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18 Décembre : Grand écart

« Dans un ruban bleu
Un souvenir égaré
S'offrait au soleil »

Je suis réveillée en sursaut par la sonnerie de mon téléphone. Je jette un coup d'œil à mon réveil : 7 h 30. Mais qui peut bien appeler aussi tôt un dimanche ? Vous ne pouvez pas laisser un peu les gens dormir ? J'ai une cruelle envie de mettre en silencieux l'émetteur de ce son indésirable et de ne pas répondre à cet individu perturbateur de sommeil. Qui soit-il ! D'ailleurs, c'est certainement Andy qui se venge pour hier. Saperlipopette, il est sacrément motivé ! Habituellement, il me bat au sport de la marmotte. Non, ça ne doit pas être Andy, il aime beaucoup trop son lit pour fomenter en tel plan même avec un puissant désir de m'énerver...

Alek ! Forcément ! Tout à coup, la sonnerie me semble plus mélodieuse. Je me précipite sur mon téléphone qui sonne déjà depuis un moment et lance un endormi mais joyeux :

« Allo !

— Bonjour, Eve-Marie, excuse-moi de te déranger de si bon matin. »

Ce n'est pas la voix d'Alek. Mon enthousiasme retombe instantanément, tandis que remonte une furieuse envie de raccrocher. Je résiste. Mon esprit embrumé part à la recherche de l'identité du propriétaire de cette voie avant que je ne paraisse impolie. Sacrebleu ! Je suis une idiote. Je retire le combiné de mon oreille un instant pour jeter un coup d'œil à l'écran : « Laurent ! »

Tout reliquat de sommeil a désormais disparu. Que me veut mon professeur de danse à cette heure un dimanche ?

« Je sais qu'on est dimanche et que tu as probablement déjà plein de choses prévues avec l'approche de Noël, mais est-ce que tu pourrais passer d'ici une heure à l'école ? Je dois m'entretenir avec toi d'un petit problème. Si tu ne peux pas, je comprendrai, mais plus tôt la chose sera réglée, mieux ce sera. Ce serait bon pour toi ?

— Bien, euh... oui, bredouillé-je. Je serai là dans une heure.

— Parfait ! Merci Eve, à tout à l'heure. »

Sur ce, il raccroche. En voilà une conversation bien lacunaire. Qu'est-ce que cela signifie ? Il a peut-être finalement décidé que je n'étais pas à la hauteur pour interpréter la Fée Dragée et se sent gêné de me l'annoncer au téléphone. Mais pourquoi ne pas tout simplement attendre lundi pour me l'annoncer ? Dans son intonation, il y avait clairement un sentiment d'urgence. Bon, je serai vite fixée de toute façon.

Je me douche en vitesse avant d'enfiler une tenue chaude. Je lis distraitement mon haïku du jour sans réellement m'attarder sur la profondeur des mots. J'empoigne mon sac de danse, quitte à me déplacer autant en profiter pour travailler. Et même si dans quelques minutes, solo et duo se seront très certainement envolés, il me restera toujours la valse des fleurs.

Une pointe de déception me traverse le cœur tandis que je parcours à pied le chemin qui me sépare de l'école. Avec Alek, on avait bien avancé hier. J'avais plus progressé en une journée que depuis le début du mois. Le défi ne me paraissait plus si inaccessible.

Alek est un professeur exigeant. Après les flammekueches, nous étions retournés à Arabesque et il ne m'a pas lâchée de l'après-midi. Il m'a d'abord fait travailler les directions en marchant puis on y a intégré les pas du manège, d'abord lentement, puis en accélérant. À la fin de la journée, j'arrivais à réaliser le manège ! Bon, il manque encore de liant, on dirait un peu un automate de boîte à musique, mais le plus dur est fait. Je ne tombe plus, et la figure est exécutée. J'ai vaincu ma difficulté technique. L'interprétation viendra ensuite. Enfin, serait venue, puisque Laurent va me retirer le rôle. Je ne vois vraiment pas ce qu'il peut m'annoncer d'autre.

J'arrive rapidement devant la porte. Devant l'urgence que j'ai ressentie dans sa voix, j'ai pris le chemin le plus court, plutôt que de passer par le parc comme à mon habitude.

Dans le hall, je croise Nathalia en train de partir. Je la salue.

« Il t'attend dans son bureau », me signale-t-elle avec un petit sourire avant de s'éclipser. Je me dirige vers le bureau du directeur d'Arabesque quand l'aberrance de la situation me saute au visage : Nathalia vient de partir ! Il est à peine 8 h 30 ! Elle vient s'entraîner de nuit ou quoi ?

Je n'ai pas le temps de m'attarder sur cette question, car je suis déjà devant la porte derrière laquelle ma sentence pour nullité va m'être incessamment délivrée. Je frappe. J'entends la voix de Laurent qui m'invite à entrer. Je m'exécute pour découvrir que Laurent n'est pas seul. Aleksandr et Jessica sont là. Plus de doute, s'il les a convoqués aussi, c'est pour rendre le rôle de la Fée Dragée à Mademoiselle Parfaite. Leur expression est indéchiffrable. Alek n'a même pas l'air désolé pour moi. C'est mon copain, bon sang ! Il pourrait un peu me soutenir...

« Eve, on n'attendait plus que toi. Je vous remercie d'être venu tous les trois un dimanche matin, je... »

C'en est soudain trop pour moi. J'ai trop travaillé. Trop pris sur moi. J'ai fait trop d'efforts pour me voir relayer aux oubliettes, si près du but. Je ne vais pas me laisser faire sans combattre ! Je coupe mon professeur :

« Laurent ! Je sais que le spectacle n'est plus que dans quelques jours et qu'avec ce que tu as vu vendredi, tu ne dois pas être confiant. Mais j'ai fait des progrès. On a travaillé avec Alek toute la journée d'hier. Laisse-moi au moins te montrer avant de prendre une décision. Ce n'est pas encore parfait, je l'admets, mais je suis sûre que je peux y arriver pour samedi. Ce sont les vacances scolaires maintenant, je pourrai venir travailler ici toute la journée. S'il te plaît, laisse-moi une dernière chance, ne me retire pas le rôle. »

Je n'ai presque pas respiré tout le long de ma tirade. Alek est toujours impassible, quoique je discerne une légère gêne dans ses iris glaciers. Tout de même, il est un peu mal à l'aise avec cette situation. Jess, de son côté, lève les yeux au ciel d'un air exaspéré. Laurent me regarde avec des yeux ronds, incrédule :

« Eve, articule-t-il, je suis désolé si tu as cru que je ne te faisais pas confiance. Il n'est absolument pas question de te retirer le rôle. »

Quoi ? Mais alors, pourquoi je suis ici ? Je me sens bête tout à coup. Une sensation de chaleur au niveau des joues m'indique que mes pommettes rougissent. Bonjour, Madame la Honte, c'est encore Eve-Marie Beautré, je vous avais manqué ?

« Si je t'ai faite venir, Eve, c'est pour savoir si tu acceptais de reprendre la danse arabe. Jess ne pourra pas faire le spectacle. Comme c'était ta chorégraphie, tu m'as semblé la personne la mieux indiquée pour reprendre cette variation. J'ai conscience que les délais sont courts et que le rôle de la Fée Dragée te demande déjà beaucoup de travail, surtout que tu reviens de blessure. Néanmoins, j'ai pensé que tu serais heureuse de pouvoir interpréter ta propre chorégraphie. »

Je suis abasourdie. Je m'attendais à tout, sauf à ça. J'observe Jess. Qu'est-ce qui l'empêche de faire le spectacle ? Elle n'a pas l'air blessée à première vue. Un problème personnel ? Je voudrais dire quelque chose, m'excuser pour ma conduite à la limite de l'impolitesse. Malheureusement, ma bouche reste désespérément muette.

« Jess intègre une compagnie professionnelle. Elle doit partir dès demain pour Lyon. C'est une opportunité qu'elle ne peut pas refuser. J'étais au courant de son projet. C'est pour cela que je lui ai laissé libre accès au studio pour répéter et que je lui ai refusé le rôle de la Fée Dragée. Trouver à la dernière minute une remplaçante pour un tel rôle aurait trop risqué. Je suis désolé de ne pas t'en avoir informé, Jessica souhaitait qu'on reste discret sur ses projets et c'est son droit. »

Une chose me turlupine dans cet aveu :

« Ce qui veut dire que si Jess n'avait pas été prise dans cette compagnie, elle aurait récupéré le rôle de la Fée Dragée à la fin ? »

Je ressens comme une trahison. J'aurai alors fait tout ce travail pour rien ?

« Bien sûr que non Eve ! me réprimande Laurent. Depuis le temps qu'on se connaît, tu devrais savoir que je ne fais pas ce genre de choses dans le dos de mes élèves. Je lui avais donné ta danse arabe pour que, si les choses ne se passaient pas comme elle le souhaitait à Lyon, elle puisse au moins avoir son moment sur scène ici. Et en cas de réussite, j'avais une solution de secours toute trouvée.

— Je... Euh... Désolée. J'ai parlé sans réfléchir, finis-je par souffler toute penaude, pardon Laurent, et pardon Jess. Je me suis comportée comme une idiote.

— C'est le moins que l'on puisse dire, commente la magnifique brune, mais tu as de la chance. Je te pardonne, car aussi stupide que tu es, tu arrives à redonner le sourire à ce jeune homme qui compte beaucoup pour moi. Et il aura besoin de toi quand je serai partie. Alors, je te propose qu'on enterre la hache de guerre ? »

Elle me tend une main, tout en gardant son traditionnel air hautain. Je suppose qu'elle veut garder un semblant d'ascendant. Je ne vais pas lui en tenir rigueur. Elle vient de faire un pas vers moi malgré mon comportement plus que discutable depuis mon arrivée. À mon tour de prendre sur moi et de la suivre dans ce sens. Je lui serre donc la main, un peu gênée que cette scène se déroule sous les yeux de Laurent, qui heureusement, ne fait aucun commentaire.

« Bon, ce n'est pas tout ça, déclame Jess, mais l'heure tourne et il est grand temps de se mettre au travail, on a du pain sur la planche. Eve, tu ne l'as pas dit, mais tu confirmes bien que tu reprends la danse arabe. Tu t'en souviens ?

— Euh oui bien sûr,... Je suis d'accord. Et c'est ma chorégraphie, alors...

— Parfait ! me coupe Jess. Laurent, on te laisse. Mademoiselle doit travailler et on n'a pas beaucoup de temps. »

J'ai à peine le temps de saluer Laurent, qu'Alek m'attrape par le bras et que Jess me pousse par les épaules, m'entraînant tous deux vers la sortie. Avant que je n'aie réalisé ce qui se passait, je me retrouve dans les vestiaires des filles.

« Allez, change-toi, m'ordonne mon ancienne ennemie, je prends le train demain à l'aube et il faut encore que je prépare toutes mes affaires. Je ne peux t'accorder que la matinée.

— Attends, tu es en train de me dire que tu vas m'aider ?

— Alek m'a dit que tu galérais un peu. Ce que je peux comprendre, assimiler un tel rôle en si peu de temps pour une amatrice, je n'utilise pas ce terme pour te vexer, je veux juste dire que tu n'es pas une danseuse pro, c'est un sacré défi. Et puis, je ne peux rien refuser à un certain blond aux yeux bleus. Sans compter que tu es officiellement la copine de mon meilleur ami, alors pour lui, autant qu'on s'entende, tu ne crois pas ? »

J'en reste sans voix. Quel revirement de situation. Audrey et Andy ne vont jamais me croire. J'opine donc du chef à une Jessica tout sourire pour prouver mon assentiment, quand son regard change soudainement, beaucoup plus proche de celui que je lui connais d'ordinaire :

« Par contre, je te préviens, si jamais tu lui fais le moindre mal, je ne vais pas te rater et ma vengeance sera terrible. »

L'espace d'un instant, elle me fait penser à ma mère et toute la jalousie que j'avais envers elle s'envole. Il est clair que c'est un lien de nature plutôt fraternel qui la lie à Alek. Étrangement rassurée par sa menace, j'affirme donc :

« Ce n'est pas dans mes intentions. Tu peux partir tranquille. Je veillerai sur lui. »

Satisfaite, elle prend la direction du studio, quand je la retiens :

« Et Jess ? Merci d'avoir pris soin de lui jusque-là. »

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