Kaly avait été pensionnaire à l'internat pendant un long moment de sa scolarité. De ce fait, elle partageait cette année sa chambre avec trois autres filles. Il y avait deux lits superposés, agencé dans les coins de la pièce, en angle droit. Toutes les quatre s'entendaient bien, pouvait-on presque dire qu'elles étaient amies. Kaly dormait sur le lit du dessous, peut-être par préférence d'avoir plus de facilité à sortir de son lit, ou peut-être était-ce à cause de la peur de tomber.
Cette première et étrange nuit qui marquera le début d'autres de ses étranges rêves qui la marquera à jamais, car bien que sentant cette présence tout en étant éveillée, jamais elle ne se serait doutée qu'elle se manifesterait d'une quelconque autre façon, et pourtant...

S'endormant comme à son habitude, la jeune étudiante se réveillait soudainement, en pleine nuit. Regardant autour d'elle, tout semblait calme. Se réveiller ainsi ne lui arrivait jamais, ou très rarement. Décidant de sortir de son lit, elle posait pied à terre et se retournait face à lui. La couverture étant dérangée, c'était avec horreur et incompréhension qu'elle découvrait un cutter. Posé au centre de son matelas, parfaitement aligné dans la longueur du lit.

Kaly se réveillait soudainement, une seconde fois. Elle avait rêvé, mais sans avoir eu le temps de nettement le constater, elle remarquait qu'il n'y avait plus aucune couverture sur elle. Se levant, elle comprenait que son matelas n'était plus posé sur le sommier, mais par terre, au centre de la chambre, sans aucune trace de la couverture. Cette présence qu'elle ne cessait de ressentir était là, comme si quelqu'un partageait son rêve, comme si quelqu'un s'y était introduit sans y avoir été autorisé.
Sur son matelas, était toujours ce cutter.

Une troisième fois, elle se réveillait. Cette fois était bien différente des deux autres, la jeune femme sortait de son lit et commençait à se préparer. Il faisait encore nuit, mais elle sentait qu'il était bientôt l'heure. Marchant et déambulant dans la chambre, elle remarquait après un petit moment que ses collègues dormaient toujours à poing fermé. Suspicieuse, elle partait regarder l'heure sur son téléphone : il était aux alentours de cinq heures du matin.

Se réveillant une quatrième fois, plus calmement, Kaly comprenait qu'elle venait de faire trois rêves consécutifs, sans même s'en rendre compte. Restant un moment dans son lit, à réfléchir sur ce qui venait de se passer, elle ne cessait de ressentir cette fameuse et étrange présence autour d'elle, mais elle décidait de l'ignorer. Cette fois était la bonne. Elle en était sûre car ses amies se réveillaient enfin. Néanmoins préoccupée par ses étranges songes qu'elle avait pourtant eu l'impression de pleinement vivre et de ressentir, elle se décidait à poser la question. Demandant avec détachement si elles ne les avaient pas réveillés cette nuit, l'une des trois affirmait alors, non sans une étrange curiosité : « Si, à un moment je me suis réveillé et je t'ai vu, tu marchais dans la chambre comme un zombi, c'était trop bizarre mais je me suis dit que tu étais peut-être somnambule. » une réponse qui lui glaçait le sang, lui faisant se poser une multitude d'autres questions.

Une cinquième fois, avant que les réveils ne sonnent. Cette fois-ci était peut-être celle de trop. Confuse, déroutée et avec crainte, elle se demandait si elle était bel et bien réveillée, ou si elle rêvait encore. L'alarme se déclenchait, il était bel et bien l'heure de se lever. En revanche, cette même impression de ne pas être seule, persistait. Hésitante et avec la crainte d'entendre la réponse, elle reposait cette même et précédente question. Rassurée, ses collègues de chambres lui répondaient que non, elles ne l'avaient pas vu marcher dans la pièce, comme errant ici et là. Cette matinée fut très étrange, et même tout le reste de la journée. Car elle n'avait cessé de se demander si oui ou non, elle était enfin sortie de ses songes.