Chapitre Six
CHAPITRE 6
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SUITE DU FLASHBACK
Louis Tomlinson.
Je sortis en trombe dans le jardin et me heurtai en étouffant un cri de stupeur à la poitrine de ma mère. Elle posa ses mains serties d'énormes bagues sur mes épaules pour m'empêcher de fuir et me dévisagea longuement, visiblement soucieuse.
"-Louis, que se passe-t-il?
-Laisse moi passer."
Je me dégageai brusquement et la fusillai du regard. Un voile de tristesse assombrit ses prunelles bleues, astres limpides dont j'avais d'ailleurs héritées.
"-Tu as besoin d'aide, Louis.
-Je t'ai dit de me laisser passer.
-Pourquoi est-ce que tu te renfermes comme ça?
-Bordel, maman, dégage de mon chemin!"
Je me libérai de son emprime et détalant en la bousculant méchamment. Lorsque j'eus passé le portail, je me retournai et l'aperçus, plantée là où je l'avais laissée. Des larmes brillaient dans ses yeux, mais j'ignorai son mal-être et m'éloignai, les mains dans les poches. Je ne m'étais encore jamais senti aussi lâche.
FIN DU FLASHBACK
Harry Styles.
8 mars 2014.
"-Monsieur Tomlinson!
-Présent!"
Monsieur Byke, mon vieux prof de mathématiques, rehaussa sa paire de lunettes sur son nez en soupirant, exaspéré par le comportement du dénommé Tomlinson.
«-M.Tomlinson, quand vous déciderez-vous enfin à n'écouter, ne serait-ce que d'une seule oreille, ce qui serait déjà un grand progrès, mes cours?
-Lorsqu'ils deviendront intéressants, je suppose.
-Je vous demande pardon?
-Ne vous excusez pas, tout le monde ne peut pas avoir mon charisme, répondit le garçon d'un ton sarcastique.»
Il se leva du banc sur lequel il était avachi et dévala les gradins de l'amphithéâtre de la fac sous les yeux ébahis des élèves, stupéfaits par la répartie et le courage dont faisaient preuve Louis pour la énième fois.
«-Monsieur Tomlinson, où allez-vous comme ça? Revenez immédiatement! Je vous préviens, je vais appeler le direc...»
Mais Louis Tomlinson avait franchi la porte avant que Monsieur Byke ait eu le temps d'avoir l'air crédible. Ce mec ne restait jamais plus de vingts minutes dans une salle de cours. Il m'agaçait au plus haut point, ses manières de bourge trop sûr de lui et son sourire ironique m'exaspéraient. Tout chez lui m'insupportait, en partant de ses vans noires qu'il portait sans chaussettes jusqu'à la manière dont il vous regardait, avec l'air de dire «Tu es minable et tu ferais mieux de faire semblant de m'aimer si tu ne veux pas que je te pourrisse la vie». Tomlinson était le genre de type qui adorait montrer aux autres qu'il avait plus de fric qu'eux. C'était ce mec qui se pavanait dès qu'il en avait l'occasion derrière le volant de son immense 4x4 noir hors de prix en passant inlassablement une main dans ses cheveux qu'il ne coiffait jamais mais qui étaient pourtant toujours stylés (ce qui avait le don de m'irriter), en affichant un grand sourire narquois. Non vraiment, je ne le supportais pas.
«-Styles, lisez le texte page 124.
-Non.
-Je ne vous demande pas votre avis.
-Ça ne m'empêche pas de vous donner le mien.
-Vous avez une heure de colle.
-C'est ça, bonne journée Monsieur Byke.»
Et ce fut à mon tour de quitter l'amphithéâtre rempli d'une centaine d'étudiants en claquant la porte derrière moi. J'entendais encore les éclats de rire des élèves tandis que je m'éloignais. C'est vrai qu'entre Tomlinson et moi, la classe avait droit à un peu de divertissement. Si nous ne nous haïssions pas mutuellement, peut-être que nous pourrions devenir humoristes et monter un duo tous les deux. Bon, j'admets que cette idée est carrément nulle. Mes baskets claquaient contre le carrelage du couloir, Louis était là aussi. Il marchait tête baissée à une dizaine de mètres de moi. Je ne savais pas où il comptait aller et c'était bien le dernier de mes problèmes. Je traversai rapidement la fac et montai les escaliers qui menaient aux chambres des étudiants internes. J'entrai dans la mienne et me laissai tomber lourdement sur mon lit.
Je ne savais pas ce qu'il m'avait pris d'agir comme ça. Je ne m'étais encore jamais comporté de cette façon encore. Mais j'avais mal à la tête, et puis je ne comprenais rien à toutes ces propriétés mathématiques, j'avais besoin d'air. Je soupirai en me rendant compte que ces pseudo-excuses ne me sauveraient pas quand je devrai m'expliquer devant le directeur de la fac. Je décidai de considérer ces raisons comme «à peu près valables pour le moment» et me relevai en baillant avant de me diriger vers la salle de bain. Je crois qu'une bonne douche ne me fera pas de mal.
Et puis c'est à cause de Tomlinson aussi. Il est tellement agaçant.
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Assis à mon bureau, mes cahiers ouverts devant moi, j'essayais en vain de résoudre ce devoir de philosophie. Les gens disent souvent que pour comprendre quelque chose en philo, il faut être bourré en permanence ou avoir un esprit complètement tordu. Je pense que c'est faux. Tous mes amis disent que je suis taré et pourtant je n'ai jamais rien compris aux cours de M.Ronald. Cela faisait maintenant plus d'une heure que je réfléchissais, mais rien de sensé ne me venait à l'esprit. J'étais exténué, et décidément un élève très peu patient. Je reposai mon stylo et me glissai sous les couvertures en tentant vainement de me convaincre que la solution me viendrait en dormant.
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Je me réveillai en sursaut et m'assis au bord de mon lit en me frottant les yeux. J'étais en retard. J'enfilai un jogging à toute allure, avalai un verre d'eau et manquai de m'étouffer, jetai mon sac de cours sur une épaule puis traversai l'établissement en trottinant. Je commençai par sport, et, bien évidemment, le gymnase était à l'autre bout de la fac.
Cinq minutes plus tard, j'entrai dans la salle de sport d'un pas vif, légèrement essoufflé, balançai mon sac dans un coin et me dirigeai vers Mr Habson.
«-Vous êtes en retard M.Styles, c'est inadmissible, je ne peux pas accepter une telle attitude, c'est un réel manque de respect envers moi et envers mes cours!, s'insurgeait-t-il.»
Et voilà, c'est reparti.
«-Avez-vous conscience de la gravité de votre comportement?»
Je roulai des yeux.
«-Vous levez les yeux au ciel Styles?
-Monsieur, je ne voudrais pas vous manquer de respect, mais il se trouve que je suis seulement en retard de cinq minutes, non?
-Vous me ferez quarante pompes.
-Juste pour ça?
-Et on ne discute pas!»
Je m'éloignai en soupirant.
«-Et on ne soupire pas!»
Je trouvais ce professeur insupportable. En fait, il l'était carrément, et je crois que mes sentiments à son égard étaient réciproques. J'obéis à contre cœur et commençai ma série de pompes. Seulement je détestais faire des pompes, je détestais ce cours et je détestais obéir, alors je me relevai dès que le professeur eut tourné le dos et m'empressai de ramasser mon sac et de quitter le gymnase.
«-Styles! Revenez ici immédiatement!
-Même pas en rêve, lançai-je très calmement en prenant soin de détacher chacun de mes mots.
-Je vais envoyer une lettre à vos parents, vous m'entendez Styles? Vous serez sévèrement sanctionné!»
Il avait frappé en plein dans le mile. J'ébauchai un de ces sourires faux qui brûlent les lèvres et glacent le cœur.
«-Envoyez leur votre fichue lettre, mais là où ils sont je doute qu'ils la lisent.»
Le bruit de ses pas sur le bitume se stoppa net. Je me retournai lentement vers lui, le regard las et haussai un sourcil à son attention. Il me regardait, la bouche grande ouverte, et je le regardai me regarder.
«-Oh. Je suis...je m'excuse Harry.»
C'était la première fois qu'il m'appelait par mon prénom. En fait, c'était même la première fois qu'il appelait un élève par son prénom, et c'était carrément étrange. Un frisson me parcourut l'échine.
«-A quoi bon?, le questionnai-je.»
Il ne réagit pas et moi j'avais le cœur écrasé par la douleur. Je m'éloignai en soufflant longuement, les yeux rivés sur mes baskets, et en lançant un coup d'œil par-dessus mon épaule je vis qu'il était toujours immobile, désarmé par les mots, frappé de pleine face par la réalité: le monde était rempli d'absents. Je poursuivis mon chemin, sachant que je pouvais retourner dans ma chambre sans risquer de sanction. Je crois bien que cette foutue réalité l'avait littéralement cloué sur place.
Il était près de minuit et j'étais étendu sur mon lit, ne parvenant pas à trouver le sommeil, mon macbook posé sur mes jambes. La pièce était plongée dans l'obscurité et seule la lumière de l'écran m'éclairait, en me faisant mal aux yeux. Je n'avais rien trouvé de mieux à faire que de trier les nombreux dossiers de mon ordinateur. Je laissais apparaître quelques sourires sur mes lèvres en regardant des vieilles photos de mes amis de primaire. Je me souvenais de Mary, Jake ou encore Nathan, je riais à gorge déployée en me revoyant déguisé en fantôme pour Halloween dix ans plus tôt. Mais ma bonne humeur s'envola aussitôt lorsque je retrouvais le dossier «Papa&Maman». J'hésitai un instant. J'avais peur de l'ouvrir mais l'envie de revoir leurs visages me démangeait. Et puis je me suis dis que je n'avais rien à perdre, puisqu'ils m'avaient déjà échappés. Alors je double-cliquai sur le dossier. Des centaines de souvenirs me revinrent, des sourires, des rires, des voix...les leurs. Je souris à nouveau avec un horrible pincement au cœur et refermai le dossier en fermant les paupières. Mes parents me disaient souvent que parfois, la vie pouvait être injuste, mais que ce n'était pas une raison pour renoncer à elle. Et je me rendais maintenant compte qu'ils avaient raison. Ce monde ne leur avait rien épargné du malheur. Je rouvris les yeux et sans hésiter cette fois, je supprimai le dossier avant de rabattre l'écran de mon ordinateur.
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je m'excuse pour ma trop longue absence, j'ai été vraiment très occupée et l'inspiration a sérieusement manqué :/ j'espère que ce chapitre ne vous décevra pas trop
love :)xx
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