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Maison Aldermine

Après leur échange dans le bureau, Elias dut suivre la matrone vers les étages inférieurs. Il s'autorisa un soupir de soulagement lorsque la porte coulissante se referma derrière eux, scellant l'accord qu'il avait passé avec le maquereau. Un soupir qu'il ravala aussitôt.

Conformément à ce qu'il avait affirmé à Marcos, il était pleinement conscient de ce qu'il venait de brader.

Sa dignité pour manger à sa faim.

Son corps pour dormir au chaud.

Son temps pour vivre à l'abri.

Aucune fille n'était payée, à la Maison Adermine. C'était un piège pernicieux dans lequel on se laissait volontairement capturer, faute de mieux. Un piège dont on ressortait aussi pauvre qu'on y était entré, avec quelques années derrière soi.

Contrairement à la majorité des établissements similaires, leur rémunération glissait directement de la main du client à la poche de Marcos, qui en versait une première partie à Émeline – la seule à toucher un salaire si on omettait les gros-bras de la sécurité – et une deuxième à lui-même pour s'offrir des quantités indécentes de liqueur d'euphraise. Le reste allait dans la constitution des repas, le chauffage pour l'hiver, l'aménagement des lieux, et tous les autres frais courants.

En repassant devant les couloirs du second, puis du premier étage, Elias put constater de visu que l'argent était bien employé : les portes ne laissaient filtrer aucun son et étaient faites d'un bois laqué du plus bel effet. Quant aux poignées cuivrées, elles brillaient comme de l'or sous la lueur des candélabres disposés à intervalles réguliers.

Il est vrai que la Maison Adermine faisait figure d'exception au sein des autres établissements de par la qualité de son accueil. La première chose que louaient ses clients, c'était le luxe des chambres, toutes drapées de tissus précieux, lumineuses et parfumées. Mais les filles aussi se distinguaient des employées des maisons concurrentes. Toutes étaient là de leur plein gré, et avaient conclu avec Marcos un contrat similaire à celui qui le liait désormais à Elias, et les rumeurs disaient que ça se sentait dans les services qu'elles offraient à leurs invités.

Le jeune homme poussa un grognement de douleur lors qu'ils atteignirent le rez-de-chaussée. Sa jambe droite était si faible qu'il avait dû se tenir à la rampe d'acajou tout au long de la descente, mais même ainsi son muscle atrophié le lançait atrocement. Em l'emmena à l'opposée de l'entrée par laquelle il était arrivé et lui fit passer un lourd rideau de velours rouge.

Ce côté de la demeure était bien moins luxueux que le précédent. À gauche, un long couloir qui tournait à angle droit et qui présentait une enfilade de petites salles dont Elias ne pouvait apercevoir le contenu. À droite, c'était le contraire : une unique pièce constituait toute cette partie de l'étage.

Cet endroit servait visiblement tout à la fois de cuisine, de réfectoire et de lieu de détente pour les filles. Contre les murs étaient disposés des fourneaux, des tonnelets et des caisses fermées, tandis que le centre était occupé par une succession ininterrompue de tables rectangulaires alignées bout à bout. Une demi-douzaine de jeunes femmes étaient d'ailleurs en train de dîner quand ils entrèrent, et mirent un terme à leur discussion animée pour jeter des coups d'œil curieux en direction d'Elias, qui le leur rendait bien. Lydia n'était pas parmi elles.

Em lui expliqua en l'entraînant à sa suite que c'était à lui de se faire à manger s'il avait faim. Il n'y avait aucun domestique à la Maison Adermine. Il n'était toutefois pas rare qu'une des filles fasse de la soupe pour toute la demeure, comme c'était le cas ce jour-là.

D'un claquement de doigts, la matrone lui indiqua de s'asseoir. Aussitôt, les filles s'approchèrent de lui comme un autour de lui comme une volée de moineaux autour d'un sac de graines, le pressant de mille questions.

« Comment tu t'appelles ?

— D'où tu viens ?

— Qu'est-ce que tu fais là ?

— T'es mignon, t'es un client ?

— Idiote, c'est évident que c'est le fils d'un client !

— Taisez-vous toutes les deux, et regardez comment il est habillé. Ta sœur travaille ici, c'est ça ?

— Laissez-lui un peu d'air, mesdemoiselles, ordonna Em d'un ton qui ne souffrait aucune réponse, vous pourrez toujours le soumettre à la question après qu'il ait mangé un peu ! »

Sur ces mots, elle posa un bol de bouillon fumant et une énorme tranche de pain devant Elias. Elle fusilla du regard les filles qui battirent prudemment en retraite à l'autre bout de la table, non sans quitter le garçon des yeux.

Durant les minutes qui suivirent, Elias ne prononça pas un mot. D'abord, parce qu'il était trop occupé à engloutir plus de nourriture qu'il n'en avait mangé au cours du mois passé, mais également parce qu'il ne se sentait pas vraiment à l'aise à être le point de mire de toutes ces attentions.

Elias n'était pas vraiment du genre timide, et s'adressait sans difficulté aux adultes depuis aussi loin qu'il s'en souvienne, mais il n'avait que rarement fréquenté de gens de son âge. Quant aux jeunes filles, il n'avait jamais connu que la sœur de son meilleur ami, Henriette, et sa propre sœur, mais c'était des situations très différentes. Les filles de la Maison Adermine étaient toutes plus vieilles que lui – moins que Em toutefois, qui avait déjà presque passé l'âge d'être mère –, mais ça ne l'empêchait pas de ne pas savoir ni où poser son regard ni quoi faire de ses mains quand elles lui parlaient.

Heureusement, Em ne leur laissa pas le temps de le houspiller à nouveau de questions. Sitôt eut-il fini son dîner qu'elle insista pour qu'il la suive en direction du couloir qu'il avait vu plus tôt. Ce dernier était en fait une succession de chambres vétustes, de simples cagibis bien loin de l'opulence des étages supérieurs. Les murs étaient de bois plâtré, ce qui était la norme pour les demeures modestes de Montsurat, mais le sol était en pierre. Certaines portes ouvertes laissaient entrevoir un matelas de tissu épais d'où s'échappait de la paille par endroits et des couvertures grossières.

« C'est ici que les filles dorment quand elles ont fini leur tour. Ta couchette sera celle-ci, continua Émeline en s'arrêtant près d'une porte proche du fond du couloir. »

Elias accorda à peine un regard à la pièce. De taille encore plus modeste que les autres et meublée de son seul matelas, elle était pourvue d'une petite fenêtre qui donnait sur la cour extérieure de la demeure. Une misère par rapport à la chambre dans laquelle il dormait lorsqu'il avait dix ans. Un miracle comparé à là où il avait passé la nuit précédente. Mais les yeux d'Elias étaient rivés sur la pièce du fond, ouverte.

Dans cette grande pièce trônait un gigantesque bac de cuivre susceptible d'accueillir une dizaine de personnes au bas mot. Il était rempli d'une eau claire dans laquelle se prélassait une fille de la maison à la peau mate et aux cheveux de jais. Une jeune femme aux courbes lascives...

... et entièrement nue.

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