Assis sur son lit, du jus d'orange sur les doigts, Théophane se parlait à lui même dans sa tête. Chaque jour c'était un nouveau sujet, une nouvelle discussion. Il fallait peut-être rajouter cela dans la liste de ce qu'il aimait, en tout petit, en-dessous des oranges amères.

Il trouvait ses parents pathétiques. Englués dans une vie pathétique. Avec une famille pathétique. Seul lui, était plus ou moins correct, il était cependant conscient de ses défauts, un peu trop nombreux. Comme une feuille de papier froissé, les craquelures, les défauts, n'ajoutaient que du cachet. Mais pour ça, il fallait un papier rare, avec de la valeur. Ça n'était pas le cas de ses parents. Encore moins de sa sœur.

Les longues journées passées sur la pergola avec des amis, à trinquer avec bouteilles de bière bon marché, à gueuler sur une télévision qui passe la tête du président ; tout ça, il trouvait ça pathétique. Alors quand ils lui avait dit que s'il ne savait pas quoi faire il allait pouvoir reprendre l'entreprise familiale, c'était son monde qui était devenu un peu plus noir.

Il ne voulait pas du pathétique de sa famille. Comme une malédiction, il redoutait cet instant.