"Dévotion. Foi. Honneur. Longue vie à la Reine !"

~Devise du chevalier de sol

Quelqu'un força l'entrée de la Bibliothèque des Âmes, jusqu'à ce que le portail cède. Les murs eux-mêmes continuaient leurs gérémiades : Égoïste, mauvaise fille, monstre, sorcière... ; au rythme de ses talons vernis de noir qui claquaient le sol. Sa majesté n'avait d'égal que son désintérêt pour les mots haineux.

Au centre du hall, la princesse déchue laissa tomber son sac à main de luxe, cuir grainé noir, fermoir d'or, et à l'intérieur... quelque chose bougeait, tentait de s'échapper. Peut-être était-ce un piège ? Un cadeau ? Ou une excuse ? Dorcas ne s'excusait jamais. Pourtant, malgré son visage froid d'un calme olympien, quelques regrets s'y cachait, peut-être.

La sorcière repartit sans le moindre mot.

Lyre, sous forme de renard, prit le sac dans sa gueule et fila vers le bureau de Grand Sage.

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À peine tout était rentré dans l'ordre que Tinto avait poussé une nouvelle fois Mio dans le Portail Mystérieux. Les deux s'étaient cachés dans un placard de la Bibliothèque le temps que tout se calme. Il fallait dire que les Bibliothécaires n'étaient pas très accueillants, Néant ou pas. Et Mio, ne comprenant pas très bien où il fallait sortir, forcément : Tinto prenait des solutions radicales.

- Ah, je pensais qu'il y avait une entrée et une sortie...

Tinto se claqua une main sur le front. Des fois -tout le temps même-, elle n'avait pas les lumières à tout les étages...

- C'est le cas. Mais comme dirai les humains peu guindés : flemme !

Mio lâcha un cri de surprise : Tinto venait juste de tomber devant elle.

-Tinto ça v...

Elle n'eut pas le temps de finir ça phrase que les consciences des plantes lui assaillirent la tête. Elles grognaient, criaient si fort que l'ancienne reine dut rompre contact avec elles. D'habitude elles étaient si calmes, si sages, pourquoi étaient-elles affolées? Mio ouvrit les yeux et vit avec horreur que Tinto était presque recouvert d'herbes et de ronces.

-TINTO!!!

Elle se jeta sur lui et prit une ronce à deux mains. Les épines s'enfoncèrent dans sa peau, mais elle ignora la douleur. Mio tira de toute ses forces et la plante fini par céder. Attendez, pourquoi la sève était noir ? Elle devait se ressaisir, elle n'avait pas le temps de réfléchir : elle devait sortir Tinto de là.

Après plusieurs minutes de désherbage, les mains ensanglantées, elle avait réussi à dégager lui dégager un bras, qui était plus grand que d'habitude, non?

Mio ignora encore une fois sa question et tira sur le bras du borgne. Elle grogna sous l'effort mais la terre commençait à se craqueler et le corps de Tinto sorti bientôt de la végétation. Ni une ni deux, elle passa sa main dessous ses jambes et l'autre dessous son torse. Mio courut loin de l'amat de ronces et d'herbes et fini par s'arrêter quelques centaines de mètres plus loin.

Elle posa Tin... ATTENDEZ, IL EST OÙ TINTO ?!

Ce n'était pas un petit enfant qui se tenait devant elle, mais un homme de 20 ans, comme il aurait toujours dû être !

- Tinto, c'est toi? demanda t-elle débilement.

ÉVIDEMMENT, QUE C'ÉTAIT TINTO!

-Vous vous inquiétez pour Tinto ? demanda t-il.

Le nain avait repris son apparence, et avec lui sa vieille manie de langage : se parlait à la troisième personne. Ses cheveux bruns courts se mélangeaient les uns aux autres dans un chaos total, et ses deux yeux vert forestier scrutaient Mio.

-Heuuuuu... Tinto c'est vraiment toi?

-Tinto est beau sans maléfice, hein ?

-Sans... sans maléfice ? Et pourquoi tu parles comme ça ? Où est Tinto!?

Il pencha la tête.

-Tinto est en train de parler devant vous...

Mio ne comprenait rien.

-Il est passé ou le Tinto que je connais ?

Sa voix se brisa, puis des larmes chaudes coulèrent le long de ses joues rosées. Les ronces, ça fasait mal, quand même...

-C'est moi, Tinto.

Le nain posa sa main sur sa joue et enlevant ses larmes de son pouce.

Mio éclata en sanglots, puis serra Tinto dans ses bras. Les larmes coulaient comme un torrent sur son visage affolé.

-QU'EST-CE QUI C'EST PASSÉÉÉÉ POURQUOI T'ES PLUS GRAND QUE MOI MAINTENANT, C'ÉTAIT QUOI CES TRUCS, POURQUOI TU PARLAIS BIZARREMENT ET, ET...

Un flot de questions fusillèrent Mio. À cet instant précis, l'ancienne souveraine ressemblait vraiment à un bébé.

Tinto fit la moue. Il n'aimait pas vraiment les contacts...

-J'aimerai bien vous expliquer, mais vous ne comprendriez pas... C'est si compliqué...

Lui même ne savait pas pourquoi on l'avait désceller...

Mio relacha Tinto et lui demanda, les joues encore mouillées et les mains ensanglantées:

-Tu veux pas m'expliquer de... depuis le début ?

Elle renifla et s'assit à l'ombre d'un arbre.

-Lorsque je suis sorti du portail, deux "cadenas" se sont dévérouillés en moi. Il soupira.

-On appelle ça des sceaux. L'un était de la Douce Reine, l'autre des dieux car je ne croyais pas en eux.

Il regarda le ciel, comme s'il chercher une réponse dans l'étendue bleue.

-Les deux se sont brisés. Pourquoi ? Je ne sais pas.

-Un sceau ? Mais pourquoi la Douce Reine t'en avait mis un?

-Elle ne m'en a jamais mis. J'ai porté le sien à sa place, murmura t-il. Comme tout chevalier servant sa Reine, j'étais prêt à tout pour elle.

Les fleurs éclosent en dessous du corps du nain, comme si la nature répondait à ses vagues de souvenirs.

- Tu l'aimais, n'est-ce pas ?

-Non. Enfin si, mais comme une amie. Je ne suis jamais tombé amoureux.

Il regarda sa main. Trois bagues y étaient visibles. Les trois venaient des anciens rois nains, forgées de leurs mains pour leurs descendants. En tant que prince, il se devait de...

Il repensa d'un coup à son frère, et fit une grimace sur son visage. Quelle horreur !

-T u peux me raconter tu sais.

- Vous savez bien que je ne me souviens plus de rien...

Il avait encore le souvenir du moment où il lui disait qu'il était amnésique. Il était net dans son esprit. Plus que net, même.

-Rien du tout ?

-Je ne me souviens même plus de la tête de mes compagnons d'aventure...

Mio fronça les sourcils d'un air désolé.

-Mais tu es toujours amnésique ?

-Oui.

Cette vérité le dégoûtait. Y avait-il encore un sceau, quelque chose à l'intérieur de lui ? Il entendait ses amis se parlaient dans sa tête, masi étaient t-ils vraiment là ?

Le nain frissonna.

- Il... Il n'y a aucun moyen de te soigner ?

- Si les dieux ont décidé de m'enlever mes souvenirs, il y a une raison... Mais bon !

Le ciel était devenu orange-rose, et des étoiles commençaient à faire leur apparition.

-On devrait trouver un endroit pour dormir non ?

Tinto haussa les épaules. Dormir à la belle étoile était pourtant une façon de dormir assez appréciable...

Mio n'avait jamais dormi à la belle étoile. Même si elle l'aurait voulu, les gardes royaux n'auraient jamais accepter.

Elle s'allongea sur l'herbe humide et bailla. La journée avait été longue.

-On pourra retourner dans votre royaume, demain...

Puis le nain s'endormit, en ronflant légérement, car la nature de nain de Tinto lui permettait de s'endormir en moins d'une minute.

-Mais...

Elle s'arrêta de peur de réveiller le borgne. Mio soupira et chercha le sommeil qui vint quelques minutes plus tard.

Le lendemain, Tinto se réveilla en trombe. Il avait fait un cauchemar... Arachnéa n'était pas très sympatique avec lui...

Une fois qu'il remarqua que ce n'était qu'un rêve, il s'étira, regardant Mio. La jeune femme dormait toujours profondément. La journée d'hier avait été rude, et ses avant bras étaient toujours en sang. Ses blessures étaient d'au moins 1 cm de profondeur pour les plus grosses, et seules les griffures superficielles avaient commencés à faire une croûte.

Il regarda la reine avec un sourire en coin et alla chercher des herbes médicinales dans le coin. Il en regorgeait.

Tinto prit plusieurs herbes et commença à les broyer dans un petit bol qui traîner dans son manteau.

La jeune femme ouvrit les yeux. Tinto était juste à côté d'elle.

-Tu fais quoi ?

-J'appelle ça un pansement d'aventurier.

Les plantes broyées finirent par sécher, formant une sorte de gros pansement. Peut-être un peu de magie dedans, mais ça, seul Tinto le savait. Il finit par le tendre à la reine.

Elle fronça les sourcils. Dedans, il avait mis plusieurs plantes médicales. Elle prit le pansement et l'appliqua sur ses avant bras.

-Merci beaucoup...

-C'est normal.

Elle se leva puis dit d'une voix plus enjouée :

-Bon on va où ? Au royaume ?

-Oui, on peut retourner dans votre royaume.

-Bon bah go hein !

Elle commença à marcher avant de s'arrêter.

-Heuu, c'est par où, déjà ?

Tinto se frappa le front de sa main droite.

-Au sud.

Puis il croisa les bras en regardant la reine d'un air amusé.

-Ah...

Elle fit demi tour et partit du bon côté cette fois-ci. Tout en marchant, elle tourna la tête vers Tinto en voyant qu'il ne le suivait pas et lança:

-Tu viens ou p...

Mio n'eut pas le temps de finir sa phrase qu'elle se cogna sur un tronc d'arbre.

-POUAHAHA !

Tinto ne put se retenir de rire. Ça faisait si longtemps qu'il n'avait pas rit...

Elle allait lui dire que ça faisait mal, mais la scène était tellement drôle qu'elle éclata de rire aussi.

-Putain, je dois ressembler à une conne maintenant !

Comment elle faisait pour se mettre dans des situations pareils, quand même ?

-Pour les nains, une conne est blonde, bouclée, avec des yeux bleus, plus petite que la moyenne, et boit pas beaucoup de bière. Donc, non, vous ne ressemblez pas à une conne.

Elle sourit à Tinto. Sa compagnie lui remontait vraiment le moral.

-BON. ON VA AU ROYAUME ????????????

-OUI.

Avec tout ce tralala, trentes minutes c'était déjà écoulé.

Tinto courut vers la reine, lui prit la main et continua à courir vers le Royaumes des Elfes.