Depuis que j'envoie les plumes de mes souvenirs dans le monde des humains, je n'ai jamais vraiment parlé de l'état de mon esprit entre deux appels. Ce monde, le monde dans ma tête, où je me rends soit seulement depuis mon âme ou totalement physique.

Actuellement, j'y suis mentalement, mais peut-être devrais-je m'y rendre physiquement afin de vraiment voir à quoi il ressemble... Non, la vérité est qu'il n'a pas de vrais apparence, mon état mental, physique, mes émotions, font constamment changer le monde me permettant de trouver le calme éternel.

Je me lève sur ma plateforme où je suis constamment assis, me procurant une sensation assez étrange de me déplacer de tout mon corps. Je déploie mes ailes devant moi, deux plumes s'échappent pour se rejoindre devant moi et créer une ouverture vers le monde de mon esprit. Une autre vérité, est que je n'ai jamais été physiquement présent dans ce monde mental artificiel créé de moi-même, ceci sera la première fois.

Un premier pas en direction de l'ouverture, puis un second, un troisième, le dernier pas franchit l'ouverture dans l'espace et le temps, suivi de tout mon corps progressivement. La pointe de mes ailes est la dernière chose à traverser cette brèche se refermant.

Le monde, mon monde... Est un désert, rouge, sans fin, avec que du sable, et du vide. L'absence totale de végétation, de vie, de tout... Je me souviens maintenant comment j'ai créé ce lieu une première fois, un lieu où le temps s'écoule aléatoirement. Une seule minute dans ce monde peut représenter autant une seconde, qu'une année, voire une dizaine ou centaine d'années dans l'engrenage du temps. Le cycle du jour et de la nuit est la seule chose qui me permet de connaître l'heure approximative dans le vrai monde.

Ici, je ne perçois aucun son, si ce n'est le silence de la mort, mes pas dans le sable ne produisent aucun son, mes ailes battent sans brasser de vents. La chaleur du soleil écarlate et le froid de la lune pourpre sont inexistants pour mon corps, et pour ce monde.

Si je peux citer les qualités d'être dans ce monde, c'est que je peux réfléchir paisiblement, me questionner sur mes choix, sur mon avenir, sur mes relations. Prendre également le temps de faire ce que je veux faire sur l'instant.

Évidemment, les qualités guident des défauts : Quand on me dérange, m'enlève de ce monde subitement, j'entre dans une colère sourde et silencieuse, me forçant à me dépêcher de retourner dans mon monde. Le seul défaut, un peu lié au premier, est que je ne peux pas rester trop longtemps dans mon monde... Si je reste dans ce lieu, la solitude va me gagner encore plus qu'au collège, et elle finira par me consumer lentement dans le silence encore plus mortel que celui de mon monde.

Un dernier défaut, que je ne peux clairement pas ignorer... Est que cela m'écarte de ma cousine, de Mona, celle avec qui j'ai la relation la plus solide. Je ne peux pas la faire rentrer dans mon monde, c'est impossible... Mais en fait, c'est même mieux. Grâce à ce monde, je me prépare à me débrouiller quand ma cousine et moi ne pourrons plus nous voir aussi souvent, et aussi car si je l'emmenais dans ce monde, elle prendrait le risque d'être consumée par la solitude, et je lui refuse ça.

Je pense rester ici un petit instant, pour me calmer d'avoir avoué toutes ces vérités sur moi... Enfin, sur mon moi présent sur terre, que je guette parfois depuis là-haut.