~29~
Installée à l'arrière, dans l'un des derniers rangs de l'amphithéâtre, Hinata griffonnait des mots incompréhensibles au même rythme que les paroles de Gaï Maito — professeur d'éthique appliqué — remplissaient le silence. Le menton dans la paume de sa main, les sourcils légèrement plissés, elle avait le regard rivé sur la feuille blanche qui noircissait à vue d'œil, à mesure qu'elle prenait note.
Elle ne se rappelait plus la dernière fois qu'elle avait été aussi attentive durant un cours. Ces derniers temps, elle avait souvent la tête dans les nuages et ce à cause de Naruto Uzumaki, raison même pour laquelle elle était si concentrée aujourd'hui.
A l'évocation de son nom, elle se crispa et lâcha le stylo qui rencontra le papier. Lentement mais sûrement, des vagues de chaleurs envahir son minois à mesure que les souvenirs de la nuit précédente affluèrent dans son esprit.
Ses doigts se posèrent instantanément sur ses lèvres qu'elle caressa doucement. Elle avait encore la sensation de ses lèvres brûlantes contre les siennes. Elle ferma les paupières, se remémorant les événements de la nuit dernière.
Elle repensa à la façon dont il l'avait délicatement embrassé, les mains posés sur ses hanches, son buste collé au sien. La façon dont leur cœur battait à l'unisson, à un rythme effréné digne des plus grands coureurs de marathons. La façon dont il l'avait porté dans ses bras puissants jusqu'au lit. La façon dont il l'avait regardé tout en prononçant son nom de manière si sensuelle...
Un sourire pointa à l'horizon en même temps qu'un frisson lui traversa l'échine.
Sans crier gare, elle plongea furtivement la tête dans ses mains ce qui interpella ceux autour d'elle.
C'était plus fort qu'elle, elle n'arrivait pas à contrôler ce flux de ravissement qui s'écoulait dans ses veines. Elle n'aurait jamais cru Naruto possible d'autant de douceur et de passion envers elle. Ça paraissait si irréel qu'elle n'arrivait à s'y faire. Pourtant tout ceci relevait bien de la réalité : Naruto Uzumaki l'avait embrassé.
Son cœur fut submergé d'une joie immense. Décidément le blond avait le don de lui retourner le cerveau.
Une petite pression sur son épaule la fit sortir de sa rêverie. L'Hyuga releva la tête et fit face à un garçon brun aux yeux verts qui arborait une mine inquiète.
— Tu vas bien?
Gênée, elle lui offrit un petit sourire tout en hochant la tête. Il lui rendit son sourire puis se concentra de nouveau sur le professeur.
Sans grande conviction, son regard ricocha sur plusieurs visages avant de s'arrêter sur Tenten assise deux rangées plus bas et qui l'observait. Prise la main dans le sac, la brune aux couettes dévia les yeux.
Depuis leur dispute, c'était la même histoire. Que ce soit avec Sakura, Ino et Tenten, elles se lançaient que des regards sans jamais s'adresser la parole. Elle avait tenté à maintes reprises de les approcher mais en vain. Elles avaient été clair : parler à Naruto signifiait mettre une croix sur leur amitié. Et elle avait choisi.
Hinata soupira puis reprit sa position initiale : menton dans la paume de la main et stylo dans l'autre. Bien décidée à garder les pieds sur terre, elle braqua ses iris gris sur son professeur d'éthique appliquée.
La cloche retentît. La brune rangea ses effets et sortit de l'amphithéâtre assez rapidement. Elle se fraya un chemin parmi les étudiants et s'arrêta devant le premier distributeur de boissons pour une bouteille d'eau fraîche qu'elle acheta et porta à ses lèvres.
À peine eut-elle le temps de fermer les yeux, de profiter de la saveur glacée de l'eau et de rouvrir les paupières que Sasuke se tenait devant elle.
— Salut !
Surprise, La jeune femme faillit s'étouffer avec son breuvage. Elle toussota, la main portée à son cou. Le brun lui tendit un mouchoir qu'elle s'empressa de prendre.
— Je ne pensais pas que je te faisais autant d'effet.
— Très drôle.
Remarquant qu'il était vêtu de l'uniforme, elle écarquilla des yeux.
— Tu fais quoi ici ?
— Ça ne se voit pas ? Je suis un étudiant comme toi.
— Mais... tu prenais des cours en ligne pour pouvoir aider Itachi à la gestion de l'entreprise. L'année est presque à sa fin, il est...
— Justement, l'année est presque fini. Moi aussi je passe les examens comme tout le monde, tu oublies ? Les examens je ne les passe pas en ligne.
— Pourtant l'année dernière tu...
— L'année dernière, c'est l'année dernière, Hinata.
— Tu vas arrêter de me couper la parole ?
L'Uchiha haussa des épaules. Elle roula des yeux.
— Tu aurais pu me prévenir.
— Et gâcher l'effet de surprise?! Très peu pour moi. Tu fais quoi tout à l'heure ?
— C'est une invitation à sortir avec toi ?
Il parut surpris, grand bien lui fasse !
— Dans tes rêves, Hyuga.
Elle rit.
— Je fais rien. Aux dernières nouvelles, je suis privée de sortie.
— Rappelles-moi, tu as 16 ans c'est bien ça ?
Son air outré le fit pouffer.
— Eh bah, qu'avons-nous ici.
Shikamaru fit son apparition. Il s'adossa au distributeur de soda, les bras croisés et les regarda à tour de rôle.
— Je pensais te voir débarquer la semaine prochaine.
— Ah parce que t'es au courant.
La tête d'ananas lui fit un clin d'œil puis se tourna vers l'Uchiha.
— Ça tombe bien que tu sois là.
— J'ai quelques petits truc à régler ici en plus des examens.
— J'imagine que ça ne pouvait pas attendre une semaine de plus.
— Plus tôt on s'en charge, mieux c'est.
Hinata les observa minutieusement. Pour une raison inconnue, elle avait l'impression que Shikamaru savait parfaitement de quoi Sasuke parlait. Ce petit sourire au coin que chacun arborait et cette façon qu'ils avaient de se regarder dans le blanc des yeux la mirent sur la voie.
— De quoi est-ce que vous parlez ?
— Rien.
Cette réponse fut trop rapide pour paraître normale. Cela ne fit qu'attiser sa curiosité.
Nara jeta un coup de rapide autour de lui et tiqua.
— D'ailleurs on doit y aller, pas vrai Sas'ke ?
Le regard rempli de sous-entendus qu'il lança à l'Uchiha en plus du léger mouvement de tête lui indiquant de le suivre la poussèrent à sérieusement se poser des questions.
— Ouais.
— Ah, on se voit plus tard, je t'appellerai pour t'informer du lieu. A plus, dit Shikamaru
Ils s'éloignèrent à pas de course. Elle les vit se rapprocher de Suigetsu d'une façon beaucoup trop enjouée pour être naturelle. Elle secoua négativement la tête. Quelque soit ce qu'ils préparaient, ça n'annonçait rien de bon.
Shikamaru Nara et Sasuke Uchiha, chacun de leur côté, c'était une chose. Mais les deux ensembles, elle craignait le pire.
Remarquant Kiba et Tamaki discuter joyeusement tout en avançant dans sa direction, elle se souvint de la misssion qui lui a été confiée.
— Le journal, souffla-t-elle pour elle-même.
l'Hyuga se mit au milieu du passage, les attendant de pieds fermes. Ils ne semblaient pas l'avoir remarquée mais lorsque ce fut le cas, l'humeur du garçon changea du tout au tout. Son sourire fut vite remplacé par un grimace et son visage se ferma. Le cœur d'Hinata se comprima dans sa poitrine.
— Tu bloques le passage.
Le ton sec et glacial qu'il employa la surpris au point de faire trembler sa lèvre inférieure. Elle serra des poings pour se donner du courage.
— Je le sais.
— Là, tu m'empêches de passer.
— Kiba, on doit parler.
— On a rien à se dire.
— Tu vas arrêter d'agir comme un gamin, souffla-t-elle.
— Si pour toi ne plus parler à un criminel et à des traîtres c'est être un gamin alors oui, je le suis.
Il tenta de la contourner. Elle l'attrapa par son t-shirt et le plaqua contre le mur. Les étudiants qui avaient assisté à la scène inopinée sifflèrent.
— C'est qu'elle a des crocs l'Hyuga.
— J'aimerais bien être à la place de Kiba.
La brune leur lança un regard de réprimande et ils disparurent.
— Qu'est-ce qui te prends Hina? S'étonna Tamaki. Lâches-le.
— Ne te mêles pas de ça. Va-t-en s'il te plaît.
Elle refusa mais s'y contraint après la demande silencieuse du brun. Restés seuls dans les couloirs, Hinata le lâcha finalement.
— Qu'est-ce tu me veux ?
— Parler.
— A propos de quoi?
— Du journal de ton père.
— Quel journal?
— Celui où il écrivait toutes les informations sur le gang d'Orochimaru.
Plusieurs émotions le traversèrent. Stupeur. Incompréhension. Peine. Regrets. Mais c'est submergé par l'indignation qu'il s'emporta.
— T'as du culot de me demander ça Hinata. Ne me dis pas que c'est pour cet enfoiré de Naruto. C'est lui qui t'a envoyé c'est ça?
— Non, loin de là. Naruto ne connait même pas l'existence de ce journal.
— Mais évidemment c'est pour lui que tu me le demandes. D'ailleurs comment es-tu au courant ?
Elle resta muette. Son irritation s'accentua. Il fit les cent pas.
— Putain ne me dis pas que t'es aveugle à ce point ! Ragea-t-il. C'est parce que tu l'aimes toujours que t'es prête à te sacrifier pour cet idiot? Ce que tu peux être conne parfois.
— Hé tu parles pas à Hinata comme ça, intervint Shino.
— Tiens, voilà l'autre traître.
Heureusement que Tamaki, qu'il avait trouvé à la sortie du bahut, l'avait prévenue. Raison pour laquelle il avait déboulé.
— Je comprends que tu nous en veuilles mais ça ne te donnes pas le droit de mal nous parler, Kiba. On reste tes potes.
— Des potes ?!
L'Inuzuka ne put retenir le fou rire qui le plia en deux. Des potes... C'était à pisser de rire.
— Des vrais potes ne se poignardent pas dans le dos.
— Merde Kiba on se connaît depuis le bac à sables. Ce n'est pas à cause de ces broutilles que tu vas plus nous considérer comme tes amis.
— Sauf que moi ces broutilles, elles comptent. C'est à cause de ces dealers que mon père est mort alors excusez-moi de me comporter en "gamin" mais je ne pactise pas avec le diable.
— Naruto n'est pas comme eux et tu le sais, souffla Hinata les larmes aux yeux.
— Mais vous allez arrêter avec ça ? S'écria l'Inuzuka.
Il reçut un coup de poing qui le désarçonna et atterrit lourdement au sol, les yeux grands ouverts. Hinata, dans le même état d'ébahissement, porta sa main à sa bouche.
— Toi arrêtes, fulmina Shino hors de lui. Arrêtes de te voiler la face. Naruto n'a aucun lien avec ton père, d'accord? Ne le hais pas pour ce qu'il n'a pas fait merde!
Il tremblait. C'était la première fois depuis longtemps qu'il entrait dans une colère noire.
—Il a dealé, on le sait bien. Mais seulement pour survivre. Comparée à nous, sa vie c'était de la merde. Tu peux au moins comprendre ça, c'était pour survivre. Il n'a rien d'un criminel. Regarde-le de plus près. Tu penses vraiment que c'est un criminel?
— Les apparences sont trompeuses.
— Je vais te...
— Non Shino, s'il te plaît.
Hinata éclata en sanglots.
— Regardez où toute cette histoire nous mène. Ça ne vous fait pas mal à vous ? Parce qu'à moi, ça me brise le cœur. Vous êtes ce qui se rapproche au plus de mes frères et je ne supportes pas de nous voir en conflit.
Elle essuya ses joues du revers de la main.
— On sait à quel point la perte de ton père a été marquante, Kiba. Et on est profondément désolé mais ce n'est pas de la faute à Naruto. Il n'a rien avoir avec Orichimaru et sa bande. Il a juste été moins chanceux que nous dans la vie et n'a pas fait les choix les plus judicieux. On l'aide c'est parce qu'on croit en lui. Et si tu veux pas nous remettre le journal pour lui venir en secours c'est ton droit mais comme toutes les personnes de ce monde, il a droit à une seconde chance. Alors s'il te plaît, pardonne-lui.
— Pardonner à quelqu'un ne change rien au passé mais peut faire toute la différence pour l'avenir, renchérit l'Aburame.
Un mutisme les gagna. Après des secondes qui lui parurent une éternité, Shino soupira de frustration.
— Aller, viens Hinata, on s'en va.
La brune hocha la tête. Elle jeta un dernier coup d'œil à son ami au sol puis quitta finalement les lieux.
— Ce n'est pas Naruto que tu hais mais le fait de savoir qu'il a été dans un gang, dit Shino avant de partir.
Kiba, plus que contrarié, donna un coup de poing dans le carrelage froid.
— Fais chier.
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