Chapitre 4
(SUITE DU FLASHBACK)
♠
Louis Tomlinson.
«Je ne comprends plus rien. Mais qu'est-ce qui lui prend? Il ne peut pas m'avoir oublié, je lui ai fait trop de mal. C'est impossible, il essaie seulement de me torturer l'esprit. Oui, il joue seulement la comédie dans le but de me faire chanter. Il sait trop de choses qui pourraient détruire tout ce que j'ai réussi à reconstruire, je ne peux pas prendre le risque de le laisser foutre à nouveau ma vie en l'air. Il faut que je le piège, il faut qu'il voit que tout a changé. Il veut jouer, on va jouer.
[...]
Bon sang, mais pourquoi est-ce qu'il agit comme ça?»
♠
Harry Styles.
Après un moment d'hésitation, j'avais tout de même suivi Louis. Sortir et me faire un nouvel ami ne pouvait pas me faire de mal.
Nous traversâmes la fac et franchîmes les imposantes grilles de fer qui marquaient l'entrée du bâtiment. Je suivis Louis jusqu'à un énorme 4x4 noir à la carrosserie impeccable.
«-C'est vraiment ta voiture?
-C'est étrange, tout le monde me pose cette question. Mais oui, ce petit bijou m'appartient.
-Wow.»
Je repensai alors à mon bon vieux break que je n'avais pas lavé depuis au moins deux mois. Je l'avais emmené tellement de fois chez le réparateur que j'avais l'impression d'avoir fait plus d'allers-retour au garage qu'ailleurs. Louis m'ouvrit la portière avant, côté passager et dit d'un ton triomphant:
«-Si Monsieur le bouclé veut bien se donner la peine.»
Je m'installais sur le siège en m'esclaffant. Il prit place au volant et démarra brusquement, ma ceinture de sécurité me retint de justesse et m'empêcha de me casser le nez sur le tableau de bord. Louis grimaça.
«Oups, désolé.
-Il n'y a pas de mal.»
Un silence gênant s'installa. Ne sachant quoi dire, j'appuyai ma tête contre la fenêtre et regardai le paysage filer devant mes yeux, comme un film qu'on regarderait passer en accéléré. J'admirais le monde qui m'entourait, me détachant complètement de la voiture de Louis, oubliant où j'étais et le temps qui s'écoulait. J'observais les passants, tous ces inconnus qui ne sauront jamais que j'existe, les serveurs s'affairant sur les terrasses des cafés, les quelques arbustes plantés pour apporter un peu de nature au milieu de tous ces artifices humains, et les parcs calmes et verdoyants de Londres. La ville défilait devant mes yeux, et pendant un instant je fus nostalgique. Ok, reprends-toi Harry, t'es un mec bordel pas une petite fleur bleue.
«-Alors, tu m'emmènes où?, demandai-je avec curiosité.
-Chez moi. Enfin, chez mes parents.»
Je fronçai les sourcils, étonné de sa réponse.
«-Pourquoi?
-Pour discuter, faire un tour. Ce sera plus calme qu'au centre-ville. Tu m'as dit que tu ne voulais pas qu'on fasse connaissance sur un vieux banc moisi de la fac, alors je t'emmène ailleurs. Et puis je voudrais te montrer quelques trucs qui m'appartiennent.
-Quel genre de trucs?»
Là, il m'intrigue carrément, et il dût le sentir au ton de ma voix car il me lança en riant:
«-Déstresse, c'est juste des vieux trucs dans des cartons que je n'ai pas touchés depuis des lustres. Je suis sûr que ça te rappellera des vieux souvenirs.
-Pourquoi tu dis ça?»
Je ne comprenais pas où il voulait en venir. Je vis ses mains se crisper sur le volant et ses sourcils se froncer. Il me dévisagea étrangement tout en gardant un œil sur la route.
«-Une simple intuition.
-Et en quel honneur tu me les montres à moi?
-Détends-toi, Harry.»
Le petit sourire qu'il avait au coin des lèvres m'intriguait, et le fait qu'il n'ait pas répondu à ma question me donnait envie d'en savoir plus. Je ne voyais pas du tout pourquoi il avait subitement envie de me montrer ses vieilles babioles, là, maintenant. Je verrai bien quand j'y serai de toute façon.
«-Rassure-moi, tu ne veux pas me tuer tout de suite?»
Je l'ai dit sur le ton de la plaisanterie mais une pointe d'inquiétude se fait entendre dans ma voix, et le pire c'est que j'ignore de quoi j'ai peur. Louis rit, et j'aimais le sentiment qu'il dégageait quand il riait comme ça. C'était un rire sincère et agréable à écouter.
«-Non Harry, pas tout de suite!»
Finalement le trajet se déroula plutôt rapidement et après avoir traversé la ville, Louis arrêta la voiture devant un immense portail de fer forgé. Il se pencha vers moi et sortit de la boîte à gants une petite télécommande noire. Il appuya sur un des boutons et le portail s'ouvrit lentement, sans un grincement. Louis se gara dans une grande cour devant une énorme maison en vieilles briques entourée d'un parc qui me semblait très vaste. J'ouvris la portière en laissant échapper un sifflement admiratif. Il avait l'air amusé, et moi j'étais carrément soufflé.
«-Et bah...toi, t'as les moyens.
-On peut dire ça comme ça, oui.»
De la fierté et peut-être un peu de prétention pointaient dans sa voix. Je n'appréciais pas vraiment les mecs vantards qui étouffaient les autres avec leur luxe et leur tune, mais je pense que si j'avais des parents aussi friqués que les siens je me comporterais de la même manière, alors je ne lui fis aucune remarque.
«-Alors, est-ce que ce décor est à la hauteur de notre scénario?, me demanda-t-il avec un sourire.
-Hm, oui...je crois que oui.»
«Notre scénario». Je ne sais pas ce qu'il m'arrive mais je me sens comme électrisé par ses mots et le son de sa voix. Je secouai vivement la tête et tentai de me reprendre. Bon sang Harry, mais qu'est-ce que tu racontes? J'ignorai le frisson qui venait de me parcourir l'échine et le suivis à travers l'impressionnant jardin de la propriété agrémenté d'arbres en tous genres, de sculptures, de plantes, d'une pelouse verdoyante impeccablement tondue et d'arbustes admirablement taillés. Je regardai partout autour de moi, ébahi. Jamais je n'avais vu d'endroit aussi somptueux et je me sentais minable. Ma famille n'avait jamais été pauvre mais les deux dernières années avaient été difficiles et mes parents avaient dû faire beaucoup de sacrifices pour moi, dont celui de leur belle maison de Holmes Chapel pour m'offrir une place dans ma nouvelle fac.
Je passai l'imposante porte d'entrée en chêne derrière Louis et entrai dans cette superbe maison. Encore une fois, je fus stupéfait par la grandeur et la beauté de l'endroit.
«-Ne reste pas planté là comme un piquet!»
Je clignai des yeux et tournai la tête vers Louis qui me fixait, le sourire aux lèvres.
«-Excuse-moi, c'est juste que...c'est vraiment très impressionnant.»
Son sourire s'élargit.
«-Allez suis-moi, je t'emmène dans mon endroit préféré.
-D'accord.»
Nous montâmes un élégant escalier de marbre qui se trouvait dans le hall par lequel nous étions entrés et qui me parut interminable et arrivâmes dans un long couloir éclairé par un magnifique lustre. Nous traversâmes le corridor, Louis s'arrêta devant la dernière porte, à droite.
«-C'est ici, entre.»
Il me suivit à l'intérieur. Je passai devant une imposante commode en bois placée à côté de la porte et le portrait d'une jeune fille posé sur le meuble attira mon attention. Je m'arrêtai et l'observai attentivement, la demoiselle semblait être âgée d'une quinzaine d'années et sa beauté me laissa bouche-bée.
«-Qui est-ce?»
Il tourna les yeux vers moi et suivit mon regard.
«-C'était ma sœur.»
«C'était»...j'eus un pincement au cœur et je m'en voulus d'avoir poser cette question.
«-Oh...je suis désolé.
-Il n'y a pas de mal.»
Je ne perçus aucune douleur dans sa voix, elle semblait dénuée de sentiment. Je supposai que c'était un sujet difficile à aborder alors je me retins de lui faire remarquer.
Je regardai autour de moi, curieux. Cette pièce était spacieuse et ressemblait un peu à un grenier, bien qu'elle ne se trouvait pas sous les combles. Des piles de cartons avaient été formées et repoussées contre les murs ainsi que des vieux meubles poussiéreux. Une petite table en bois et des chaises qui semblaient quelque peu bancales trônaient au milieu de tout ce bric-à-brac. J'aperçus même un piano, sûrement désaccordé. Une douce lumière orangée perçait à travers les rideaux en lin suspendus à la seule fenêtre présente. Cette pièce n'était pas désagréable, mais je ne voyais pas en quoi elle plaisait tellement à Louis.
«-Assieds-toi, je t'en prie.»
Il m'indiqua une des chaises, je m'y installai sans broncher. Je jetai un coup d'œil à Louis, penché sur le tiroir de la commode en bois. Lorsqu'il vint s'asseoir en face de moi, il tenait une pochette dans les mains. Il l'ouvrit et en sortit une multitude de photos qu'il étala sur la table. J'arquai un sourcil. Toutes représentaient deux petits garçons qui ne devaient pas avoir plus de dix ans.
«-Qui est-ce?
-Celui-là, c'est moi.
-Sérieusement?
-Ouais!»
Je pouffai de rire. Il avait les cheveux ébouriffés, ses vêtements étaient trempés et tâchés de terre et il avait dans les yeux comme une étincelle de malice.
«-T'avais vraiment une tête de con!»
Nous rîmes ensemble. Je pointai l'autre garçon du doigt.
«-Et lui?»
Il baissa les yeux sur la photo et eut un étrange sourire.
«-C'est toi.»
Je me mis à rire, pensant qu'il plaisantait, mais je me calmai aussitôt lorsqu'il releva les yeux vers moi et les planta dans les miens. Son regard était grave et il avait l'air sévère. Je jetai un nouveau coup d'œil à la photo. Il était vrai que ce gamin me ressemblait un peu, mais il était impossible que ce soit moi! Louis devait sûrement me faire une blague.
«-Je suis sérieux, Harry.»
Je le scrutai, attendant qu'il se mette à rire et me lance "Ahah, je t'ai bien eu!", mais rien. Il était immobile, son regard planté dans le mien.
«-Déconne pas Louis, t'es pas marrant!
-Te fous pas de moi, Harold.»
Je sursautai. Comment connaissait-il mon surnom? J'écarquillai les yeux, interdit, ne sachant pas si je devais m'enfuir en courant ou alors continuer à l'interroger du regard.
«-Mais qu'est-ce que tu racontes? Arrête tes conneries! Allez, c'est qui ce gosse? Ton meilleur ami d'enfance?
-Dis-moi, tu comptes jouer à ça encore longtemps?»
Interloqué, je haussai un sourcil et le dévisageai longuement. Mais qu'est-ce qui lui prenait? J'étais complètement largué et je ne comprenais pas où il voulait en venir.
«-Pardon?
-Ne fais pas l'innocent Styles, pas avec moi. Qu'est-ce que tu veux?
-Ce que je veux? Je voudrais que tu m'expliques de quoi tu parles.
-Arrête ça. Pourquoi es-tu revenu?»
Alors là je ne comprenais vraiment plus rien. Pourquoi se montrait-il si agressif, soudain? Il était bipolaire, schizophrène, ou quoi?
«-Mais qu'est-ce que tu racontes? C'est quoi ton problème?»
Son poing frappa violemment la table qui s'ébranla, je sursautai et eus un mouvement de recul.
«-Réponds à ma question.»
Ses dents étaient serrées et sa voix remplie de haine. Ses yeux lançaient des éclairs, il me faisait vraiment peur, mais je me levai quand même et contournai la table pour le dominer de toute ma hauteur.
«-Fous moi la paix Louis. Je ne suis pas le garçon de cette photo, je n'ai jamais fait partie de ta vie et je n'en ferai jamais partie! Bordel mais c'et quoi ton putain de problème?»
J'avais presque hurlé et des larmes de rage me piquaient les yeux. Une goutte de sueur perla sur mon front et je me rendis compte que Louis était en train de me rendre hystérique. Il fixait ses pieds. Il passa une main dans ses cheveux et releva enfin les yeux pour plonger son regard maintenant empli de douleur dans le mien.
«-Tu ne te souviens vraiment de rien?
-Est-ce que je pourrais savoir de quoi je suis censé me souvenir? Je ne sais pas pourquoi tu m'as amené ici et la raison pour laquelle tu me montres toute cette merde, mais si tu essaies d'obtenir quelque chose de moi, tu peux aller te faire voir! Je ne te connais pas et je ne t'ai jamais vu de ma vie, tu piges ou il te faut un dessin? Arrête d'insister, c'est carrément flippant.»
J'avais frappé en plein dans le mile. Il baissa les yeux et prit sa tête entre ses mains en soufflant longuement. Le regard toujours rivé au sol, il articula difficilement, la voix brisée:
-J'y crois pas...je t'ai perdu. Je t'ai vraiment perdu, n'est-ce pas? Bon sang, mais comment j'ai pu laisser faire ça?
-Tu es complètement taré.»
Je tournai les talons et quittai cette pièce en claquant violemment la porte derrière moi. Ce type était complètement cinglé.
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