Le réveil n'était jamais accompagné d'un chant de coq. Peut-être un peu partout ailleurs mais pas dans la ville de Konoha où l'on se levait chaque jour dans la tranquillité la plus absolue. En temps normal de tout évidence.

Aujourd'hui n'était pas un de ces jours. Ce matin là, Jiraya fût réveillé en sursaut par le bruit d'ustensils entrechoqués et de casseroles renversées. Sur le qui-vive, l'aïeul s'extirpa de son lit, descendit le plus rapidement possible au rez-de-chaussée et se dirigea en cuisine d'où émanait un énième bruit sourd, celui d'une marmite tombée.

Une bonne odeur de café et de toast l'accueillit lorsqu'il poussa la porte de la cuisine. Quelle ne fût sa surprise lorsqu'il vit Naruto se tenir derrière le fourneau de si bon matin.

—  Non mais t'as vu l'heure ? Se plains l'aïeul. Je peux savoir ce que tu fais ici ?

Le blond se tourna vers lui l'air surpris.

— J'imagine que c'est le brouhaha qui t'a réveillé, déduit-il. Désolé.

Il prit le thermos posé sur le plan de travail et renversa du café dans deux mug.

— Naruto ?!

Le jeune homme se retourna de nouveau vers son grand-père, en arquant un sourcil narquois. Un demi-sourire incurva sa bouche.

— Le petit dej ça ne se voit pas ?

Jiraya roula des yeux puis entra finalement dans la cuisine et s'installa sur une chaise. Naruto déposa l'assiette pleine qu'il tenait, sur la table.

— Pourquoi tu es debout à cette heure ?

L'Uzumaki se nettoya les mains à l'aide d'un torchon et pris les deux tasses fumantes qu'il posa sur la table qui les séparait. Le jeune homme s'installa sur une chaise en face de l'ermite.

— Tu as encore eu ces cauchemars c'est ça ? S'enquiert Jiraya en buvant une gorgée de son breuvage.

Naruto crispa légèrement ses mains autour de sa coupe. Il lui fallut quelques secondes avant de nier les propos de son grand-père. Instant de trop pour le vieil homme qui plissa les yeux.

Jiraya ne savait pas qu'il n'avait jamais arrêté d'avoir ces cauchemars. Pour lui et pour Oba-sama, ceux-ci avaient cessé depuis un moment. Un mensonge pur et net qu'il leur avait fait gober pour éviter de prendre ces cachets et ces gélules contre l'insomnie et le syndrome de stress post-traumatique au goût plus que répugnant de retour à la clinique. Et il ne comptait pas l'en informé aujourd'hui.

— Non.

— Tu en es sûr ?

— Ne t'inquiète pas je te dis, souffla le blond alors qu'il portait le mug à ses lèvres.

— Alors il s'agit de la fête d'hier avec Shikamaru, conclut l'ermite pas net.

Il prit un toast dans le plat en face de lui qu'il mît à peine deux secondes à engloutir.

— Ça c'est encore mal passé pas vrai ?

— Que veux-tu que je te dise ?! J'avais l'impression d'être dans une cage aux loups. Encore heureux qu'on ne sait pas battu.

— Heureusement ça tu l'as dit. Tu aurais encore fini déformé comme la dernière fois.

Naruto braqua ses orbes haineux sur son grand-père qui leva légèrement les mains en signe de capitulation. Il prit ensuite une autre gorgée de sa caféine. La sensation du liquide chaud circulant dans sa trachée lui fit un bien fou qui le força à fermer les paupières et profiter de ce moment... la seule chose de bien qui lui est arrivé depuis qu'il était rentré la veille. Une minute de courte durée car la voix de son aïeul s'immisça dans son esprit, l'obligeant à rouvrir les yeux.

— Ne portes pas leurs actions à coeur. T'en fais pas, d'ici peu ça ira.

— Et bah ils n'avaient qu'à prendre tout le temps qu'il leur faudra, je m'en fou complètement. Qu'ils me pardonnent ou non, j'ai déjà expié mes fautes.

— On sait tous les deux que tu ne penses pas un mot de ce que tu dis Naruto.

— Quand bien même, ils ne m'en laissent pas le choix. J'en ai plus que marre de me frotter à eux à chaque fois. Qu'ils vivent leurs vies, je vivrais la mienne.

— La ville de Konoha n'est pas si grande, vous vous croiserez tôt ou tard. Difficile de vivre sa vie dans une ville où tout le monde se connaît.

— Je m'en fiche je te dis. Je ferais en sorte de rester loin d'eux.

— Et Shikamaru et Hinata dans tout ça ?

A l'évocation du nom de la jeune femme, les souvenirs de la veille le heurtèrent avec violence. Le blond se mordit l'intérieur de la joue. Si Suigetsu ne l'avait pas interpellait alors qu'il dansait avec elle, Il l'aurait embrassé, aucun doute là dessus.

Il ne savait pas ce qui lui avait pris mais il s'était senti comme attiré, obnubilé par sa personne et Dieu, qu'elle dansait bien ! La jeune femme, sexy, sensuelle et sauvage, avait réveillé en lui un intérêt qu'il ne se croyait plus capable d'avoir pour quiconque. Et pour être honnête avec lui-même, il avait aimé ça. Sauf que ce fait l'effrayait énormément. C'était de Hinata qu'on parlait. Peut-être que sa gentillesse à son égard en était la cause. Si tel était le cas, alors sa décision s'appliquerait à elle aussi.

— Ils feraient mieux de rester loin de moi. Je veux pas leur apporter plus d'ennuis.

Jiraya eut un sourire triste. Voir à quel point son petit-fils rejetait les autres lui fit de la peine. Il se leva de son siège et déposa sa tasse vide dans l'évier.

— Je comprends tout à fait ton ressentiment mais je te conseillerais une chose, n'éloigne pas de toi ceux qui compte réellement.

Alors que le blond voulu le questionner pour en savoir plus sur ses propos, la sonnerie retentit à leurs oreilles, leur signalant l'arrivée d'une nouvelle venue. Naruto quitta la cuisine pour le hall d'entrée et fut surpris de découvrir la jeune Hyuga à la porte. En moins d'une seconde, sa surprise fut immédiatement remplacé par une mine renfrognée qui refroidit la brune.

— Qu'est-ce que tu ne comprends pas dans « laisse-moi tranquille » ?

Dans sa tête, la phrase lui paraissait moins rude. Il s'en voulut d'être aussi abrupt avec elle et de l'avoir mis mal à l'aise.

— Je... je suis désolé Hinata, mais tu n'as rien à faire ici. Je n'ai pas envie de te voir.

Il se détourna d'elle, elle lui attrapa la main, l'empêchant de partir. La paume de sa chaude main contre la sienne lui procura une vague de frissons comparable à un choc électrique de haute intensité. Son ventre se contracta. Il ferma les yeux, inspira et expira pour reprendre contenance.

— Attend s'il te plaît, ne pars pas.

— Qu'est-ce que tu veux ?

— Te parler.

Lentement, Naruto lui fit face, ce qu'il regretta de suite car son cœur s'emballa lorsqu'il plongea ses yeux dans les méandres gris de la jeune femme. Décidément il ne comprenait plus rien de ses réactions vis à vis d'elle.

— S'il te plaît, implora-t-elle voyant qu'il ne répondait pas.

L'Uzumaki concéda finalement à sa requête et la fit entrer dans la maison.  Son aïeul choisit ce instant pour apparaître. Il salua brièvement l'Hyuga et alla se coucher. Naruto l'entraîna ensuite vers le modeste salon où ils prirent place. Le jeune homme lui proposa à boire qu'elle refusa poliment.

Assis au sol les jambes repliées, il était face à Hinata qui regardait partout ailleurs sauf lui, le rouge aux joues. Voilà qu'ils étaient de retour à l'époque du lycée, pensa-t-il.

C'est fou comme elle pouvait changer de comportement aussi aisément. A peine hier elle lui donnait l'impression d'une séductrice aguerrie en dansant alors que là, elle avait revêtu sa tunique de timidité habituelle. Il ne la savait pas si bipolaire en fin de compte.

— J'aimerais te demander pardon pour hier soir, dit finalement Hinata.

Cette fois, elle le regardait dans les yeux. Toute trace de gêne avait disparu de son regard. Il y lit simplement du regret qui lui fendit le cœur.

— J'ai été idiote de croire que t'amener à cette fête pourrais t'aider à te changer les idées et à aller mieux. C'était bête de ma part.

— Oublie ça tu veux ? Dit-il. C'est pas grave, tu pensais bien faire.

— peut-être bien mais je m'y suis très mal pris. Ce que j'ai fais... eh bien ce que j'ai fais...

Hinata se pinça la lèvre inférieure, hésitante à parler, ce que Naruto remarqua mais préféra se taire et attendre patiemment.

— Ce que j'ai fait était purement égoïste. J'ai voulu passé plus de temps avec toi et alors je t'ai contraint à venir avec moi à cette fête sans penser aux conséquences. Et je suis profondément désolée. Je ne suis qu'une sale égoïste.

— Non ne dis pas ça.

— Pourtant c'est le cas. Tout ça parce que... tout ça parce je...

Il attendait, tranquillement sans interrompre. Elle pouvait lui dire, tout lui avouer sur ses sentiments et se libérer de ce fardeau qui dure depuis des années. L'occasion se présentait finalement à elle...

— Tout ça parce que je tiens à toi. T'es un ami qui compte énormément à mes yeux.

Et encore une fois elle s'est défilée. Ses épaules s'affaissèrent

Le blond se leva et s'approcha de la jeune femme qu'il prit dans ses bras. Il déposa ensuite un baiser sur son front et plongea ses orbes dans les siens.

— Je ne t'en veux pas Hinata. D'ailleurs excuse-moi pour ma réaction abusive. Ce n'est pas ta faute s'ils ne veulent pas de moi. Oublions tout ça d'accord ?

L'Hyuga esquissa un sourire et hocha lentement la tête quand il la lâcha. Ayant un autre sujet délicat à aborder, la jeune femme se tritura les doigts.

— D'ailleurs concernant hier soir, ce qui s'est passé entre nous...

— C'était une erreur, coupa-t-il.

Ne pouvant soutenir le regard rempli de stupeur et d'incompréhension qu'elle lui adressa, Naruto lui tourna le dos.

— J'avais trop bu. Je te demande pardon Hinata.

— Je vois.

L'atmosphère de la pièce chuta en une fraction de seconde. Un malaise s'installa entre eux. Il regrettait son geste  mais lui donner de faux espoirs ne leur servirait rien. Plus il la tiendrait loin de lui, mieux elle sera...