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Chapitre 22

Ce jour-là, et comme tous les précédents de la semaine, un soleil resplendissant et chaleureux surplombait Hyrule pour la baigner de sa lumière. L'automne s'était installé depuis peu, apportant avec lui l'humidité et la fraîcheur de cette saison. Et la vie habituelle du royaume se serait très bien portée en temps normal si le plus grand fléau de ces terres n'était pas revenu pour faire valoir son règne. Lors de son retour, de grands changements avaient eu lieu ; une armée d'êtres du néant avait fait son apparition, s'attaquant tout d'abord à la citadelle puis s'étendant vers les autres villages du royaume. Face à cette nouvelle menace et tous les dangers qui en découlaient, les Hyruliens furent contraints de fuir vers le plateau du Prélude d'où ils pouvaient défendre leur position grâce au point stratégique que leur offrait ce lieu. Bien entendu, les forces militaires du royaume avaient tenté une contre-attaque pour repousser cette armée inconnue, sortie tout droit des enfers. Mais elles ne firent pas le poids... Ce fut pourquoi les soldats d'Hyrule durent fuir.

Il ne fallut guère plus de temps pour comprendre que le général ennemi n'était autre que Ganondorf lui-même. Lui qui, les déesses savaient comment, avait réussi à prendre possession du château avant de le faire s'envoler et planer au-dessus d'Hyrule. D'après les dires des derniers domestiques survivants de la forteresse, leurs autres semblables avaient péri lors de l'assaut par les êtres de l'ombre. Un véritable carnage... Les rares Piafs qui se trouvaient à l'intérieur avaient évacué quelques chanceux, malheureusement ils ne purent sauver plus de monde sans y laisser la vie. Ce fut donc les dirigeants, sous l'ancienne régence de Zelda, qui prirent la situation en main en guidant les peuples vers le plateau du Prélude. Ou du moins, les soldats. Car beaucoup de civils furent évacués dans les royaumes limitrophes lorsqu'ils eurent vent des malheurs qui s'abattaient encore sur Hyrule. Quant aux combattants, ils se devaient de protéger le Sanctuaire de la Renaissance, ce lieu où l'unique élu survivant reposait pour le moment.

En effet, les Sheikahs gardaient Link en vie puisqu'il était le seul à pouvoir véritablement se dresser face à Ganondorf et le vaincre. Enfin, ils l'espéraient du plus profond de leur être... Il était le Héros, celui qui les avait délivrés de Ganon, trois ans plus tôt. Le sauveur du royaume qui maniait la Lame Purificatrice. Depuis deux mois, Link était immergé dans la cuve, hors du temps. Son corps n'avait pas supporté l'arrivée soudaine d'un trop grand pouvoir ; il serait mort depuis bien longtemps si Thomas n'avait pas aspiré une petite quantité de magie pour l'en soulager. Mais cela n'avait pas été suffisant... Dorénavant, le sanctuaire de la Renaissance accordait seulement des semaines supplémentaires au corps du Héros pour qu'il puisse s'habituer au pouvoir et y survivre par lui-même ensuite. Mais le temps était compté : chaque jour, les soldats du plateau du Prélude défendaient leur position et versaient soit de l'eau brûlante, soit des pierres sur leurs assaillants pour les empêcher d'atteindre les hauteurs. Les grues à poulie, qui avaient servi d'ascenseurs aux combattants lors de leur arrivée, avaient été détruites pour ne pas faciliter la montée des êtres du néant. Le ravitaillement des troupes s'effectuait uniquement par voie aérienne.

Au milieu du campement immense situé bien plus bas du temple du Temps, Pahya marchait d'un pas soutenu en direction d'une tente vers le Sud. Elle était ressortie de son court coma sans séquelles, fort heureusement, et elle avait eu connaissance de la situation alarmante durant son transfert vers le plateau du Prélude. Il serait presque inutile de préciser que le choc fut violent quand elle apprit l'envahissement de son royaume et les ravages qui avaient lieu. Mais ce jour-là, la Sheikah s'apprêtait à procéder à une opération très délicate ; il lui fallait rejoindre sa grand-tante avant de commencer. Pahya poussa la toile de la tente sur le côté puis entra sans même s'annoncer.

- Tu es en retard, lui reprocha Pru'ha qui leva les yeux des armes archéoniques qu'elle réparait.

- Je suis désolée, j'ai dû régler une nouvelle tentative d'attaque du plateau à l'Ouest.

- Vous avez réussi à en éliminer définitivement, cette fois ?

La jeune magistrate baissa la tête en guise de regret et de honte.

- Non... Je crois bien qu'aucune arme ne soit capable de réellement les tuer. Les carreaux d'arbalète traversent leur corps de corruption, les épées n'ont aucun effet non plus.

- Tu ne m'apprends rien, jeune fille, soupira la chercheuse en quittant son siège en bois.

Pru'ha contourna la table jonchée de pièces détachées et d'outils, tapissée à certains endroits par des croquis et des notes prises par sa propre personne. D'un coup d'œil, elle invita sa nièce à la suivre à l'extérieur puis toutes deux se dirigèrent vers le Sanctuaire de la Renaissance. L'opération délicate n'était autre que le réveil de Link. Son corps montrait des signes de fonctionnements performants, il était prêt à supporter seul le pouvoir qui occupait son avant-bras droit. Cependant, cet acte de réveil forcé n'avait rien de rassurant et d'aisé. Jamais encore un être soigné par le sanctuaire avait été tiré de force de son état de coma. En fait, Link était l'unique sujet dont les deux Sheikahs disposaient pour leur étude. Et jusqu'à présent, seule la tablette sheikah avait décidé du réveil du Héros, trois ans auparavant. Cela s'était produit presque de manière automatique, sans aide humaine.

- Comment va-t-on lui annoncer que... lui annoncer... commença la magistrate qui appréhendait de le revoir conscient.

Sa grand-tante jeta un regard par-dessus son épaule pour la dévisager.

- Lui annoncer qu'Hyrule est presque entièrement détruite par le Fléau et que la princesse est morte ? termina Pru'ha d'une voix blanche. Il le faudra bien. Et je crains qu'il ne faille pas prendre des pincettes avec lui. Si tu n'es pas capable de tout lui dire, je m'en chargerai.

Pahya ne dit rien car cette situation la rendait bien trop nerveuse et mal à l'aise. Jamais elle n'aurait voulu être à la place de Link... Du jour au lendemain, il avait tout perdu, une fois de plus. Il faudrait donc particulièrement bien l'entourer dans cette période difficile pour le guider au mieux dans sa destinée. Les deux Sheikahs gravirent les marches érodées, croisant sur leur chemin certains de leurs semblables qui avaient justement terminé leurs observations sur le corps du prodige. À l'entrée du temple, deux gardes gerudos les saluèrent puis leur autorisèrent silencieusement l'accès. Comme toujours, l'air humide du couloir leur emplit le nez puis les firent grimacer à cause de l'odeur des mousses et des poussières. Elles traversèrent la vingtaine de mètres qui les séparaient de la Chambre, ce lieu où reposait Link depuis deux mois. Une fois à l'intérieur, Pahya gagna le socle qui contenait la tablette sheikah tandis que sa grand-tante rejoignit le prodige à l'expression figée dans le temps.

Pru'ha jeta un coup d'œil à son avant-bras - qui produisait au début une vive lueur verte - devenu gris depuis des semaines. Quelle était donc cette chose ? Quel pouvoir renfermait-elle ? Et comment avait-elle vu le jour ? Tant de questions auxquelles elle ne pouvait apporter de réponses pour le moment. Pourtant, la chercheuse se souciait surtout de leur avenir à tous. Ganondorf... Qui aurait pu penser un seul instant qu'il reviendrait ? Selon leurs archives - parties en fumée depuis la dernière apparition de la Calamité - Ganondorf se serait réincarné trente mille ans auparavant. Trente mille ans ! Alors pourquoi revenir maintenant ? Si tôt ?! Pru'ha s'agrippa fermement aux bords de la cuve quand elle eut des sueurs froides dans le dos. Ils n'étaient pas préparés au véritable retour du Mal absolu. Contre Ganon, ils auraient déjà dû avoir une armée de Gardiens ainsi que les Créatures Divines, mais au final, il n'en avait été rien. Pour faire face à Ganondorf et sa nouvelle armée, que restait-il ? Quelques pauvres Hyruliens avec de petites épées ou des lances pitoyables ? Les rangs se reformaient à peine après cent ans de cauchemar, les nouveaux combattants parvenaient tout juste à contenir les quelques vagues d'assaut sur le plateau du Prélude.

- Tante Pru'ha, tout est prêt pour le réveil, annonça faiblement sa nièce en la regardant.

- Son rythme cardiaque est stable ?

- Oui, la tablette affiche que tous les paramètres biologiques vont bien.

La chercheuse soupira puis examina le prodige durant un court instant. Les minutes qui allaient suivre n'auraient rien d'agréable ou de joyeux. Ce ne seraient même pas des retrouvailles heureuses, seulement une accumulation de nouvelles plus graves et déconcertantes les unes que les autres.

- Démarre la procédure de réveil, l'intima-t-elle en s'éloignant de la cuve. Je crois que nous avons assez perdu de temps comme ça.

Pahya ne se fit pas prier, elle appuya sur l'écran de la tablette puis attendit, immobile, qu'il se passe quoi que ce soit. Elle put apercevoir l'eau de la cuve qui se retirait peu à peu et qui laissait à l'air libre la peau nue du Héros. Aucune des deux Sheikahs ne se posait la moindre question quant à savoir si la mémoire resterait à Link. En vérité, Pru'ha s'était déjà chargée d'améliorer le sanctuaire de la Renaissance avant l'arrivée de Ganondorf. Elle avait découvert qu'en changeant la source d'où provenait l'eau, plus aucune amnésie, aussi courte soit-elle, n'était à déplorer. Il ne restait plus qu'à savoir comment et pourquoi la précédente eau avait des propriétés amnésiantes.

- Link, est-ce que tu m'entends ? capta Pahya avant d'être tirée de ses pensées.

Elle se dirigea vers sa grand-tante et fut véritablement émue de revoir son ami ouvrir légèrement les yeux. Le visage de celui-ci se contractait de temps à autre, il réagissait aux sollicitations de Pru'ha. Avec une lenteur presque déconcertante aux yeux des deux membres du clan sheikah, il se redressa pour s'asseoir puis observer ses jambes. Le mutisme, dans lequel il persistait à s'enfermer, les rassurait d'autant moins et les laissait supposer que Link repensait aux événements précédant son coma.

- Écoute, il va falloir que tu sois fort, poursuivit Pru'ha à contrecœur.

Toujours silencieux, le prodige regarda son avant-bras imprégné de pouvoir et qui, dorénavant, ne lui faisait plus du tout mal. Toutes les douleurs s'étaient éteintes, ses forces revenaient même assez vite. De ce fait, il sortit de lui-même de la cuve, sous le regard inquiet et désolé de ses amies. Elles n'arrivaient pas à connaître les tréfonds de ses pensées tant il restait impassible.

- Tu es resté deux mois dans le coma. Durant ton absence... Déesses, je ne sais vraiment pas comment l'annoncer...

La chercheuse marqua une pause. Link ne semblait pas du tout l'écouter, ce qui ne la poussait pas à continuer. Et c'est pourtant ce qu'elle fit :

- Ganondorf est revenu sur nos terres, Link. Il a pris possession du château puis a attaqué le reste d'Hyrule... Les soldats de tous les peuples se sont réunis sur le plateau du Prélude pour te protéger et assurer ton bon rétablissement. Les autres Hyruliens survivants ont pu quitter le royaume mais...

Pru'ha cessa de parler lorsqu'il se mit à marcher pour quitter la Chambre.

- Link ? Par Hylia, je suis en train de t'expliquer la situation ! Est-ce que tu pourrais au moins me répondre ou me dire si tu te sens bien ?

Encore une fois, elle n'eut pour réponse que son silence. Elle échangea un regard avec Pahya avant d'engager le pas au Héros.

- Attends, ne sors pas ! le supplia-t-elle de peur qu'il constate l'état du paysage avant de tout savoir. Link, tu dois d'abord m'écouter, tu n'es pas prêt !

Elle lui attrapa l'épaule mais l'Hylien la repoussa sans ménagement, poursuivant son chemin comme s'il était seul. Impuissantes, les deux Sheikahs ne pouvaient qu'assister à la future réaction du Link. Ce dernier avait le visage blême, comme s'il était perdu intérieurement. Il voyait le ciel bleu au bout du tunnel, aucun nuage ne pointait à l'horizon. En somme, un temps magnifique. Une fois dehors, une brise lui fouetta le visage puis il se figea face à ce qui se présentait à lui. Dans son dos, Pahya eut un pincement au cœur qui provoqua la montée de ses larmes derrière les yeux. Comme elle était désolée qu'il eût à voir cela... Un paysage dévasté et recouvert par la corruption. Partout. Elle tapissait les plaines, recouvrait les chemins, grimpait le long de certaines parois rocheuses, dévorant la flore sur son chemin. Une vision infernale et cauchemardesque aux yeux du Héros pour qui les terres d'Hyrule furent jadis sa renaissance. Un paysage de mort...

- La corruption s'est emparée de nos terres, l'informa Pru'ha d'une voix tremblante. Il est impossible de rejoindre le plateau du Prélude par voie terrestre. Les Piafs sont l'un de nos seuls moyens pour le quitter... Ganondorf est bien plus fort qu'on ne pouvait l'imaginer, Link. Tout ce... Tout ce que tu as connu... n'est plus.

Elle se prit le bras puis regarda sur le côté, la gorge sèche. Et de sa voix tremblante, elle fut contrainte d'asséner le dernier coup de poignard au jeune homme :

- Zelda... Elle aussi n'est plus...

L'immobilité de Link la déstabilisa davantage. Bon sang, pourquoi ne disait-il rien ? Pas un cri, pas de pleurs ? À moins... qu'il soit déjà mort à l'intérieur de lui ? Cette idée vertigineuse paralysa Pru'ha. Le seul témoignage de ce qu'il s'était passé appartenait à ce Thomas, mais même lui n'avait réussi à tout leur dire tant le traumatisme lui tordait les tripes. Link serait à son tour concerné par ce même traumatisme ? Au moment où sa nièce voulut le rejoindre pour le réconforter, le jeune homme tomba à genoux, le visage toujours tourné vers les plaines hyliennes, puis il posa ses mains à terre avant de la fixer. Le choc était bien trop grand pour lui. Tout cela dépassait son imagination, son entendement. À vrai dire, à ce moment-là, personne ne pouvait réellement concevoir le trouble dévastateur qui l'animait derrière sa pâleur inquiétante et son silence. Pru'ha comprit immédiatement que la situation allait les submerger si elles n'agissaient pas.

- Pahya, conduis-le dans ma tente ! Donne-lui des herbes pour le calmer, n'importe quoi ! Je dois à tout prix annoncer son réveil. Apporte-lui tout le soutien possible, ce garçon va devoir être très bien entouré. L'avenir de notre royaume découle encore de lui, hélas !

Pahya s'exécuta sans contester ses ordres. Elle s'accroupit pour prendre son ami sous les épaules puis elle le releva en le suppliant de ne pas baisser les bras. Il fallait reprendre le combat, mener les nouvelles troupes, rapporter de l'espoir aux peuples... Car si l'unique figure de la salvation venait à tomber, ce serait le monde qu'elle entraînerait dans sa chute.

oOo

Noyé dans la nuit, Link marchait silencieusement en dehors du camp. Pendant que Pru'ha dormait, il avait quitté sa tente, passant non loin du feu préparé par les gardes. Parmi eux se trouvaient Iris et Thomas. Le brun remarqua en premier la silhouette de leur capitaine qui s'éloignait, seul dans la pénombre. Les rumeurs à son sujet s'étaient dispersées comme une traînée de poudre : « Le Héros est mort de l'intérieur », « il paraît qu'il ne parle à personne », « c'est comme si nous n'existions plus alors que nous sommes juste à côté ». Et ce comportement plus qu'anormal mit tous les sens de l'archer en alerte. Il prit Iris par l'épaule puis la força à se relever avec lui.

- Viens avec moi ! paniqua-t-il étrangement aux yeux des autres gardes.

Quant au prodige, il ne savait pas où il allait, ses jambes le menaient machinalement vers les anciens remparts. Une coquille vide... Voilà ce qu'il était devenu. Link n'éprouvait plus rien sur le moment, comme transporté dans un autre monde qui lui permettait d'oublier l'actuel. Le Héros ne percevait même plus le vent frais qui lui balayait les cheveux ni même le hululement des chouettes. Son cœur demeurait vide, tout comme son regard. Link n'était plus que l'ombre de lui-même.

Machinalement, il arriva devant l'un des trous béants de l'ancienne muraille détruite un siècle plus tôt puis il observa la montagne de la Mort, au loin. Les larmes lui montèrent tout à coup aux yeux et le jeune homme émit un sanglot étouffé. Il posa une main au-dessus de son cœur, agrippa fermement sa tunique bleue puis poussa une plainte aiguë quand le visage de Zelda lui revint à l'esprit. Ganon avait réussi... Il lui avait tout pris. Son père, ses amis, son royaume, sa fiancée... Sa vie. Tout cela, c'était trop. Le Héros n'avait plus la force de se battre, ni même la volonté. On lui avait volé l'unique but pour lequel il se battait. Link regarda le sol recouvert de corruption, une soixantaine de mètres plus bas. Les larmes lui brouillaient la vue et rendaient encore plus difficile la capacité à discerner son environnement. Mais à quoi bon ? Par sa faute, Zelda était morte sous ses yeux. Il avait failli. Aucune autre issue ne s'envisageait pour lui.

- Capitaine !! s'époumona Iris qui accourait.

Elle poussa un hurlement d'horreur quand il commença à basculer dans le vide. Derrière la jeune fille, Thomas jeta son bras vers l'avant, les dents serrées et les sourcils haussés par sa pression folle due à la situation critique, puis un octogone vert se forma juste devant Link qui s'écrasa dessus. Ainsi, le Héros fut rattrapé à temps et ne put chuter comme il l'espérait. Les deux apprentis se précipitèrent vers lui avant qu'il ne réitère sa tentative de suicide ailleurs. Ils l'attrapèrent chacun par un bras, puis ils le tirèrent d'un coup vers l'arrière pour l'empêcher de commettre l'irréparable.

- Ne faîtes pas ça ! le supplia Thomas tandis que son supérieur s'écroulait à genoux devant lui.

Le visage de Link était toujours d'une pâleur inquiétante, ses lèvres violettes frémissaient sans cesse au gré de ses sanglots. Voir le Héros dans cet état leur coupa le souffle. Jamais les deux apprentis n'avaient vu quelqu'un dans une telle détresse. Link se pencha en avant jusqu'à ce que ses coudes puis ses avant-bras touchent le sol. Ses pleurs devinrent d'autant plus bruyants et créèrent un fort pincement au cœur des deux jeunes gens. Particulièrement affectée par son état, Iris s'accroupit et posa une main sur son épaule.

- Capitaine, écoutez-moi, s'il vous plaît... Tout n'est pas perdu, confia la jeune fille d'une voix tremblante. La princesse n'est pas morte, alors je vous en prie !

Iris voulut continuer mais elle comprit que Link ne l'écoutait pas, perdu dans les tréfonds de sa peine inconsolable. Thomas vit sa camarade lui jeter un regard suppliant à travers ses yeux bien plus humides qu'à l'ordinaire. Il déglutit, ses poings se serrèrent légèrement car il hésitait. Le brun avait peur des répercussions que cela pourrait avoir par la suite. Peur de la manière dont le verrait son capitaine. Peur de ce qu'on allait faire de lui... Thomas leva sa main droite pour la regarder un bref instant, la boule au ventre. Pourtant, ce furent les énièmes sanglots de Link qui le poussèrent à se lancer. Avec réserve, l'archer plaça sa main devant lui, écarta les doigts puis leva les yeux vers le ciel étoilé. Lorsqu'il perçut un écho entrer en résonnance avec lui, il fit faire à son poignet un moulinet discret : une fumée bleutée se forma devant lui puis s'allongea jusqu'à prendre forme humaine. Une femme presque transparente apparut devant Link et baissa les yeux vers lui pour le découvrir dans son désespoir. Elle s'abaissa avec lenteur pour esquisser un sourire léger. La lueur bleutée tira Link de ses pensées noires. Il releva la tête pour dévisager la personne qui se tenait devant lui. Son souffle se bloqua quand il la reconnut, les cheveux attachés sur le côté.

- Maman ? souffla-t-il, totalement déboussolé.

Elle ne répondit pas et préféra se relever dans ce silence commun à tous les êtres de l'au-delà. Derrière, Thomas peinait à garder Adélaïde sous cette forme. Habituellement, les petits animaux ne posaient pas de problème. Mais un humain, c'était une autre affaire. Le voyant en mauvaise posture, Iris décida d'expliquer elle-même.

- Capitaine, la princesse Zelda n'est pas morte, répéta-t-elle avec conviction. Thomas.... Thomas a la capacité d'invoquer les âmes des défunts, ne serait-ce que pour quelques instants.

Le blond, dont les larmes avaient cessé de couler, voulut toucher sa mère. Cependant celle-ci se désintégra à son toucher pour redevenir de la fumée bleue.

- Il est impossible d'appeler l'âme de la princesse, poursuivit la châtaine. Il ne peut y avoir qu'une seule explication.

Link se redressa afin de s'asseoir sur la voute de ses pieds, le visage penché vers le sol. Il ne pouvait pas empêcher le tremblement de ses mains malgré la flamme d'espoir qui s'était remise à briller au fond de son cœur.

- Tu... Tu es toujours vivante, murmura-t-il avant de poser une main contre sa bouche.

Ses traits se contractèrent mais le Héros se força à ne pas pleurer pour témoigner son soulagement. Un détail attira son attention quelques secondes plus tard : son bracelet. Celui qui allait de pair avec le bijou de Zelda. Il percevait une joie immense à travers. Zelda... Elle était avec lui, à ses côtés. Elle aussi avait perçu la multitude de sentiments qui l'avaient presque poussé à mettre fin à ses jours. Mais par la même occasion, l'Hylienne venait d'avoir la confirmation qu'il était toujours vivant. Mutuellement, tous les deux s'interpelaient pour signaler qu'ils vivaient toujours.

- La princesse Zelda n'est pas morte, prononça Iris avec plus d'assurance. Capitaine, je vous conjure de ne plus attenter à votre propre vie !

Dans la pénombre, elle le vit redresser sa tête, la lueur de la Lune se reflétait légèrement dans ses yeux humides. Link la dévisagea comme s'il venait de la revoir après des années d'absence. En vérité, il venait de se rendre enfin compte de sa présence avec Thomas, la réalité le rattrapait soudainement.

- Iris ? Thomas ? articula-t-il sans grande assurance.

Le brun déglutit lorsque les derniers moments avec la princesse lui revinrent en tête. Avec honte, il baissa le regard en serrant ses mains contre lui. Il devait maintenant affronter les conséquences de la disparition de Zelda ainsi que le retour de Ganondorf. Car Thomas s'en sentait toujours l'unique responsable.

- Pourquoi... Pourquoi faut-il toujours que je sois incapable de protéger celle que j'aime du plus grand fléau de ces terres ? Je l'ai abandonnée une première fois à Ganon, et maintenant, je l'ai laissée face à Ganondorf...

Sa voix se brisa tandis qu'il fermait ses yeux avec force. Certes, Zelda était vivante. Mais où ? Comment ? Dans quel état ? S'il comprenait bien, elle se trouvait quelque part, loin de lui et des siens, depuis deux mois. Link osa supposer qu'elle pouvait être sous l'emprise de Ganondorf ou de ses sous-fifres, prisonnière d'êtres malveillants, gardée à cause de ses pouvoirs divins. Mais elle était vivante, se répéta-t-il avec force afin de lutter contre ses idées noires. Il l'avait sentie à travers le bracelet. Son regard glissa vers son avant-bras d'où luisait, avant, l'étrange lueur verte.

- Qu'est-ce que cette chose ? demanda-t-il avec appréhension. Je me souviens m'en être imprégné puis... puis mon énergie vitale a été aspirée.

- Avec Dame Pru'ha, nous avons supposé qu'il s'agissait d'un pouvoir très ancien, l'informa Thomas sans le regarder. Mais nous n'en savons pas plus.

Link fronça les sourcils avant de reporter son attention sur l'archer. Le flou de son esprit se dissipait de plus en plus, les événements de ce jour-là lui revenaient clairement à la mémoire. Tout comme cette sensation qu'il avait déjà connue une fois, dans les bras de Zelda, cent ans auparavant.

- Tu m'as rendu la vie, comprit-il en dévisageant son jeune apprenti.

La bouche de Thomas s'entrouvrit alors que son ventre se tordait. Le regard stupéfait et soutenu de sa camarade ne fit qu'accroître son malaise.

- Capitaine, ce que vous dites est impossible, se défendit-il avec nonchalance. Mis à part le sanctuaire de la Renaissance, rien ne peut redonner vie à un être défunt. Je n'ai fait qu'aspirer une infime partie du pouvoir qui vous ronge actuellement.

Link soupira puis jeta un coup d'œil au ciel étoilé si beau, paradoxalement, en parallèle avec le mal qui dévastait leur royaume. Encore une fois, tous attendaient la même chose de lui : défaire le Fléau et sauver Hyrule. Cependant, cette fois-ci, tout était différent. Il s'agissait de Ganondorf, un homme intelligent, vicieux, qui possédait une nouvelle armée ainsi que des pouvoirs. Les Créatures Divines avaient été conçues pour lutter contre Ganon, pas Ganondorf. Quant aux Gardiens, plus aucun ne fonctionnait pour le moment. Nul doute que Pru'ha et Faras seraient en mesure d'en remettre certains en état. Seulement, qui pouvait assurer qu'ils ne se feraient pas corrompre une fois de plus ? Conserver les Créatures Divines intactes jusqu'à maintenant relevait presque du miracle. Toutes les quatre avaient été déplacées sur le plateau du Prélude tant qu'il en était encore temps. Et pour le moment, seule Vah'Medoh fonctionnait parfois pour assurer l'approvisionnement en vivres grâce aux royaumes limitrophes.

- Capitaine, reprit Iris, il faut que vous sachiez quelque chose à propos de Zelda et... et de la Lame Purificatrice.

Le ton choisi ne rassura guère le Héros qui s'attendait au pire, surtout en comparaison avec la situation que connaissait Hyrule.

- Il y a deux mois, quand les voyages sur la terre ferme étaient encore possibles, trois équipes ont été envoyées dans le temple de Firone. Mais aucune n'est parvenue à retrouver les traces de la princesse...

Elle adressa un regard désolé à Thomas. Ce dernier comprit sa demande et, à contrecœur, se résigna à poursuivre.

- J'ai été là les trois fois. Nous sommes toujours revenus sur... sur le lieu de la disparition, nous avons fouillé de fond en comble la caverne mais rien. Il n'y avait rien... Je ne comprends pas comment nous n'avons jamais pu retrouver son corps alors que je savais la princesse vivante.

Il expliqua qu'il lui était impossible de l'affirmer aux autres, notamment à Pru'ha, car les répercussions l'effrayaient. Thomas ne voulait pas être traité comme un outil, un sujet de recherche, voire tué pour ce don lié au monde de l'Au-delà. Au plus profond de lui, il savait qu'il en allait de sa vie.

- Nous avons cherché à longer la rivière où elle avait chuté, continua-t-il d'une voix tremblante. Mais impossible de la descendre... Elle s'écoule sous la paroi et il n'y a aucun moyen d'aller de l'autre côté. Nous n'avons cessé de faire face à un mur.

Le visage de Link se décomposa quand il apprit que les recherches avaient dû cesser le jour où la corruption s'était étendue jusqu'en Firone, empêchant pour de bon son accès par voie terrestre. Thomas termina en s'excusant sincèrement de n'avoir rien pu faire, ce jour-là, pour sauver Zelda de sa chute presque mortelle. Lorsqu'il se mit à pleurer, rongé par les remords et la culpabilité, un long silence s'installa entre eux trois, laissant au prodige d'assimiler toutes les informations.

- Capitaine, il faut maintenant que vous sachiez à propos de la Lame Purificatrice, ajouta la châtaine malgré l'ambiance lourde qui planait.

- Est-elle en possession de l'ennemi ? l'interrogea Link en tâchant de garder son calme.

Iris l'infirma aussitôt.

- Non, les déesses soient louées... Votre épée se trouve toujours au sein de la forêt Korogu, protégée par l'arbre gardien. Mais, même s'il s'agit du dernier lieu épargné par la corruption, il en est entouré. Seule la téléportation pourrait vous y mener. Malheureusement...

Comment l'annoncer à Link ? Après tout ce qu'il venait d'apprendre après son réveil, il demeurait difficile d'ajouter cette révélation. Sans qu'Iris ne s'y attende, ce fut Thomas qui prit la parole :

- La forêt Korogu est empreinte de magie spirituelle et pure. L'épée en son centre permet de la concentrer et donc de neutraliser l'avancée de la corruption. C'est pourquoi, si vous veniez à récupérer la Lame Purificatrice, vous... vous entraîneriez la perte de l'arbre gardien et des êtres de la forêt.

Le souffle de Link se coupa. Le voilà face à un énième sacrifice, un énième dilemme. Tout comme ce jour où le roi lui avait ordonné de fuir le château avec sa fille, le forçant à abandonner ses compagnons d'armes, les autres Hyliens et son propre seigneur. Cette fois-ci, il ne fallait pas sacrifier des humains mais l'arbre Mojo et les korogus. N'y avait-il vraiment aucune autre solution ? Son cœur s'alourdit, ce qui le fit courber la nuque.

- Y... Y a-t-il d'autres choses que je dois savoir ?

- Beaucoup, je le crains, lui répondit Iris peinée de le voir ainsi. Mais il se fait tard, Capitaine. Vous devriez vous reposer et attendre le jour pour en apprendre davantage.

Les deux apprentis entendirent leur supérieur émettre un soupir bruyant avant de se relever. Link posa sa main - celle possédant son anneau de fiançailles - contre sa poitrine puis il se tourna afin de faire face à l'ancien emplacement du château. Dans son cœur, malgré toute sa peine et son amertume à l'encontre de Ganondorf, l'espoir se fit plus grand et plus fort. Il fallait retrouver Zelda coûte que coûte et éliminer leur ennemi ensemble, côte à côte. Cela signifiait aussi abandonner l'armée hyrulienne durant ses recherches. Des sacrifices, encore des sacrifices... Cette guerre engendrerait encore plus de misère et de morts que la précédente. Elle ne touchait pas uniquement Hyrule. Elle touchait l'intégralité du continent, les autres royaumes compris.

- Thomas, prononça soudainement le blond.

Le concerné se crispa mais attendit que son supérieur poursuive. Link lui refit face sans afficher de sourire. Toutefois, une once de reconnaissance se retranscrivait à travers ses yeux qui se mirent à luire un court instant, prenant de court le brun. Venait-il... vraiment de voir ses yeux émettre une faible lueur ? Comme l'assassin ? Il n'eut pas le temps d'y penser davantage car le chevalier reprit la parole :

- Merci de m'avoir montré ma mère, même pour un court instant. Il est temps que tu me donnes des explications, j'ai besoin de mieux te connaître pour mieux te comprendre. Demain ou dans la semaine.

- Capitaine... dit son apprenti dans un souffle, sincèrement troublé.

Link posa une main sur son épaule, geste des plus amicaux dont l'archer ne s'en sentait pas digne.

- Je suis l'unique responsable du réveil du Ganondorf, tu entends ? J'ai été trop imprudent en m'approchant de cette momie et j'en paie actuellement le prix. Maintenant, je dois répondre de mes actes et en assumer toutes les conséquences, peu importe leur finalité.

C'en fut trop pour le brun dont un poids immense quitta trop soudainement ses épaules, l'obligeant à s'agenouiller face au Héros. Il ne put se retenir de sangloter une nouvelle fois en attrapant les pans du pantalon de Link avant de les serrer à en rendre ses doigts blancs.

- Je suis si désolé... pleura l'archer en proie à tous ses remords. Je suis prêt à vous offrir ma vie si cela peut permettre de me racheter !

Les yeux du prodige s'écarquillèrent, son empathie finit par prendre le dessus et il esquissa un sourire gêné. Par un simple mouvement, il pria son apprenti de se relever, passa une main derrière sa tête puis fit en sorte que le front de Thomas se pose contre son épaule. Cette attention créa une sensation singulière chez Link, une forme d'instinct paternel qu'il n'avait encore jamais connu et qui l'avait poussé à agir ainsi pour soulager celui qui portait, jusqu'à présent, toutes ses fautes sur les épaules.

- Iris, je ne te le demanderai qu'une seule fois, l'avertit Link en la regardant droit dans les yeux. Serais-tu prête à mettre ta vie en danger et m'accompagner dans un périple dont tu ne connais pas l'issue ?

L'ampleur qu'impliquait sa question provoqua des frissons à Iris. Étonnamment, ils n'étaient pas dus à la peur mais à l'excitation que promettait cette nouvelle mission. Une aventure, l'Aventure. La lancière savait qu'elle n'en connaitrait qu'une seule dans sa vie ; la première et la dernière à la fois. Car la mort représentait l'une des deux finalités possibles.

- Vous pouvez compter sur moi, affirma-t-elle pendant qu'une flamme de détermination passait au fond de son regard. Tout comme Thomas, je place ma vie entre vos mains. Pour le bien du royaume.

- Merci, la gratifia-t-il en posant cette fois-ci sa main sur son épaule.

Link partirait à la recherche de Zelda. Pour le moment, tout le monde avait l'air de croire fermement qu'elle était morte, ce qui signifiait qu'on le prendrait pour un fou s'il déclarait partir retrouver sa fiancée. Toutefois, le prodige ne comptait pas trahir la confiance de l'archer qui voulait manifestement cacher son don aux yeux des autres. Il faudrait donc prétexter quelque chose pour quitter le plateau du Prélude un certain temps. Mais dans une telle période, cela représenterait un véritable abandon envers les peuples d'Hyrule. Link réfléchirait aux mots qu'il aurait lors de son explication à Pru'ha et aux quatre représentants. Peut-être aurait-il un nouvel argument pour affirmer que la princesse vivait toujours ? Son regard glissa vers son bracelet. En fin de compte, la situation n'était pas aussi complexe qu'elle le laissait paraître.

oOo

Le lendemain, Pru'ha paniqua quand elle se rendit compte que l'élu des déesses ne se tenait plus dans sa couchette. Il ne lui fallut guère plus de temps pour imaginer le pire puis sortir en trombes de sa tente, le visage blême. Son affolement chuta d'un coup dès qu'elle le vit, plus loin, discuter avec quatre soldats piafs et deux Zoras. De toute évidence, le capitaine de la garde royale s'était équipé peu après son réveil le matin-même et arpentait le campement afin d'obtenir le plus de renseignements possibles. Agacée à cause du souci qu'il lui avait causé, la Sheikah se dirigea à grands pas vers lui, croisa les bras puis se posta à côté en ronchonnant.

- Je ne sais pas si je dois me réjouir ou non de te voir aussi vite remis, Héros, commença-t-elle froidement. J'ai bien cru que nous avions perdu Link à tout jamais, hier. Tu aurais au moins pu décrocher un mot !

Cette entrée en matière assez brusque ne fut, bien entendu, pas accueillie avec joie par le jeune homme qui perçut tous les reproches dans sa voix.

- Pru'ha, le jour où tu te réveilleras après deux mois voire un siècle de sommeil, nous en reparlerons. Je te suis reconnaissant d'avoir amélioré le sanctuaire et de me permettre de garder la mémoire. Mais ce n'est pas une raison pour prendre tes libertés en t'autorisant une telle remarque déplacée.

Confuse, la chercheuse se calma, refroidie par les paroles de son interlocuteur. Il avait raison, ce bougre, pensait-elle en regardant ailleurs. Pru'ha congédia les autres guerriers afin de prendre Link à part. Elle avait tant de nouvelles à lui annoncer et, hélas, certaines n'étaient pas bonnes. Elle l'emmena au milieu d'un espace dégagé, là où personne ne viendrait les déranger pour le moment. Les minutes qui allaient suivre ne seraient pas évidentes. Immobile au milieu des herbes orangées, le jeune homme patientait sagement en attendant que la Sheikah daigne engager la conversation. Cette dernière se racla la gorge, mal à l'aise, puis fixa le temple du Temps en hauteur.

- Ma sœur est morte, lui apprit-elle tout à coup.

Link se figea, son cœur parut même s'arrêter un très court instant tant cela lui sembla irréel. Impa, morte ? Impossible... Il la revoyait encore dans le bureau de Zelda, lors de leur dispute. Elle devait avoir encore plusieurs années devant elle, pourtant... Ses yeux se mirent à piquer mais, par dignité et respect, le jeune homme retint ses larmes pour le moment.

- Comment ? demanda-t-il en observant l'herbe sous ses pieds.

- Tuée. Lors de l'assaut des Corrompus dans notre village. Elle a voulu... Elle a voulu le défendre et se battre une dernière fois pour la survie des siens.

Les Corrompus, tel fut le nom donné aux soldats de Ganondorf, ces êtres constitués uniquement de corruption et possédant une forme humaine. Des guerriers pour le moment immortels car rien ne parvenait à les éliminer.

- Comment a réagi Pahya ?

La Sheikah attrapa ses bras avant de les serrer pour contenir au mieux sa peine profonde.

- Comment crois-tu qu'elle ait réagi ?! Elle a été dévastée, c'est une évidence... Ma sœur l'a élevée le jour où ses parents ont été tués par un Gardien. Pahya a perdu une deuxième mère. Et moi, j'ai perdu un membre de ma famille...

Ses paupières se fermèrent fortement pendant qu'elle inspirait longuement pour refouler ses futurs pleurs. Quant à Link, il fut véritablement peiné d'apprendre la mort de celle qui l'avait guidé après son Réveil, trois ans plus tôt. Celle qui l'avait guidé à travers le château la première fois qu'il s'était présenté devant le roi, à l'âge de treize ans. Celle qui l'avait guidé dans son devoir de Héros puis de Prodige. Une boule se forma dans son ventre et accentua d'autant plus sa tristesse. Link portait sa mort sur la conscience, il s'en jugeait responsable. Et jamais il ne pourrait rattraper cette erreur. Il regarda par-dessus l'épaule de Pru'ha et contempla le paysage méconnaissable qui s'offrait à lui. Ce même paysage qu'il avait tant admiré par le passé.

- Toutes mes condoléances...

- Ce ne sont pas elles qui ramèneront ma sœur, rétorqua Pru'ha qui souhaitait changer de sujet.

Si elle devait pleurer, ce serait dans sa tente, seule. Sa réplique cinglante eut pour effet de provoquer un nouveau mutisme de la part du Héros. La chercheuse décida de reprendre la parole ; il fallait que le prodige soit au courant de tout, qu'il ait tous les éléments nécessaires sur la situation.

- Maintenant, parlons de la gestion de ce conflit. Nous aurons tout le temps de pleurer nos morts et nos proches une fois la guerre terminée.

Link ne put que lui donner raison. Elle poursuivit :

- Le plateau du Prélude est attaqué à intervalles réguliers par des petits groupes de Corrompus. Depuis deux semaines, ils sont de moins en moins nombreux, ce qui laisse supposer que Ganondorf concentre ses forces ailleurs. Comme tu peux le constater dans mon dos...

Elle se décala afin qu'il puisse avoir une vue sur la montagne de la Mort.

- Le château n'est plus là. Nous avons appris, à nos dépends, qu'il avait été construit sur une immense machine capable de voler. Seule une tablette sheikah pourrait être capable de l'activer. Ce qui signifierait qu'il serait en possession d'une semblable à la nôtre. Peut-être même qu'il en possède d'autres... Malheureusement, nous ne connaissons pas ses desseins actuels. Le château a quitté Hyrule pour se rendre au-dessus d'Aurean, le royaume à la frontière nord. La malice recouvre peu à peu leurs terres et leurs soldats peinent à freiner l'avancée des Corrompus. Quant aux nôtres, ils étaient affectés jusqu'à maintenant à ta protection.

En effet, le porteur de la Lame Purificatrice était l'atout majeur pour lutter contre le seigneur du Mal. Si les Hyruliens venaient à le perdre, alors ils seraient finis... La princesse étant introuvable, cela sonnerait irrémédiablement leur extinction. Pru'ha en vint aux explications concernant le ravitaillement du plateau du Prélude. Les Piafs s'occupaient de voler par-dessus les terres corrompues et de rejoindre les royaumes encore intacts pour le moment, ceux-ci leur fournissant des armes ainsi que de la nourriture et des vêtements. Cependant, les guerriers du ciel ne pouvaient tout transporter et effectuer de trop nombreux voyages. Une solution urgente avait donc été décidée pour pallier au problème et assurer un meilleur échange aérien. La scientifique regarda un instant la position du soleil et estima l'heure qu'il était.

- Viens avec moi, tu dois voir ça de tes propres yeux. Tes apprentis doivent d'ailleurs être affectés aux transports des vivres importés aujourd'hui.

Il lui adressa un regard interrogateur avant de la suivre sans broncher. Ils se dirigèrent vers l'ancienne cabane qui avait servi, jadis, d'abri au fantôme du feu roi. Mais, aussi surprenant que cela soit-il, le bois qui l'entourait avait été rasé pour ne laisser place qu'à un immense terrain plat. Link aperçut en effet ses deux apprentis mais Léon manquait toujours à l'appel. Ce détail soudain lui tordit une nouvelle fois les tripes. Avait-il aussi... péri ? Le jeune homme voulut se renseigner auprès de Pru'ha, cependant cette dernière le devança et l'obligea à s'arrêter près d'un rocher imposant enfoui dans le sol.

- Si tu tiens à la vie, je te conseille de rester ici, lui dit-elle avec une voix grave.

Elle appela ensuite les deux apprentis ainsi qu'une poignée d'autres soldats qui attendaient tranquillement. Iris arriva en courant tandis que Thomas opta pour une marche calme dans sa direction.

- Capitaine ! se réjouit-elle en le voyant. Vous êtes venu assister à l'atterrissage ?

- Quel atterrissage ? s'étonna-t-il.

Link jeta un coup d'œil sur le côté, là où devait se trouvait Vah'Medoh. Elle se trouvait déjà perchée en haut de la plus haute colline du plateau, donc il se demanda de quoi la lancière parlait. Un vent assez doux soufflait, il n'y avait pas d'autre bruit que celui des feuilles qui bruissaient, pour l'instant. Car quelques minutes d'attente et de silence plus tard, un rugissement lointain se fit entendre et résonna dans la poitrine de Link. Intrigué, il regarda en direction des nuages, prêt à voir l'un des trois dragons d'Hyrule. Mais ce ne fut rien de tout cela, le ciel restait vide de vie.

- Tiens-toi prêt, tu vas être secoué, l'avertit Pru'ha qui prit appui sur le rocher près d'eux.

Le Héros n'eut pas le temps d'assimiler ses mots, une immense masse blanche percuta le sol et entraîna la chute du blond, soudainement déséquilibré par les tremblements engendrés et répétés par d'autres silhouettes qui atterrissaient. Sonné durant quelques secondes, plusieurs éclats de voix parvinrent aux oreilles de Link et captèrent son attention. Puisqu'il était tombé sur le dos, il se redressa sur ses coudes avant de découvrir cinq bêtes colossales, au pelage d'un blanc éclatant et mesurant bien une quinzaine de mètres chacun, si ce n'était plus. Ils ressemblaient vaguement à des félins par leur morphologie malgré leurs grandes ailes repliées sur les côtés et leur double queue en panache. Ils étaient si hauts que les humains les montant devaient glisser le long de leur aile pour descendre de leur dos. Link papillonna des yeux. Des humains ?! L'un d'eux finit par sauter à terre puis se précipita vers le groupe de Pru'ha. Il ne s'agissait que de Léon qui revenait de son court périple.

- Capitaine, vous êtes de nouveau parmi nous ! s'écria-t-il quand il l'aperçut.

Le grand blond arriva à sa hauteur puis lui proposa sa main avant de le tirer d'un coup sec pour le relever. L'incompréhension de Link prit le dessus et le laissa sans voix encore un moment. Quelles étaient ces choses devant lui ? Jamais il n'avait vu de tels animaux de sa vie.

- Léon, tu... tu es vivant, dit-il finalement quand il sortit de sa torpeur.

- Ouais, mais pas en seul morceau ! Regardez ça.

Il pointa sa jambe gauche et montra ainsi une prothèse conçue à partir de la technologie archéonique. Serait-ce utile de préciser que Faras en était l'ingénieux concepteur ? Lors de l'arrivée de Ganondorf, le pied de Léon avait été sectionné par un débris de mur. Il avait donc fallu utiliser des béquilles durant quatre bonnes semaines avant d'être le premier cobaye du chercheur. Grâce à lui, plusieurs prothèses furent mises au point et permirent à des soldats diminués de retrouver une certaine autonomie et mobilité.

- Je ne comprends pas comment on peut être fier d'un tas de ferrailles, ronchonna Pru'ha. C'était mon idée de remplacer les membres perdus, mais il a fallu que ce vieux rabougri mette le nez dans mes affaires.

- Peu importe, j'suis heureux d'avoir survécu jusqu'ici pour revoir le capitaine. Venez, faut que je vous présente Elix ! Depuis le temps que je lui parle de vous...

Qui ? demanda Link à Iris, à travers un simple regard. Cette dernière sourit pour seule réponse puis lui proposa de suivre le troisième apprenti vers les bêtes immenses. Pru'ha lui donna une raison supplémentaire en lui annonçant qu'elle devait lui présenter quelqu'un de très important ensuite. Le chevalier talonna donc Léon et s'approcha de l'animal entouré par quelques-uns de ses semblables félins.

- Voici mon elvësch ! lui présenta Léon, non sans fierté. Elix, comme je vous le disais.

L'elvësch en question baissa sa tête avant de sonder de ses yeux jaunes le nouvel arrivant. Link, visiblement très impressionné par sa taille, se pétrifia et n'en mena pas large les quelques instants que dura l'inspection de la bête.

- D'où viennent ces animaux ? le questionna-t-il ensuite. Je n'en avais encore jamais entendu parler jusqu'à présent.

- Ils sont originaires de Panah, l'informa Léon qui caressait une patte de son compagnon. Ils vivent sur nos terres depuis des temps immémoriaux et se lient avec certains humains durant l'enfance. C'est d'ailleurs moi qui ai proposé d'approvisionner notre campement grâce à eux !

- La légende raconte que ce fut la seule bonne idée qu'il eut de toute sa vie, conta Iris sur un ton railleur.

Pendant que Pru'ha ricanait dans son coin, le grand blond foudroya son amie du regard et la toisa de haut en bas. Cela ne l'impressionna pas du tout, si bien qu'elle continua de se moquer de lui. Les revoir tous ainsi, malgré l'époque obscure qu'ils connaissaient, arracha un sourire discret à Link qui, d'une certaine manière, ressentait une forme de soulagement. Il avait déjà une idée ce qui allait suivre. Quand il serait prêt - le plus tôt possible, il l'espérait - le prodige irait chercher la Lame Purificatrice puis partirait à la recherche de Zelda. Et quand il la retrouverait, tous deux iraient défaire Ganondorf. Une fois de plus.

- Tiens, mais voilà mon amie Pru'ha ! s'exclama une voix féminine sur leur droite.

Involontairement, Link tourna la tête vers elle et découvrit une jeune femme aux cheveux châtains assez court, aux yeux marron et à l'ensemble de soldat. Elle portait une longue épée à sa ceinture ainsi qu'une cape blanche dans son dos, volant au gré du vent. Il fut indéniable pour le Héros qu'il faisait face à une étrangère imposant le respect par son allure. Cette dernière le remarqua à son tour et perdit son sourire. Elle en oublia même Pru'ha.

- Qui est-ce ? demanda la nouvelle arrivante en l'observant sous toutes ses coutures.

- Link, le Héros et le prodige hylien, dit la chercheuse comme s'il s'agissait d'une évidence.

- Comment ? Toutes mes excuses, messire ! Pardonnez mon impudence, personne ne m'avait encore décrit votre portrait...

Link fronça les sourcils et reporta son attention sur la Sheikah.

- Messire ?

- Une longue histoire que l'on traitera plus tard, si tu le veux bien, maugréa Pru'ha. Link, voici Astrid, l'un des généraux de l'armée de Panah. C'est grâce à elle si nous sommes approvisionnés en armes.

- Je vois, merci beaucoup, la gratifia Link en plus d'un signe de tête.

L'étrangère en fut flattée, elle posa une main au-dessus de son cœur puis se pencha très légèrement en guise de marque respectueuse. Astrid se redressa puis transmit son rapport habituel à la chercheuse. Autour de leur groupe, des soldats hyruliens et étrangers aidaient à transporter les marchandises vers le camp. Le bois avait donc été rasé dans le but de servir de zone d'atterrissage pour les elvëschs.

- Des éclaireurs corrompus ont été aperçus à nos frontières, leur signala Astrid en adoptant un air grave. Nous craignons que des troupes arrivent à Panah d'ici une semaine, voire deux. Nous allons essayer de les ralentir au mieux, mais nous ne pourrons pas tenir très longtemps sans pouvoir les éliminer. Maintenant que votre élu est de retour, il va falloir qu'il agisse rapidement pour éliminer leur invocateur.

- Je dois d'abord retrouver la prêtresse royale, rétorqua Link qui pensait servir d'outil à ses yeux.

En clamant cela, son avant-bras gauche s'échauffa immédiatement et le fit grimacer pendant qu'il tâchait de garder une posture naturelle.

- Oui, je comprends, reprit Astrid. Votre feue fiancée, la future reine, devait aussi avoir un rôle déterminant pour notre future victoire. Retrouver son corps vous permettra de faire votre deuil... Maintenant, si vous le voulez bien, je dois m'entretenir avec les représentants des peuples hyruliens.

La châtaine s'excusa puis quitta leur petit groupe avant de se diriger vers le campement, au loin. Link la suivit du regard puis croisa les bras, mécontent.

- « Votre feue fiancée, la future reine » ? répéta-t-il avec une once de colère. « Messire » ?

- Écoute Link, ce n'est vraiment pas le moment... chuchota Pru'ha en se pinçant l'arête du nez. Je te promets que tu auras aussi bientôt des explications à ce propos.

- Ma patience a des limites, surtout quand il s'agit de la princesse !

- Je t'ai dit que tu aurais bientôt des explications donc tu vas prendre ton mal en patience ! Ces deux derniers mois, tu ne les as pas vécus alors tu dois comprendre que tu ne peux pas avoir des informations en un claquement de doigt !

Elle vint justement en poser un sur la poitrine du jeune homme en affichant un air agacé.

- Tout le monde ici est à cran à cause de la situation plus que critique que nous vivons. Alors tu vas me faire le plaisir d'attendre, ne serait-ce qu'une petite heure, avant d'avoir en main tous les éléments nécessaires pour ta future mission ! Est-ce que j'ai été claire ?!

Link déglutit, il détourna la tête et tiqua. Bien, il patienterait encore un peu. Mais à ses yeux, chaque minute comptait et pouvait représenter les derniers instants de Zelda. Plus vite il la retrouverait, plus vite il serait à ses côtés et il pourrait être pleinement serein. Même si ce sentiment ne durerait que quelques instants, peu importait. Link la voulait près de lui et s'assurer de sa sécurité. Il était hors de question de la perdre après tout ce qu'ils avaient vécu. Ils avaient traversé des épreuves difficiles et éprouvantes ensemble, ils en traverseraient d'autres, pour le bien de tous et l'avenir de chacun. Et encore une fois, si la tournure des événements le nécessitait, il donnerait pour de bon sa vie pour elle.

Pru'ha rejoignit le campement à son tour. Elle laissa derrière elle une ambiance lourde. Les trois apprentis n'avaient pas osé intervenir car tout cela ne les concernait pas, à leur échelle. Pour alléger l'atmosphère, Iris se moqua du léger accent des habitants de Panah, imitant presque à la perfection certaines de leurs intonations en fin de phrase. Au moins, cela fit rire Léon qui lui donna raison. Il parlait pourtant comme le reste des Hyruliens puisque ses parents et ses grands-parents étaient Hyliens. Derrière eux, suite aux plaisanteries grotesques de la lancière, un grognement rauque se fit entendre, quelques vibrations furent même perceptibles dans la terre. Étonnée, Iris se retourna et vit un elvësch, autre qu'Elix, qui l'observait d'un air mauvais. Il semblait n'avoir rien raté de ses moqueries.

- Qu'est-ce qu'il a, le minou ? lui demanda-t-elle en souriant.

- Le minou, il va t'écraser comme une vulgaire larve puis te bouffer, piètre humaine.

La voix, qui résonna dans leur tête, les fit tous sursauter et plaquer une main de part et d'autre de leurs oreilles. Aucun ne savait qui avait parlé, sauf Léon, habitué.

- Du calme, Elzier, le pria-t-on. Cette jeune fille ne voulait pas t'offenser.

Le groupe d'Hyliens aperçut celle qui venait de parler. Elle se trouvait sur le dos de son grand compagnon quand elle décida de glisser le long de son aile pour descendre. La châtaine s'épousseta puis leur sourit avec une certaine réserve. Elle commença même à éprouver une certaine gêne face à leur incompréhension persistante. En effet, sa ressemblance avec Astrid était frappante. Trop frappante...

- Je m'appelle Olympe, je suis la sœur jumelle d'Astrid. Sa sœur ainée, pour être plus précise.

Hélas, les gens avaient tendance à penser le contraire car Olympe était moins musclée que sa sœur, peut-être très légèrement plus petite, et possédait des cheveux mi-longs tressés qui tombaient juste en-dessous des épaules.

- Et voici mon compagnon, Elzier. Il n'est pas très poli mais il ne ferait pas mal à une mouche.

- Si je bouffe les larves, évidemment que je ne ferais pas de mal à une mouche. Puisqu'il n'y en aurait plus !

L'animal s'esclaffa tout seul suite à sa plaisanterie lugubre. La châtaine soupira puis s'excusa auprès des quatre Hyliens pour le comportement inapproprié de son compagnon. Olympe finit sa présentation en leur annonçant qu'elle deviendrait bientôt l'une des nouveaux dirigeants de Panah et que, par conséquent, elle devait commencer à entretenir des liens avec les représentants des peuples hyruliens, d'où sa présence sur le plateau du Prélude. C'était bien la première fois qu'elle y posait un pied. Lors de son vol, elle avait pu constater l'état désastreux du royaume qui ressemblait dorénavant à une mer de corruption plutôt qu'à une étendue de plaines. Le pouvoir de leur ennemi était immense, comme s'il déchaînait toute la rancœur qu'il gardait en lui depuis des millénaires. Le visage d'Olympe se rembrunit. Le soulèvement de son peuple, un an plus tôt, avait permis de révéler au grand jour les intentions des anciens dix dirigeants de Panah. L'histoire de ce royaume semblait liée, d'une quelconque manière, à Ganondorf et certains souhaitaient le servir à des fins personnelles et destructrices. Fort heureusement, une forme de résistance avait vu le jour et était parvenue à vaincre les dirigeants corrompus. Astrid appartenait justement à ce groupe de résistants, menant à la libération complète de Panah.

- Donc tu es Link, éluda Olympe avec embarras. Celui qui a combattu puis vaincu Ganon.

- Sans la princesse Zelda, tout cela n'aurait pas été possible. Je n'ai été que son épée.

Son humilité fit sourire Olympe qui, par pensées, se moqua de son elvësch en soulignant qu'il devrait prendre exemple sur l'épéiste.

- Voici les apprentis que je forme en tant que soldats d'élite, lui apprit-il en les montrant. Ils devaient protéger la princesse lors de ses déplacements au sein du château et, avec des soldats, lors de ses voyages à l'extérieur.

Link ne voulait pas encore annoncer la décision d'abdication de Zelda. Il était convenu, à l'origine, que cela se fasse une fois le cycle des réincarnations rompu. Cette guerre qui se profilait... Non, cette guerre qui venait de commencer dès l'arrivée de Ganondorf, peut-être serait-elle la dernière si les deux élus trouvaient le moyen de mettre un terme définitif à l'existence du Fléau. Encore fallait-il avoir une vague idée de la démarche à adopter... Un voile de peine passa dans le regard de Link quand il pensa à Zelda. Il détestait la savoir loin sans connaître son état. Quant au bracelet, il ne transmettait que les émotions les plus vives, comme la nuit précédente lorsqu'il était désespéré. Par les déesses, le jeune homme culpabilisait d'avoir partagé un tel état d'âme avec sa fiancée. Elle avait dû se faire encore plus de soucis par sa faute...

- Quelque chose te trouble, n'est-ce pas ? lui demanda soudainement Olympe avec inquiétude.

Sa question le prit le court et le fit relever la tête vers elle.

- Comment peux-tu le savoir ?

Link n'avait pas pour habitude de répondre à une question par une autre question. Mais être percé aussi facilement à jour alors qu'il ne montrait que très peu ses émotions en présence d'inconnus, cela le déséquilibrait. Les lèvres d'Olympe s'étirèrent dans un sourire gêné.

- Je l'entends à ta respiration. Elle est devenue plus rapide et sifflante d'un coup.

Face aux expressions déroutées des Hyliens, elle s'empressa d'ajouter :

- Les habitants de Panah possèdent une ouïe très développée. Excuse-moi si ma remarque t'a paru déplacée. Si je peux t'être d'une aide quelconque, je serais ravie de t'aider.

- Je n'ai besoin de l'aide de personne, merci.

Sur ce, il détourna les talons afin de rejoindre le campement et s'accorder un moment seul avec lui-même. Savoir que quelqu'un pouvait décrypter aussi facilement ses sentiments, cela ne lui plaisait guère, comme si on s'introduisait dans sa vie privée sans son consentement. Et même si cette Olympe n'avait pas voulu le froisser, Link commençait à perdre patience. Car le temps qu'il passait ici, il le perdait pour rechercher Zelda.

- Veuillez l'excuser, la pria Iris pour briser le nouveau silence. Notre capitaine a toujours été quelqu'un de très empathique et ouvert à la discussion. Mais je crains que la situation ne s'y prête pas pour le moment.

- Je l'entends très bien. Astrid le lui a peut-être déjà dit, mais j'aurais aimé que le Héros sache que Panah est prête à l'aider dans sa future quête. Il en va de la vie de tous les habitants du continent.

- Et nous vous en remercions. En temps de guerre, l'entraide est primordiale pour obtenir la victoire.

Léon, à côté de sa camarade, lui tira la manche pour lui signifier qu'ils devaient maintenant aider à décharger les marchandises et les emmener au campement. Avec tout le respect qu'ils lui devaient, les trois apprentis saluèrent la jeune femme de vingt-et-un ans avant de se diriger vers les caisses à transporter. Olympe les observa de longues secondes puis elle s'étira afin de chasser l'engourdissement de ses membres.

- Seulement trois soldats d'élite pour protéger leur reine ? Tu m'étonnes qu'elle soit morte. Ils ont un manque cruel d'efficacité dans ce pays.

- Cesse un peu cette méchanceté gratuite, veux-tu ? Ta mission ici ne fait que commencer alors tu ferais mieux de respecter ces gens.

La châtaine quitta son compagnon sans lui en dire davantage, ce qui eut le don d'agacer Elzier. Depuis quand sa plus vieille amie l'abandonnait ici ? Surtout qu'il avait été contraint de transporter des marchandises, comme un vulgaire bœuf ! Inacceptable. Lui, le plus bel elvësch de la colonie, porter des caisses pour des piètres humains ?! Intolérable. Mais puisque c'était une demande d'Olympe en personne, il n'avait pas eu la foi de refuser. Il l'appréciait bien trop pour lui refuser quoi que ce soit.

- Quelle mission ? Eh, où tu vas comme ça ?! Olympe, dis-moi ce que tu as derrière la tête !

Il voulut la suivre, quelques pas lui auraient suffi à la rattraper aisément mais des soldats hyliens commençaient déjà à monter sur son aile pour le défaire de ses marchandises. Elzier poussa un grognement mécontent puis se laissa tomber au sol. Tant pis si cela entraînait la chute des humains. Ils n'avaient qu'à bien se tenir ou bien ils auraient affaire à ses crocs.

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