J'ai souvent regretté ma dureté avec Arthur, mais il ne comprenait pas que je m'étais attachée aussi, et que j'avais mal à chaque fois qu'il m'oubliait, ou qu'il m'ignorait. C'était Arthur, un enfant dans un corps d'adolescent, maintenant adulte.
J'avais obtenu mon bac depuis peu, j'étais toujours avec Lucas, ma vie était comparable à un rêve. J'allais m'installer dans le sud, Arthur aussi, on avait été pris dans la même fac, mais chacun avait refait sa vie de son côté, comme de simples inconnus.
Je ne l'ai même pas félicité pour le bac,
Lui non plus.

      Les jours passaient rapidement, ma vie sans Arthur était belle, mise à part mes moments de solitude, où il envahissait mon esprit, ma tête, tout mon être. Lucas était parti sur Paris, j'y allais un week-ends sur deux, et il venait dans le sud dès que son emploie du temps le lui permettait. La semaine, je vivait dans un petit appartement avec Maya, une allemande cherchant l'indépendance. Ça a sans doute été ma seule véritable amie, du moins, après Arthur. Il n'a jamais quitté ma tête, et pourtant, j'aimais Lucas, j'en étais sûre. 

    Les cours avaient repris, une nouvelle école, de nouveaux amis, une nouvelle vie. J'étais redevenue stable, j'étais bien et heureuse, vraiment. Mais il est revenu, un soir, il pleuvait des cordes et des cordes. Quelqu'un avait sonné d'en bas de l'immeuble, le téléphone avait donc sonné, indiquant que quelqu'un voulait entrer mais ne possédait pas le code. Maya n'était pas là, et je n'attendais personne, alors je me suis levée et ai décroché.

" Excusez-moi, Maya n'est pas là, si vous ...
- Victoire ?
- Arthur ?
- Je viens de me faire mettre à la porte par mon coloc', je peux dormir chez toi ce soir ? Avait-il dit comme si c'était la chose la plus banale qui lui soit arrivée.
- Je t'ouvre, monte au deuxième étage, la porte blanche avec la poignée noire."
Je crois que je n'aurai jamais eu le coeur à le laisser dehors, comme ça, dans le froid, sous une telle pluie. On avait passé trop de temps ensembles, j'en savais trop sur lui, et il en savait trop sur moi.

     J'ai attendu dans le salon qu'il arrive, faisant les cents pas, j'étais perdue. J'avais même envoyé un message à Lucas, qui m'avait repondu immédiatement que j'avais fait ce qu'il y a de mieux, qu'il m'aimait et que tout allait bien se passer, je ne sais même pas ce que j'aurais fait sans lui. Lorsqu'Arthur est rentré dans mon appartement, j'ai senti que tous les efforts que j'avais fait pour me reconstruire et l'oublier tombaient en ruine.

    Il était beau, même trempé ; il ressemblait à un enfant perdu ce jour-là.
" Sympa ton appart', si j'avais su que je le visiterai dans de telles circonstances...
- Comment t'as su où j'habitais ? Commençais-je doucement.
- Je l'ai toujours su je crois. Il tremblait un peu de froid, mais ne disait rien, sans doute trop embarrassé par la situation quelque peu gênante.
- Bouge pas, je vais te chercher de quoi te changer.
- J'espère que tu sais que tes t-shirts seront trop petits pour moi ... riait-il.
- Bien sûr, mais on peut toujours essayer si tu veux, plaisantais-je. Ne t'inquiète pas, Lucas laisse toujours des vêtements de rechanges.
- Lucas ? Vous êtes encore ensembles ?
- Ouais ... avais-je dit, gênée."

     Après qu'il se soit changé, on s'est assis sur le canapé, se racontant nos vies devant une comédie. Je crois qu'il m'avait vraiment manqué...