Précipitation !
Après plusieurs minutes passées à pleurer, nous reprenons peu à peu notre calme, et je suis la première à oser parler :
- E-Est-ce que... Est-ce qu'Esteban.. vous a fait.. du mal..? lui demandé-je la voix encore tremblante de sanglots.
Pour seule réponse, je n'ai que le regard désespéré du brun.
C'est étrange comme je pensais avoir enfin réussi à le déchiffrer, mais... Pour l'instant, tout ce que je vois est un désespoir infini...
Une autre larme roule le long de ma joue tandis que je m'en veux d'être une si piètre avocate.
Mais contre toute attente, Lucas dépose avec douceur sa main sur ma joue et l'essuie, de la tendresse dessinant ses prunelles à travers toute cette tristesse.
Mes perles se dilatent, ébahie qu'il soit si doux avec moi, même après tout ce qui lui était arrivé.
Je dépose tendrement ma main sur la sienne et m'y presse silencieusement, fermant les yeux et respirant le plus calmement possible afin de me calmer du mieux que je peux. Lucas, comme pour me bercer, me caresse délicatement de son pouce ma joue.
Après quelques secondes passées ainsi au plus près de lui, à inspirer et expirer lentement, je rouvre mes yeux, reprenant mes esprits.
- Je... suis terriblement désolée de vous avoir imposé tout cela. susurré-je. Je... croyais vous mettre en sécurité, mais, le danger était justement à l'endroit auquel je vous ai mené...
Lucas secoue lentement sa tête comme souhaitant m'assurer du contraire mais je fais lentement non de la tête à mon tour, assurant :
- Je me suis trompée, j'ai fait une erreur et j'en suis désolée...
Une autre larme roule le long de ma joue gauche, cette fois, et Lucas l'essuie à nouveau tendrement de son autre main, si bien qu'il m'encadre délicatement le visage, le regard brisé mais si soucieux de moi.
Je lui souris tristement, le remerciant tout bas, là, déposant mon autre main sur la sienne et profitant de sa douceur :
- Merci, et... Désolée d'être une si piètre avocate...
Alors que les lèvres de Lucas s'ouvrent pour la première fois depuis un moment déjà, je murmure lentement :
- Nous partons, je.. ne veux pas vous imposer mon erreur plus longtemps que nécessaire. avoué-je en me relevant lentement sans pour autant lâcher ses mains.
Il fait de même quoique tiraillé par ses pensées.
Et, avant même qu'il puisse déclarer quelque chose, une voix fluette s'exclame en dévalant les escaliers à vive allure :
- Tataaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa !
Nous sursautons tous les deux, et, avant même de réaliser quoi que ce soit, voilà Tristan suivi de Maria et d'une Lucie pleurant dans ses bras.
- O-Oui ? bégayé-je, étonnée de les voir tous réveillés.
Ensuite, je me rappelle des cris que nous nous étions échangés, Esteban et moi et je m'excuse aussitôt de les avoir réveiller.
Mais, je n'ai pour seule réponse que Tristan qui me saute dans les bras, en larmes :
- Tataa..! Ne pars pas... Non...
Je retiens mes larmes, dévastée d'être la cause de sa tristesse, en répondant tout de même à son étreinte.
- Je... commencé-je avant de retenir un sanglot. Mon prince... Je suis désolée, mais, Tata a des choses à faire et elle doit s'en aller... lui expliqué-je d'une voix la plus calme possible mais je tremble tant et mes yeux sont encore rougis par mes pleurs.
- Tu vas me manquer... ! Tata ! sanglote-t-il tandis que je le presse tendrement dans mes bras.
- Désolée... susurré-je avant que je ne l'entende ronfler doucement.
Le pauvre s'est endormi... En même temps, je vois qu'il est 3h. remarqué-je.
La petite Lucie tend les mains vers moi en répétant incessamment "Tata", en pleurs.
Je la prends dans mes bras et la berce tendrement, m'excusant à elle aussi d'ainsi m'en aller.
Elle s'endort dans mes bras et je lutte encore contre mes larmes.
Maria m'observe, le petit Tristan dormant sur mes genoux et la petite Lucie, endormie dans mes bras, et elle s'agenouille à ma hauteur, bouleversée :
- T-Tu t'en vas pour de vrai ? me demande-t-elle faiblement, affectée.
Je fais lentement oui de la tête, épuisée tant physiquement qu'émotionnellement.
Mais je sais que ce doit être encore plus dur pour Lucas, alors je ne me plains pas.
- Oui. acquiescé-je, mais cela me brise de l'affirmer ainsi.
- T-Tu ne voudrais pas rester un peu plus longtemps... ? me supplie-t-elle presque. Les petits t'adorent, e-e-et moi aussi, Estelle..! Je t'en prie..! sanglote-t-elle, ce qui me brise le cœur.
- Maria... Je... commencé-je avant qu'elle ne m'entoure de ses bras, enlaçant également ses enfants de ce fait.
Je fonds en larmes sur son épaule.
- Je suis désolée... susurre Maria. Esteban est insupportable... Je... Si seulement il n'était pas aussi désagréable, je...
- Maria, t'a-t-il fait du mal ? lui demandé-je soudain, entre deux pleurs.
- N-Non ! s'enquit-elle en se reculant lentement.
Et je ne sais pas si ses tremblements sont dus à ses pleurs en raison de mon départ ou parce qu'elle est apeurée...
- Je t'en supplie, Maria, sois honnête... la supplié-je à mon tour, dévastée.
- Je le suis..! s'enquit-elle, révoltée. T-Tu crois que ton frère a fait du mal à ton client ? s'emporte-t-elle peu à peu et je l'observe avec tant de tristesse qu'elle en perd le souffle.
Je suis épuisée et je ne sais plus vers qui me tourner pour me faire entendre.
- J'ai retrouvé Lucas en pleurs, et ton mari était présent. dis-je froidement.
- Alors c'est vrai ? Tu considères qu'il n'est plus ton frère ? s'enquit Maria, choquée. Il m'a murmurée cela, avant de monter au lit.
- Et tu ne te demandes pas pourquoi il en était descendu ? rétorqué-je, agacée. Maria, je t'aime, mais nous ne pouvons pas continuer de nous imposer. me répété-je avec fermeté.
Son visage se tord de douleur et elle reprend lentement Tristan et Lucie dans ses bras.
- Je peux t'aider, si tu veux...
- Non ! me coupe-t-elle, remontée.
Je reste silencieuse quelques instants, retenant mes larmes, ne comprenant pas sa colère.
Ce n'est pas de ma faute si Esteban agit ainsi ! Je ne fais que protéger mon client, je..!
Toute cette frustration me brise et je me sens faiblir à l'idée de tous les efforts que je devrais faire, maintenant que nous sommes au beau milieu de la nuit et que nous devrons reprendre la route, à pieds.
Je dois revoir mon plan, je dois...
Je renifle silencieusement, détruite et me tourne ensuite vers Lucas qui était resté silencieux tout le long, pétrifié de terreur.
- On y va, Lucas. soufflé-je faiblement. Allons chercher nos valises.
- Je...! s'enquit Maria, comme culpabilisante. Je... Si...
Je me tourne vers elle, épuisée, tandis qu'elle murmure, tout bas :
- Bon voyage, Estelle.
Je l'observe tristement :
- Merci, Maria.
Nous nous lançons un dernier regard puis elle monte les escaliers en traînant des pieds.
Je me retourne vers Lucas qui décidément, ne bouge pas d'un poil.
Ce que j'ignore est que les derniers événements se rejouent dans sa tête, incessamment :
"Regarde un peu ce qui t'attend ! s'esclaffe Esteban en riant cruellement. Cette illusion représente ton avenir ! Mon sort interdit te montre ce qui t'attend !
Mes larmes coulent en réalisant que ce ne sont que des images de moi me faisant violer encore et encore par Esteban.
- Je continuerai à faire comme si de rien n'était devant Estelle ! Je vais lui faire croire que tu n'es qu'une ordure qui nous vole et fait du mal à mes enfants... Elle ne te croira jamais ! Et je recommencerai chaque nuit !"
- Lucas ? murmuré-je tout bas pour la dixième fois.
Le concerné sursaute et m'observe, comme sortant d'un cauchemar.
Je lui prends délicatement la main, et, comme pour m'assurer qu'il était avec moi, il répond délicatement à mon étreinte.
Nous soupirons tous les deux tout bas et nous dirigeons lentement vers l'étage.
Ensuite, je lui assure que je reviens après ma douche.
Le temps passe si vite que je ne réalise même pas que j'ai terminé de me préparer.
Je ne pense plus à grand chose tant je suis brisée.
- Pardon...
C'est le premier mot qui s'échappe de ses lèvres et il me vaut un sursaut.
Je me tourne vers Lucas, les lèvres séparées, tandis que je sortais de la douche, habillée.
- Pourquoi vous vous excusez ? m'inquiété-je en m'approchant aussitôt de lui, lui était assis sur notre lit et je m'accroupis pour l'observer.
- Vous... quittez votre dernière famille.. par ma faute... susurre-t-il, des larmes s'échappant de ses émeraudes.
Je les essuie tendrement avant de lui assurer tout bas :
- Je vous en prie, Lucas... Vous parlez comme s'ils n'étaient plus de ce monde... tenté-je d'ironiser. Tout ira bien. Ne vous inquiétez pas pour moi.
Mais mes perles océaniques tremblent, mes lèvres tentant de dessiner un sourire aussi et les mains que j'ai déposé sur les siennes sont aussi tremblantes.
- Maître Delaine... Je...
Sa voix s'étouffe et il éclate en sanglots, détruit.
Je mordille ma lèvre et le serre gentiment dans mes bras, faisant au mieux pour ne pas craquer mais c'est plus fort que moi...
Ses pleurs sont si sincères, si brisants que je ne peux que céder à son émotion et être touchée...
- Lucas... Tout va bien... lui promis-je du mieux que je peux. Ne vous en faîtes pas...
Il pleure encore plus et me presse fortement tout contre lui, s'agrippant à mes bras, ému, pour la première fois depuis un moment.
Je fonds dans son étreinte, lui caressant délicatement le dos pour le rassurer, ignorant ma tristesse, ignorant mon inquiétude, ignorant tous mes doutes.. Je ne souhaite que le rassurer.
- Merci... susurre-t-il tout bas après avoir pleuré quelques temps dans mes bras.
Je le berce encore un peu avant de déposer lentement ma tête dans son cou.
Je ferme les yeux quelques secondes, soulagée, avant de lui assurer :
- Je suis votre avocate... C'est naturel...
Un instant, il resserre son étreinte autour de moi, comme de peur que je ne m'envole et je ferme les yeux pour profiter de son étreinte, le rassurant sur ma présence.
- Je reviens. murmure-t-il en se redressant, chancelant, marchant lentement, perdu.
Je l'observe, ailleurs, et m'assois à même le sol, perdue dans mes pensées.
Je me réveille enfin, comme sortie d'un mauvais rêve et réalise, en apercevant qu'il est 4h, qu'Esteban a mal tourné et que je vais devoir m'en aller.
Une grimace m'échappe et je fonds en larmes comme ça ne m'était pas arrivée depuis longtemps.
Cette fois, je ne retiens pas mes sanglots, je ne retiens pas ma voix, mon visage se décompose et je m'effondre au sol.
Je n'ai plus la force de continuer, je... n'ai plus.. la.. force...
J'ai perdu tant de gens, tant de personnes que j'aime, je... me suis éloignée de mes parents adoptifs, de Rose, Thibault et Laëtitia, je... vais maintenant quitter Esteban et ne peut-être jamais revenir... J'ai déçu Maria... Tristan et Lucie... J'ai perdu ma source...
Mes pleurs s'accentuent et je suis prise d'un soubresaut.
Sonnée, je rouvre quelques instants les yeux et je découvre Lucas, à l'entrée de la chambre, brisé de m'apercevoir dans cet état.
Mon souffle se coupe, honteuse de lui montrer cette facette de moi et ne souhaitant pas le faire culpabiliser.
Paniquée, j'essuie à la va-vite mes larmes, essaie de reprendre mon souffle et tandis qu'il se précipite à mon chevet, je lui assure d'une voix brisée :
- J-Je... vais bien..!
Les émeraudes de Lucas s'emplissent de larmes tandis qu'il semble bouleversé.
Mais je secoue ma tête pour me reprendre, frappe un peu mes joues et ignore mes yeux rougis par l'émotion.
Je réalise qu'il est déjà 4h30 et me relève en précipitation, de peur de pleurer encore plus.
Je me dégoûte...
Ce n'est pas mon monde qui s'écroule, c'est celui de Lucas.
Je ne peux pas pleurer. Je ne dois pas pleurer.
Pas face à quelqu'un aussi salement traîné dans la boue pour un crime qu'il n'a pas commis.
Je devrais avoir honte.
J'ai honte.
Je me dégoûte...
Je dessine un sourire sur mes lèvres, comme si de rien n'était et lui assurant, me voulant rassurante :
- Maintenant que nous sommes prêts, nous pouvons y aller.
Lucas ne sait que dire tant il est bouleversé mais accepte la main que je lui tends.
Et nous voilà à descendre les escaliers tous les deux.
Je nous guide jusque la porte d'entrée et nous l'ouvrons.
Lucas sort le premier et je ferme la marche, me tournant vers celle-ci pour la refermer avec la clé en double que j'avais depuis leur arrivée dans cette maison.
Si j'avais toqué en arrivant, c'était surtout pour leur faire la surprise. A ce moment, j'étais si heureuse...
Et je m'en vais maintenant, le cœur en miettes.
Après avoir fermé la porte à clé, je la dépose sous le palier afin qu'ils puissent la récupérer demain.
Lucas m'observe faire, choqué.
- V-Vous... ? tente-t-il de me raisonner mais je secoue lentement la tête, lui indiquant de ne pas se fatiguer.
- Merci, mais... J'ai pris ma décision. soufflé-je avant de tourner les talons et d'ouvrir la marche.
Lucas me suit de près, quoique choqué, et, s'il s'en doute, il est assez gentil pour ne pas me faire remarquer que sur mes joues, mes larmes ont coulé.
Ainsi, nous commençons notre longue et dure marche au milieu de notre nuit écourtée.
Nous ne savons même pas où nous allons, mais, nous devons avancer. Partir. Sans jamais se retourner.
~
Chapitre 16 ( ? )
4 Jours Ap. Le 2ème Procès
Soit 17 J. Après le 1ème Procès
14h
Après avoir marché pendant dix heurs, nous sommes finalement arrivés dans une ville importante et j'ai décidé de réserver un hôtel malgré le regard inquiet de Lucas.
Evidemment, nous l'avons fait sous nos fausses identités de Nate et Nelly Colin.
Une fois un peu reposés, j'ai cuisiné un réel déjeuner pour Lucas car nous ne faisions que manger sur le pouce depuis notre départ.
Lucas, lui, s'est endormi, épuisé, mais je remarque avec tristesse qu'il a le sommeil agité.
J'ignore si ce qui le tourmente est son triste passé en prison, notre incessante cavale ou l'incident de cette nuit... soupiré-je, attristée.
Je dépose son assiette sur notre petite table et la couvre pour que la chaleur soit conservée.
Moi, je m'installe en face et sors mon ordi portable, continuant l'élaboration de nos CV, n'ayant même pas pris la peine de manger quoi que ce soit.
Je ne sais toujours pas ce qu'il s'est passé cette nuit, et ça me tue à petit feu...
L'idée que Lucas souffre autant en silence me tue.
L'idée que ce soit Esteban qui lui ait fait tout ce mal me tue.
Mais personne ne veut me parler de ce qu'il s'est passé ou de ce qu'il se passe.
Personne.
Ni Maria.
Ni Esteban.
Ni Lucas.
Je soupire mais n'oublie pas ma tâche.
Je dois assurer à l'entretien que j'ai pu arrangé.
En effet, en avançant, j'ai compris que l'on pourrait se rapprocher de l'entreprise de Claudia Roussel et j'essaie de décrocher un emploi pour nous deux afin de nous rapprocher d'elle.
Il vaut mieux se tenir proche de ses ennemis.
C'est un effort désespéré dans le but d'obtenir le plus d'infos possible.
J'ai tout perdu, mais c'est justement pour cette raison que j'ai tout à gagner.
Alors que je travaille, Lucas sursaute et se réveille en un petit cri.
- Tout va bien, Lucas ? m'enquis-je, inquiète en me précipitant vers lui.
Il m'observe, en larmes et m'enlace silencieusement.
Je ferme les yeux et réponds délicatement à son étreinte, le berçant tendrement.
- Je suis là, vous ne risquez plus rien, Lucas... Tout va bien... lui promis-je délicatement en déposant un doux baiser dans ses mèches brunes.
Après plusieurs secondes passées à respirer nerveusement, affolé, Lucas se détend enfin et retrouve peu à peu son souffle.
- Je suis là... susurré-je lorsqu'il se balance peu à peu de droite à gauche.
Je fais de même, suivant son doux rythme puis je m'assois à ses côtés, sa main dans la mienne, et nous restons dans un confortable silence.
Je lui laisse le temps de retrouver ses esprits afin de ne pas le brusquer.
Finalement il murmure faiblement :
- Est-ce que...
Je lève de suite ma tête vers Lucas, qui, pour la première fois depuis notre départ de chez Esteban me parlait.
- Oui ? murmuré-je tendrement.
Il se glisse sa main dans les cheveux, anxieux.
- Vous savez si ma mère peut répondre à ma lettre ? C-Comment pourrait-elle me joindre ?
Mes yeux s'agrandissent de stupeur...
Une part de moi est envieuse.
Je me dégoûte...
J'ai perdu mon père, ma mère, mon frère, ma belle sœur, ma nièce mon neveu pour lui... Et lui..?
Je me dégoûte...
Il veut que sa mère lui réponde ? Que toute notre couverture éclate en morceaux ?
Je me dégoûte...
Je secoue ma tête et me rappelle que c'est légitime qu'il souhaite échanger avec sa mère, notamment après tout ce temps passé en prison puis à fuir, je... C'est normal.
Je souris et dissimule mes larmes.
- Personne n'est censé savoir où nous sommes. Pas même mon frère. Pour votre sécurité et pour votre bien. susurré-je.
Je vois son visage se tordre de douleur à cette évocation et je sens sa main trembler.
- Mais je peux faire une exception. murmuré-je, ignorant ma douleur.
Un soupir de soulagement lui échappe et je sens mon cœur se briser.
Il termine son assiette en silence puis s'effondre à nouveau sur notre lit partagé, la seule chambre encore disponible pour nous.
Je soupire à nouveau et poursuis mon travail : je fais au mieux pour peaufiner nos CV.
Cette entreprise est très prisée et nous sommes en concurrence avec tout un tas de gens, mais mon intuition me dit que le plus tôt nous entrons dans cette entreprise, mieux ce sera.
J'observe quelques secondes l'extérieur à travers la fenêtre, perdue dans mes pensées.
Mais je me reprends bien vite, pensive.
Je ne dois pas perdre de vue mon objectif...
Je travaille jusqu'à 4h du matin, et finalement, n'ayant pas d'autres choix, j'arrive à insérer un entretien d'embauche dans leur entreprise en m'infiltrant dans le système d'administration de leur entreprise.
Je m'étire un peu puis observe Lucas, tourner et retourner dans son sommeil.
Cette journée, j'en avais profité aussi pour partager à sa mère notre adresse en dépit des immenses risques encourus.
Chapitre 17
6 Jours Après le 2ème Procès (5ème)
19 Jours Après le 1er Procès (18è)
- Vous êtes prêt ? l'interrogé-je en faisant mon sac à main.
Lucas, dans mon dos, est vêtu de son déguisement mais étrangement, il ne me répond pas.
Je me retourne, intriguée et découvre qu'il s'étouffe avec sa cravate.
- Lucas ! m'écrié-je en me précipitant vers lui.
Je desserre aussitôt sa cravate avec précaution, lui qui avait viré au rouge.
Il retrouve son teint habituel peu à peu tandis que je lui tiens délicatement les mains, soucieuse.
- Pourquoi ne m'avez-vous pas appelé... ? lui demandé-je soucieusement en lui caressant ses joues rosies.
- Je... J'ai oublié... comment... faire... murmure-t-il faiblement.
Ses émeraudes se noient dans des larmes et je l'enlace délicatement, susurrant tout bas :
- Je suis terriblement désolée, Lucas... soufflé-je en lui tapotant le dos gentiment. Ce n'est pas grave, je... Je serai là pour nouer vos cravates.
Je me rappelle que ces derniers temps, c'était en effet moi qui nouais ces cravates. pensé-je. Et, même si je suis brisée d'apercevoir que le peu de temps qu'il a passé si injustement en prison l'a fait oublier tant de choses, je me promets d'être là pour lui.
- D'ailleurs..! me réveillé-je soudain, tandis qu'il s'assoit sur son lit lentement.
Je fouille dans mon sac et lui tends une lettre :
- Voilà une petite surprise !
Ses émeraudes, auparavant noyées de chagrin, s'emplissent d'étoiles et s'émerveillent sans fin :
- C'est ma mère !
J'acquiesce gaiement, retrouvant peu à peu mon énergie en l'observant si heureux.
Je m'éclipse dans la salle de bain afin de lui laisser son intimité et déjà, il ouvre sa lettre.
Moi, de mon côté, je laisse couler mes larmes.
Je me démaquille, lassée, me laissant glisser sur le sol.
Et voilà. Je perdais mon frère qui est ma seule famille, donc mon lieu stable d'habitation temporaire, mon argent, et enfin, ma dignité...
Je secoue vigoureusement ma tête.
Penser à cela ne servait à rien. Je dois avancer vers notre objectif : la liberté et la délivrance de Lucas. Que Justice soit rendue. La vraie.
Lorsque je ressors, les lèves de Lucas dessine un doux sourire.
- Alors, que vous disait votre mère ? lui demandé-je gentiment. S-Si je ne suis pas indiscrète..! me repris-je, embarrassée.
- Ah euh, ne vous inquiétez pas, cela me fait plaisir..! bafouille-t-il, le feu aux joues et souriant. Elle m'a dit qu'elle était très heureuse d'avoir reçu une lettre de moi. Ça m'a fait plaisir. Et elle vous remercie de lui avoir permis de m'écrire.
- Oh, c'est vrai ? m'étonné-je, le feu aux joues. C'est naturel, mais c'est gentil de sa part. susurré-je, tentant de camoufler mon émotion.
Et dire que je pensais avoir tout perdu... Voilà que sa mère me remercie... me dis-je en souriant faiblement, dissimulant mes larmes manquant de tomber.
Lucas sourit faiblement à son tour mais se rapproche soudain en croisant mon regard.
Il caresse mon visage, comme réalisant que des larmes avaient roulé dessus et admirant mes yeux rouge soucieusement.
- J-Je vais bien. lui assuré-je, tentant de le convaincre et moi aussi.
Il esquisse un triste sourire, brisé, et m'enlace faiblement.
Je réponds à son étreinte silencieusement et nous fermons les yeux, profitant de l'étreinte l'un de l'autre.
Une fois requinqués, j'ouvre la porte de l'hôtel et nous dévalons les deux étages sans regarder en arrière, prêt à aller de l'avant et conclure cette histoire, je l'espère, car cette injustice n'a que trop duré.
Toutefois, plus nous avançons, plus je sens l'angoisse parcourir le corps de Lucas.
- Vous êtes inquiet ? lui demandé-je doucement.
- Euh, je... Hm... Oui. souffle-t-il finalement, embarrassé.
J'esquisse un tendre sourire et ajoute :
- Je comprends totalement. L'entreprise de Claudia Roussel vaut des millions, presque des milliards. Et dégoter un entretien est extrêmement rare et nécessite au moins trois semaines d'attente. Cela peut être intimidant. C'est normal. le rassuré-je comme je le pouvais.
Mais je lis de la surprise sur le regard de Lucas tandis qu'il murmure :
- M-Merci... Mais... C-Comment avez-vous obtenu cet entretien, alors ?
- Je vous en prie, et... Disons que j'ai eu beaucoup de chance. assuré-je, l'air de rien.
Les lèvres de Lucas se séparent et ses émeraudes s'arrondissent, choqué.
- Vous êtes trop forte... murmure-t-il, ahuri.
Je rougis brusquement, surprise, en le remerciant timidement, lui assurant que ce n'était rien.
Lucas ne perd pas son sourire, soudain beaucoup plus rassuré.
- D'ailleurs, est-ce que vous pouvez garder ma lettre, s'il vous plaît ? m'interroge-t-il, comme libéré d'un poids sur ses épaules.
Le voir si rayonnant après tous ces pleurs ces derniers temps me remplissait de joie, même temporaire.
- Bien sûr, Lucas. J'en prendrai le plus grand soin. lui promis-je en l'acceptant et l'arrangeant délicatement dans mon sac à main. Je vous la rendrai à l'hôtel.
Il m'observe avec une affection insoupçonnée dans ses émeraudes, murmurant tout bas un petit "Merci".
Je lui souris en lui assurant que ce n'est rien puis me concentre sur mon objectif.
Je secoue de nouveau ma tête avec vigueur, déterminée.
Je dois être embauchée.
Mon intuition me dit que j'y trouverai quelque chose lié à notre affaire.
Je l'espère. . . .
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