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20 Décembre : Pas de valse

« Grognement de l'ours
Contre douceur de l'hermine
La glace se fend »


J'arque un sourcil. La personne qui a produit ce haïku a dû se farcir une sacrée fumette avant de l'écrire, et visiblement, c'était de la bonne. Je pouffe de rire. J'espère que je ne vais pas croiser d'ours aujourd'hui, cependant en pleine ville, cela me semble peu probable. De toute façon, j'ai arrêté de me faire des films sur leur potentiel prémonitoire. Ce sont de petits poèmes. Rien de plus. Je suis enfin revenue à la raison. Audrey peut être fière de moi. J'ai retrouvé le monde du pragmatisme.

Ce matin, j'ai décidé de ne pas sauter l'étape méga petit déjeuner maternel. Il faut dire qu'une longue journée m'attend et que je ne doute nullement pouvoir dépenser la totalité des calories que je m'apprête à ingérer. Maman est aux anges de me voir manger avec appétit.

Une fois pleinement rassasiée, et je dois le dire, un peu lourde, je remonte me laver les dents et attraper mes affaires de danse. Il va falloir commencer par travailler les solos si je ne veux pas écraser Aleksandr.

Le sourire aux lèvres, mon sac sur l'épaule, j'embrasse maman, avant de m'emmitoufler dans mon épais manteau, prête à affronter le froid de décembre et à retrouver mes deux hommes.

Le nez et les joues rosis après ma courte marche, je salue Nathalia dans les vestiaires. Elle a dû réserver le petit studio. Je me change en vitesse. Andy et Alek sont déjà sur le pied de guerre, en train de répéter la scène du combat. Alek a accepté de lâcher ses révisions du bac pour la journée. Il faut dire que demain est un grand jour. Nous passons tous devant Laurent pour montrer que nous sommes prêts pour la représentation. C'est en quelque sorte l'examen final.

Je m'assois sur le banc au fond du studio en attendant qu'ils terminent leur variation pour profiter du spectacle. Ils sont beaux et convaincants. C'est un délice de les regarder. Mes dents grincent un peu à l'idée que dans quelques jours des dizaines de paires d'yeux admireront le corps fin, musclé et parfaitement dessiné de mon Alek. Les femmes allaient baver, c'était sûr.

Je m'administre une petite gifle pour avoir eu une réflexion aussi stupide. Depuis quand je suis devenue aussi jalouse ? Ce genre de réflexion ne me ressemble pas, il faut que je me ressaisisse !

La musique s'arrête et les deux garçons me rejoignent. Alek dépose un doux baiser sur mes lèvres. Des gouttes de sueur perlent sur son front et viennent humidifier ses cheveux. Qu'il est sex...

« Aïe ! Non mais ça va pas ? Tu veux me déboîter une épaule ?

— J'avais peur que tu te déshydrates à force de baver, » raille Andy.

Je masse mon membre endolori où Andy vient de m'asséner une accolade quelque peu brutale. Je lui tire la langue en signe de protestation.

« Essaie de ne pas trop l'abîmer quand même, réclame mon beau blond, on a encore besoin d'elle,... au moins jusqu'à samedi. »

Je roule des yeux incrédules.

« Ah ! Parce que tu le soutien en plus ? Tu n'es pas censé me défendre ?

— Une femme forte comme toi n'a pas besoin qu'on la défende, je dirai même que c'est aller contre tes principes. Et il est hors de question que je m'oppose aux idéaux de ma copine. »

Les deux garçons se tapent dans la main en un geste victorieux. Voilà que ces deux-là sont devenus les meilleurs amis du monde. C'est bien ma veine. Je n'ai pas fini d'en baver avec eux, et pas seulement pour des torses bien musclés. Je me lève en soupirant.

« Bon, je vous laisse récupérer un peu. Je vais répéter mon solo pendant ce temps. »

Je m'approche de la sono pour mettre la musique, quand :

« Ttttt, Ttttt. »

Les deux garçons secouent la tête de gauche à droite dans un unisson parfait.

« Comment ça non ?

— Tu étais tellement occupée à saliver devant nos corps de rêve, m'explique Andy, que tu as légèrement oublié... De t'échauffer. »

Le mouvement de tête d'Alek passe du gauche à droite à un théâtral de haut en bas en signe d'assentiment. Et Merde... C'est qu'ils ont raison en plus. Et à quatre jours du spectacle, en retour de blessure, se n'est vraiment pas le temps de jouer. Résignée, je m'installe à la barre pour quelques exercices, pendant que les deux nouveaux compères papotent tranquillement. Le monde a vraiment vrillé sur sa rotation. Andy et Alek qui discutent comme deux bons vieux amis comme si c'était la chose la plus normale. Moi, qui sors avec Alek, et qui deviens jalouse rien qu'à l'idée que d'autres femmes le regardent... Non, définitivement, la chose est certaine, la Terre est sortie de son axe.

En parlant d'axe, pourquoi la porte du studio forme un tel angle avec son embrasure ? Parce qu'elle est ouverte. J'ai oublié de la fermer derrière moi ? Et c'est qui l'ours dans l'encadrement ? Attendez... Comment ça un ours ?

« Mademoiselle Eve-Marie Beautré ! » hurle-t-il.

Je sursaute. C'est bien à moi que ce plantigrade au crâne rasé s'adresse. Il se rue vers moi. J'avale ma salive. Il est arrêté dans son élan par mes deux hommes qui s'interposent. Je crois qu'il est à deux doigts de les frapper. Je tremble. L'inconnu est immobile et me fixe par-dessus les épaules des deux garçons. S'il pouvait cracher du feu pour me carboniser à distance, je suis persuadée qu'il le ferait. Le haïku du jour a fait une petite erreur : ce n'est pas un ours, mais un dragon. J'ai beau avoir deux preux chevaliers à mes côtés, ils n'ont pas d'armure et les collants et justaucorps ne sont pas ignifugés. Je n'ose à peine cligner des yeux, comme si le moindre de mes mouvements pouvait à tout instant déclencher l'ultime accès de rage. Alek et Andy ne se sont pas dégonflés et font toujours barrière entre moi et le géant. Cependant, je ne me fais guère d'illusion, ils ne font physiquement pas le poids face à cette masse de muscles en ébullition.

Tout le monde retient sa respiration. J'ai cette curieuse impression d'être une spectatrice extérieure à la scène. Un peu comme si mon âme avait quitté mon corps pour observer le tout à distance, bien à l'abri. Elle a bien raison, cela dit. Et si la partie charnelle de mon être pouvait faire pareil, j'en serai ravie, malheureusement, sa téléportation ne semble pas inscrite au programme du jour. Je reste donc, là, dissociée, mon âme cachée derrière la sono à l'autre bout de la pièce et mon corps planté contre la barre à 5 mètres d'une grenade dégoupillée.

« Monsieur, on peut savoir qui vous êtes ? Et ce que vous voulez à Eve ? »

C'est Alek qui a brisé le silence. Mon cœur rate un battement.

« Ce n'sont pas tes oignons, morveux ! »

« Vous vous adressez de façon menaçante à ma copine, alors si, ce sont mes oignons ! »

Alek ne se démonte pas. Il fronce les sourcils pour se donner un air plus imposant. Je salue son courage, mais tout ce qu'il va récolter, c'est une raclée monumentale, et tout ça à cause de moi.

« Ta copine ? Oh, excuse-moi, je croyais que tu étais sa tafiole, » grogne le colosse avec un hochement de tête en direction d'Andy.

Je vois le teint de mon ami virer au rouge écarlate. Alek s'est légèrement avancé pour se mettre en avant d'Andy, comme si de son corps, il pouvait le protéger des propos homophobes de cet individu. Il ne baisse pas les yeux. Il reste calme et stoïque. La glace a recouvert de nouveau son regard. Je suis impressionnée. Je n'ai toujours pas bougé d'un cil. Une douleur dans la poitrine me rappelle que respirer est un acte vital.

« Vous avez vraiment du mal à vous occuper de vos culs ici ! renchérit le dragon. Relaxe, je ne vais pas abîmer le joli minois de ta belle. Je veux juste qu'elle lâche la grappe de ma femme et qu'elle arrête de lui mettre des idées de gonzesses en tête. »

Au moment où je sens que la situation dégénère, la porte du studio s'ouvre de nouveau à la volée, laissant apparaître un Laurent à l'air grave :

« Monsieur Duval, je vous prie de sortir et de cesser de menacer mes élèves ! »

Monsieur Duval ? Le père de Léo ? Les pièces du puzzle s'assemblent en instant dans mon esprit en même temps que mon estomac se crispe. Est-ce que mon obstination à permettre à Léo de participer au spectacle lui a causé du tord à lui ou à sa mère ? S'il est en famille comme il se comporte avec nous aujourd'hui, je comprends pourquoi elle était aussi distante.

Le colosse se retourne vers mon professeur dans un geste lent :

« Vous prenez pour qui pour me dicter quoi faire ? Vous savez qui je suis ?

— Je me prends pour le directeur de cette école, et je sais parfaitement qui vous êtes. Maintenant, si vous voulez bien me suivre afin qu'on ait une discussion civilisée dans mon bureau.

— Pas besoin de perdre du temps en bavardages. Je retire mon fils de cette usine à tapettes. Hors de question que vous fassiez de mon gosse une femmelette. »

À cette déclaration, je vois Andy déglutir. Son visage est blanc, à tel point que je redoute un malaise à tout moment, mais ses yeux lancent des éclairs. C'est d'un ton étonnement calme qu'il lance :

« Heureusement pour votre fils qu'il a une petite copine et qu'une des raisons qui lui fait aimer la danse est qu'il a compris qu'ici, il peut être un coq entouré de ses filles, car s'il était vraiment gay, car Monsieur, désolé de vous l'apprendre, on naît gay, ce n'est pas quelque chose qui s'attrape en fréquentant certains milieux. S'il était vraiment gay, avec un père comme vous, jamais il ne pourrait être parfaitement bien dans sa peau sans couper complétement et définitivement ses liens avec vous. Heureusement, visiblement, vous ne le détruirez pas sur ce point. Quant à savoir si c'est une bonne chose qu'il grandisse à vos côtés, cela reste encore à prouver. »

Andy se tait. Il garde la tête haute et affronte son interlocuteur les yeux dans les yeux.

« Il a une petite amie ? répète finalement l'homme au bout d'une bonne minute de silence pesant.

— Oui, » répond simplement Andy.

L'homme se détourne de lui pour suivre Laurent dans son bureau. Le dénouement de cette situation m'apparaît aussi surprenant qu'irréel. C'était presque trop simple, comme un mauvais cliffhanger de roman fantasy où le boss final, après avoir quasiment terrassé le héros, se retrouve finalement vaincu d'un pauvre coup de baguette magique. Sauf que là, la formule magique est apparemment « petite amie ».

Je rapporte mon attention sur Andy. L'aura solaire qui caractérise habituellement mon meilleur ami s'est envolée. Il a le visage fermé. À côté, Alek ne s'est toujours pas départi de son regard dur et sur la défensive. L'atmosphère dans le studio est glaciale. J'ai l'impression d'avoir pris un aller simple pour l'Antarctique. Je crois que l'intervention du père de Léo nous a tous chamboulés. Sans un mot, le pas hésitant, je m'avance vers les deux hommes les plus importants de ma vie, mon pilier et mon cœur, mon soleil et mon brasier, mon ami et mon amour. J'écarte les bras pour les encercler tous deux dans mon étreinte. Et nous laissons enfin nos larmes couler.


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