CHAPITRE 8 - Yuzuru
Il était dix heures du matin lorsque Shoma et moi avions passé les portes de la patinoire d'Osaka. J'étais impatient de voir les progrès de Shio et surtout de la revoir. Mon camarade prit une légère avance sur moi. Il me dit qu'il voulait vérifier si l'ex-championne était présente. Alors qu'il trottinait joyeusement, je le vis s'arrêter d'un coup. En arrivant à son niveau, je compris ce qui l'avait stoppé : Shio réalisait une pirouette cambrée sans aucun problème avec une perfection impressionnante. Alors qu'elle se redressait, elle nous remarqua et se dirigea rapidement vers nous avec un grand sourire. Elle nous prit dans ses bras en nous disant que nous lui avions manqué et nous félicitant pour nos performances qui avaient été retransmises en direct. Shoma me regardait avec un petit sourire, alors j'en déduisis que je rougissais.
Après avoir discuté de longue minutes de tout et de rien, mon ami et moi sommes parti nous changer. Puis nous montons sur la piste. Tandis que Shio continuait de travailler ses pirouettes, nous nous échauffions. Ensuite, nous avons travaillé chacun de notre côté pendant presque une demi-heure. Jusqu'à ce que je remarque Shoma ramasser un peu de la neige qui se formait autour de nous. Il me regarda avec une lueur espiègle dans les yeux. Sa main droite tenait une petite boule de neige qu'il lança en direction de Shio. Celle-ci, nous tournant le dos, se prit le petit amas sur l'arrière de la tête et lâcha un petit cri.
– Tu exagères, Yuzuru, lança Shoma bien fort. On attend un peu plus de sérieux de la part de notre champion.
– Quoi ? m'exclamai-je. Mais j'ai rien fait ! C'est toi qui l'a lancé...
À peine avais-je terminé ma phrase que je reçus de la neige. Je me tournais alors vers la responsable qui se contenta de faire un clin d'œil. Shoma, quant à lui, riait au éclat. Enfin, jusqu'à ce que Shio lui envois de la neige au visage et qu'il manque de s'étouffer avec. À partir de là, nous avons engagé en bataille de neige sur la patinoire. Cependant, celle-ci tourna rapidement à la course-poursuite. Finalement, nous nous sommes retrouvés à faire des courses de petits bonhommes jusqu'à la fin de la matinée. Nous avions tellement rigolé que j'en avais mal aux abdominaux.
Après avoir entendu tous nos estomacs se manifester les uns après les autres, nous avons décidé de sortir manger. Dans les vestiaires, Shoma me demanda si je comptais parler à Shio aujourd'hui. Je me contentais de hausser les épaules tout en sachant que si je lui répondais « oui » et que je ne la faisais pas, il m'énerverait avec jusqu'à ce que je le fasse et que si je disais « non » il me bombarderait de questions comme « Pourquoi ? » , ou alors « Quand est-ce que tu le feras ? ».
Bref, après avoir mangé, Shoma reçut un appel de sa coach. Il l'écouta pendant un long moment tout en hochant régulièrement la tête et ponctuant le tout de « hmm », « oui », « je comprends ». Lorsqu'il raccrocha enfin Shio et moi lui avons demandé en même temps :
– Alors, c'est grave ?
– Non pas du tout ! s'exclama-t-il en rigolant. Je devais aller Kyoto pour aider lors d'une campagne de publicité d'un sponsor mais ça a été annulé. Du coup je reste ici beaucoup plus longtemps ! Et ça te laisse un peu plus de temps pour le dire, Yuzuru !
Je sentis mes joues chauffer tandis que Shio nous regardait tour à tour.
– Dire quoi ? demanda-t-elle en fronçant légèrement les sourcils et en penchant la tête sur le côté.
– Rien, rien, répondit Shoma en souriant.
Suivirent quelques secondes de silence.
– Au fait, Shio, lançai-je finalement pour changer de sujet. J'ai peut-être une solution pour que tu puisses faire des sauts.
– Ah oui ? C'est quoi ? dit-elle avec des étoiles dans les yeux.
– Et bien, l'idée serait d'utiliser un harnais pour te soulever sans que tu sautes vraiment. C'est plutôt simple mais ça pourrais marcher. Qu'est-ce que tu en dit ?
– C'est du génie !
De retour à la patinoire, nous sommes allé voir s'il y avait un harnais que l'on pouvait utiliser. Une fois tout le matériel nécessaire rassemblé et quelques tests effectués, Shio fut attachée au harnais. Comme il fonctionnait avec un système de poulies au plafond, Shoma et moi nous sommes relayés pour tenir la corde tandis que l'autre vérifiait les mouvements que l'ex-championne faisait. Au début, Shio avait un peu paniqué lorsqu'elle s'était retrouvée suspendue au harnais, mais elle s'était vite habituée. Il a ensuite fallu qu'elle arrive à patiner sans être perturbé par le fait d'être harnachée, cela avait pris vingt bonnes minutes. Là, les choses sérieuses allaient pouvoir commencer. Shio se préparait à sauter quand elle a ralenti. Le harnais l'a soulevée et elle a réalisé un axel, au ralenti certes, mais réussi. Lorsqu'elle s'est reposée, elle nous tournait le dos et ne bougeait plus. Avec Shoma, nous nous sommes regardé puis nous sommes allé la rejoindre. Shio regardait fixement ses patins. Sur le coup, j'ai eu peur qu'elle fasse une crise d'angoisse ou quelque chose comme ça, puis j'ai vu son sourire.
– Ça peut le faire ! s'est-elle exclamée en se tournant vers Shoma et moi. Ça peut carrément le faire ! T'es un vrai génie Yuzuru !
Je lui ai répondu par mon plus beau sourire.
Nous avons répété l'opération plusieurs fois encore puis avec de nouveaux sauts.
Nous avons continué avec ce système pendant deux jours. Comme elle s'en sortait bien nous avons décidé de lui mettre des poids pour augmenter la difficulté. En cette fin d'après-midi, Shoma était rentré plus tôt, nous laissant donc seuls Shio et moi. Sans lui, nous ne pouvions pas utiliser le harnais avec la même efficacité. Tandis qu'elle travaillait sa biellman, je la regardais, accoudé à la balustrade. Je finis par l'interpeller.
– Dis, Shio, lançai-je alors qu'elle se tournait vers moi. Puisque tu t'en sort super bien avec les sauts attachée au harnais, tu ne veux pas essayer sans ? Si tu ne le sens pas je ne te force pas ne t'inquiètes pas.
Elle réfléchit un moment, puis me regarda droit dans les yeux.
– Je veux bien essayer seulement si tu reste pas loin.
– Je ne comptais pas m'éloigner de toute façon, lui répondis-je en souriant.
Alors que Shio se préparait à faire un flip, je m'écartais d'un mètre ou deux pour lui laisser suffisamment de place sans pour autant trop m'éloigner. Elle fit un trois en-dehors sur la jambe gauche puis piqua avec la droite avant sauté. Lors du saut, elle tourna légèrement avec sa jambe gauche croisée devant. Finalement, elle atterrit sur la jambe droite. Elle vacilla légèrement, mais suffisamment pour m'inquiéter. Je me rapprochais d'elle et l'aidais à retrouver son équilibre. Se faisant, l'écart entre nous était minime. Nous n'étions qu'à quelques centimètres l'un de l'autre. Les joues de Shio devinrent peu à peu rose lorsqu'elle prit conscience de cette proximité, mais ne s'éloigna pas pour autant. Je me sentais rougir tout autant plongeant mon regard dans le sien. Le temps semblait s'être arrêté. C'est alors que le bruit d'une des portes de la patinoire retentit. Shio rompit le contact visuel pour regarder dans mon dos. Je la vit écarquiller les yeux puis elle prit ses distance.
– Abeoji ! (Papa en coréen) s'exclama-t-elle.
Je me retournais et vis un grand homme vêtu d'un costume noir. Il arborait une expression dure. Je me demandais qui il était.
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Hey hey ! Voilà encore un des brouillons que j'avais d'avance profitez-en ;)
D'ailleurs j'ai failli oublier de le poster.... Bref je croise les doigts pour réussir à écrire la suite et on se retrouve la semaine prochaine (si j'oublie pas lol)
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