Rdv de l'Avent - J21 l'hiver
Aujourd'hui, c'est un chapitre particulier : pas de nouveaux personnages. Nous retrouvons Gilles et Hélène du chapitre 2 et Othilie et Théophile.
Mais nous retrouvons surtout Pierre et Marie.
Bonne lecture.
*
J21 l'hiver
*
Marie finissait d'écrire les derniers mots sur une lettre de plus. Elle se leva quelques instants, s'étira légèrement, et se replia très vite sur elle-même : une douleur aiguë précéda un nouveau bleu sous une côte. Sa tête aussi allait exploser.
*
Quelques jours auparavant, elle avait appelé Luc, le beau-papa de Noëlle pour lui en parler. C'était le jeudi 21 décembre. Il aidait bénévolement une des équipes médicales de la Croix Rouge. Aussitôt, il vint l'examiner : des pétéchies commençaient à apparaître : son profil droit était couvert de tâches rougeâtres.
— Je n'ai plus beaucoup de temps, n'est-ce pas ?
— C'est peut-être pas grand chose.
— Un grand garçon comme toi ne va quand même pas se mettre à pleurer.
— J'aimerais te faire passer quelques examens…
— J'ai fini ma mission Luc.
Luc l'observa quelques instants avant de lui demander ce qu'elle voulait dire.
— Je rentre d'une visite dans les Vosges. La locomotive et le wagon 6 y étaient, et Nicolas a accepté les responsabilités qui lui incomberaient désormais.
— Tu te trompes, il reste le 1.
— Ah oui, le 1. Le 1 c'est Désiré, la locomotive de Saint Nicolas.
Luc embrassa tendrement le front de Marie, et repartit à la Croix Rouge.
*
Marie regardait par la fenêtre. La neige tombait comme dans ses souvenirs d'enfant. Dehors tout ressemblait à une carte postale, et ses nains tiraient toujours le wagon 8.
« La planète du train de l'Avent est au complet » pensait-elle fièrement.
On sonna à la porte. À aucun moment Marie ne se demanda qui pouvait être derrière la porte. Elle le savait. Elle l'attendait. Elle l'accueillit un grand sourire aux lèvres. Il entra peu rassuré. Il savait ce qui l'attendait, mais il hésitait encore.
— Tu as peur ?
Pierre observa la lumière qui scintillait du visage de Marie. Elle était prête, et lui ferait tout pour elle.
— Tu as préparé beaucoup de courriers !
— Oui, une lettre par gardien.
— J'en compte plus.
Marie sourit. À force de le côtoyer, elle oubliait son génie des chiffres.
— Et tu as raison : il y en a 2 pour toi, et 2 pour Noëlle. Tu sais que tu es vraiment beau.
— Et toi donc, je n'ai pas de mots suffisamment forts. Tu es resplendissante.
Marie sentit le rose lui monter aux joues. Pierre avait toujours eu les mots pour la dérouter. Elle avait 20 ans la première fois qu'il lui avait parlé de son amour. Il était tellement vrai qu'elle aurait aimé lui offrir ne serait-ce qu'un baiser, mais il n'avait que quinze ans à l'époque. Elle avait alors fui en espérant que la distance suffirait à lui faire oublier cet amour d'adolescent.
Mais pour Pierre il n'y avait que Marie, et pour Marie le retour à la clinique 7 ans plus tard, lui fit comprendre que ce n'était pas qu'une amourette. Elle n'en dit toutefois rien. Pierre non plus, ne parla plus de ses sentiments.
*
La table était mise : un goûter aux chandelles que Marie avait préparé dans les moindres détails. Mais ils ne tardèrent pas, car ils étaient attendus à la mairie. Gilles et Hélène étaient là. Théophile et Othilie aussi. Après les lectures des textes réglementaires, le maire les déclara mari et femme.
Marie était radieuse, et Pierre pour la première fois sentit le poids de l'amour inconditionnel qu'il avait promis.
Les jeunes mariés quittèrent leurs témoins et rentrèrent au chaud. Un moment bien plus intime les attendait : une éternité de désirs allait enfin trouver son apogée. L'amour charnel qu'ils partagèrent cette nuit-là n'avait d'égal que les sentiments qu'ils peinaient à cacher depuis si longtemps.
*
Il était minuit passé. Marie demanda à Pierre de partir. Pierre prit les lettres, l'embrassa une dernière fois, mêlant ses propres larmes à ceux de celle qu'il chérissait tant, et ferma la porte derrière lui. Il démarra la voiture, mais s'arrêta un peu plus loin pour pleurer.
Pendant ce temps, Marie se changea. Elle sentit une explosion dans sa tête. Une larme coula sur son visage. Elle aurait voulu attendre six heures et une minute pour appeler sa fille, mais la vie en décidait autrement. Elle prit son téléphone et laissa un message aussi clair qu'elle le put, puis ferma les yeux, heureuse.
© WafaBabin.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro