"Tu es témoin de mes nuits agitées."

La lumière des lampadaires glisse sur les carreaux de  ma voiture pendant que je roule à tout allure en direction de l'hôpital. Le silence de la nuit résonne dans mon crâne, la température glaciale m'accompagne si bien que je ne pense plus à ma solitude. 

Je ne prends pas la peine de me garer correctement, je coupe le moteur et cours à en perdre haleine à l'intérieur du premier bâtiment que j'aperçois. Je me précipite dans les couloirs à la recherche d'un endroit où je pourrais trouver la personne que j'aime le plus au monde. Tout ce passe au ralenti dans ma tête. Je vois des infirmières courir en poussant un brancard, sur lequel est allongée une petite fille. J'ai l'impression que leurs pas sont lents, que le temps se fige peu à peu et qu'il m'est impossible de faire un mouvement quand je vois les petits yeux de ma sœur me fixer faiblement, allongée sur ce brancard. Ils sont déjà au bout du couloir alors je cours après eux à perdre haleine, en hurlant son prénom. En hurlant si fort, que ma voix déraille et va jusqu'à se couper. 

Des gens me regardent, me tiennent les bras pour m'empêcher de devenir fou, mais je continue d'avancer, des gens m'interpellent, certains baissent les yeux, d'autres se poussent pour me laisser passer. Je vois les infirmières entrer dans une salle avec ma petite sœur, qui n'a même pas répondue à mes appels. Je ne sais pas si elle est consciente. J'ai toujours ses petits yeux bleu qui me fixent. 

La porte m'est fermée au nez, des médecins me tiennent en me hurlant dessus, mais je n'entend rien, tout est flou autour de moi. C'est perturbant de voir tout le monde autour de moi en train de crier alors que moi même, je ne vois rien. Mes oreilles sont comme bouchées et ma peau est comme insensible aux pressions des médecins. Je ne sens plus rien, je peux seulement être spectateur et à la fois acteur de mes mouvements. Puis tout d'un coup, je sens quelque chose percer mon coup. Est-ce parce que j'ai trop crié le prénom de Charlotte, ou à cause de la seringue que je vois être retirée de mon coup? 

Mes jambes deviennent instable, mes paupières sont lourdes, mon pouls ralenti et je tombe dans un sommeil artificiel.