~24~
Il n'avait pas quitté cette position depuis la nuit dernière. Il était resté assis, les bras reposant de part et d'autres de ses jambes écartées et tête reposant contre le mur. Il était resté comme ça depuis hier avec les yeux grandement ouverts, perdus sur un point invisible. Errant entre le réel et l'abstrait, il ne dicernait plus le vrai du faux. Et ne savait même pas si le bruit perpétuel qu'il entendait était l'œuvre de son imagination ou non.
Cela ressemblait à des coups portés contre sa fenêtre. Des coups qui s'intensifiait à mesure que le temps passait et qui ne semblaient pas s'arrêter. D'ailleurs était-ce vraiment sa fenêtre qu'on cognait ou lui-même dans un énième souvenir ? Il avait la sensation de se faire taper dessus à chacun de ces coups mais d'une autre part, ce bruit lui paraissait si loin qu'il ne savait plus. Tout était embrouillé dans sa tête. Il était complètement plaqué et n'avait pas la force, ni même la volonté de se sortir de cet état de latence dans lequel il était plongé, un peu comme quand il se droguait avant. Naruto déglutit avec difficulté.
Maintenant qu'il y pense, il en avait envie. Non, il en avait besoin. Juste un peu, histoire de se redonner de la force. Bien que nuisible, elle avait aussi ses biens faits. C'était un peu bête sur le coup, de se dire qu'il avait pu lutter contre l'envie et que pour une raison bête, il en avait soudainement besoin. Si Tsunade était là, elle l'aurait sûrement donné un coup sur la tête pour ça. Mais bon, il était faible, il n'avait plus la force de lutter. Et comme le disait Nagato, il était...
La fenêtre s'ouvrît brusquement, laissant s'infiltrer la lumière du jour. Naruto plissa les yeux et sa main fit office de barrière entre lui et les rayons du soleil. Shikamaru déboula dans la pièce et atterrit rudement au sol, tête la première. Il jura entre ses dents et s'assit finalement en tailleur. Sa main reposait sur sa tête qu'il massait doucement tout en maugréant contre lui-même. Son regard percuta celui du blond qui l'observait à peine. Il avait encore l'impression d'être dans un de ses souvenirs et dû scruter le brun un moment avant de se rendre compte qu'il n'était pas entrain de rêver. Shikamaru se trouvait vraiment dans sa chambre.
— Shikamaru, c'est toi ?
— Bien sûr que c'est moi, pauv' con, répondit le brun en s'époussetant les vêtements. Tu peux me dire ce qui te prends ?
Naruto pencha légèrement la tête sur le coté, les sourcils froncés, le questionnant du regard.
— Je cogne depuis tout à l'heure contre ta fenêtre et toi tu restes assis là sans m'ouvrir. J'ai dû forcer l'ouverture tsss. Et maintenant on doit payer la réparation de la fenêtre.
Alors il n'était pas en plein rêve, se dit-il mentalement. Le bruit perpétuel contre sa fenêtre était bien réel...
— Si j'avais su que t'allais bien, je me serais pas déplacer. Jiraya s'est fait un sang d'encre pour rien.
— Jiraya ? Répéta le blond un peu à l'Ouest.
— C'est lui qui m'envoie. Il est passé te voir ce matin mais tu n'as donné aucun signe de vie. Il s'est dit que t'étais peut-être parti un peu plus tôt à Ichiraku aujourd'hui mais tu n'y étais pas quand il s'y est rendu et personne ne t'a vu de la matinée. Alors il m'a demandé de te chercher, ce que j'ai fait. Tout ça pour te trouver enfermer dans ta chambre. T'aurais pu le dire que tu te sentais pas bien. Ç'aurait éviter à ton grand père de s'inquiéter et à moi de perdre mon temps. Geez ! Bientôt mon cours de l'après-midi et j'ai la flemme maintenant.
— Désolé, souffla-t-il, indifférent.
Ses yeux dérivèrent sur l'horloge qui indiquait treize heure et se rendit compte que non seulement il s'était égaré dans l'espace mais il avait perdu la notion du temps.
— Qu'est-ce qui t'arrive, t'as tes règles c'est ça ?
En temps normal, Naruto lui en aurait décrocher une pour avoir sorti une ânerie pareille mais il n'en avait pas la force aujourd'hui. Le jeune homme se contenta de baisser la tête.
Shikamaru plissa des sourcils à la vue du flacon jaune rempli de petits comprimés blanc que le blond tenait. Il s'en empara à la surprise de son ami qui le regarda hébété.
— Ça persiste toujours, je veux dire, tes cauchemars ? Ils ne se sont donc pas arrêtés ?
— Comment t'es au courant ? Demanda le blond, étonné car mis à part Oba-sama et son aïeul, personne ne savait.
— Jiraya m'en avait parlé un jour quand t'étais de service. Je présume que c'est pour ça que t'as l'air d'un zombie avec ces yeux rouges et ces grosses cernes. Tu as encore eu un cauchemar et tu n'as pas dormi.
Naruto dévia son regard du sien et resta muet. La tête d'ananas soupira.
— Ecoute, je suis ton ami. Tout ce que je veux, c'est pouvoir t'aider et je ne pourrais le faire si tu ne m'en donnes pas l'occasion.
— Sauf que tu ne peux pas m'aider Shikamaru. Tu n'en as pas le pouvoir.
— Ça c'est parce que tu restes renfermé sur toi. Comment veux-tu que je t'aide alors que tu ne te confie pas à moi ? Tu n'as pas confiance ?
— Tu sais bien que ce n'est pas ça.
— Alors quoi ?
— Ce sont mes problèmes.
— T'as pas trouvé mieux comme excuse ? Je sais très bien que ce sont tes problèmes, Naruto et regarde ce qu'ils font de toi. Tu es épuisé mentalement. Ça se voit que tu n'en peux plus.
Il marqua un instant de pause durant lequel il scruta son camarade, espérant une réaction quelconque de sa part mais le blond resta sans bouger, les yeux rivés sur le sol.
— Hinata et les autres aussi sont là tu sais ?! Nous sommes tes amis et nous voulons t'aider alors laisse-nous t'épauler.
— Vous ne comprenez rien, gronda l'Uzumaki. Je n'ai pas besoin de vous, d'accord ? Alors arrêtez un peu de vous mêler de ce qui ne vous regarde pas et gérez votre propre vie. Et puis qu'est-ce que tu fais ici, toi ? Va rejoindre les autres et éloignes-toi de moi, merde ! Arrêtez de perdre votre temps avec moi. J'en ai marre de vous avoir dans les pattes.
Nara se sentit vexé. Il tenta d'étudier son regard mais le blond évita tout contact visuel avec lui.
— Du coup tu décides de te la jouer solo ?
— Je suis nocif à vos vies, Shikamaru. C'est pour votre bien que je fais ça.
— Tu vas arrêter avec ces conneries ? S'énerva le brun.
— Putin écoutes-moi pour une fois, gueula Naruto.
— Sauf que là tu dérapes complètement. De quoi tu as peur ? Pourquoi tu t'obstines à nous fuir ? Il n'y a plus de gangs, Naruto. Cesses d'être renfermé, ce n'est pas comme ça que tu vas en venir à bout de tes cauchemars.
— J'ai dealé, j'ai été un criminel, Shikamaru.
— T'en fais pas, je le sais très bien. Et puis quoi ?
— J'ai failli tous vous envoyer en taule, hurla l'Uzumaki. J'ai pas hésité une seconde à me servir de vous pour vendre de la came. Vous étiez mes amis et pourtant je vous ai fait du mal. Et ne va pas me dire que j'y étais obligé parce que non, c'est faux.
Sa voix se brisa malgré lui. Alors qu'il pleurait, Naruto braqua ses pupilles sur son camarade qui lit dans ses prunelles toute la peine qu'il éprouvait.
— Personne ne m'a forcé à entrer dans un gang mais je l'ai fait. C'est facile de remettre la faute sur les autres et de me dire que j'y étais contraint mais j'ai également ma part de responsabilité. C'était mon choix. Maman consommait de la drogue, elle est morte à cause de ça. Je connaissais les effets néfastes de cette chose. J'aurais pu choisir une autre voie et malgré tout ça, je n'ai pas hésité à suivre Nagato.
— J'ai pas comme l'impression qu'il s'est pardonné, dit Lee.
— Moi non plus, renchérit Choji.
Surpris par leur interruption inopinée, Naruto et Shikamaru se tournèrent vers la fenêtre où ils virent se tenir Shino, Choji et Lee.
— Qu'est-ce que vous faites là ? S'enquiert le blond
— On attendait que Shikamaru nous aide à monter mais il a oublié. Du coup on a dû se débrouiller tout seul, expliqua Shino.
— Désolé les gars ! Choji faudrait que tu m'expliques comment t'as fais pour monter.
— Ta gueule, Shika.
— Alors vous étiez là depuis tout ce temps ?
Ils hochèrent la tête. L'Uzumaki se mordit la lèvre inférieure. Lee s'approcha de lui.
— Naruto, nous savons tous ce que tu as vécu et quelles sont les choix que tu as eu à faire. Au début on s'était senti trahi mais nous t'avons déjà pardonné. Mais toi, t'es-tu pardonné ?
Non, reconnut-il.
— Si on est là c'est qu'on s'en fout pas mal de ce que tu es et de ce que tu as pu faire, poursuivit Shino. Si on est là c'est pour t'aider.
— Alors partage nous tes peines, c'est pour ça que les amis existent, renchérit Choji.
— Cesses de nous rejetter et laisse-nous t'épauler, ajouta Shikamaru.
Ému, Naruto ne sût quoi dire et se contenta de hocher la tête. Il se décida finalement à leur raconter ses cauchemars, ce qui lui fit un bien fou.
Ensuite, ils passèrent tout l'après-midi ensemble dans la joie et la bonne humeur. Le cœur de Naruto n'avait jamais paru aussi léger qu'en ce jour et grâce à des cretins sur qui il pouvait compter.
Aux environs de dix sept heures, Shikamaru et les autres décidèrent de rentrer. Naruto les accompagna à la porte.
— Rentrez bien les gars, on se fera un partie de FIFA la prochaine fois.
— Comptes sur nous.
— J'apporterai la nourriture, dit Choji.
— Comme d'habitude, pouffa le blond.
Il les regarda s'éloigner puis décider de rentrer lorsqu'il les perdit de vue.
— Eh bah, alors comme ça c'était vrai, tu es vraiment de retour à Konoha. Ça c'est une grande surprise.
Naruto se stoppa net.
Le temps sembla s'arrêter. En une fraction de seconde, la peur s'empara de son être et les souvenirs affluèrent dans son esprit. Il eut l'impression que quelque chose se brisa en lui.
— C'est N qui sera content. Dis moi, tu comptais venir nous voir j'espère ? Tu nous as manqué, tu sais ?!
Naruto frissonna malgré lui.
Lentement, il se retourna vers son interlocuteur et eut l'impression que tout s'écroulait autour de lui alors que ses orbes rencontraient ceux de Deidara, membre de l'Akatsuki, le gang de N.
— La famille est de nouveau réunie.
Son sang ne fit qu'un tour.
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