On l'avait envoyé à la campagne. Sans un mot, il avait pris le train en direction de chez ses grands-parents, on lui avait juste dit :

"Théophane, tu fais chier !"

Théophane il s'en foutait, au moins là-bas, il y avait des oranges amères à perte de vue. Dans le sud, c'était là qu'elle poussait le mieux. En hiver, entre janvier et février.

C'est son grand-père qui lui avait montré les orangers c'est sa grand-mère qui les lui avait fait goûter.

C'était rare d'en voir en France, d'habitude, ces orangers là poussaient en Asie, alors Théophane il se sentait bien chanceux de voir les fruits orange sur les arbres épineux, pendouiller, plein de jus en eux.

Quand il arriva, on lui avait dit :

"Coucou mon grand !"

Ça c'était mamie. Et aussi :

"Alors Théo, t'as grandis dis-moi !"

Ça, c'était papi.

Il n'aimait pas qu'on l'appelle Théo mais c'était papi, alors ça passait.

Il avait répondu à ces deux phrases avec un sourire et un petit ricanement silencieux. Mine de rien, quitter la ville pour la campagne lui faisait du bien.

Ils étaient tous allés dans la grande maison en pierre. Elle datait de l'avant guerre, la première. Et était restée en bonne état. Alors c'était là qu'ils vivaient, papi et mamie.