Nous étions des milliers. Des anonymes, une vague de guerriers auquel on accordait aucune personnalité propre si ce n'est celle de partager les idéaux de l'empire en construction et aucun autre visage que celui de notre impératrice. Nous n'étions personne qui mérite d'avoir un nom et un visage, rien que le bras armée de Doremy, son arme la plus redoutable.

Nous n'étions qu'une vague de personne anonyme pour tous. L'histoire ne retiendrait pas nos noms mais ceux des généraux, la presse ne partagerait pas nos visages mais celui du gouvernement. Nous n'étions rien. Juste ceux qui garantissaient leur existence.

Nous étions ceux que l'ennemi craignait. Les bras qui les tuaient étaient les nôtres. Nos pas étaient les premiers à écraser leurs terres, et c'était sous nos pieds que se faisait les conquêtes de toutes ces terres, de tous ces pays, de toutes ces planètes. Les derniers visages qu'ils voyaient avant de trépasser étaient les nôtres et leurs expressions de terreur hantaient nos pupilles et nos nuits.

Nous n'étions qu'une vague de guerriers que les vaisseaux de l'empire déversaient par milliers pour submerger des peuples qui n'avaient rien demander. Nous devions tuer, détruire, conquérir sans craindre de périr. Nous devions repousser l'empire ennemi, l'empêcher de prendre des terres, en soumettre plus que lui.

Nous étions Doremy. Et Doremy c'est nous. Nous qui l'avons conquis de la force de nos bras et de nos larmes de désespoir. Nous qui avons obéit aveuglement aux ordres parce qu'ils venaient de notre impératrice adorée, notre idole. Jamais pourtant elle ne posa son regard sur nous, jamais pourtant elle ne connut nos noms. Pour elle nous n'étions rien. Et pour elle nous sommes morts.

Son palais, vos maisons, ils ont construits sur nos cadavres. Mais comment pourriez-vous en avoir conscience nous qui pour vous n'étions rien ?