— Ino a sûrement fait un cauchemar, je vais voir.

Il ne la retint pas. Bizarrement ce fait lui fit mal.

Elle aurait préféré qu'il la retienne. Non pas qu'il la laisse partir comme ça.

Elle se détourna de lui et sortit de la pièce.

Elle soupira longuement tentant de calmer son cœur meurtri alors qu'elle remontait les marches de l'escalier. Elle n'aurait jamais cru qu'il allait prendre le parti de son père. Ce qu'elle trouvait bête après la façon dont il l'avait traité.

Elle comprenait ce qu'il essayait de dire, mais prétendre protéger quelqu'un tout en inculpant un autre c'était inadmissible. Elle ne cautionnait pas.

La lumière s'estompa.

La pièce plongea dans l'obscurité totale.

Sa respiration se bloqua, son cœur rata un battement.

Hinata se stoppa.

Une coupure de courant.

Ce n'était que ça.

La lumière allait être rétablie d'une minute à une autre. Rien de grave.

Elle ferma les yeux et expira.

Il n'y avait rien à craindre, pas vrai?

Elle entendit tout à coup quelque chose se briser. Son cœur s'emballa.

Sa tête pivota en bas des escaliers. Le son provenait du salon.

Du calme, souffla-t-elle pour elle-même.

Naruto.

Ce devait être lui. Il avait sûrement fait tomber quelque chose par accident à cause de la subite panne de courant. Ça ne pouvait être que ça.

Elle rit nerveusement.

L'obscurité avait toujours réveillé en elle un sentiment de peur qu'elle peinait à refouler. Cachée au plus profond de son être, elle la rongeait de l'intérieur, tentant désespérément de surgir et de la dévorer toute entière. Toutefois, elle avait appris à la contenir. Du moins, de ne pas la laisser la consumer et ce n'est pas ce soir que cela allait changer.

Il n'y a rien, idiote.

Malgré cette parole qui visait à la remettre de ses émotions, elle n'arrivait pas à se débarrasser de cette impression bizarre qui avait élu domicile dans son ventre noué par la peur.

Elle souffla un bon coup et remonta les dernières marches de l'escalier.

Tu te fais toujours des idées.

Le bruit sourd et le cri étouffé qu'elle perçut firent ressurgir son inquiétude. Un frisson lui remonta l'échine, la faisant vibrer de la tête aux pieds. Son cerveau se déconnecta de la réalité un millième de seconde, le temps que les bouchons ne se mettent en place et que la lanterne s'éclaire dans son esprit.

Ino.

La brune courut jusqu'à la porte qu'elle actionna. Celle-ci ne s'ouvrît pas. Elle écarquilla des yeux avec effroi.

Elle appuya sur la manche encore et encore.

— Ino !

Elle frappa contre la porte.

— Ino, ouvre-moi!

Elle n'obtint aucune réponse et enchaîna les coups de plus en plus puissants contre la surface en bois.

La peur se répandit en elle comme une nuée de fourmis volantes déferlant dans le ciel.

— Ino s'il te plaît réponds-moi.

De l'autre côté, un corps heurta durement la porte qui vibra sous le choc. Elle sursauta et recula d'un pas.

Un grognement rauque lui parvint.

— Hinata aide-...

La voix de son amie mourut. A la place, elle perçut des gémissements plaintifs.

Quelqu'un retenait Ino.

La brune se déchaîna sur la porte.

— Naruto ! Hurla-t-elle.

Elle l'apostropha tout en cognant contre la surface boisée.

Une peur sans nom déformait désormais son visage. Sa respiration se faisait courte à chaque bouffée d'air. Son cœur martelait sa cage thoracique au rythme des coups et les larmes lui montaient aux yeux.

La brune ne comprenait rien à ce qui se passait et le sentiment de faiblesse qui prenait place en elle ne l'aidait en rien. Elle ne savait que faire à part crier le nom du blond et cogner contre la porte.

— Naruto !

Elle entendit des bruits de pas dans les escaliers. L'espoir naquit en elle. Il allait faire quelque chose.

Elle tourna la tête lorsqu'il arriva presque à son niveau. Malgré l'obscurité, elle discerna deux orbes non pas bleus mais noirs, appartenant à un homme plus grand qu'elle de trois têtes et dont le visage était dissimulé sous une capuche.

Son cœur cessa de battre. Une larme glissa sur sa joue.

Ce n'était pas Naruto.

Hinata n'eut le temps de réagir qu'il l'empoigna par la gorge. Elle ouvrit grand les yeux et apposa ses mains sur son bras alors qu'il l'a soulevait du sol. Elle gigota dans tous les sens tentant désespérément de desserrer sa prise. Mais plus elle bougeait, plus sa prise de raffermissait au point qu'elle ne puisse plus respirer.

Il la plaqua contre le mur. Sa tête vibra sous le choc. Elle grinça des dents.

Ses doigts s'enfoncèrent dans sa chair. Elle ouvrit la bouche à la recherche d'air. En vain. Ses poumons prirent feu.

Hinata paniqua.

Elle asséna son assaillant de coups sur le bras mais ça ne semblait rien lui faire. Il ne faiblissait pas le moins du monde contrairement à elle qui se vidait peu à peu de ses forces.

La fin était proche.

Elle le savait. Elle ne pouvait rien contre cet homme deux fois plus fort qu'elle. Un homme habitué à tuer de sang froid. Ses spirales noirs ne trahissaient aucune hésitation. Ils ne reflétaient que haine et désir de meurtre.

Elle allait mourir des mains d'un meurtrier dont elle ne voyait même pas la face.

Les larmes ruissellèrent sur ses joues.

Les battements de son cœur se firent plus rapides. Son emprise autour du bras de son assaillant se relâcha, ses paupières se firent de plus en plus lourdes.

Ses pensées s'embrumèrent. Plusieurs événements de sa vie défilèrent dans son esprit. Notamment ceux avec ses amis. Elle n'allait plus jamais les revoir, plus rire avec eux. Ni eux, ni Naruto.

« — Reste forte pour moi. »

Comme elle aimerait lui présenter ses excuses. D'abord parce qu'elle s'était emporté contre lui et n'aurait pas l'occasion de se réconcilier avec lui. Et ensuite parce qu'elle n'avait pas su être forte, pas assez.

Les membres de sa famille aussi défilèrent dans son esprit. Hiashi et oncle Hizashi, Hanabi et Erein. Même Neji.

Neji-nee !

« — j'y crois pas, tu pleures encore ? Qui t'a embêté cette fois ? Commença-t-il. Je ne serais pas toujours là pour te protéger alors si un jour tu te retrouves face à un adversaire plus fort que toi, vises toujours son point sensible. »

Hinata ouvrit subitement les yeux.

Son regard croisa celui de son adversaire qui sembla surpris qu'elle n'abandonne pas encore.

Déterminée à respirer mais surtout à vivre, elle attrapa fermement son poignet. Au lieu de gaspiller son énergie inutilement en gigotant comme un oiseau en cage, elle usa de ses dernières forces pour lui mettre un coup de pied monumental dans ses parties intimes.

L'attaque surprise lui coupa le souffle. Il la lâcha et se plia en deux.

La brune tomba. Elle prit une grande bouffée d'air puis toussota tout en se tenant le cou.

Il manquait de peu.

— Fait chier ! Grogna son assaillant.

« — Ensuite, profites du fait qu'il soit déstabilisé pour t'enfuir. »

Réalisant qu'elle n'était pas encore sortie d'affaire, Hinata tenta de se relever. Elle eut le tournis et se prit la tête entre les mains.

« — T'auras qu'une minute. Pas plus. Peut-être moins. Tout dépendra de la force de ton attaque. T'as donc intérêt à profiter de ce laps de temps et déguerpir. Compris ? »

Tant bien que mal, elle se remit sur pieds. Elle n'eut le temps de mettre assez de distance entre eux qu'il la jeta dans le sens inverse de sa direction. Elle lâcha un cri de douleur en heurtant le sol.

— Je vais te faire regretter ton geste, connasse.

« — Dans le cas échéant, dis-toi que c'en est fini de toi... »

Avec effroi, elle le vit avancer lentement vers elle. Comme un prédateur qui calcule sa proie. Il fit craquer ses articulations. Elle déglutit.

« — Là il ne te reste plus qu'à prier pour que je ne sois pas loin ou pour qu'il y ait un miracle. »

Il n'y avait aucun moyen possible pour elle de lui échapper. Il allait faire qu'une bouchée d'elle.

Elle ferma les yeux, s'attendant au pire. Il fit un bond.

La porte de la chambre se décrocha soudainement du mur. L'adversaire de Hinata se la reçut en pleine face et tomba. Le corps d'un autre homme atterri au sol. Il venait de perdre. connaissance.

Bouche bée, la brune vit Ino, pantelante, tenir une batte de baseball en mains. Arme qu'elle avait utilisé pour assommer son bourreau.

La blonde lâcha son arme de fortune tandis que la brune se releva.

Leurs regards se croisèrent. Le cœur battant à tout rompre, elles se jetèrent l'une sur l'autre pour un câlin.

— Ça va ? Demanda Hinata. Rien de casser?

— Non et toi ?

— Non plus.

Leurs voix brisées résonnaient à peine.

Elles échangèrent à nouveau un regard. Plus capable de se retenir mais surtout mortes de trouille, elles fondirent en larmes en se serrant dans les bras l'une l'autre comme si leur vie en dépendait.

— Qui sont ces gens ? Qu'est-ce qu'ils nous veulent? Couina Ino.

L'Akatsuki.

Ce ne pouvait être qu'eux.

— Faut qu'on appelle la police, sursurra Hinata.

La blonde acquiesça.

— Naruto est passé où !?

La jeune femme écarquilla des yeux se rendant compte qu'elle l'avait presque oublié.

Quelque chose n'allait pas.

Il n'avait pas répondu quand elle l'avait appelé. Elle avait pourtant crié assez fort. Il était au rez-de-chaussée quand elle l'avait laissé...

Et c'est de la aussi qu'était venu l'homme qui s'en était pris à elle.

— Oh non !

— Quoi ?

Yamanaka regarda autour d'elle sur le qui-vive.

— Qu'est-ce qu'il se passe ?

L'un des assaillants grogna. Elles devaient déguerpir avant qu'ils ne reprennent conscience.

Hinata prit la main de son amie dans la sienne et ensemble descendirent les escaliers.

L'inquiétude s'immisça en elle. Ses yeux s'humidifièrent. Se mordillant la lèvre, elle priait que rien arrive au blond. Mais surtout, qu'il soit en vie.

— Naruto ? Apostropha-t-elle en arrivant au salon.

L'Hyuga n'eut droit en retour qu'à un silence seulement entrecoupé par sa respiration et celle de Ino.

Son ventre se noua.

— Naruto ? Héla la blonde.

Pas de réponse.

Elles se jetèrent un coup d'œil craintif. Ino serra la main de sa camarade dans la sienne.

L'électricité choisit ce moment pour revenir. Elles furent aveugler quelques minutes.

Une fois de nouveau accoutumée à la lumière, elles découvrirent le corps inerte de l'Uzumaki au sol. Hinata se raidit sur place tandis que Ino la lâcha pour s'approcher de lui.

En faisant le tour de la salle du regard, ses yeux percutèrent ceux de Nagato, assis un peu en retrait et qui les observait le sourire aux lèvres.

Son sang se glaça.

Il lui fit un clin d'œil.

Ce regard, elle le reconnaissait.

Elle en était certaine, c'était Nagato l'homme caché dans l'obscurité et qu'elle avait vu adossé à la Mercedes de Toneri. L'Otsutsuki était bel est bien le complice de l'Akatsuki.

— Bien. Je crois qu'on peut parler maintenant. Hein, mesdemoiselles?