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Bonus 1.3 : la vie de Caï


Oui le dernier bonus sort enfin après tout ce temps ^^' je n'avais écrit que les 3/5 et je n'avais pas la foi de continuer. Mais après la dernière nouvelle que je viens de publier, l'inspiration m'est revenue et j'ai pu terminer. Cette partie offre une perspective au personnage de Caï et montre un peu comment elle a pu devenir celle qu'on connait d'en l'histoire. Je précise que je n'ai pas imaginé tout ça il y a peu, je l'ai fait durant l'écriture de RDT (c'est juste que je mets mille ans à écrire). En espérant que ça vous plaise !

oOo

Aurean... Un royaume au peuple fier et à l'histoire glorieuse. Situé au nord-ouest d'Hyrule, il n'avait de cesse de s'étendre et de prospérer. Son commerce fleurissait depuis que l'armée repoussait les monstres et envahissait leurs terres. La puissance militaire de ce pays n'avait rien à envier au royaume d'Hyrule, elle possédait de grands généraux qui servaient loyalement leur reine Lasandra. Ces hommes et femmes étaient reconnus pour leurs stratégies offensives performantes et peu coûteuses en vies humaines. Leur plan reposait principalement sur l'effet de surprise et l'usage du terrain pour obtenir rapidement l'avantage en combat. Et parmi ces officiers se trouvait une femme de renom : Caï de Deraim. Âgée de trente-cinq ans, elle connaissait les affres de la guerre depuis son enfance. Puisqu'elle était issue de la haute noblesse, ses parents lui avaient assigné de grands précepteurs pour la former et lui permettre d'assister la future reine du royaume, de quelques années son aînée lors de sa formation.

Les troubadours vantaient ses exploits partout où ils passaient, il n'existait pas une ville, un village sans que le nom de Caï de Deraim ne soit prononcé. Elle aurait sauvé la vie de sa reine par deux fois, déjouant les attentats avec une intelligence et une lucidité remarquables. Elle aurait même mis aux arrêts deux traîtres de la couronne, ceux qui fomentaient une attaque perfide contre la régente du royaume. Mais cela ne s'arrêtait pas là. Après de nombreuses batailles menées, Caï avait vaincu par son épée le dragon le plus dangereux d'Aurean. Il ne fallut guère beaucoup de temps pour que les habitants prêtassent des vertus magiques au sang de la bête. Ils assurèrent que l'épée de la guerrière était devenue magique par la suite et lui permettait de vaincre tout ennemi se dressant sur son chemin.

Ces hauts faits firent de Caï un grand général de son royaume, respectée et aimée pour ses actions et son amour pour son peuple. Selon ses soldats, elle était d'une humilité exemplaire et son sens de la justice suscitait l'admiration. Certains, même, s'autorisaient à penser qu'il serait judicieux de l'envoyer à Hyrule afin d'aider la famille royale hylienne à combattre contre les monstres. En effet, ceux-ci y étaient encore plus nombreux et dangereux. Cependant, la reine Lasandra refusait de mettre à contribution ses forces, car elle jugeait que la sécurité de son royaume passait avant toute chose. C'était une femme brune aux petits yeux noirs, sa peau avait été marquée par la variole lors de sa jeunesse, et le temps n'avait jamais pu retirer les cicatrices.

Le peuple appréciait moins sa reine. Nombreux la jugeaient égoïste et peu concernée par les maux des petites gens. Elle ne se préoccupait que du bien-être de sa cour et veillait uniquement à ce que la victoire fût assurée lors des batailles. Peu lui importait si de mauvaises langues comméraient dans son dos. Tant que son royaume se portait bien et que son avenir était assuré, cela lui convenait. Par ailleurs, un jour, après une énième victoire, elle organisa un grand banquet en l'honneur de Caï, dans le but de la remercier pour son investissement et ses services rendus à la nation. Ce fut pourquoi elle lui offrit en main propre l'un des meilleurs vins du continent, en gage de sa royale amitié. Pendant qu'elles dégustaient le précieux nectar, les deux femmes ne cessaient de parler de stratégie et des nouvelles qui leur parvenaient des quatre coins du royaume.

- Caï, tu sais que de nombreuses rumeurs circulent à ton sujet ? lui demanda soudainement la reine Lasandra.

Toutes les deux marchaient le long de la longue table de banquet, observées par les autres convives qui les saluaient d'un hochement de tête sur leur passage. À vrai dire, les invités regardaient bien plus Caï. Il s'agissait d'une femme de grande taille, aux cheveux marron tressés au ras de l'arrière de son crâne. Ses yeux vairons – l'un noisette et l'autre vert – ressortaient davantage aux côtés de la longue entaille qui parcourait son front jusqu'à sa mandibule, dans une ligne oblique qui ferait frémir les nobles les plus délicats. Cette cicatrice attestait de son combat contre le dragon qu'elle avait tué de ses mains. Cela l'avait défigurée, mais elle semblait fière de cette marque qui témoignait de sa force.

- Reine Lasandra, je ne prête plus attention aux rumeurs depuis bien longtemps, soupira Caï avant d'esquisser un sourire. Certaines sont si absurdes que j'ai peine à croire que des humains aient pu imaginer de pareilles inepties.

Elle but une gorgée de son vin pendant que son interlocutrice riait de bon cœur en l'approuvant.

- Peut-être, tu as bien raison. Mais ma curiosité a été attisée lorsque l'on a prétendu que ton épée aurait acquis des capacités magiques.

- Le petit peuple se plaît à exagérer les faits, Votre Altesse... Mon épée a bien baigné dans le sang de ce farouche dragon, mais elle ne reste rien d'autre qu'un bout d'acier.

La reine Lasandra posa son regard sur l'arme en question, sanglée à la ceinture de son général. La fusée de l'épée avait été finement travaillée tandis que le fourreau luisait magnifiquement sous le reflet des lustres et des centaines de bougies.

- Ne serait-il pas judicieux de mettre fin à ces mensonges ? s'inquiéta la souveraine dont l'air s'aggrava. Je n'ai pas envie que des personnes mal intentionnées s'en prennent à toi dans l'unique dessein de voler cette simple épée.

Caï sourit calmement, comme elle en avait l'habitude lorsqu'une situation ne lui échappait pas.

- Je ne suis pas effrayée par cette idée, Votre Altesse. Les ennemis les plus dangereux ne sont jamais ceux dont le désir est matériel.

Intriguée par cette réponse, la reine Lasandra haussa les sourcils et cessa de porter son verre à la bouche. Elle pria le général d'expliciter le fond de sa pensée.

- Ne vous souciez pas de cela, Majesté. Tant que je suis à vos côtés, au sein du château, je n'encours aucun danger. J'ai moi-même écarté les traîtres. Toutes les personnes qui nous entourent sont dignes de confiance et ne vous trahiront jamais.

- Comment en être avoir la certitude ? dit Lasandra dans un souffle témoignant d'une inquiétude manifeste. Nous ne sommes jamais sûrs de connaître quelqu'un.

- Je vous prie de me croire, je décèle toujours les cœurs les plus sombres.

L'immense horloge de la salle de réception retentit pour annoncer minuit. Malgré cela, le banquet était loin d'être terminé, les convives continuaient leurs discussions ou bien se plaisaient à danser au rythme de la musique. Lasandra proposa à son amie de longue date de sortir sur la grande terrasse, un peu à l'écart du reste des convives. Cela leur permettra de respirer l'air frais de l'hivers doux qui s'était installé depuis peu. De plus, leur conversation serait plus intime, loin des oreilles indiscrètes. Toutes allèrent s'accouder au balustre en marbre, elles contemplèrent le paysage faiblement éclairé par la lune éclatante.

- Je ne peux m'empêcher de me souvenir du jour où l'on t'a présentée à moi, énonça Lasandra avec légèreté. Tu n'avais que seize ans, à l'époque. Et déjà, tes précepteurs reconnaissaient ton esprit stratège. Ce jour-là, personne ne pensait que tu deviendrais un général d'une telle renommée et d'une telle ingéniosité.

- Votre Majesté... souffla Caï avec émotions.

- Quand je vois tout le chemin que tu as parcouru jusqu'à maintenant, je ne peux qu'être admirative ! Tu as le mérite d'être aimée par tes soldats et les différentes classes de notre société. Parfois, il m'arrive de t'envier...

La la reine baissa tristement la tête pour regarder ses maintes jointes sur le balustre glacé. Caï se sentit aussitôt mal à l'aise et peinée par la situation de sa reine. Elle n'avait jamais su réconforter quelqu'un. Alors réconforter sa souveraine, cela lui était impossible... Caï ne pouvait que l'écouter et lui apporter physiquement son soutien.

- Caï, je souhaiterais te remercier pour tous tes services. Tu peux me demander tout ce que tu désires. Je tâcherai de te l'offrir.

Son ton cérémonieux prit le général au dépourvu.

- Votre Altesse, je... je ne peux accepter...

En regardant la souveraine, Caï eut soudainement un vertige qui lui procura une vague de frissons de la tête aux pieds. Elle poussa une plainte étouffée et se retint d'une main au balustre, les sourcils froncés. Bon sang, il semblerait que l'alcool de ce soir-là fût plus fort qu'elle ne l'imaginait.

- Caï, quelque chose ne va pas ? s'inquiéta Lasandra qui s'écarta du bord.

Son général fut dans l'incapacité de répondre. Elle plaqua une main contre son ventre après avoir lâché son verre. Le récipient se brisa sur le sol et fit sursauter la souveraine qui recula d'un pas. Caï ne comprit pas ce qu'il lui arrivait. Sa vue se brouillait tandis que des sueurs froides parcouraient son corps.

- Que ressens-tu exactement, Caï ? demanda la voix froide de sa souveraine. De la peur ? De l'incrédulité ?

- Co... Comment ?

Haletante, elle releva la tête vers sa reine et discerna une indifférence glaçante sur son visage. Elle vit à travers son regard un sentiment que la souveraine n'avait encore jamais eu à son égard. Une aversion profonde dont Caï ne décelait pas l'origine. Rapidement, elle peina à respirer, comme si une force invisible comprimait ses poumons et les empêchait de s'emplir d'air. La guerrière commença à suffoquer, elle tomba à genoux en se tenant le cou.

- Tu décèles toujours les cœurs les plus sombres, disais-tu ? reprit la reine en regardant ailleurs. Quelle ironie...

Le sang de Caï semblait se glacer peu à peu sous l'effet de la substance toxique qui y coulait.

- Si tu n'avais pas pris autant d'importance aux yeux de mon peuple, tu serais restée mon chien de garde. Docile et suivant aveuglément son maître.

À bout de souffle, son général s'écroula sur le côté et fut en proie à de vifs tremblements. Caï pensait cauchemarder. Il lui était impossible de croire que son amie de longue date l'eut empoisonnée. La souveraine adressa un regard noir à cette femme qui agonisait à ses pieds. Cette femme qui lui faisait de l'ombre depuis bien trop longtemps et qui compromettait sa propre légitimité sur le trône.

- Tu as superbement bien écarté les bonnes personnes, Caï. Et je t'en remercie. Mais ce royaume ne peut avoir qu'une seule souveraine.

Cela la fit sourire d'assister à une mort aussi humiliante pour un général d'une telle prestance et importance. Être empoisonné par un stupide vin... Il n'y avait là rien de glorieux. Quand Lasandra vit la fin de son officier arriver, elle s'accroupit devant elle et ancra son regard sombre dans le sien.

- Je veux voir le désespoir dans tes yeux avant de partir, chienne d'Aurean.

Trahie et hors d'elle, Caï essaya de lever la main pour agripper le cou de cette vipère, mais elle n'en eut pas la force. Sa vue devint si trouble que Lasandra ne devint qu'une vulgaire forme noire face à elle. Pourquoi tout cela se finissait ainsi ? Était-ce ainsi que l'on remerciait sa loyauté et l'amour pour son royaume ? Des larmes de déception lui montèrent aux yeux. Comment son amie avait-elle pu la manipuler tout ce temps sans qu'elle ne s'en rende compte ? Elle discerna tout juste Lasandra qui releva la tête vers l'intérieur et du château, et de vagues mots, lointains, lui parvinrent :

- À l'aide ! Le général de Deraim se meurt ! hurla la reine qui mima la panique. Appelez un médecin !!

Caï se sentit partir par la suite. Seul un mot la hantait et résonnait dans tout son être.

Pourquoi ?

oOo

Dans l'Au-Delà, le temps était une notion abstraite. Seule une solitude immense accueillit l'Auréenne durant ce qui lui parut telle une éternité. Jusqu'à ce qu'un jour, quelque chose l'appela. On la tira de force de ce monde spirituel, sans que même l'Alpha ne puisse l'en empêcher. Caï ne sut combien de temps dura ce nouveau voyage. Peut-être était-ce dans le néant qu'on l'envoyait. Mais elle ce ne fut pas le cas. C'était bien l'enfer qui la rappelait à elle : le monde des vivants.

- J'ai réussi ? J'ai réussi ?! s'écria une voix masculine provenant de nulle part.

Encore sous l'effet de son retour parmi les vivants, la guerrière mit plusieurs secondes avant d'ouvrir les yeux et d'observer les alentours, d'un air vide. Elle se trouvait dans une hutte mal entretenue et mal odorante. Manifestement, elle était en position assise. Deux hommes l'entouraient, l'un dans la fleur de l'âge et l'autre paraissant bien plus âgé.

- Ce sera donc elle qui maniera Altéis ? demanda le plus vieux, stupéfait par la réussite de leur expérimentation.

- Oui, lorsque mes recherches seront terminées. Je dois d'abord trouver le programme pour la connecter au cœur antique de notre sublime création. Gut'rah, nous tenons l'arme ultime entre nos mains !

Caï fronça les sourcils, son esprit encore embrumé ne lui permettait pas de bien saisir leur conversation.

- Ne crie pas victoire trop vite, Orion, l'avertit gravement son aîné. Il ne s'agit que d'un prototype. Les chances qu'il ne remplisse pas nos exigences sont très élevées.

- Silence, vieillard, siffla mauvaisement le chef soneau. Ce robot sera reconnu pour la destruction qu'il sèmera sur son chemin. Tu peux me croire.

Gut'rah soupira amèrement avant de claquer la langue. Quant à Caï, elle essaya de bouger. Elle comprit bien vite que ses poings étaient liés au poteau dans son dos. Étrangement, elle peinait à retrouver sa mémoire, car celle-ci demeurait floue. Pourquoi était-elle ici ? Quand l'avait-on capturée ? L'Auréenne secoua ses mains afin de tester la solidité des cordes qui la maintenaient prisonnière.

- Tu es bien Caï de Deraim ? demanda hâtivement Orion en la toisant de la tête aux pieds.

Le visage de la femme se rembrunit et exprima une méfiance manifeste vis-à-vis de cet homme habillé comme un sauvage.

- C'est bien moi, grogna-t-elle en guise de réponse. Que me voulez-vous ? Et où suis-je ?

Sa voix était différente de d'habitude, ce qui la surprit sur le moment. Elle n'eut guère plus de temps pour s'attarder sur cela.

- Nous ne te voulons que du bien, chère création, minauda le Soneau qui affichait un sourire désagréablement malsain. Tu te trouves au village de Calehun.

- Vous voulez une rançon contre ma libération ? Pauvres imbéciles... Ma reine saura vous châtier pour avoir osé porter les mains sur moi !

Orion ricana en croisant ses bras dans son dos. Son attitude déplut fortement la guerrière qui le foudroya du regard.

- Ta reine ? répéta narquoisement Orion tandis que Gut'rah préférait rester en retrait. Mais elle ne sait pas que tu es ici. À ses yeux, comme à ceux de tout ton peuple, tu es morte ! Personne ne viendra te chercher !

Les yeux de l'Auréenne s'écarquillèrent face à la violence de cette réalité que lui jetait le chef de Calehun. Morte ? Une vision remonta à son esprit, celle du verre de vin qu'elle tenait lors du dernier banquet. Au fond d'elle, Caï savait qu'il avait été empoisonné mais... Non, elle refusait de croire qu'on eut pu l'assassiner de la sorte.

- Maintenant, tu es à moi ! décréta Orion qui ne cachait pas son euphorie. La grande guerrière Caï, le général conquérant d'Aurean est à moi ! Un chien qui servira son maître avec une fidélité sans faille.

Un vide immense s'empara de l'âme de l'Auréenne qui resta sans voix. Elle ne parvenait à croire que ce qu'elle vivait n'était pas un cauchemar de mauvais goût. Alors... pourquoi ? Pourquoi ne sentait-elle plus son cœur battre dans sa poitrine ? Pourquoi ne respirait-elle plus ? Instinctivement, elle prit une goulée d'air comme si sa vie en dépendait. Mais ce qu'elle inspira ne sembla pas avoir d'effet sur son organisme.

- Tu devrais mieux traiter une femme de cette qualité, Orion, intervint Gut'rah qui ne cachait pas un certain dégoût envers son semblable. N'oublie pas qui elle était de son vivant.

- Peu importe qui elle était avant. Ce qui compte, c'est l'instant présent. Regarde notre création, Gut'rah ! N'est-elle pas sublime ?

Tétanisée, Caï ne réagit pas lorsque le Soneau s'accroupit devant elle et lui prit le menton pour le relever vers lui. Elle croisa ses iris verts qui dégageaient une aura malsaine.

- Quel dommage que tu ne sois plus qu'une machine, maintenant, dit-il dans un souffle en la dévisageant ardemment. C'est un enfer de dix mille ans qui t'attend, ma chère Caï.

Orion haussa les épaules en se relevant. De toute manière, elle serait sous son emprise et sous celui de ses successeurs pour le restant de son existence. Il se fichait bien de l'âme que renfermait ce corps artificiel. Il ne voyait qu'une machine dotée d'une intelligence humaine, rien de plus. Selon lui, il fallait dompter ce qu'il restait de la femme qu'elle était. Dans son dos, un Soneau essoufflé entra dans la hutte, puis il annonça :

- L'enfant gardien est revenu avec le groupe de guerriers ! L'opération a échoué, ces satanés Hyliens ont anticipé notre assaut...

- Encore ? aboya Orion, furieux de l'apprendre. Mais comment pouvaient-ils le savoir ?!

Son sous-fifre démontra qu'il n'en avait aucune idée, puis il quitta l'unique pièce de la hutte. Furibond, Orion frappa dans une jarre qui s'envola et s'écrasa contre le mur en éclatant en morceaux. Il en avait assez que ses attaques fussent sans cesse déjouées. Ses guerriers, toujours en sous-nombre, ne parvenaient jamais à remporter les affrontements. Dorénavant, la balance devait pencher de l'autre côté. Son regard sombre glissa vers l'androïde dont la tête retombait vers le sol. Cette femme était son ultime atout, immortelle et surhumaine. Du moins, ils devaient à procéder à quelques tests pour en avoir la certitude.

- Gut'rah, notre prochaine cible sera Elimith, déclara froidement le brun qui serrait les poings. Va le faire savoir à nos guerriers.

- Si nous nous en prenons à ce village, les retombées sur nous pourraient...

- Fais-le ! Et occupe-toi de me construire un autre corps. Je veux un autre androïde comme celui-ci !

Le vieil homme déglutit, écœuré par ce traitement envers lui, puis il sortit sans demander son reste. Quant à Orion, il appela l'un de ses plus fidèles partisans et lui demanda de surveiller sa prisonnière. Le guerrier s'exécuta et resta seul avec Caï. Durant de longues heures, il l'observa continuellement et s'étonna de ne pas l'entendre parler. Elle ne se plaignait pas, contrairement aux autres prisonniers qu'ils avaient eus pas le passé. Le regard de cette inconnue demeurait vide, braqué dans le vide sans vraiment fixer un objet. Il ne l'avait jamais vue. Ce qui l'avait surpris en entrant dans cette pièce, c'étaient bien ses cheveux blancs. Comment une si jeune femme pouvait avoir une chevelure de cette couleur ? Avait-elle... vu des choses abominables avant d'arriver ici ?

Il n'en était rien. Perdue dans ses pensées, Caï mit un certain temps avant d'apercevoir les mèches blanches qui pendaient le long de son visage. Cela termina de la briser. Elle ne comprenait pas ce qu'elle était à ce moment-là, ni même pourquoi on l'avait placée dans ce nouveau corps. Cependant, une chose demeurait claire dans son esprit : elle était devenue la possession d'un homme qui désirait se servir d'elle. Quels desseins avaient cet inconnu ? Était-ce lui qui l'avait empoisonnée ? Les prémices de la haine naquirent en son sein. Elle détestait Orion pour cette humiliation qu'il lui faisait subir. Comment avait-il osé priver la reine Lasandra d'un de ses généraux ? À l'heure qu'il était, elle devait sans doute préparer un assaut pour venger sa mort. Tout à coup, l'âme de Caï redevint vide de sentiments. Sa... reine ? Elle ne sut interpréter ce brusque changement d'attitude. Ses mains se mirent à trembler dans son dos tandis que son instinct de survie se manifesta.

Je veux voir le désespoir dans tes yeux avant de partir, chienne d'Aurean.

Caï releva prestement la tête, l'air horrifié. Toute la soirée du banquet lui revint en tête : la foule, la musique, les deux verres du même vin qu'elle avec bu, sa discussion avec sa souveraine... Puis ses derniers instants. Lasandra l'avait trompée et assassinée sans état d'âme. Elle l'avait trahie après toutes ces années de loyauté sans faille. Les larmes de rage et de déception montèrent aux yeux de Caï qui serra fortement les dents en baissant la tête. Comment avait-elle pu être si aveugle durant tout ce temps ? En vérité, tous les traîtres qu'elle avait tués... Ils étaient sans doute les seuls à avoir vu le cœur noir de leur reine. Pour la première fois de sa vie, Caï fut effrayée par sa propre personne. Elle eut l'impression de sombrer dans des ténèbres dévastatrices.

- T'es qui, au juste ? demanda soudainement le Soneau qui la scrutait avec suspicion. Tu comprends au moins ce que je te dis ?

Suite au manque de réponse, il plissa les yeux et décroisa ses bras. Puisque son chef n'était pas là, il pouvait bien profiter un peu de cette femme fort à son goût. Après tout, ce n'était qu'une prisonnière d'un autre peuple. Elle n'avait pas à recevoir les mêmes égards que les femmes soneaux. Le brun s'approcha de Caï, l'observa un court instant pour s'assurer de son état hagard, puis il posa une main au-dessus de sa tête. Aussitôt, l'androïde poussa un cri de rage avant de mordre profondément le poignet de l'intrus. Ce dernier hurla de douleur face à la force exercée par la mâchoire. Jamais, ô grand jamais il n'avait connu de morsure aussi puissante et inhumaine. Le sang gicla et macula les cheveux blancs de Caï. D'un coup, elle asséna un violent coup de pied à l'homme qui fut projeté à plusieurs mètres et qui s'écrasa sur une table en bois. Caï donna un vif à-coup vers l'avant, ce qui brisa ses liens et la libéra. Sans prêter attention à sa bouche ensanglantée, elle se précipita en dehors de la hutte, paniquée par sa mémoire qui lui était revenue.

Elle découvrit un village sauvage, perdu au milieu d'une forêt tropicale aux arbres qu'elle ne connaissait pas. Caï regarda autour d'elle, pivotant petit à petit sur elle-même afin d'analyser ce lieu inconnu. Elle ne semblait pas remarquer les villageois qui la regardaient avec inquiétude et incompréhension. Devant eux se trouvait une jeune femme au visage maculé de sang frais, portant un semblant de robe grise déchirée.

- Eh, toi ! l'interpela une guerrière qui s'approcha dangereusement d'elle.

La Soneau pointa sa lance en sa direction et la menaça de la blesser si elle faisait un pas de plus. Caï ne lui prêta aucune attention, elle se mit à courir vers le bout du chemin afin de quitter ce village primitif. La lance lui perça soudainement le mollet, ce qui la déséquilibra et entraîna sa chute inévitable. Étrangement, aucune douleur ne se manifesta dans sa jambe. D'un geste vif, Caï arracha l'arme puis elle la jeta sur le côté avant de reprendre sa course. Durant sa fuite, elle passa devant Soran qui n'eut manifestement aucune réaction. Il se demanda seulement qui était cette étrangère. Il n'avait pas de raison de la tuer, en particulier car elle semblait être une Hylienne, tout comme sa chère sœur Zelda.

Caï s'enfonça dans la forêt sans même regarder derrière elle. Son unique objectif était de s'éloigner rapidement de Calehun et de retrouver le chemin vers Aurean.

- Où crois-tu aller ? s'écria Orion qui apparut dans son dos.

Sans le décider, Caï ralentit puis s'arrêta. Les sourcils froncés à cause de l'incompréhension, elle regarda ses jambes et frappa dessus pour les obliger à lui obéir. Mais il n'en fut rien. Son corps ne lui répondait plus entièrement. Une force inconnue la contraignit à se tourner et se confronter au chef soneau.

- Je ne t'ai pas autorisée à quitter ma hutte, dit-il avec froideur. Tu es ma création, maintenant ! Ma chose, et personne d'autre que moi ne peut décider de tes actions ! Pas même toi.

Sa... chose ? répéta Caï dans sa tête. Elle ressentit une brusquement montée de colère et d'amertume incontrôlable. Non... Non, non, non ! Elle refusait que l'on se serve encore de sa personne, qu'on la manipule comme un vulgaire pion.

- Je ne suis... à personne ! hurla-t-elle dans un éclat de voix qui parut résonner dans la forêt.

Sur la peau de sa cuisse, sous sa fine robe grise, son tatouage de sanglier se mit subitement à luire avec puissance, de manière anormale. Alerté par ce comportement inattendu, Orion jeta un coup d'œil sur la tablette sheikah qu'il tenait entre ses mains. Tout semblait pourtant en ordre. Il n'avait qu'à sommer sa création de revenir sur-le-champ vers lui.

- Tu es programmée pour m'obéir, rétorqua Orion qui leva la main dans sa direction. Viens à moi !

Caï fit un pas en avant, elle finit vite par s'arrêter en serrant les dents. Elle refusait. Elle refusait d'obéir à un être tel que lui. Elle était une femme libre, par tous les dieux ! Personne n'avait à lui dicter quoi faire, encore moins un misérable sauvage. Face à sa réticence, Orion claqua de la langue puis réitéra son ordre sur un ton bien plus autoritaire. Cette fois-ci, il vit Caï s'abaisser et attraper un large galet ancré dans le sol. Il sut à ce moment-là que si elle le lançait sur lui et qu'il ne l'évitait pas, cette pierre le tuerait sur le coup. Car son androïde avait été conçu de sorte que sa force soit dix fois supérieure à celle d'un être humain ordinaire.

- HORS DE MA VUE ! s'époumona la jeune femme en élançant son projectile.

Orion se jeta à terre, dans un élan de survie, et perçut la pierre siffler au-dessus de sa tête. Il entendit un craquement sourd derrière lui pendant que son rythme cardiaque marquait une accélération brutale dans sa poitrine. D'un coup, il se retourna et découvrit le tronc d'un arbre, explosé par l'impact du galet. Son souffle se coupa immédiatement, quelques sueurs froides apparurent sur son front et attestèrent de la peur manifeste qui lui noua le ventre. Cette... Cette chose pouvait le tuer à tout instant... Il reporta son attention sur Caï mais cette dernière avait disparu sans laisser de tracer. Comment était-ce possible ?! Elle avait surpassé le Programme, celui qui l'obligeait à être docile envers son créateur. Impossible... Impossible, impossible ! Fou de rage, Orion hurla avant de heurter fortement le sol de la paume de sa main. Toutes ces années de recherches volatilisées si stupidement, en si peu de temps ?! Il ne pouvait y croire.

Cette femme ne pouvait pas s'enfuir... Elle avait été un général bon et apprécié. Si elle venait à trouver la population hylienne, elle rejoindrait le camp de la famille royale d'Hyrule, et elle se rangerait de leur côté ! Si cela arrivait et qu'elle se retournait contre son maître d'origine... Orion déglutit puis il rit, signe d'une nervosité grandissante. Une telle arme ne pouvait pas rester dans la nature. Elle reviendrait forcément à lui pour se venger, c'était inévitable. Tôt ou tard, elle le maudirait pour cette nouvelle existence, pour cet enfer qu'il lui avait offert. Il fallait trouver une nouvelle arme capable de la surpasser et de la détruire au plus vite. Une arme différente capable d'annihiler un androïde de combat ainsi que l'armée de Gardiens des Sheikahs. Était-ce seulement possible ? À l'origine, ce deuxième robot devait venir en appui à Caï. Mais visiblement, il fallait voir plus loin, plus grand que cela.

Altéis.

oOo

Après une longue course effrénée dont elle ne mesura pas la durée, Caï s'arrêta près d'un ruisseau au cours calme, loin de toute civilisation humaine. Elle n'était pas essoufflée, autre fait qui lui prouva que son nouveau corps n'avait rien de normal et d'humain. L'Auréenne se souvint de la lance qui avait transpercé l'arrière de sa jambe. Elle constata avec effarement qu'il n'y avait pas la trace d'une moindre blessure sur sa peau, et cela la plongea dans l'incompréhension la plus totale. Ne pouvant plus supporter mentalement cet enchaînement d'événements, elle posa ses genoux à terre, l'air absent, puis elle se pencha vers le ruisseau. Ce fut un reflet trouble et inhabituel qui se présenta. Caï discerna le visage d'une femme inconnue, aux cheveux blancs et aux yeux marron. Du sang séché tachait les contours de sa bouche et lui octroyait une allure presque barbare. Était-ce là... son nouveau visage ?

D'une main tremblante, Caï toucha sa joue et se figea, une nouvelle fois accablée par la réalité. Ce visage étranger était bien le sien, dorénavant. Toutefois, cela lui fut impossible à concevoir. Face à elle se trouvait une personne qu'elle ne connaissait pas. Une femme qui n'avait aucun lien avec Caï de Deraim. Sa main, toujours posée sur son visage, ressentit alors les premières larmes qui l'effleuraient. Des larmes portant en elle une détresse vertigineuse. Sa bouche se pinça amèrement, puis l'ancien général plongea sa tête dans le cours d'eau. Elle refusait une nouvelle existence dans la peau d'une autre. Ce n'était pas son corps... Lasandra lui avait volé sa vie, dorénavant il n'y avait que la mort à accepter définitivement.

L'androïde resta de longues minutes la tête sous l'eau, attendant le moment fatidique où ses poumons manqueraient d'air, où elle s'étoufferait pour de bon. Hélas, rien ne se passa. Cette enveloppe charnelle ne nécessitait pas d'air, elle semblait très bien sans passer. À quel point Caï avait-elle été maudite, pour que même sa mort lui fût refusée ? En vérité, elle n'était tout simplement plus humaine... Dès cet instant-là, elle comprit la portée des mots d'Orion. Il avait fait d'elle un être tout autre. Lentement, l'Auréenne retira sa tête de l'eau et se redressa. Ses cheveux mouillés tombaient devant ses yeux et obstruaient sa vue périphérique.

Lasandra...

Tout était sa faute. Cette sorcière l'avait manipulée, lâchement assassinée, avant de vendre son âme. Elle l'avait condamnée à une existence maudite, vouée à occuper un corps qui n'était pas le sien et à servir docilement un homme malveillant. Non, Caï ne le lui pardonnerait jamais... Elle avait été déshonorée et humiliée. Pendant que sa haine envers la reine d'Aurean s'accroissait davantage, elle promit de se venger. Telle serait sa douce consolation... L'ancien général tendit sa main vers le reflet alors qu'un état second se voyait au travers de son regard.

- Prête-moi ta force, prononça-t-elle gravement.

Son reflet esquissa un sourire sombre qui marqua le début de sa chute... et de sa propre destruction.

oOo

Jour comme nuit, Caï traversa Hyrule, sans éprouver la moindre fatigue physique. Elle demanda plusieurs fois sa route afin de rejoindre Aurean au plus vite. Elle fut même attaquée par des forbans, mais elle eut aisément raison d'eux. Une fois qu'ils furent occis, la guerrière vola certains de leurs effets personnels, de leurs armes, et acquit même l'un de leurs chevaux. Ainsi, elle voyagerait plus vite. Dorénavant, elle arborait un pantalon gris délavé, des bottes d'homme et une chemise de laine surmonté par une épaisse cape d'un brun-jaune. Pour faciliter son périple, son épée – d'un fer de mauvaise qualité – avait été sanglée dans son dos. Quant à son expression, elle parut si inquiétante aux yeux des autres voyageurs hyruliens qu'ils accéléraient toujours le pas pour croiser son chemin et s'éloigner au plus vite.

Une semaine fut nécessaire à Caï pour rejoindre son royaume natal. Refouler sa terre laissa son cœur de marbre, cela ne lui procura aucune émotion. Seul le vide l'habitait. Un vide qui s'emplissait peu à peu de rancœur et de colère. Car selon les dires des Auréens, le grand général de Deraim aurait perdu la vie sept mois plus tôt. La reine Lasandra, folle de douleur, aurait lancé une enquête de grande envergure pour retrouver l'assassin qui avait empoisonné sa chère amie. Ce fut un homme, un ancien officier de l'armée, qu'on déclara coupable au bout de deux semaines, puis qui fut exécuté sans délais. Depuis, l'affaire semblait être oubliée, tout comme Caï de Deraim.

Une fois dans la capitale du royaume, Aurys, la cavalière posa pied à terre et s'engagea sur l'immense allée qui menait au château. Il y avait beaucoup de monde ce jour-là, les citadins étaient pressés et ne prêtaient pas attention à cette étrangère à l'allure singulière. Personne ne la reconnaissait, évidemment, et il s'agissait du plus gros atout de Caï. Elle conservait une expression grave et sérieuse, focalisée sur son unique objectif. Pour approcher la reine, il n'y avait pas beaucoup de solutions envisageables, car seuls certains privilégiés en avaient le droit. Il fallait donc la rejoindre par la force. Dès que Lasandra aurait connaissance de son intrusion, où irait-elle ? Sur ce point, Caï n'ignorait pas la réponse. Cette lâche de souveraine irait se réfugier dans ses appartements en attendant que la menace soit éloignée.

Une fois face au pont-levis de la forteresse, l'androïde marqua une pause. Seule une pensée occupait incessamment son esprit. Elle semblait plus douce car elle lui faisait oublier sa condition actuelle. De tout son être, Caï vouait une haine à une femme, comme elle n'avait jamais haï quelqu'un par le passé. Ce ressentiment semblait lui donner une volonté à toute épreuve. Rien ne lui ferait obstacle. Elle se remit à marcher, la tête droite, avec assurance. Ces stupides gardes ne lui disaient rien ? À quel point la protection du château était devenue aussi inefficace depuis qu'elle n'était plus là ? Sa colère ne fit que s'intensifier. Quel incompétent avait pris sa place pour oser délaisser la sécurité du personnel du château ? Cela coûterait la vie de leur reine.

Caï accrocha les rênes du cheval volé à un piquet de bois, puis elle se dirigea vers l'entrée habituellement réservée aux serviteurs. Elle zieuta les alentours afin de vérifier que personne ne la regardait. Malheureusement, un soldat gardait la porte en question, il croisait les bras et paraissait attendre l'étrangère de pied ferme.

- Eh, toi ! l'interpela-t-il avec animosité. Tu n'es pas autorisée à passer ici. L'entrée des visiteurs est de l'autre côté.

Dans ce coin de la forteresse un peu à l'écart, peu de personnes pouvaient assister à cette scène, mis à part les domestiques qui déambulaient par moments.

- Si tu n'as pas de laissez-passer, tu peux retourner d'où tu viens, étrangère.

Caï tiqua. De toute manière, elle n'avait pas d'autres choix que de tuer cet homme.

- J'ai une lettre à remettre à l'intendant, déclara-t-elle gravement sans osciller.

- Dépêche-toi de la montrer ou j'appelle une troupe de chevaliers.

Sans geste brusque, l'androïde passa une main sous sa cape, dans son dos, et fit mine de chercher le courrier. Cependant, elle empoigna une dague à la place avant de se jeter sur le soldat. D'un geste vif, elle lui trancha la gorge et le regarda s'écroula sur le seuil de l'entrée. Dégoûtée par son geste, Caï détourna le regard, puis elle passa la porte de bois. Pour le moment, le couloir des domestiques était vide. Il ne tarderait pas à être emprunté par d'autres personnes sous peu, alors la guerrière se hâta pour rejoindre l'aile nord, cette partie qui regroupait le plus de soldats. D'un pas rapide, elle dépassa de nombreuses portes closes et arriva devant les deux battants fermés qui menaient dans un grand hall. Caï marqua une pause en fixant le bois noir face à elle. Derrière se trouvaient habituellement de nombreux soldats. Il fallait se servir d'eux pour que son plan fonctionne. De toute manière, que risquait-elle après avoir subi un déshonneur telle que la trahison ? De plus, elle saurait définitivement si ses blessures guérissaient réellement en quelques instants.

Déterminée à faire payer Lasandra, la guerrière poussa les deux battants avec force, ce qui coupa court aux conversations de tous les Auréens dans le hall. Ils tournèrent la tête vers la nouvelle arrivante au regard perçant. Le silence se fit plus dense, tous analysaient cette femme aux cheveux blancs et à l'expression des plus sérieuses.

- Je suis là pour assassiner votre bien-aimée reine. Tous ceux qui se dresseront devant moi...

Elle n'eut pas le temps de terminer son avertissement que de nombreux rires rauques la coupèrent. Manifestement, sa déclaration était ridicule aux yeux de ces hommes et femmes qui servaient aveuglément Lasandra. Leur rire moqueur accentua l'amertume et la blessure interne de l'ancien général qui se retint de serrer les poings. D'un geste vif, elle dégaina son épée sanglée au flanc puis elle se précipita vers le premier soldat à sa portée pour lui percer le ventre. Puisque personne ici ne partait guerroyer, les cottes de mailles n'étaient pas portées. À peine eut-elle attaqué que les autres occupants du hall tirèrent leur épée de leur fourreau avant de se jeter vers leur ennemie.

Ce fut à ce moment-là que Caï commença à percevoir les compétences hors du commun de son nouveau corps. Elle possédait une force accrue, des mouvements plus rapides et précis qui lui permettaient de parer les attaques et de riposter dans la foulée. Malgré tout, certains soldats parvenaient à la toucher et à la blesser, mais ils étaient tués peu après. À force de frapper sur les épées qui la menaçaient, Caï vit sa propre lame s'émousser sérieusement et perdre en efficacité. Elle n'eut qu'à se baisser pour ramasser celle d'un cadavre dont le sang maculait le sol en pierre, et son combat reprit.

L'androïde tua, tua, tua sans même accorder la moindre once de compassion. Car tout ce qui l'importait était la mort de cette maudite souveraine. Il n'y avait rien d'autre... Ces soldats aveugles et stupides auraient dû voir le vrai visage de Lasandra ! Caï était persuadée que s'ils mouraient ce jour-là, c'était à cause de leur reine. Ils ne pouvaient en vouloir qu'à elle.

- Arbalétriers, tirez !! tonna une voix en hauteur.

La guerrière eut tout juste le temps de lever la tête et de voir une dizaine de soldats qui la visaient. Sept carreaux vinrent la cribler, les autres touchèrent les hommes malchanceux qui l'entouraient. Caï tituba sous l'effet de la force de frappe, puis elle arracha prestement les projectiles ancrés dans sa poitrine et ses bras. Sous le regard ahuri des arbalétriers, elle les jeta au sol et observa ses plaies. Tous comme ses opposants, elle les vit se refermer, ne laissant derrière elles qu'un filet de lumière verte qui s'éteignit peu après. Rien ne pourrait l'arrêter, ni la vaincre... Elle en eut la certitude.

Ce fut ainsi que le premier massacre de l'androïde eut lieu.

oOo

Lasandra patientait dans ses appartements depuis plus de trente minutes. On l'avait avertie qu'un intrus cherchait à l'atteindre et s'en était pris au premier corps de gardes, près du quartier des domestiques. Dorénavant, la souveraine attendait des nouvelles de ses officiers. Elle savait qu'ils ne peineraient pas à se débarrasser d'un seul individu. Il n'était pas rare que l'on veuille s'en prendre à la reine en personne. Combien de régicides avaient été évités depuis son couronnement ? Lasandra ne les comptait même plus.

Sa réflexion fut coupée lorsqu'elle entendit quatre coups distincts contre sa porte. Son cœur s'allégea d'un poids, cependant son soulagement fut de courte durée. En effet, ses officiers ne frappaient que trois fois à la porte. La seule personne qui s'annonçait en quatre coups était morte depuis des mois. Immédiatement, Lasandra se dirigea silencieusement vers le mur de gauche, là où plusieurs épées avaient été accrochées au mur. Elle ne savait pas qui osait venir la voir, mais cela n'avait rien de rassurant. Elle préféra feindre l'absence dans ses appartements. Hélas, son visiteur ne fut pas dupe.

La porte sembla exploser dans un craquement lugubre qui arracha un cri de peur à la reine. Son sang se glaça lorsqu'une silhouette se présenta sur le seuil de ses appartements. Elle vit une femme, le visage et les vêtements ensanglantés, qui la fixait d'un air absent. Ses cheveux, blancs à certains endroits, étaient eux aussi teints par le liquide rouge et visqueux. Jamais Lasandra n'avait vu cette inconnue, mais elle lui inspira une terreur telle que ses jambes refusèrent de se mouvoir pour s'enfuir.

- Que ressentez-vous exactement, Votre Altesse ? demanda la voix froide Caï. De la peur ? De l'incrédulité ?

- Comment ? bredouilla la reine parcourue de sueurs froides.

L'androïde passa une main dans son dos. Soudainement, elle projeta sa dague vers la souveraine, de sorte que l'arme atteigne sa cuisse gauche et s'y plante profondément. Lasandra hurla de douleur pendant qu'elle basculait sur le côté. Elle se retint à l'enfilade en bois blanc, à moitié accoudée à celle-ci pour ne pas tomber. Paralysée par l'effroi, la reine vit son bourreau approcher à grands pas d'elle, l'obligeant à crier pour appeler à l'aide. Cependant, personne ne viendrait la sauver.

Brutalement, Caï l'attrapa par les cheveux et la jeta au sol sans ménagement. Elle plaqua son pied sur sa poitrine, ce qui l'empêcha de respirer sous l'effet de la pression, puis elle éleva son épée, prête à ôter la vie à cette traîtresse.

- Qui aurait cru que le bon et docile chien de garde se retournerait contre son maître ? persiffla Caï d'une voix tremblante.

Lasandra se débattait avec hargne, tant et si bien que l'androïde exerça une force bien plus grande sur son ventre, entraînant un craquement lugubre qui fit hurler la reine. Caï posa alors la pointe de l'épée sur sa gorge, puis elle abaissa sa tête vers celle de son ancienne amie. Ses cheveux blancs, tachés de sang, retombaient le long de ses joues et rendaient son expression d'autant plus effrayante.

- Moi aussi, je veux voir le désespoir dans tes yeux avant que tu crèves, traîtresse ! grogna mauvaise la guerrière.

La souveraine, malgré la peur et la situation plus que critique, haussa les sourcils tant la surprise et l'incompréhension furent grandes. Impossible... Comment... Comment cette étrangère pouvait avoir les mots qu'elle avait prononcé pour... Les yeux de Lasandra s'agrandirent et son visage pâlit brutalement.

- Tu... Tu n'es... commença-t-elle difficilement, les dents serrées. Qu'une... démone !

Caï fronça les sourcils avant de percer, d'un coup sec, la gorge de son assassin. Le corps de la reine fut pris de spasmes quelques instants, puis il se figea pour de bon, entouré peu à peu par le sang qu'il contenait peu avant. Quant à Caï, elle se redressa et laissa tomber son épée à ses pieds. Étrangement, elle ne ressentait rien... Aucune joie, aucun soulagement, aucune haine. Elle était vide de toute chose, de tout sentiment. Comme si la vision macabre sous ses yeux n'avait pas de sens et ne dévoilait aucune atrocité.

Partir...

Ce mot surgit avec violence dans son esprit. Si fort qu'il lui donna des vertiges et l'obligea à reculer en se tenant la tête. Sans qu'elle ne puisse se maîtriser, un état de panique la submergea soudainement, comme si un éclat de lucidité venait de la gifler et de lui montrer la terrible réalité. Caï émit un cri aigu, elle se retourna, attrapa un vase en cristal posé sur un meuble, puis elle le jeta contre le mur. Il se brisa sur une magnifique toile représentant les parents de Lasandra, le tableau fut partiellement déchiré. Lorsqu'elle entendit des pas lourds et des exclamations dans le couloir, elle s'empara de sa dague, puis elle se précipita vers la fenêtre la plus proche. Caï l'ouvrit à la volée, sauta sur le rebord et se laissa tomber dans le vide.

oOo

Si Caï était toujours humaine, elle courrait à en perdre haleine. Elle s'était enfuie de la forteresse pour se réfugier dans la forêt la plus proche. Par moments, elle jetait de brefs coups d'œil par-dessus son épaule, comme dans la crainte d'être poursuivie. L'Auréenne ignorait là où sa course la menait. Elle n'était pas que perdue au milieu de tous ces sapins. Non, elle était aussi perdue au sein d'elle-même. Un nouveau sentiment de panique la submergea brutalement, la forçant à se plaquer contre le tronc d'un arbre pour s'arrêter de courir. Les yeux écarquillés, elle braquait son regard dans le vide et ne savait plus où elle en était. Elle était devenue un être à part, un être redoutable qui ne pourrait susciter que terreur chez le commun des mortels. Plus personne ne la verrait comme un humain... Sa capacité de régénération hors normes ferait d'elle un monstre aux yeux des autres, un démon incapable de mourir de ses blessures. On l'avait transformée contre son gré, et elle était réduite à subir cette malédiction durant dix millénaires.

À l'idée de cette durée angoissante, des larmes factices lui montèrent aux yeux. Dix mille ans de peine, en sachant qu'elle perdrait tous les êtres chers qui comptaient pour elle et qui la pensaient morte. Dix mille ans à voir les vies défiler alors que la sienne s'était figée. Le désespoir et la colère s'intensifièrent si brutalement qu'elle éclata en sanglots. Quelle était donc cette injustice ? Elle qui avait servi loyalement et fièrement son peuple en pensant faire le bien, était-ce là ce qu'elle méritait ? Devait-elle payer les fautes commises pour avoir suivi aveuglément une souveraine cruelle ? Caï poussa un cri de rage et frappa si fort le tronc d'arbre que l'écorce se détacha aussitôt et vola en éclats. Dans sa soudaine folie, elle empoigna sa dague et voulut l'enfoncer dans sa poitrine, là où elle pensait trouver son cœur. Son mouvement s'arrêta automatiquement avant que la pointe ne puisse transpercer sa peau, comme si son propre corps refusait l'ordre de commettre ce suicide. Terrifiée, Caï tenta plusieurs fois de se poignarder mais son bras s'arrêtait systématiquement devant sa peau. Le Programme de son cœur antique empêchait toute autodestruction, mais elle ne pouvait le savoir.

Désespérée, l'androïde lâcha son arme et se laissa tomber le long du tronc, tremblante. Sa détresse était immense, à l'image de sa malédiction. Les déesses lui refusaient même la mort... Il n'y avait plus d'espoir pour elle. Au milieu de la forêt silencieuse, Caï resta là, accablée par la réalité de son existence presque éternelle, prisonnière d'un corps d'androïde qui ne lui offrait ni paix ni libération.

oOo

De longs mois s'écoulèrent à Aurean pendant lesquels Caï erra. Seule et cloisonnée dans sa douleur, elle ne prêtait plus attention au flux du temps qui passait. Peut-être cela faisait-il six mois depuis son Réveil, peut-être deux ans... Durant tout ce temps, elle se cacha du monde extérieur jusqu'à trouver un sommeil factice dans lequel elle se plongea longtemps. Elle préférait attendre ainsi la fin des dix mille ans, en espérant que personne ne la trouve. Mais un jour, peut-être lors d'un rêve, elle repensa à ses créateurs. S'ils avaient été en mesure de contourner les lois qui régissaient la vie, alors ils seraient en mesure de la lui ôter de nouveau. Caï n'avait nullement envie d'avoir de nouveau affaire avec ces vermines, même si elle ne voyait pas d'autres choix. Eux seuls savaient comment arrêter son calvaire.

L'androïde se lança donc à leur recherche. Elle qui ne gardait pas de souvenirs très clairs du peuple qui l'avait ramenée à la vie, sa quête se montrait plus ardue que prévue. De retour à Hyrule, Caï apprit la fin de la guerre qu'elle avait suivie de loin alors qu'elle était toujours vivante. Cette guerre qui avait notamment opposé les Soneaux aux Hyliens. Elle comprit bien vite que les Soneaux avaient été ses créateurs, et elle chercha à les retrouver à tout prix. Hélas, ils auraient disparu après leur défaite, se cloitrant dans les entrailles sombres et angoissantes de Delteha.

Ce royaume sous terre fut son nouvel objectif. Incapable de trouver le moindre moyen existant pour y entrer, elle creusa frénétiquement la terre de Firone durant des jours jusqu'à pouvoir y entrer. Là-dedans, elle ne trouva que la misère des réfugiés soneaux qui avaient bâti un misérable village au sein d'une grotte. Son Programme lui permit à nouveau de comprendre leur langue et de pouvoir dialoguer avec ceux pour qui elle éprouvait une aversion profonde. Les Soneaux surent bien vite qu'ils avaient affaire avec l'une des créations d'Orion, et craignirent qu'elle fût revenue pour tous les tuer. Cependant, là n'était pas sa motivation principale. Elle voulut savoir où se trouvait Orion. On lui apprit alors qu'il était mort d'une maladie qui avait décimé une grande partie de peuple gardien. Dans ses dernières heures de vie, la folie l'aurait frappée : il ne cessait de répéter qu'il devait retrouver Altaïr et récupérer sa pierre d'énergie, celle qui lui donnait sa durée de vie si grande et qui le maintenait en vie.

La pierre d'énergie... Caï sut qu'elle en possédait une elle aussi, et on lui apprit bien vite que si elle n'avait pu se tuer, cela était dû à un programme contre l'autodestruction. Ses créateurs étant morts, personne ne pouvait l'aider. Seul Altaïr, conçu pour détruire des machines et Caï, et dont sa puissance devait la surpasser, pourrait être en mesure d'accomplir son souhait si c'était ce qu'elle désirait. Cependant personne ne savait où il se trouvait à l'heure actuelle, comme si Orion avait caché à son peuple l'échec de ne pas avoir pu garder son androïde face à Gut'rah.

Altaïr hanta alors les pensées de Caï. Si lui seul pouvait la détruire définitivement, elle devait le retrouver. Même si cela lui prendrait des centaines d'années, elle parviendrait à son but. Elle quitta alors ce misérable endroit et parcourut le monde entier en quête d'Altaïr, cherchant désespérément des informations sur son existence. Mais rien... Personne ne le connaissait, il n'y avait aucune trace de lui. Aucune trace d'un guerrier surhumain capable de la détruire. On lui aurait donc menti... Peut-être que cet Altaïr n'avait jamais existé et qu'il n'était qu'un mensonge inventé par les Soneaux pour ne pas que Caï les tue... La rancœur sans limite de l'androïde ne fit que grandir. Obligée d'accepter son funeste destin, elle dédia son existence à ce qu'elle savait faire de mieux : la guerre. Mercenaire, pirate, soldate, assassin... Nombreux furent les siècles qu'elle vécut sous différentes identités. Elle n'eut jamais de seigneur ou de chef fixe. Elle se revendiqua toujours comme une femme libre, se souvenant chaque jour avec amertume de sa feue reine qui s'était servie d'elle, et de son créateur qui avait voulu en faire sa chose.

Peu à peu, Caï perdit les valeurs auxquelles elle tenait tant par le passé. Elle devint une femme froide, sans scrupule, sans foi en l'humanité après toutes les horreurs qu'elle avait vues de la main des hommes, et qu'elle-même avait commises. Elle sombra dans les ténèbres, nourrissant une haine sans pareille pour les mortels dont la vie n'avait plus de valeur à ses yeux. La souffrance d'autrui ne l'atteignait plus, au contraire elle semblait s'en délecter car cela atténuait sa propre douleur.

Près d'un millénaire avant la future apparition de Ganondorf, les pas de Caï la menèrent de nouveau à Hyrule. Mauvaisement intriguée par le sort réservé aux Soneaux, elle revint à Delteha afin de se réjouir de leur propre malédiction. Dans les souterrains, elle redécouvrit une misère qu'elle n'avait pas vu depuis des siècles : la famine, des conflits sans intérêt entre clans pour une histoire de terres « fertiles », la maladie. À ses yeux, ce qu'elle jugeait comme le destin avait bien puni ce peuple qui était la cause de sa deuxième vie. C'était tout ce qu'ils méritaient. Elle rencontra plusieurs villages, au fil des siècles tout le monde avait oublié ce qu'était la surface, tous pensaient que la vie n'existait que sous terre. Caï se souvint que c'était dans les sous-sols du château d'Hyrule que les créatures métalliques, les Gardiens, avaient été déterrés. Alors elle voulut en avoir le cœur net.

Pensant se diriger vers le Nord, elle se dirigeait en fait vers les souterrains de Firone. Ce fut alors qu'elle le découvrit, surplombé d'une magnifique spirale d'un vert envoûtant. Un être dont l'aura la transcenda immédiatement. Malgré son corps desséché au cours des millénaires, il avait gardé cette prestance que seuls de grands rois avaient. Mais il n'était pas seul... Intriguée par cette scène hors du commun, Caï s'approcha, les yeux plissés, et découvrit un Soneau dont l'avant-bras luisant était plongé dans le corps de l'homme momifié. Il avait gardé un corps intact, il semblait seulement dormir profondément. Son corps avait dû être scellé avec celui de la momie.

(NDA : je rappelle que j'ai écrit « les ruines des Tourments » avant le premier vrai trailer de TOTK donc nous ne savions pas à l'époque que Ganondorf se trouvait sous le château).

- Qui es-tu, femme ? prononça gravement une voix dans son esprit.

L'androïde sursauta, son regard se reporta involontairement vers l'homme momifié qui n'avait pas bougé.

- Je ne me présente que face à mon interlocuteur, répliqua-t-elle sur la défensive.

Elle n'était pas encore sûre de la provenance de cette voix, et pour la première fois depuis des millénaires, elle ne se sentit pas à son aise.

- Insolente ! siffla puissamment la voix. Tu as devant toi le roi de ce monde, celui appelé à régner sur ces terres. Je suis le seigneur véritable que tu attends !

Caï se prosterna aussitôt devant lui. Ce fut comme si sa propre âme lui disait qu'elle l'avait enfin trouvé, celui qui était digne d'être son roi, qui était digne d'une femme comme elle.

- Je ressens toute la rancœur et la haine qui t'habitent... Je connais ces sentiments, je les nourris depuis des millénaires. Je hais les hommes, ils sont mauvais et corrompus. Dans le monde que je souhaite bâtir, ils n'auront plus leur place ! Je ferai de ces terres l'enfer de leur expiation. Ils paieront pour l'humiliation qu'ils m'ont fait subir... Si tu te ranges à mes côtés, je t'offrirai ce que tu désires tant.

Il n'y avait plus rien qu'elle désirait sauf servir cet homme. Il n'était plus question de mettre un terme à son existence. Caï avait enfin les moyens de faire payer les mortels et de leur infliger tout ce qu'elle avait vécu jusqu'à présent. L'androïde baissa la tête en signe de soumission totale.

- Ô Maître, je suis votre serviteuse. Quel est votre nom ?

- Je suis le seigneur Ganondorf, suzerain des Gerudos et roi légitime d'Hyrule. Il y a tant de choses que tu accompliras pour moi, Caï. Parcours le monde et tue tous les meilleurs combattants que tu croiseras sur ton chemin ! Ils constitueront mon immense armée le moment venu.

- Je ne vous décevrai pas, Maître, prononça-t-elle solennellement.

Elle se releva et observa avec animosité le Soneau qui maintenant Ganondorf scellé. Elle dégaina son épée, contourna les deux hommes et vint se placer derrière celui qui maintenait le sceau, prête à lui trancher le bras puis la gorge.

- Ne le tue pas maintenant, j'ai des ambitions pour cette vermine.

- Je ne peux pas vous laisser ainsi !

- Il est encore trop tôt pour agir... Le sceau n'est pas assez affaibli. Contente-toi de tuer ceux que tu juges à la hauteur de pouvoir me servir.

Caï se résigna à replacer son épée dans son fourreau. Soit, elle ne s'occuperait pas de lui. Elle avait dorénavant une grande mission à accomplir, une mission ambitieuse pour une femme de son rang. Elle avait enfin trouvé son vrai seigneur, celui sur qui elle pouvait compter. Il était si sombre que sa sincérité ne pouvait pas être remise en question. Jamais il ne la trahirait, elle en avait la certitude.

oOo

Cela faisait plusieurs heures que la bataille décisive avait commencé. Elle devait marquer la victoire du seigneur Ganondorf, le seul seigneur légitime de régner sur Hyrule. Caï avait déjà tué bon nombre d'humains qui avaient osé se mettre au travers de son chemin. Mais le seul qui l'intéressait, c'était Altaïr... Il lui avait échappé d'entre les mains alors qu'elle était sur le point de lui voler sa pierre d'énergie, mais il avait failli la détruire à cause du Programme insurmontable, celui qui menait à son autodestruction. Caï avait encore les objectifs de son maître à accomplir, il n'était pas question d'être vaincue maintenant ! Elle devait à tout prix retrouver l'autre androïde et lui voler la pierre coûte que coûte, car la sienne était en bout de vie et ne lui permettrait pas de rester longtemps auprès de son seigneur. La corruption qui parcourait son corps et rongeait peu à peu sa peau avait gagné de la surface, ce qui l'importait peu tant ce détail était minime à ses yeux.

Alors qu'elle traversait le château pour retrouver Altaïr dans un lieu qui lui serait plus favorable pour le combattre, elle perçut des cris non loin de là et des pas rapides qui claquaient sur les pierres, comme si une course poursuite avait lieu. L'androïde s'élança vers les bruits, prête à tuer les intrus qui osaient s'aventurer dans le château de son maître.

- Iris, sois raisonnable ! Altéis n'est pas n'importe quelle arme... Elle peut aider le Héros !

Altéis, l'arme d'Altaïr... Il devait se trouver de nouveaux avec ces deux petits cloportes qui le suivaient partout. Sa rage refit surface après sa précédente défaite contre eux. Cette fois, ils ne s'en tireraient pas ainsi. L'androïde atteignit bout du couloir, arriva devant l'antre d'une porte et vit la mezzanine où se tenaient uniquement Léon et Iris qui braquait son arbalète sur lui. Altaïr n'était pas avec eux et Altéis était entre les mains du jeune homme, ce qui ne pouvait signifier qu'une seule chose.

- Al... Altaïr n'est plus parmi nous ? prononça Caï d'une voix aiguë qui donna des frissons saisissants à l'Hylienne.

Les jambes d'Iris se mirent à trembler, tout comme ses bras et ses mains, tant et si bien que son arbalète ne visait plus du tout sa cible. Caï ne put réprimer un rire rauque. Ce stupide Altaïr ne se mettrait plus jamais sur son chemin, plus rien ne l'empêcherait de prendre sa pierre ! Elle avait réussi à l'affaiblir assez pour qu'il meurt avant d'avoir pu récupérer la pierre d'énergie ! Dorénavant, c'étaient très certainement ses amis qui l'avaient en leur possession, en plus de son arme redoutable. Il était temps de la récupérer.

- Donnez-moi sa pierre ! aboya Caï qui fléchit les jambes avant de se propulser vers Iris.

Elle voulut abattre sa masse sur l'Hylienne, mais celle-ci fut tirée brutalement en arrière par son compagnon, si bien que l'arme s'écrasa sur le sol dans une force surhumaine. Le parquet céda aussitôt dans un fracas assourdissant ; les planches de bois sombrèrent soudainement dans le vide, emportant avec elles toute la mezzanine et ses occupants. Un nuage de poussière s'éleva et obstrua la vue de tous.

C'en fut trop pour Caï, ensevelie sous les décombres. Elle entendit le cri de douleur d'Iris et ses grognements pour s'échapper de là. Comment cette petite peste avait pu s'en sortir ? Cela décupla la haine de l'androïde qui écarta brutalement les débris autour d'elle. Caï se hissa sur le tas de bois et aperçut bien vite le corps de Léon, allongé sur le dos et gémissant à cause de la souffrance. Ce petit vaurien avait dû se fracturer plusieurs os... Parfait ! Il mourrait dans une condition misérable et humiliante. Malgré sa peau déchirée et la corruption qui la recouvrait de plus en plus, Caï brandit sa masse au-dessus de la tête l'Hylien en affichant un air fou. Léon réunit alors ses dernières forces, il agrippa Altéis avec la plus grande fermeté puis il la planta dans la cuisse de son assaillante.

- Léon, non !! hurla Iris.

Au contact de l'androïde, la lance émit un éclat lumineux et bleu qui se propagea dans tout le corps de Caï. Dans son esprit, elle vit défiler en quelques instants tous les programmes de son cœur antique, puis tous ses souvenirs. Ils remontèrent de ce dernier combat jusqu'au jour où Lasandra l'avait empoisonnée. Son corps explosa dans une déflagration assourdissante et aveuglante qui fut un dernier véritable spectacle à voir. Enfin libérée de son corps, son âme s'échappa vers les cieux et toute rancœur, toute haine quitta son esprit.

Qu'ai-je fait jusqu'à présent ? Pourquoi suis-je incapable de servir qui que ce soit ? Je me suis autodétruite...

oOo

Et voilà, j'espère que vous aurez apprécié ! Un peu triste de voir une si grande femme sombrer autant dans le côté sombre , mais c'est comme ça x)

A bientôt (je l'espère) !

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