(SUITE DU FLASHBACK)

HARRY STYLES.

2 septembre 2014.

Je traversai le hall en traînant les pieds et me dirigeai vers le casier qu'on m'avait attribué. Décidément, cette fac était vraiment trop grande pour moi. Je m'apprêtais à l'ouvrir mais je m'arrêtai net dans mon élan. Un bout de papier avait été coincé entre la porte et la poignée. Intrigué, je l'attrapai et le dépliai.

«19h ce soir, dans le parc de la fac. Sois là.-L»

Je restai figé sur place. Qui pouvait bien me donner un rendez-vous seul à seul dans le parc de la fac? Et pourquoi? Je ne connaissais encore personne ici, enfin du moins pas que je sache. Je devais bien me torturer l'esprit depuis cinq minutes, toujours immobile devant mon casier, lorsque je sentis une main se poser sur mon épaule. Je sursautai et me retournai vivement.

«-Salut Harry!

-Ah, salut. Brad, c'est ça?

-C'est ça.

-Tu voulais me dire quelque chose?

-Je voulais savoir si tu venais à la fête de James ce soir?

-Je n'y avais pas vraiment réfléchi en réalité.

-Ça te permettrait de te faire de nouveaux amis.

-C'est très gentil de me le proposer Brad, mais je préfère finir de m'installer.»

Il s'apprêtait à ajouter quelque chose mais je le coupai net dans son élan.

«Seul.

-Ouais, je vois ce que tu veux dire. Tu veux te préparer psychologiquement à passer l'année la plus dingue de ta vie!

-Si tu le dis. En tout cas, merci pour l'invitation. A plus tard.

-A plus!»

Et tandis qu'il repartait vers ses amis, je continuais à réfléchir, planté comme un imbécile au milieu du hall. Je dus mettre plusieurs minutes pour me décider à bouger. Les cours reprenaient dans cinq minutes et il fallait vraiment que je me
bouge si je ne voulais pas arriver en retard. Seulement là, je n'avais franchement pas envie d'y aller. En fait j'avais juste envie d'accélérer le temps et de savoir.

Je ne me reconnaissais pas. En temps normal, je n'aurais jamais raté une fête. Je n'étais pas du tout du genre intello-antisociable-isolé-sans-amis-incroyablement-chiant-et-sans-conversation, et je ne manquais jamais une seule soirée, mais ce stupide morceau de papier froissé me perturbait.

Et si c'était quelque chose de grave, d'important? Décidément, ce «-L» était bien décidé à me torturer les méninges.

♠

Il était 18h03. Dans moins d'une heure, je serai dans le parc, peut-être en face d'une Lucy, d'une Lea, ou peut-être encore d'un Liam. Tout ce que je savais, c'était que je serai en face de -L. Oh et puis il ou elle n'aurait pas pu tout simplement écrire son prénom en entier? Non, c'était trop simple. -L, c'était plus énigmatique, c'était plus subtil. C'était surtout plus agaçant. Non mais c'est vrai, est-ce que sur mes feuilles d'examen je signe -H moi?

♠

J'avançai d'un pas vif en direction du parc de la fac. Mes mains étaient moites et crispées. J'avais un étrange pressentiment. Mes pas se faisaient de plus en plus rapides. J'y étais. Les jardins étaient presque déserts. Je regardai autour de moi.

Je passai devant un groupe d'étudiants assis sous un chêne qui avaient l'air particulièrement concentrés sur leurs devoirs, et je ne préférai donc pas les déranger. Je continuai d'avancer, une bande d'intellos antisociaux dans le genre grosses lunettes, cheveux imbibés de laque et tirés en arrière, chemises impeccablement repassés et nœuds-papillons était installée à une table. Je pris un virage et contournai un bosquet. Un couple se pelotait dans un coin et des filles arpentaient les chemins du parc, une feuille de cours à la main, mais aucune de toutes les personnes que je venais de croiser n'avait l'air d'attendre quelqu'un.

Je m'apprêtais à faire demi-tour, lorsque j'aperçus une ombre derrière un sapin. Plein d'espoir, je contournai précipitamment l'arbre et me retrouvai nez-à-nez avec un jeune homme aux cheveux bruns et aux prunelles limpides qu'il me sembla alors avoir déjà vaguement aperçu. Je souris en apercevant un anneau en métal incrusté dans sa lèvre inférieure semblable à celui que j'avais, et la multitude de tatouages qui recouvraient ses bras et qui me rappelèrent la crise qu'avait piqué ma mère cet été, lorsque j'avais émis l'hypothèse que j'aimerais bien m'en faire un. Au final j'avais préféré abandonner l'idée pour ne pas transformer sa crise de nerfs en crise cardiaque.

En m'entendant approcher, il leva les yeux et un petit sourire se dessina sur son visage.«-Alors, tu es venu.»J'hésitai un instant. Est-ce qu'il parlait vraiment de la même chose que moi, ou alors m'avait-il confondu avec un autre garçon de cette fac nommé Harry et qui aurait lui aussi des boucles brunes? Cette possibilité m'aurait sincèrement étonné, étant donné que, d'après tous les étudiants que j'avais vus aujourd'hui, j'étais le seul élève à avoir une choucroute semblable sur la tête. Intrigué, je fronçai les sourcils.

«-L?

-En personne.»

C'était donc lui, cet inconnu qui m'avait laissé un mot dans mon casier. Étrange.

Je m'attendais à tout, sauf à ce qui suivit.

«-On se connaît?

-Peut-être bien.»

Pardon? Comment ça peut-être bien? Ce serait trop te demander de donner des réponses claires et précises? Je ne comprenais pas ce qu'il voulait dire par là, alors je me contentai de hausser les épaules.«-Comment tu t'appelles?» Il sembla surpris que je lui pose cette question, et il tressaillit.Ses sourcils se froncèrent et il me fixa étrangement. Je vis les traits de son visage se serrer, mais il sembla se reprendre et sourit à nouveau.

«-Louis. Louis Tomlinson.

-Ok. Moi c'est...

-Harry, je sais.»

Mon cœur rata un battement, et j'eus un mouvement de recul.

«-Attends un peu, comment ça se fait que tu connaisses mon prénom alors que je suis dans cette fac depuis hier?

-On est dans la même classe, Styles.»

Je le dévisageai, les sourcils froncés. Je ne l'avais même pas encore remarqué.En voyant mon air étonné, Louis eut un petit rire.

«-Donc c'est toi le petit nouveau de la fac?

-Apparemment. Pourquoi?»

Il dut sentir au ton de ma voix que j'étais méfiant, car il répliqua en riant:«-Ne t'affole pas comme ça jeune bouclé, c'était juste pour savoir!» Je ne pus m'empêcher de sourire. Ce garçon m'intriguait. Je venais tout juste de le rencontrer et il ne m'avait adressé que quelques mots, mais je voulais en entendre davantage s'échapper de sa bouche. Il était étrange, et ça me plaisait. Je pris mon courage à deux mains et posai enfin la question qui me démangeait depuis ce matin.

«-Pourquoi un message accroché à mon casier? Pourquoi ici?»

Il sembla amusé.

«-Pour faire comme dans les films, Styles.

-Mmmmh. J'accepte cette hypothèse. Et pourquoi à mon intention?»

Il sourit.

«-Tu poses beaucoup de questions, dis-moi. Je t'ai laissé ce mot parce que tu viens d'arriver ici.

-Et?

-Et j'aime ce qui est nouveau.

-Je vois.»

Il y eut un bref silence, que je brisai rapidement. Je n'aimais pas ça. Le silence.

«-Alors?

-Alors quoi?

-Où est-ce que tu m'emmènes? On ne peut pas faire connaissance dans le parc de la fac, sur un vieux banc à moitié pourri!

-Et pourquoi pas?

-Parce que moi je n'aime pas faire comme dans les films. Je veux créer mon propre scénario.»

Il sourit et plongea ses yeux bleus dans les miens. Son regard me déstabilisa.

«-Alors suis-moi Styles.

-Tu peux m'appeler Harry.

-Comme tu voudras. Styles.»

J'allais ouvrir la bouche pour lui faire comprendre une bonne fois pour toutes que je ne savais pas pour lui, mais que dans mon cas les gens m'appelaient généralement par mon prénom et pas par mon nom de famille, mais il éclata de rire avant que j'ai pu ouvrir la bouche.

«-Je plaisantais Harry. Alors, tu viens ou pas?»