Il y a ce miroir, ce maudit miroir, qui me renvoie une image que je ne comprends pas. Chaque jour, il me murmure des choses cruelles, il me fait croire que je ne suis pas assez, ou peut-être trop. Trop lourde, trop légère, trop marquée, jamais ce qu’il faudrait. Il me juge, impitoyable.

Pendant longtemps, je l’ai cru. Je me suis détestée. Mon corps, je l’ai vu comme une cage, un poids, une erreur. Je voulais m’en détacher, fuir cette enveloppe qui me semblait étrangère. Chaque regard dans ce miroir me faisait mal. Chaque vêtement, chaque reflet, chaque détail devenait une bataille.

Mais quelque chose en moi a commencé à changer. Pas tout de suite, pas d’un coup. Un murmure, une idée, une question : « Et si je ne devais plus me battre contre moi-même ? » J’ai décidé d’essayer. Pas pour les autres, mais pour moi. Parce que vivre dans la haine, c’est s’épuiser.

Alors, j’ai commencé petit. Un mot doux le matin, même si je n’y croyais pas. Une minute devant ce miroir, à chercher quelque chose de beau, même un détail. Une respiration plus profonde, comme pour apaiser cette tempête intérieure. Et jour après jour, sans m’en rendre compte, j’ai appris à voir différemment.

Ce n’est pas facile. Certains jours, la haine revient. Elle chuchote, elle insiste, elle me tire en arrière. Mais maintenant, je sais qu’elle n’a pas raison. Je sais que je peux avancer. Parce que ce corps que j’ai tant méprisé est aussi celui qui me porte, celui qui me permet de ressentir, de vivre, d’aimer.

Et si le chemin est encore long, je ne l’abandonnerai pas. Mon corps n’est pas un ennemi. Il est une maison que j’apprends doucement à rénover, à habiter, à aimer. Et un jour, peut-être, ce miroir ne sera plus un juge cruel, mais un témoin de ma réconciliation avec moi-même.

Je ne suis pas arrivée au bout de cette route, mais je marche. Et chaque pas compte.