Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

Journal du jour

2 mai 1945

- Jeanne ? Jeanne tu dors ?

La voix fluette d'Éponine faisait surface dans les pensées embrumées de la jeune femme, qui ouvrait difficilement les yeux pour apercevoir la petite aux nattes blondes.

- Plus maintenant, marmotta-t-elle, son visage à peine visible sous les draps. Quelle heure est-il ?

- Chais pas, mais Maman a dit qu'elle avait besoin de toi en cuisine parce qu'il y avait déjà des clients.

Jeanne poussa un soupir de déception : elle était habituée à ce discours désormais, elle aurait aimé être réveillée par une autre nouvelle plus palpitante qui donnerait un goût moins fade à cette journée pourtant ensoleillée de mai.

- Bon alors tu viens ou pas ? continua Éponine, commençant à s'impatienter.

- Oui, je rejoindrais ta maman dès que je serais prête.

Sortant de son lit douillé, Jeanne frissonna en sentant l'air frais s'engouffrer dans sa chemise de nuit. Encore endormie, elle se dirigea vers la chaise sur laquelle était posée sa tenue de travail soigneusement pliée. Le pull en laine rouge qu'elle s'était tricotée pendant l'hiver était encore en bon état malgré les nombreux accrochages qu'il avait subit et son pantalon en toile beige était encore portable une journée avant d'être lavé. Dans ses pensées, elle faillit oublier de chausser ses sabots de bois, eux ayant du mal à supporter l'humidité de ces derniers mois.

Malgré l'aspect négligé et sale de cette tenue, Jeanne l'aimait bien car elle ne ressemblait en rien à celles qu'elle devait porter chez elle pour plaire et laisser voir une Lavalière bien élevée. Au moins ici, elle était plus libre de faire ce qu'elle voulait, c'est-à-dire être utile aux autres en aidant Mimi et Éponine au restaurant depuis son arrivé.

En essayant de se faire discrète pour ne pas attirer l'attention des clients déjà attablés dans la salle, Jeanne alla dans la cuisine où les odeurs de pain grillé et de bacon se mélangeaient.

- Jeanne, ne me dis pas que tu as encore oublié ! la gronda gentiment Michelle à son arrivé. Combien de fois vais-je devoir te dire de t'attacher les cheveux avant de passer aux fourneaux ?

La chef en cuisine faisait tourner un élastique autour de son index.Penaude, Jeanne tendit la main pour le prendre et faire un chignon coiffé sans but d'être élégant.

- Il y a déjà des commandes ?

- Oui, celle de Monsieur Duroc, répondit Michelle. Tu peux la faire pendant que je sers les autres ?

Jeanne acquiesça, se concentrant sur la charcuterie qu'elle découpait plus ou moins maladroitement. La cuisine n'avait jamais été son fort,Ida préparant tous les plats quand elle était petite, sans même pouvoir accepter son aide quand elle se proposait, de peur de fâcher son père. Mais elle était heureuse de constater qu'elle n'était pas que bonne à se tenir droite et à parler distinctement pendant les repas d'affaires. Elle pouvait aussi, gratuitement mais pleinement, participer à la vie active.

Les toast cuits au grille-pain sautant de la machine, Jeanne les récupéra en s'en brûlant les doigts. Après avoir posé le bacon dessus, elle prit l'assiette et alla en salle. Éponine n'avait pas menti : presque toutes les tables étaient pleines, et ce n'était que le petit déjeuné !

- Ah, voilà la brunette ! s'exclama un vieil homme à la venue de la serveuse.

Jeanne sourit : ce surnom était dû au fait qu'elle était la seule fille brune gérant ce restaurant, Michelle et sa fille ayant des cheveux blonds cendrés

- Monsieur Duroc, le salua-t-elle avec un sourire complice. Votre jeu a-t-il été brillant hier soir ?

- Malheureusement non petite ! Je me suis fait piéger par ce fourbe de... comment il s'appelle déjà ?

- Vous le savez monsieur Duroc, pour le nombre de fois où vous me racontez vos querelles ! soupira Jeanne en déposant l'assiette sur la table. Il se nomme Vermont.

- Oui c'est ça, Vermont ! Et bien il a voulut redorer son titre : le roi du tapis vert et il a réussi à me prendre toute ma fortune !

- Vous devriez arrêter les jeux quelque temps, vos nerfs seraient moins à vif !

Jeanne alla servir une autre assiette de toast, gardant un œil sur le vieil homme au cas où il lancerait une rumeur sur Vermont. Duroc avait la langue bien pendue, il n'hésitait jamais à se faire connaître par ses plaisanteries plus ou moins valorisantes sur ses voisins bordelais.

- La brunette ! appela-t-il derechef alors que Jeanne prenait une commande. Se serait possible d'avoir le journal du jour ?

Jeanne s'affola : elle aurait dû lui apporter plus tôt, elle connaissait bien cette habitude chez l'homme âgé. Et maintenant,elle était débordée de commande !

Ne pouvant refuser par crainte de le frustrer, la serveuse alla en cuisine et ouvrit le placard dans lequel était normalement rangé le journal avec les livres de cuisines et les recettes de Mimi.

- Michelle, tu n'aurais pas vu le journal local par hasard ? lança-t-elle en refermant les battants avec fracas.

- Je l'ai vendu à Vermont pour six francs, il est si aimable cet homme ! se réjouit Mimi, les pièces gagnées reposant dans sa paume de main.

« Flûte ! »,ruminait Jeanne, repartant bredouille vers la grande salle où Duroc l'attendait les bras croisés.

-Alors ce journal ?

- Nous avons oublié de l'acheter ce matin, mentit la jolie brune.

- Les femmes, quelles étourdies ! se moqua un homme à côté d'elle, donnant un coup de coude complice à son compère qui souriait malicieusement.

Devant cette remarque sexiste, Jeanne demanda sèchement :

- Vous n'avez pas de femme j'espère ?

- Si, pourquoi ?

- Parce que je la plains, vivre avec un machiste comme vous ne doit pas être facile tous les jours.

Duroc riait à gorge déployée tandis que Jeanne ramassait la vaisselle.

- Il me faut absolument les nouvelles du jour, insista-t-il lourdement. Avez-vous une radio ?

- Oui, mais elle ne marche pas très bien...

- Tant pis, écoutez là quand même un peu, vous pourrez me rapporter quelque informations. Vous aurez un pour boire, ajouta-t-il avec un clin d'oeil entendu.

Excédée,la demoiselle repartie à nouveau aux fourneaux, allumant l'encombrante radio qui prenait toute l'étagère du haut. Cette machine était superbe et très pratique, mais les grésillements permanents qui en émanaient étaient agaçants.

S'affairant à préparer un autre petit déjeuné, Jeanne ne l'écoutait que d'une oreille, ne prêtant pas attention aux discours banals, comme la politique ennuyeuse qui changeait tout le temps de voie, les petits malheurs des uns et des autres...

Soudain,la voix criarde du présentateur annonça entre plusieurs ratés une nouvelle frappante :

- Nous venons d'apprendre ce matin qu'Adolf Hitler, le chef du parti nazi et du régime totalitaire d'Allemagne, s'est suicidé le 30 avril dernier. Nous ignorons encore les causes de cet événement, mais nous savons que les récentes victoires des alliés ont joué sur la décision du fureur à mettre fin à ses jours.

Aussi, cet homme restera dans les mémoires, tant pour son parti que pour ses idéologies qui auront causé cette guerre, la plus meurtrière de toute l'Histoire pour son nombre de victimes déroutant... Mais sa mort est certainement le début d'une nouvelle aire ! Vive la France !

Jeanne coupa le son, ne désirant en entendre plus. Son couteau tombé à terre, elle était appuyée contre le plan de travail, prise d'une forte nausée. Inspirant profondément, elle regardait dans le vide, perdue.

Certaines personnes telles que ce présentateur croyaient que tout les malheurs de la guerre seraient effacés par le trépas de cet assassin, mais qu'advenait-il des conséquences de son pouvoir ? Le monde oubliait-il tous les civils tués pour être resté dans leur propre pays ? Et les juifs, ces êtres qu'on désignait comme inférieurs ? Il y aurait-il quelqu'un pour être choqué de leur sort terrible ?

  La demoiselle se retint de répondre à sa question intérieur, car le mot "Juif", la ramenait inévitablement à son amour soustrait, au chagrin pesant qui même avec le temps, ne baissait pas en intensité et rongeait son coeur.

« Édouard »

Ce nom, son nom,Jeanne se refusait à y songer parce qu'elle savait qu'elle n'aurait plus le privilège de le prononcer. Avant, il y avait l'espoir, avant on clamait sur tous les toits que Paris était libéré et que les alliés se battaient dans les camps d'Allemagne et de Pologne. Mais malgré tout, il ne revenait pas, sa mère ne l'avait informée d'un retour possible d'Édouard dans sa dernière lettre, et les chiffres de juifs tués dans ces endroits meurtriers étaient si lourds...

- Jeanne, tu n'as pas encore terminé la commande de Mme Rosalie ? lança tout à coup Michelle. Les clients s'impatientent et monsieur Duroc...

Elle s'interrompit, voyant sa protégée abattue, ne prêtant aucune attention à sa remarque. Quand cette dernière s'en aperçut, elle se redressa.

- Ce n'est rien j'ai... j'ai les yeux qui piquent à cause des oignons.

- Ce ne sont pas des oignons que tu épluches mais une pomme, la contra Mimi, avant de la prendre par le coude. Viens.

Elle conduisit la jeune femme à l'étage, la faisant asseoir sur son lit.

- Repose toi un peu, tu prendras le service quand ça ira mieux.

- Merci Michelle.

Jeanne s'allongea sur son lit et la patronne ferma la porte derrière elle. Connaissant la cause de la peine de Jeanne, elle préférait ne pas lui poser de question. Elle savait ce que cela faisait de perdre quelqu'un de cher, son mari ayant était tué sur le front pendant l'hiver.

Et puis, elle connaissait Édouard, un gentil jeune homme bien élevé et modeste qui ne méritait pas ce destin.

« Si il ne s'en sort pas à la fin de cette maudite guerre, c'est qu'aucun Dieu ne veille sur nous », pensa-t-elle en tranchant la pomme avec rage.

***

Coucou chers lecteurs !

Comme vous avez pu le voir, c'est finalement du point de vue de Jeanne que j'ai décidé d'écrire ce chapitre. Je ne doute pas que vous espériez voir elle et Édouard réuni dans ce passage, mais je voulais montrer dans quelles conditions vivait Jeanne loin de chez elle.

Pour le prochain chapitre, je ne saurais dire de quel narrateur il s'agira. Je pense que se sera Jeanne tout d'abord, puis celui d'Édouard, en sachant qu'il sera court mais fort en émotions !

Alors que je vous écris maintenant je viens de réaliser que ce que vous venez de lire et l'avant avant dernier chapitre ! Je ne sais pas vous mais moi je trouve que ça a passé trop vite...

Bises à tous <3

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro