L'ivresse dans les veines
Il voyait plus vraiment où il allait,
Il marchait
Ou du moins il titubait.
Il faisait nuit,
Une nuit fraîche,
Pourtant il mourait de chaud.
Le sang battait contre ses tempes,
Ses pieds se croisaient,
Il déambulait.
Ses phalanges à moitié ouvertes par les nombreuses bagarres.
Un cocard sur l'œil gauche
Et son visage amaigri par l'aigreur de ses sentiments.
Il marche d'un pas sans rythme,
Il ne voit rien,
Tout se confond.
Le sol semble bouger sous ses pieds,
Le sol semble trembler sous ses pieds,
Le sol ne le porte plus.
Il s'effondre.
Son visage frappe les pavés
Son arcade saigne.
Il tente de se relever,
S'accrochant au muret,
Il grogne.
Le sang coule sur sa peau gonflée et violacée,
Il a chaud, son propre sang semble circuler trop vite dans son corps,
Il s'appuie, il se hisse.
Puis chute de nouveau.
De tout son poids, il s'écroule sur la pierre froide.
Tout son corps est endolori.
Même sa voix.
Il n'émet quelques râles, rien de plus.
Pourtant il voudrait hurler ou pleurer, allez savoir...
Il ne ressent plus.
Anesthésié par l'alcool omniprésent dans son sang.
Il ne ressent ni la douleur de ses muscles, ni la souffrance de son esprit.
Pendant quelques minutes,
Un temps qu'il aurait voulu infini,
Il n'y avait plus rien qui comptait.
Plus rien qu'il ne pouvait ressentir.
"Anthony... C'est donc vrai : tu arpentes les rues."
Le blond lève son visage et tente de discerner la personne face à lui grâce à son œil valide.
C'est flou.
L'homme penche sa tête vers le Serdaigle au sol.
"Vilaine blessure."
Il reconnait le ton,
La voix,
Ça lui paraît être un vieux souvenir.
"Ça fait bizarre de se revoir ainsi..."
Il sent qu'on éponge son sang avec un mouchoir.
"Qu'est-ce que tu fous là Michael ?"
L'ami le regarde,
Un mince sourire sur les lèvres,
Il essuie encore la plaie.
"On m'a dit qu'un gars, un bagarreur alcoolique, allait du bar au cimetière tous les jours."
Anthony tente de rester concentrer,
De comprendre chaque mot de son ancien ami.
Et Michael observe celui qui avait toujours été sage et raisonné vautré sur le sol sale d'une rue de Londres.
"Je me bats pas. Bats plus..."
"Vraiment ? Et le moldu de la semaine dernière ?"
Peut-être que l'alcool ne l'a pas encore totalement embrouillé,
Ou peut-être que les émotions fortes reviennent toujours,
Peut-être que l'alcool n'aide pas à oublier.
"C'était son père, pas vrai ? Le père de Lisa ?"
Anthony relève le regard,
Son corps endormi réagit :
Ses poings se ferment, son cœur se serre.
"Il la frappait..."
Michael ne dit rien,
Il savait ça.
Lisa leur avait toujours dit.
"Il méritait que je lui casse gueule."
L'homme saoul voulut se relever,
Michael attrapa les mains de son ami et le tira vers lui.
"Elle me manque aussi."
Michael avait murmuré ces simples mots dans l'oreille du Serdaigle sans repère.
Elle avait été leur amie.
Elle aurait due être son avenir.
Anthony tituba et son ami le retint contre lui.
Sa main fourré dans sa poche il ferma sa main autour de la petite chose,
De leur promesse.
"Elle devait m'épouser... Après tout ça..."
Il a du mal à articuler,
Il a du mal à en parler.
Sa voix est bloquée dans sa gorge.
"Je sais..."
Il sentit l'étreinte de son ami se raffermir,
Il se laissa aller,
Il avait besoin de son ami.
"Je te raccompagne ?"
Michael continue de murmurer et de passer ses mains dans le dos de son ami.
Anthony reste là.
Las, fatigué.
"Je suis à l'hôtel... Hannah me laisse dormir sans payer..."
Parce qu'elle aussi connaissait le goût amer de la mort,
Comme Anthony,
Et qu'à ce goût-ci s'ajoutait le goût écœurant d'une promesse jamais tenue.
"On va chez moi."
Michael prit son ami par le bras,
Ils avancèrent de quelques pas,
Puis Anthony s'arrêta.
"J'dois aller la voir, j'dois..."
Et Michael s'arrête, Cherchant dans le noir de la nuit, Cherchant dans le silence de la nuit, Un mot qui console.
"On ira la voir demain, avec des fleurs."
Anthony Goldstein - Lisa Turpin - Michael Corner
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