Quand le petit garçon se réveilla, il était allongé dans une grande salle, avec plusieurs lits côte à côte, et face à face. Les blessés étaient placés dans des lits bleus, prêts à êtres soignés. Le petit garçon s'était retrouvé entre le même vieil homme à qui il avait donné dix pièces la veille, qui dormait, et un jeune homme âgé de vingt ans. Le jeune homme, le voyant ainsi interloqué, lui expliqua que c'était un vieil escroc, qui, à chaque fois qu'on lui demandait service, demandait de l'argent en échange. Il passait par là, et un arbre lui tomba dessus. Pour le jeune homme de vingt ans, c'était bien fait pour lui. Dommage, il n'était pas du nombre des blessés graves. 

Le jeune homme de vingt ans, c'était lui qui avait évacué les villageois. Après avoir été le premier alerté par la fumée, il s'était empressé vers les escaliers, et avait réussi, tant bien que mal, à débloquer le mécanisme. Lui aussi comptait parmi les héros de ce jour... Qu'il soit placé à côté du petit garçon, ce n'était peut-être pas un hasard. Alors, le petit garçon commença à raconter sa propre histoire, se demandant ce qu'il advint du tuyau. Le jeune homme le rassura, lui disant qu'il avait été remis au paysan. Le petit garçon continua son récit, évoquant comment il était arrivé jusqu'au paysan, comment il avait remonté les escaliers, comment il avait retrouvé son ami le commerçant... Se sentant faible, le petit garçon s'évanouit. 

<< - Petit homme, n'abandonne pas.

- Abandonner ?

- Petit homme, ne sois pas comme le paysan, qui s'est coupé la main au dernier épis de blé. >>

Le garçon se réveilla brusquement, aspergé d'eau. C'était le jeune homme qui l'avait réveillé, appelant la soignante. On lui donna de quoi reprendre des forces, alors, il se sentit mieux. 

Le jeune homme révéla au petit garçon que de ce commerçant, il avait été l'esclave pendant cinq ans, et qu'il n'avait jamais entendu de mal de lui. Il se montrait toujours compatissant et aimable, et le traitait comme un homme libre. Cette année là, il avait décidé de l'affranchir, car il se devait de rester dans le Village Perché, pour veiller sur sa famille ayant besoin de lui. Quand il avait vu les flammes encercler le commerçant, le jeune homme avait tout fait pour sauver son ancien maître. Mais celui-ci voulait sauver un garçon, s'entêtant à poursuivre sa quête dans la maison en flamme. Au dernier moment, le jeune homme put récupérer son ancien maître, mais c'était trop tard : ses suffocations eurent raison de lui. 

Le petit garçon, à ce récit, baissa la tête. Le jeune homme ajouta une dernière chose. A sa mort, son maître lui légua des biens, à lui, au petit garçon, et à quelques-uns de ses amis. Le jeune homme s'était déjà chargé de donner à ces derniers leur dû. Quant au petit garçon... Le jeune homme lui tendit un parchemin roulé, scellé par le sceau du Royaume de Cœur. 

Le petit garçon l'ouvrit, et, à sa grande surprise, découvrit que c'était une carte. Le jeune homme l'informa que son chameau et ses provisions se trouvaient dehors, et qu'ils étaient à présent sa propriété exclusive.

Le petit garçon ne sut quoi dire. C'est le moment que choisit la soignante pour interrompre leur conversation : le lendemain, il sera libéré.