Les cours fini les adolescents profitèrent du temps pas trop mauvais pour marcher vers le terrain à l'est de la ville. Les adultes évitaient cet endroit comme la peste et on leur avait toujours interdit d'y aller. Mais ce qui était interdit était toujours plus intéressant.

Surtout qu'ils ne comprenaient pas cette interdiction. On leur avouait du bout des lèvres qu'il y avait eu la guerre là-bas, mais la guerre elle avait eu lieu partout on voyait encore l'ancien palais complètement brûlé même à trois heure d'ici. Ce n'était qu'un terrain pas très bien entretenu d'où poussaient quelques brins d'herbes et où parfois on trouvait des objets rouillés comme des ceintures, des pointes de flèches. Chacun d'entre eux avait même sa collection d'objets trouvé ici qu'ils conservaient à l'abri du regard des adultes. Et pour accepter les plus jeunes dans leur cercle l'épreuve consistait à se rendre seul, en pleine nuit, sur ce terrain et d'en rapporter une des breloques.

Ils passèrent sous les barrières pour y pénétrer et saluèrent d'une même voix :

— Jor le fou nous voilà !

Car on disait l'endroit hanté, maudit. Du moins les adultes y croyaient quand les plus jeunes eux n'en parlaient que pour se faire peur. Jor le fou était le plus connus des fantômes, même si aucun des jeunes ne l'avait vu. Certains prétendaient l'avoir vu mais ce n'était que mensonge ou imagination.

— Bon on joue à la balle !

L'un fit apparaitre une balle et ils se la lancèrent, aux pieds, à la tête, avec la magie. Peu importe, ici pas de règle, juste s'amuser. A la fin le principe fut même plus d'atteindre ses petits camarades et d'éviter de se faire toucher que de se passer la balle. On ria des marques que la balle avait imprimé sur certains, des expressions des autres au moment du contact.

Quand le ciel commença à s'obscurcir chacun reprit joyeusement le chemin de la maison en s'envoyant des moqueries et des au-revoir, ignorant candidement qu'ils avaient jouaient sur un champ de cadavres, mort en espérant leur offrir un avenir meilleur.