Un amour sans-abris
Elle a l'air accablée,
Engoncée dans son manteau.
Elle a l'air fatiguée,
En prenant cette photo.
Elle s'assit sur ce banc,
Un peu en titubant.
Elle regarde ce cliché,
Qu'elle préfère cacher.
Elle a déjà du mal avec ses dents jaunies.
À son dernier repas, elle a encore vomi.
Alors évidemment, elle est affamée.
Elle essaie d'ignorer cette odeur de fumée.
Elle imagine qu'elle a de la monnaie.
Ce serait sa paie qu'elle venait de gagner.
Son manteau est un peu vieux à présent,
Et cet appareil est son seul présent.
Les passants la regardent et l'ignorent.
Elle voudrait leur dire qu'ils ont tort.
Et si elle racontait qu'elle était photographe ?
Qu'elle prenait en photo certains chorégraphes ?
Elle se demande si on la croirait !
Évidemment, ça n'a pas duré.
Elle baisse la tête, l'évidence l'a rattrapée.
La vérité n'attend pas pour frapper
Elle vient, elle rentre avant qu'elle ne s'en réjouisse.
Elle crispe inutilement un poing sur sa cuisse.
Elle se rappelle avoir perdu son boulot
Quand la société a considérée qu'ils étaient trop.
Finalement, elle se lève, elle va rentrer chez elle.
Une fois-là, elle nettoie sa parcelle.
Elle vit dans une tente, seule et sans sou.
Elle en veut finalement un peu à Picsou.
Elle rigole d'être plus pauvre qu'un canard.
Finalement, c'est bien lui le veinard !
Le lendemain, elle revient à la même place.
Elle soulève le banc et le déplace.
Au moins, maintenant, elle ne sentira plus ces odeurs.
Elle regarde son ventre qui crie comme un boudeur.
Elle sourit, elle voudrait pleurer.
Mais elle tient bon, c'est tous ce qu'on ferait !?
Elle ignore encore que cet homme qui s'approche,
Sera son secours dans un avenir proche
Elle le voit arriver,
Le regarde à la dérobée.
Finalement, il passe.
Et elle s'agace,
D'espérer encore dans sa situation,
Aux belles histoires d'amours qu'on voit dans les fictions.
" Tant pis ", se dit-elle, si ce n'est pas maintenant, ce sera jamais !
Elle aurait juste voulu être encore aimée.
Elle est seule, ses parents veillent sur elle.
Ils lui répétaient qu'elle était belle.
Alors en y repensant, elle ressort la photo d'hier,
Un peu tristement et sans manières.
Soudain, un coup de vent.
La photo s'envole loin devant.
Mince ! Elle se dépêche de la rattraper.
Comme elle bouscule un homme, elle se fait frapper.
Elle ressent une douleur la submerger.
Son agresseur lui, prend congé.
Elle n'en peut plus, elle est à bout.
Elle reste figée, d'abord debout,
Puis éclate en sanglots sur le sol.
Elle n'espère plus qu'on la console.
Elle est seule, elle est pauvre.
Elle a juste un manteau mauve.
Elle a faim, elle a soif.
Elle voudrait oublier toutes ses angoisses.
Alors elle ose demander une dernière fois : si vous ne me donnez pas de l'argent donnez moi au moins de l'amour !
Et voilà qu'un homme passe devant tout ces gens,
Il s'apprête à commettre un acte de bravoure.
Il s'accroupit et lui tend la main.
Finalement, il y a encore des humains.
Ce n'est pas l'Être qui respire et réfléchit,
Mais celui qui accourt et qui s'infléchit,
Devant son prochain pour lui porter secours.
Elle prend sa main et se remet debout.
Elle a quelques égratignures sur ses genoux.
Les deux se regardent un peu étrangement.
Ils savourent en silence ce joli moment.
Alors il lui propose une glace,
Elle reste clouée sur place.
Elle hésite, est-ce qu'elle accepte ?
Le destin certes est un concept,
Mais elle a envie d'espérer.
La photo oubliée a fini de airer.
Elle se dépose en silence sur le banc à part,
Et oui chers lecteurs, il n'y a pas de hasard.
« Verba volant, scripta manent. »
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