo

- Je refuse de mettre mes guerriers à ta disposition, trancha catégoriquement Tavir en croisant les bras. Aucune de ces femmes, aucun de ces hommes ne se battront pour toi. Il est hors de question que je les sacrifie pour une cause qui nous dépasse et dont nous ne sommes pas acteurs !

Tel était la réponse du dernier deraïr, un chef d'une cinquantaine d'années, aux rides visibles et au corps svelte. Son ton sans équivoque médusa Zelda et ceux venus pour l'accompagner. Elle n'avait pas affaire à des Soneaux anciennement dévoués à Ganondorf pourtant... Et leur chef refusait de lui prêter main forte dans la libération d'Hyrule. C'en était inconcevable et absurde car Delteha serait tout autant impactée si le monde de la surface sombrait définitivement dans le chaos et les ténèbres. Dans son dos, l'Hylienne entendit Soran tirer son épée de son fourreau, prêt à agir contre un ennemi potentiel. En réponse à ce geste d'hostilité, les guerriers du village en question bougèrent à l'unisson et s'apprêtèrent à s'emparer de leur lance ou de leur hache pour riposter.

- Soran, rengaine cette foutue épée et écoute ce qu'il a à dire, grogna Ren en lui empoignant fermement le poignet.

- Cet homme refuse de se battre pour la paix. Ce n'est pas notre allié.

Elle crut rêver en l'entendant formuler une telle absurdité.

- Mais cela ne fait pas de lui notre ennemi non plus, nuança-t-elle en jetant un regard bref à l'élue qui montrait son inquiétude. Il n'éprouve pas d'aversion pour Zelda donc tu n'as aucune raison de commencer à t'exciter.

Ren posa un doigt sur sa poitrine et l'enfonça légèrement dans sa couche de vêtements, ce qui déplut au brun qui plissa les sourcils avec agacement.

- Je considère Tavir comme notre allié. Si tu t'en prends à lui, tu bafoueras le pacte de promesse et tu en seras sévèrement puni. Et crois-moi que tu ne pourras pas te battre avant un petit moment après ça.

Soran claqua de la langue et lâcha la fusée de son épée à contrecœur. Zelda le remercia d'un signe de tête discret puis présenta ses excuses - traduites par Ren - au deraïr. Ce dernier, peu rassuré, prétendit que ce n'était pas bien grave et qu'il comprenait la méfiance de cet étranger à la chevelure de ténèbres. Au lieu de congédier le groupe restreint, il le pria de s'asseoir quelques instants puis il fit signe à l'un de ses guerriers de s'approcher. Ce dernier s'exécuta.

- Rassemble six sacs de céréales ainsi qu'une trentaine de paniers de légumes, lui ordonna-t-il. Demande aux nôtres de donner les fourrures dont ils ne se servent plus. Je veux aussi que nos guerriers donnent leurs flèches à ces gens.

- Mais ce sont nos provisions et notre équipement !

- Fais ce que je te dis.

Le Soneau voulut remettre en cause la requête de son chef bien qu'il se résignât rapidement face à son regard dur. L'homme s'inclina puis sortit de la hutte sans prendre la peine de regarder les hôtes. Tavir soupira sans retenue avant de reporter son attention vers la princesse d'Hyrule qui attendait une explication.

- Je ne vais pas mettre mes guerriers à votre disposition, répéta-t-il avec assurance. Cependant, je n'ai pas dit que je ne vous aiderai pas. Je vous offre une partie de nos vivres pour nourrir vos guerrières et guerriers ainsi qu'un ravitaillement en flèches. Croyez-moi, vous en aurez besoin.

- Comment ça ? le questionna Aeri en posant une main sur sa hanche.

- Nous avons aperçu de nombreux êtres faits de chose près du cimetière des créatures de fer. Ils surveillent le puits de lumière. Je ne peux pas vous en dire plus car aucun de mes éclaireurs n'a pu mieux voir à cause de la luminosité aveuglante. J'en ai interdit l'accès depuis. Il me semblait avoir fait passer l'information aux autres villages.

Tavir passa une main dans sa barbe hirsute qu'il caressa pendant sa réflexion.

- Il vous faudra engager le combat après vous être longuement habitués à la lumière. Malheureusement, je crains que vos armes ne soient d'aucune utilité face à la chose.

- La descendante d'Hylia sera capable de pallier ce problème, lui apprit Ren qui attisa la curiosité de son interlocuteur. Enfin, je sais que je te demande beaucoup mais j'ai besoin que tu m'aides à trouver du bois solide.

Le deraïr manifesta son étonnement par un haussement de sourcils et un air interrogateur. Après quelques instants à réfléchir, il comprit que ce matériau leur servirait pour quitter Delteha. Tavir ignorait ce qu'ils comptaient en faire et comment ils l'utiliseraient par la suite, toutefois il n'avait aucune raison de leur cacher l'emplacement d'un petit bois près de son village. De son côté, Zelda demeurait muette et contemplait sans le vouloir la statuette d'un esprit, placée dans un coin de la hutte. Elle repensait à ce qu'on venait de lui traduire, à ce puit de lumière qui posait tant de problèmes pour les habitants des souterrains. Il n'y avait rien d'étonnant à ce qu'ils soient aveuglés par la luminosité du jour : après autant de millénaires dans l'obscurité, leurs yeux ne pouvaient qu'avoir grand mal à s'adapter à la lumière naturelle du soleil. C'était pourquoi il fallait trouver une solution. Cette dernière ne fut guère compliquée, Zelda y pensa presque aussitôt.

Ils agiraient à la tombée du jour. Le ciel sera rouge orangé, le soleil serait caché derrière les montagnes et donc n'aveuglerait pas ses compagnons. Grâce à cela, ils pourraient se repérer dans l'espace et prendre la bonne direction. Du moins la direction qui semblerait la plus logique aux yeux de Zelda : le village de Cocorico. Elle espérait y retrouver Impa ainsi que les autres Sheikahs. Elle serait en mesure de l'aider et de la guider vers Link pour se battre à ses côtés. Après tout, l'ancienne conseillère royale avait toujours été là pour elle, que ce soit par le passé ou à cette époque.

- Que les esprits et les déesses vous préservent, leur souhaita Tavir après que leur conversation eut encore un peu duré. Je me tiens prêt à défendre mon village et nos terres si notre ennemi les foule. J'espère aussi que la descendante pardonnera mon manque d'implication.

- Seulement si elle parvient à sortir vivante d'ici, répliqua Soran sur un ton cinglant. Si ce n'est pas le cas, je viendrai personnellement t'éventrer et faire manger tes entrailles à ta descendance.

Outrés par ses propos, Ren ainsi que d'autres deraïrs qui l'accompagnaient en furent bouche bée. L'altozienne s'empressa de traduire sa menace à Zelda qui eut la même réaction et sut qu'il en serait capable. Après avoir quitté sa sœur, dix millénaires auparavant, il avait dû accomplir des actes ignobles de la même ampleur pour être accepté par Orion et ses hommes. Peut-être même que Soran avait fini par banaliser cette forme de violence, qu'elle soit verbale ou physique.

- Soran ! s'indigna Ren en serrant les poings.

- Il doit comprendre que sa décision met en grand danger la vie de ma s... de Zelda, se rectifia-t-il difficilement. Tu as réellement conscience de la petitesse de notre « armée » ? Quatre cents hommes et femmes te paraissent considérables à ton échelle !

Il éleva la voix et balaya l'air sur le côté dans un geste furieux, presque théâtral. Il s'exprimait enfin clairement, après des jours et des jours à garder pour lui ce qu'il pensait réellement de la stratégie pour quitter Delteha. En vérité, Soran ne se sentait plus légitime de donner son avis ou de guider autrui dans la voie d'Hylia. Pas après avoir "trahi" la déesse pour rejoindre le camp de Ganondorf, même si cela n'avait été que pour servir sa sœur et la protéger.

- Mais là-haut, ce ne sont pas quelques centaines d'ennemis qui nous attendent ! Ils seront des milliers, bien plus forts et expérimentés que les déchets envoyés ici par Ganondorf.

Soran fit face aux autres chefs présents dans l'unique pièce de l'habitation. Tous les regardaient fermement, certains fronçaient les sourcils, d'autres préféraient croiser les bras.

- Des déchets qui vous anéantiront car vous n'avez même pas la notion de guerre véritable, cracha-t-il d'un air hautain. Vous pensez que votre combativité vous donnera la victoire mais vous n'avez aucun plan d'attaque, comme si le nombre de guerriers n'était que le seul facteur de votre pitoyable succès.

Il tourna la tête vers Ren qui le dévisageait avec colère. Elle tâchait de contenir cette émotion pour ne pas la laisser éclater et engager une nouvelle querelle contre cet homme inflexible.

- Que ce deraïr nous envoie ou non ses guerriers ne changera rien. Nous serons toujours en sous nombre dans un environnement étroit et difficilement franchissable, mais il semblerait que vous n'y avez même pas songé une seule seconde ! Et toi...

Il s'adressa directement à l'altozienne. Les traits du visage de Soran se tirèrent tant il ne parvenait à comprendre le manque de responsabilité de cette femme, cette cheffe qu'il pensait pourtant sage. En fin de compte, elle n'agissait pas en tant que telle. Le brun la voyait presque comme une fillette qui n'en faisait qu'à sa tête.

- Et toi, tu veux emmener une enfant sur le lieu d'un futur massacre. Avez-vous tous seulement conscience de l'absurdité et la naïveté de vos décisions ?!

Hors de lui, il se dirigea vers l'unique entrée de la hutte afin de la quitter, mais il se ravisa bien vite et fit volte-face. Quelques personnes s'écartèrent sur son passage, appréciant peu qu'un étranger tel que lui puisse les humilier de la sorte.

- Au lieu de pourrir dans un lieu aussi abject, vous auriez dû chercher à créer une échappatoire à ce trou à rat ! Et maintenant, nous sommes bloqués ici, à attendre de nous faire massacrer.

Soran fit glisser son regard vers la princesse hylienne qui exprimait un air grave sur son visage et à travers sa posture plus fermée qu'à l'accoutumée. Ren lui avait traduit tous les reproches de leur compagnon, reproches soudains dont elle ne comprenait pas l'origine. Si son plan ne lui plaisait pas, l'enfant gardien aurait dû le lui dire dès le début.

- Quant à toi, j'ose espérer que tu réaliseras le vœu de ma sœur. Ne m'oblige pas à croire que tout ce que j'ai accompli jusqu'ici aura été vraiment vain...

Sur ce, il quitta la hutte sans attendre et laissa un silence oppressant s'installer derrière lui. Les Soneaux se jetèrent de brefs regards emplis d'incompréhension et d'indignation. Certains tinrent même des propos médisants à l'adresse de cet empoté qui ne connaissait rien de l'histoire de Delteha ou de leurs coutumes. D'autres, comme Ren et Chomden, s'excusèrent auprès de Tavir pour cette intervention inattendue qu'ils ne cautionnaient pas. Tout comme Zelda, ils étaient troublés et remirent tous leurs choix en question après cela. Ils doutèrent de plus en plus de la finalité de leur supposé plan pour sortir de Delteha. La princesse leur avait proposé de fabriquer des échelles peu avant d'aller à la rencontre de Tavir, cette idée lui paraissait dorénavant d'un ridicule sans précédent. Les soldats du néant présents sur place ne leur laisseraient jamais le temps de placer leurs dispositifs selon leurs souhaits. Soran avait raison, il fallait avoir un vrai plan d'attaque... Pas de vagues idées naïves.

Zelda attrapa son bras et le serra si fortement que sa peau devint encore plus blanche aux alentours. Par les déesses, elle ne se comportait guère comme une princesse digne de ce nom. Elle devait mener ses nouvelles troupes vers la victoire, pas vers une mort certaine. Ce temps passé à Delteha lui aurait fait perdre tous ses repères ainsi qu'une partie de son bon sens ? Mettre au point une tactique efficace pour limiter les pertes et aboutir au succès de sa mission, voilà ce qu'elle avait à accomplir. Zelda devait prendre le temps de mieux y penser, de pousser sa réflexion à ses limites et d'exploiter toutes les possibilités d'une confrontation avec l'ennemi. Déterminée à corriger son erreur, elle annonça qu'elle méditerait immédiatement à propos de nouvelles manœuvres pour réussir à quitter les souterrains. Pour cela, elle demanda aux deraïrs de lui accorder un peu de temps durant lequel leurs guerriers pourraient se reposer. Après cela, ils passeraient à l'offensive et ne pourraient plus revenir en arrière. Sa requête fut acceptée.

Une fois l'entrevue terminée, Zelda vit les sacs et paniers de provisions être apportés aux hommes et femmes qui attendaient à l'entrée du village. Les flèches furent transportées par bottes de quinze. La jeune femme décida de prendre un moment à elle seule, à l'écart de l'effervescence du camp provisoire et des villageois. Toutefois, elle fit attention à ne pas s'éloigner. De manière discrète, elle regarda par-dessus son épaule et aperçut quelques guerriers qui discutaient tranquillement, à une vingtaine de mètres de là. Si quoi que ce soit arrivait, ils pourraient agir vite et alerter leurs semblables.

Étrangement, une chaleur douce lui engloba le cœur et descendit pour l'envelopper d'un sentiment de sécurité qui la surprit dans un premier temps. Le bracelet à son poignet semblait en être à l'origine. Sa présence avait pour effet de consoler la jeune femme et de la rassurer en ces temps difficiles et éprouvants. Un sourire léger se dessina sur ses lèvres pendant qu'elle effleurait la petite pierre bleue. Elle ne connaissait pas le nom de celui ou celle qui avait fabriqué ce bijou, mais elle lui en était, malgré tout, très reconnaissante. Zelda soupira en relevant la tête puis elle regarda loin devant elle, perdant sa vue au plus profond de l'obscurité. Son souffle se coupa soudainement tandis que son sourire s'effaça de son visage. Alors que ses poils se hérissaient sur sa peau, elle perçut le monde qui l'entourait s'arrêter. Un fantôme... Zelda voyait un fantôme face à elle et qui la fixait avec des yeux écarquillés.

- Link ? souffla-t-elle sans vraiment y croire.

Au son de sa voix, le cœur du blond rata un battement avant de reprendre une course effrénée dans sa poitrine. Il était seul et haletait, personne ne l'accompagnait car il avait couru aussi vite que ses jambes le lui permettaient.

- Zelda !! s'écria Link avec émotions.

Il se précipita vers elle, traversant à vive allure ce chemin tracé par des millénaires d'activité humaine. Quant à l'Hylienne, elle commença à marcher : son pas accéléra peu à peu jusqu'à ce qu'elle coure à son tour pendant que les larmes lui montaient aux yeux et que son cœur la martelait avec frénésie. Émue à ne plus pouvoir parler, Zelda se jeta dans les bras de son fiancé et enroula les siens autour de son cou.

- Les saintes déesses soient louées... Les saintes déesses soient louées, répéta Link d'une voix tremblante en plongeant ses doigts dans la chevelure de la jeune femme.

Zelda pleura alors de joie et de soulagement pendant qu'elle ressentait enfin sa chaleur contre elle. Link l'écarta légèrement pour prendre ses joues entre ses mains et la dévisager comme s'il voulait empreindre ses traits à jamais dans sa mémoire. La voir si bouleversée de le retrouver, et pouvoir la toucher de nouveau le mit dans tous ses états, tant et si bien qu'il en oubliait même le poids de son bouclier d'Hylia ainsi que de la Lame Purificatrice sanglée dans son dos.

- Tu es là... prononça-t-elle dans un souffle car elle n'avait pas la force de parler plus fort.

Link hocha la tête en plissant les yeux pour retenir ses larmes puis il l'embrassa avec une fougue non retenue. Il avait besoin de combler cette absence qui n'avait que trop duré ; ce temps passé loin de l'autre n'était plus supportable et s'était transformé en douleur. À peine leurs lèvres se séparèrent-elle qu'elles revinrent se rencontrer aussitôt pour témoigner de tous leurs sentiments à travers ce baiser. Link fit glisser ses mains sur les joues de sa bien-aimée, puis sur son cou avant de venir entrelacer ses doigts avec les siens. Zelda soupira d'aise puis se déroba à ce contact qu'elle attendait depuis bien trop longtemps. Elle vint poser son front contre le sien, pareil au jour où ils s'étaient embrassés pour la première fois, puis elle ferma les yeux afin de profiter pleinement de ces retrouvailles inespérées.

- Je suis là, le rassura-t-elle doucement pour ne pas le brusquer. Tout va bien, Link, calme-toi...

Il ne pleurait pas bien que ses yeux le piquassent. Le son de sa voix apaisa ses craintes et parla directement à son cœur. Il resserra son emprise sur ses doigts à cause du trouble qui l'habitait.

- J'ai eu si peur de te perdre, énonça-t-il à mi-voix. Je n'aurais jamais pu surmonter ta perte...

Affectée, Zelda frotta légèrement son front contre le sien puis, avec tout l'amour qu'elle éprouvait pour lui, elle apporta ses mains vers sa bouche et les embrassa tendrement. La jeune femme non plus n'aurait jamais pu vivre en apprenant la mort de Link. Il était l'unique personne qui la rattachait à la vie et qui lui donnait la force de se battre pour accomplir son devoir.

- Je t'aime comme je n'ai jamais aimé quelqu'un Link, sourit-elle avec quiétude pendant que son rythme cardiaque s'emballait davantage. Tu ne peux pas savoir à quel point je suis heureuse de te savoir près de moi. J'ai... J'ai été si seule pendant ton absence...

Zelda se retint de sangloter ; au lieu de cela, elle lâcha les mains du jeune homme et vint l'enlacer avec plus de vigueur et de nécessité. Lorsqu'elle se plaqua une nouvelle fois contre lui, Link en eut le souffle coupé. Il fronça les sourcils sous l'effet persistent de son soulagement puis il lui rendit son étreinte en posant ses mains dans son dos. Il avait conscience que sa fiancée avait dû surmonter de nombreux obstacles sans lui et sans ses souvenirs. Le prodige savait à quel point l'amnésie pouvait dérouter et perdre une personne au plus profond d'elle-même, et il était sincèrement désolé que Zelda ait eu à le vivre. Contre son oreille, il ne cessa de lui répéter à quel point il l'aimait, lui aussi, et que plus rien ne les séparerait dorénavant. Ganondorf ne réussirait pas une énième fois.

Soudain, Link eut un éclair de lucidité et ses yeux s'écarquillèrent. Pris d'une panique nouvelle, ses joues s'embrasèrent et se teintèrent d'un rouge léger qui redonna quelque vitalité à sa peau. Il n'osait même plus tenir sa bien-aimée tant ses mains étaient devenues moites à cause du stress.

- Zelda, je suis désolé ! s'exclama-t-il tout à coup, ce qui la fit sursauter. Je ne voulais vraiment pas que cela arrive ! Par ma faute, tu dois porter une responsabilité supplémentaire et moi, je suis un imbécile incapable de faire quoi que ce soit...

L'Hylienne s'était calmée définitivement et reprenait à son tour ses esprits. De quoi parlait-il pour paraître aussi affolé ? Elle pensa qu'il se référait au jour où Sokyn avait changé d'hôte. Le sceau se voyait d'ailleurs nettement sur son bras droit devenu gris pour le moment.

- Ce n'est pas de ta faute, Link, le rassura-t-elle en repensant à cet instant douloureux où Ganondorf était revenu. Nous sommes responsables tous les deux. J'aurais aussi dû être plus vigilante.

Plus vigilante ? Non, ce n'était pas de sa faute à elle, il était le seul à pouvoir se maîtriser. Aux yeux du chevalier, il était le seul coupable de sa grossesse. Tous deux avaient tant de choses à réaliser et à mettre en place avant d'agrandir leur famille. Ce futur enfant arrivait bien trop tôt et dans des circonstances dangereuses. Zelda devrait combattre tout en étant enceinte, et cela le terrifiait davantage.

- Non, j'ai été un imbécile, répéta-t-il plus gravement à cause de sa colère contre lui-même. J'aurais dû mieux mesurer la portée de mes actes. En fin de compte, nous aurions dû attendre que le royaume soit complètement stabilisé et que soyons bien installés pour notre nouvelle vie.

- Link, cela n'aurait rien changé... Tôt ou tard, nous l'aurons découvert et nous n'aurions pas pu l'éviter. Maintenant, il nous faut accepter ce qu'il s'est passé et aller de l'avant, comme nous avons toujours su le faire ensemble.

Tant de maturité de sa part déboussola Link qui se sentait encore moins adulte à côté d'elle. Par les déesses, sa fiancée était devenue une femme encore plus déterminée et sûre d'elle. Mais lui... Il n'avait pas encore la sagesse pour ce tournant de la vie. Quant Zelda apprendrait que cette tâche de père le dépassait totalement pour le moment, nul doute qu'elle serait hors d'elle et saurait le lui montrer.

- Je... Je suis confus, bredouilla-t-il pendant que ses mains tremblaient contre son dos. Même si les événements le permettaient, je ne me sens pas prêt à devenir père... Je n'y suis même pas préparé, j'ai peur d'être incapable d'élever cet enfant à tes côtés.

Les yeux de la princesse s'écarquillèrent au fur et à mesure qu'il lui partageait ses craintes. En fait, tous les deux ne parlaient pas de la même chose... Pourquoi évoquer maintenant l'enfant ? Le temps n'y prêtait pas, il vaudrait mieux reporter la discussion à un moment plus propice, comme après la défaite de Ganondorf dans le meilleur des cas. Zelda cessa soudainement de respirer. Comment Link pouvait-il savoir pour leur enfant ? Elle n'avait encore rien dit sur ce sujet, même son corps ne montrait pas encore de signe évident de grossesse. Ses vêtements masquaient l'arrondissement léger de son ventre. La jeune femme rougit à son tour tandis qu'elle resserrait son étreinte pour l'empêcher de voir son visage.

- Link, je... je ne savais pas que tu étais au courant... Je n'avais pas compris que tu parlais de notre fils, bafouilla-t-elle en dépit de sa gêne. Si tu le veux bien, nous en reparlerons en temps et en heure. Je crois que nous devons avoir une conversation sérieuse et adulte à ce propos. Mais je n'y suis pas disposée pour l'instant...

À vrai dire, lui non plus. Il lui raconta ce jour où il avait découvert un village dévasté dont les rares survivants avaient pu se cacher. Link y aurait rencontré une vieille dame qui l'avait recueillie après sa perte de mémoire puis qui l'avait hébergée. Elle se nommait Omi et elle lui avait annoncé, involontairement, la grossesse de Zelda. Le jeune homme lui refit part de la peur et des doutes qu'il avait ressentis à ce moment-là, à quel point il fut désemparé en l'apprenant. Cependant Zelda fut bien plus choquée par la destruction d'Altoz et le carnage qu'il y avait eu. Elle savait que les soldats composés de corruption viendraient tôt ou tard, mais elle n'imaginait pas qu'ils causeraient un tel chaos sur leur chemin... Son sang finit même par se glacer lorsque Link supposa qu'une dénommée Caï avait supervisé l'attaque. Cette dernière était sous les ordres de Ganondorf lui-même, Link avait croisé deux fois son chemin depuis qu'il traversait Delteha. Il ne mentionna pas le combat qui avait eu lieu ni même la véritable nature de Thomas.

Un sentiment puissant de culpabilité vint nouer le ventre de Zelda. Elle avoua à Link que cette guerrière était aussi à sa recherche et qu'elle comptait très certainement la tuer. Ce fut l'une des raisons pour laquelle l'Hylienne avait quitté le village d'Altoz, et elle regrettait amèrement le sort cruel de ses habitants. Link passa une main derrière la tête de sa fiancée de sorte de renforcer leur étreinte et de la consoler. Il lui assura que les survivants se trouvaient dorénavant en sécurité sur le plateau du Prélude, téléportés grâce à la tablette sheikah. Ils n'avaient plus rien à craindre car des Gerudos, restées sur place, les prendraient en charge et les mèneraient sur des terres moins dangereuses.

- La corruption a recouvert une grande partie du royaume, lui révéla Link avec regrets. La nature est morte, l'Arbre Mojo lui-même a péri... Il s'est sacrifié pour que je puisse brandir la Lame Purificatrice une nouvelle fois.

Il perçut les tressaillements de Zelda contre lui, et cela lui serra le cœur. La vérité n'était jamais facile à apprendre, mais il le fallait.

- Le château s'est déplacé au-dessus du royaume d'Aurean. À l'heure où je te parle, son peuple est attaqué par des soldats du néant. Je ne sais pas si l'armée de Ganondorf a gagné du terrain depuis. Nos alliés l'affrontent en ce moment même pour ralentir son avancée et nous laisser le temps de revenir.

- Par les déesses, c'est un véritable cauchemar... déplora la princesse en dépit des trémolos de sa voix.

- Il n'est pas encore trop tard, déclara-t-il avec détermination. Grâce à la tablette sheikah, nous pourrons rejoindre rapidement le plateau du Prélude et poursuivre le combat.

Elle se figea. La relique était leur unique alternative pour quitter Delteha en toute sécurité. Puisque Zelda n'avait pas imaginé que Link puisse venir la chercher en ces temps de guerre, elle n'avait pas pensé une seule seconde à utiliser la tablette et sa téléportation. L'espoir se fit d'autant plus fort dans son cœur, l'Hylienne laissa reposer sa tête au creux du cou du chevalier qui la tenait toujours aussi fermement. Rien n'était perdu. Link ferma les yeux à son tour et huma l'odeur de sa compagne, bien que son ancien parfum ne se dégageait plus depuis des semaines. Il embrassa le haut de son front, esquissa un sourire sincère et soulagé puis rouvrit les yeux pour la contempler. Derrière elle, le Héros vit une silhouette s'approcher d'eux d'un pas rapide. La lueur verte de ses yeux et ses cheveux noirs lui provoquèrent un frisson qui longea son échine et le paralysa un instant. Au moment où l'individu dégainait son épée et se précipitait dans sa direction, Link écarta brusquement Zelda sur le côté et la fit inexorablement chuter.

- Orazio !! aboya Soran, submergé par sa haine et sa rancœur qui refirent surface.

Il abattit son épée vers Link qui n'eut guère le temps de se jeter sur sa gauche. La lame de métal percuta la tablette sheikah avant de la briser puis d'entailler profondément la cuisse du Héros. La douleur fut immédiate et fulgurante, elle arracha un cri au chevalier qui bascula sur le côté et heurta la terre rocailleuse. L'arrière de sa tête percuta une pierre, ce qui flouta instantanément sa vue et lui donna des vertiges saisissants.

- Soran, non ! s'affola Zelda qui se redressa sur ses coudes.

Son cri aigu ne parvint pas à l'enfant gardien dont le monde réel avait disparu autour de lui. Au sol, il revoyait seulement le meurtrier de Zelda, avec l'épée de légende et le bouclier d'Hylia qu'il portait si souvent. Orazio était encore là, avec sa sœur qu'il aveuglait à cause des sentiments qu'elle éprouvait pour lui. Gravement blessé, Link avait grand mal à respirer à cause de la chaleur excessive et de la douleur qui se propageaient de sa cuisse vers son pied ainsi que dans son hypogastre. Il avait plaqué ses mains sur sa plaie sanglante et poussait un râle insoutenable pour Zelda. Elle se releva subitement et se plaça devant Soran qui ne regardait que sa proie au sol, prêt à lui asséner le coup de grâce.

- Il n'est pas celui que tu as connu ! s'écria Zelda avec effroi.

- Hors de ma vue... grogna-t-il avec animosité.

Soran la repoussa avec tant de force qu'elle tomba une nouvelle fois et émit une plainte douloureuse. Son rythme cardiaque avait tant accéléré que son cœur donnait l'impression de sortir de sa poitrine. Link courait un grand danger si elle n'agissait pas pour arrêter Soran et sa folie. Encore à terre, le Héros regarda avec difficulté cet homme dont il avait déjà croisé la route et qui ne souhaitait que sa mort depuis des mois. Lorsque le Soneau réitéra son attaque pour lui briser le crâne, Link plaça son avant-bras ganté devant lui et amortit le choc grâce à sa cotte de mailles. Sous la force exercée par son assaillant, son membre s'écrasa sur son front et manqua de l'assommer pour de bon. Un nouveau mal s'éveilla sous sa peau, au niveau de l'os ayant arrêté l'épée. Link poussa un autre cri de souffrance qui mit les sens de Zelda d'autant plus en alerte. Si elle avait porté sur elle son arc, elle aurait tenté de tirer dans les jambes de Soran pour l'arrêter et permettre à Link de fuir. Mais à cet instant précis, son impuissance et sa panique la paralysaient par terre.

Cette fois-ci, Soran avait la certitude que son plus grand ennemi ne pourrait plus se défendre. Le sang qui s'écoulait abondamment de sa cuisse témoignait d'une blessure plus grave qu'il ne le pensait, et cela confortant l'enfant gardien dans l'idée qu'Orazio souffrait. Il ne payait qu'une infime partie du crime qu'il avait commis. Une lance trancha l'air au moment où le brun donnait le coup de grâce. Les deux armes s'entrechoquèrent dans un crissement désagréable et obligèrent Soran à reculer. Son air se rembrunit et sa colère n'en fut qu'accrue.

- Altaïr ! rugit-t-il en se remettant en position de combat.

Non, ce jour-là, il n'avait pas rêvé. Il avait bien fait face au « guerrier de la destruction » dans cette forêt près des monts Géminés. En fin de compte, Soran ne se trouvait pas si fou... Il eut un ricanement nerveux en apercevant son nouvel adversaire qui arrivait à son tour, accompagné par des étrangers. Et dans le dos de l'épéiste, le précédent groupe de Soneaux s'était levé en entendant les cris de Link. L'un d'eux s'était empressé d'aller chercher un supérieur pour l'avertir de la situation.

- Tu te dresses encore sur mon chemin, prononça Soran avec amertume à l'adresse de l'androïde. Mais tu ne m'empêcheras pas de tuer l'un de tes ennemis.

Il s'élança une nouvelle fois vers Link et frappa involontairement contre la lance qui s'était mise en travers de sa route. Thomas s'avança vers son capitaine, une quinzaine de mètres devant lui, et mania son arme à distance pour tenir le Soneau à l'écart. Ainsi, il laissa le temps à la princesse de ramper vers son fiancé qui commençait à agoniser sous ses yeux à cause de sa perte de sang. Zelda prit son visage entre ses mains tremblantes et sentit la détresse la gagner pendant que ses larmes venaient encore poindre derrière ses yeux.

- Link, Link !! l'appela-t-elle avec désarroi. Reste avec moi, je vais...

La jeune femme ne put terminer sa phrase une fois son regard posé sur la tablette sheikah ; seule une partie de celle-ci était toujours sanglée à la ceinture, une grande surface du verre avait été brisé et de nombreux composants de son système avaient volé en éclats. Impossible de matérialiser des bandages pour appuyer sur la plaie et refréner l'hémorragie. Dès ce moment-là, le bruit alentour ne fut plus qu'un vague bourdonnement, tout semblait s'être ralenti tant cette vision lui paraissait irréelle. Zelda n'avait aucun moyen pour le sauver. Elle essaya d'arracher l'une de ses manches mais la force lui manqua et le tissu resta fermement cousu au reste de sa tunique. Dans la précipitation, elle pressa ses propres mains contre la plaie béante quitte à être recouverte par le sang de l'homme de sa vie. L'Hylienne n'entendit pas Thomas qui demanda à ses compagnons de prendre la relève et de s'occuper eux-mêmes de Soran. Aussitôt, l'apprenti se jeta auprès de son supérieur, juste en face de la princesse, puis examina l'étendue de ses blessures. Elzier se joignit à lui pour le protéger durant le processus de guérison.

- Tenez bon, Capitaine, le pria Thomas en relevant son jaque qui recouvrait son bras.

Son tatouage luisit plus fortement tandis que des filets de magie de couleur verte en furent extraits. Il les guida jusqu'à la blessure sanguinolente avant de les y implanter, sous l'expression interdite de la prêtresse royale. Derrière lui et pendant la guérison, Astrid avait dégainé son épée et s'était jetée sur Soran, suivie par Pahya et Léon. Leur but était de maîtriser le meurtrier et de l'empêcher d'approcher Link. Malgré la peur qui la tiraillait, la Sheikah se confronta une nouvelle fois à celui qui avait tenté de la tuer aux abords de la citadelle, des semaines auparavant. Soran abattit son épée, en usant de toute sa puissance, contre celle d'Astrid qui haussa les sourcils par surprise. Il se fiche bien d'émousser sa lame ! pensa-t-elle alors qu'elle faillit lâcher sa propre arme à cause d'une mauvaise emprise sur sa fusée.

Léon, pour ne lui laisser aucun répit, élança son bras qui tenait son espadon en direction du brun. Soran n'eut aucun mal à exploiter le manque de maîtrise de son arme : il dévia la grande épée à l'aide de la sienne et déséquilibra l'apprenti qui trébucha et s'écrasa au sol dans un geignement plaintif. Quant à Pahya, elle réapparut soudainement au-dessus de son ennemi, dans une explosion de feuilles pareille à celle des Yigas, puis lança ses deux dagues dans sa direction. Soran n'eut qu'à lever le bras et exploiter les reliquats de Sokyn. Les deux armes blanches s'immobilisèrent aussitôt et laissèrent le temps au Soneau de se jeter sur le côté et de sortir un petit couteau de son étui, accroché à sa ceinture. Il le lança sur Pahya qui serra les dents et se téléporta une deuxième fois afin d'éviter cette contre-attaque mortelle.

- Qu'est-ce que tu fais ?! hurla Ren qui arriva tout à coup, le souffle court et les sens en alerte.

Soran ne s'arrêta pas de combattre, il se précipita vers Astrid pour la désarmer et lui ôter la vie puisqu'elle persistait à lui barrer la route. La deraïr vit Zelda aux côtés d'un corps allongé. Ses cheveux blonds et sa tunique bleue ne trompèrent par la Soneau qui avait entendu sa compagne de route lui décrire maintes fois son fiancé. Aussitôt, elle porta une main au-dessus du tatouage de son animal totem et regarda Soran avec une colère naissante. Il venait de briser le pacte de promesse qui consistait à ne pas s'en prendre aux personnes que Ren considérait comme ses alliés.

- Que les esprits soient témoins de tes actes traîtres et te punissent, prononça-t-elle gravement à son encontre.

Immédiatement Soran lâcha son épée et se cambra vers la voûte en grimaçant. Il eut l'impression d'être foudroyé par une douleur sans origine apparente qui lui déchira l'intérieur des entrailles ainsi que ses muscles. Il tomba à genoux et hurla à pleins poumons en se tenant les bras, les ongles plantées profondément dans sa peau. Ren se tourna vers des guerriers soneaux présents et leur ordonnèrent d'attendre un peu avant de lier les mains et les jambes de Soran. Elle voulait d'abord que sa punition fasse effet malgré son manque d'éthique. Ce lapse de temps permit à Astrid, Pahya et Léon de reprendre leur souffle bien qu'ils restaient sur leurs grades. Quant à Thomas, il finit de refermer la plaie sanglante de son capitaine qui n'était plus conscient. Affaibli, l'androïde parvint tout de même à relever la tête vers la princesse nerveuse et perdue.

- Il... s'en sortira, l'informa-t-il péniblement en posant une main par-dessus son tatouage. Il a... perdu beaucoup de sang, il lui faudra plusieurs... heures de repos...

La magie de la pierre devait encore faire son effet pour rehausser l'hématocrite de Link. Thomas tentait de faire abstraction des cris de Soran derrière lui, aussi déplaisants soient-ils. Avec nonchalance, il se remit debout, vit ses autres compagnons partagés entre la méfiance et la reconnaissance envers lui, puis il s'éloigna du rassemblement qui s'agrandissait peu à peu après l'arrivée d'autres Soneaux. Le jeune homme préférait ne pas être impliqué dans ce qui allait suivre, les retrouvailles entre le Héros et la princesse ne le concernaient pas. Son épaule vint s'adosser lourdement contre la paroi de la cavité de sorte qu'elle le retienne de toute chute éventuelle. Thomas glissa le long de la mousse qui la recouvrait puis s'assit avant de laisser son regard se perdre dans le vide. Il n'avait même plus la volonté de rappeler sa lance à lui. Après de longues minutes à rester immobile et à l'écart des autres, il remarqua enfin la mèche de cheveux qui tombait devant son œil gauche. En quelques instants, elle fut la seule à se dépigmenter et à annoncer la poursuite de sa fin. Résigné, Thomas fronça tristement les sourcils puis attrapa une flèche dans son carquois. Il la prit près de sa pointe, la porta vers sa tête puis trancha d'un coup sec la mèche de cheveux blancs. Autrefois, ils avaient appartenu à une femme dont il ignorait l'identité. Et maintenant, ses seuls restes mouraient avec lui.

L'archer jeta ses cheveux coupés sur le côté. Peu lui importait si les autres remarquaient un changement dans sa coiffure, il ne voulait pas leur dire que le temps lui était compté. De toute manière, ils ne le voyaient même plus comme un humain ou comme un allié. Même Iris lui tournait le dos, et cela le blessait plus qu'autre chose. Tous ces mois passés ensemble avaient volé en éclats ; d'ami, il passait à étranger aux yeux de la châtaine. Et Thomas ne voulait pas l'accepter. Il avait accepté trop de choses jusqu'à présent... Il se demanda seulement s'il avait encore la force de refuser qu'on puisse le traiter comme un robot. Machinalement, sa main se tendit devant lui et un mot lui échappa :

- Cinétis...

L'insecte visé volait toujours, son ordre n'avait pas fonctionné. Il n'avait pas réussi à copier les données de la tablette sheikah et lui voler ses pouvoirs. Thomas aurait pu être l'ultime outil pour téléporter Link et le reste du groupe. Mais même cela, il n'en était pas capable. Sa seule consolation était d'avoir sauvé son supérieur une fois de plus.

oOo

Un grand merci à _Tibou_ qui a corrigé mes chapitres jusqu'à aujourd'hui ! Malheureusement, avec la rentrée, il ne pourra plus m'aider donc je ferai de mon mieux pour publier des chapitres les plus propres possibles 😅 Et même s'il ne m'a pas demandé de le faire, je vous conseille d'aller lire sa fanfiction "La grande histoire de la Princesse d'Hyrule" qui est très bien écrite et relate les événements pré-botw ! Elle touche d'ailleurs à sa fin.

À la semaine prochaine x)

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