Elle dessinait des portraits en noir et blanc dans des multitudes de carnets,
Mais le miroir lui renvoyait une image troublée de son visage désolé.
Elle désirait capturer la beauté de tous les paysages et visages de l'humanité,
Mais elle se promenait dans les yeux mélancoliques de ses esquisses charbonnées.
Elle rêvait d'être cette femme grande et élancée dans les rues surpeuplées,
Mais elle se sentait minuscule parmi la foule de personnalités qui l'entouraient.

Elle distillait des milliers de mots à l'encre noire sur des feuilles aléatoires,
Mais ses maux ne trouvaient d'échos que dans la solitude de ses espoirs.
Elle voulait devenir celle qui touchait l'âme des autres grâce à ses proses,
Mais les parois de sa chrysalide étouffaient le papillon éperdu de métamorphoses.

Elle admirait les silhouettes de papier qui dansaient sur les pages de ses livres,
Mais elle préférait s'immerger dans des histoires plutôt que de les vivre.
Elle voulait retrouver autrui pour guérir de ses déroutes obsessionnelles,
Mais elle chérissait la pénombre rassurante de la solitude éternelle.

Des longues heures s'écoulaient et roulaient sur les aiguilles du fil de la vie,
Laissant son corps esseulé s'écrouler sur le parquet glacial de la névrose.
Elle n'existait que dans les mondes parallèles qu'elle avait patiemment bâtis,
Laissant ses démons lui infliger de profondes et invisibles ecchymoses.