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Prologue


Paris, 1899

En début de soirée, un fiacre sombre bat le pavé humide du boulevard de Clichy. Il passe devant le Moulin Rouge qui se dresse avec orgueil dans sa belle couleur carmin, prêt à accueillir son public. Le quartier vibre des mélodies entraînantes et des éclats de rire mêlés à des discussions animées s'échappant des immeubles.

Les chevaux s'engagent dans des ruelles qui plongent en profondeur dans le quartier. On y voit au loin la butte de Montmartre, où trône fièrement la basilique du Sacré-Cœur. La nuit donne une façade inquiétante à l'édifice, lui creusant des ombres anguleuses.

Les lumières colorées des enseignes se reflètent sur la carrosserie du fiacre toujours au trot. À l'intérieur, les yeux caramel d'un adolescent brun s'émerveillent. Il est cintré dans un gilet et un veston sombre, ses mains sont posées sur ses jambes. Ses doigts sont moites d'excitation. Son visage, un peu rond, arbore des favoris naissants qui descendent de sa chevelure courte et plaquée, jusqu'à l'angle de sa mâchoire. Une fine moustache, manquant encore de maturité, habille le haut de ses lèvres pâles qui déploient un sourire. L'adulte à ses côtés, vêtu de la même manière, est calme.

Le carrosse arrive sur la place du Tertre, suit une rue adjacente loin du tumulte nocturne, puis s'arrête devant une façade sobre, éclairée par une lumière dorée tamisée. On aperçoit de subtils détails sur les moulures et petites statues de femmes nues sous les balcons. Tous les volets sont fermés, seule une double porte bleue se dresse entre deux gardiens.

— Nous y sommes enfin fiston, s'exclame l'adulte en payant le cocher.

L'adolescent lève les yeux sur l'édifice de trois étages dont le nom « Les perles de nacre » est gravé à même la pierre. Les deux hommes surveillant l'entrée se montrent tout miel quand le père présente sa carte de membre privilégié.

Lorsque la porte se referme sur eux, l'adolescent se retrouve dans un couloir sombre. De l'autre bout parvient la musique endiablée d'un piano et une odeur de tabac qui gagnent en puissance à mesure qu'ils avancent.

Son père lui a promis un bel anniversaire pour ses 17 ans et lorsqu'ils pénètrent enfin dans l'immense salle, l'adolescent n'est pas déçu : l'effervescence le foudroie. Chansons, rires, couleurs, messieurs en costumes et femmes secouant leurs jupes sur les planches le laissent figé d'admiration. Son cœur bat la mesure des danses. Son attitude naïve amuse son père et des connaissances qui les ont rejoints.

Après avoir présenté chaque homme d'affaires à son fils Adrien, le père invite tout le monde à s'attabler devant la scène. Il ne se concentre pas sur les discussions d'adultes : il préfère le cancan et s'intéresse au vin de luxe qu'on lui sert.

— Je ne pensais pas qu'on acceptait les enfants, raille un des hommes.

Le père sourit largement sous sa moustache fournie.

— C'est bientôt un adulte, ne vous en faites pas.

Tous s'esclaffent dans un rire pétri de sous-entendus qu'Adrien ne parvient pas à saisir. Il se reconcentre sur la scène. Dans ses grands yeux se lit l'émerveillement. Il en oublie même de manger le plat qu'on vient de lui servir.

Est-ce à cause du vin que tout semble de plus en plus bruyant ?

La soirée s'avance et un numéro de music hall débute, mettant en scène deux hommes qui se disputent une jeune femme dans un triangle amoureux comique tournant au ridicule les deux protagonistes masculins.

Adrien éprouve comme un éclair qui claque dans sa poitrine. Son regard est fixé sur la jeune femme qui doit avoir le même âge que lui. Sa silhouette longiligne et gracile porte une robe blanche et bleu. Ses cheveux sont d'un blond pâle qui reflètent la lumière tamisée de la pièce. Les traits de son visage sont aussi fins que son nez et l'ourlet dessiné autour de ses lèvres. Ses yeux sont brillants comme des Saphirs. Et lorsqu'elle se met à chanter, une voix claire et puissante en sort, faisant vibrer le cœur d'Adrien comme s'il était de cristal.

Lorsque le numéro se termine, il ressent un immense vide. Les hommes à la table ont remarqué son attitude et le raillent gentiment : « ton fils a bon goût ! », « il préfère les blondes », « tiens petit, ça ira mieux avec un verre ! », Adrien boit ce qu'on lui tend.

C'est le verre de trop.

Sa tête est prise de vertige, sa conscience oscille entre des moments de lucidité et d'abandon. Les odeurs, les lumières, la musique... tout lui semble assourdissant et désagréable.

Il a l'impression d'étouffer et se lève, prétextant devoir aller se rafraîchir.

Plus loin, Adrien se faufile à travers les groupes dansants et la foule agitée. Ça lui donne le tournis. Il a besoin de calme pour apaiser le tambour dans ses oreilles et oublier cette jolie blonde qui a imprimé son esprit.

Ses pas traversent la grande salle, puis il franchit des rideaux, une porte, et se retrouve dans un corridor sombre et désert.

Enfin, le silence.

Il reprend sa respiration, sa cage thoracique se détend. Soudain, il entend une mélodie chantée à quelques mètres. Le charme saisit sa raison et la réduit en esclavage. Il la suit..

Adrien avance dans le long couloir jusqu'à une porte entrebâillée d'où provient la voix enchanteresse. Il risque un regard discret et découvre quelqu'un, de dos devant une coiffeuse, en train d'ôter une robe blanche. L'adolescent ne peut s'empêcher d'épier, fasciné par ce qu'il voit.

Une fois le costume retiré, un corset ivoire se termine en jupons de dentelles sur le corps élancé de la jolie chanteuse blonde. Adrien a le cœur qui bat la chamade, si fort qu'il en a le vertige. Il perd l'équilibre et se rattrape à la porte qui s'ouvre alors en grand.

Il tombe lourdement sur la moquette pourpre de la loge. L'artiste sursaute et se retourne. Le visage complètement rougi de honte, Adrien n'ose pas regarder et lâche un « pardon » étranglé dans sa gorge.

— Tu t'es perdu ? entend-il.

Mais n'est-ce pas une voix de jeune homme qu'il vient d'entendre ? A-t-il trop bu ?

Il se redresse sur son séant et un hoquet le saisit, au grand amusement de l'artiste sur qui roulent les yeux d'Adrien en le voyant s'approcher. L'absence de poitrine dans le corset le surprend.

Son cœur reprend sa cadence infernale. Réaliser que la chanteuse est un jeune homme le secoue dans tout son être. Il devrait le trouver moins beau, moins attirant; mais c'est tout l'inverse qui se produit en lui. Adrien balbutie sans parvenir à s'excuser correctement.

— Tu n'as pas l'air bien, viens.

L'inconnu tend une main gracile qu'Adrien saisit de ses doigts moites, il en a honte mais accepte l'aide pour se lever.

La loge est petite et sent le parfum. Il y a d'autres costumes entassés dans un coin. Adrien est invité à s'asseoir sur une chaise, ce qu'il fait. L'artiste se retourne vers la coiffeuse éclairée à la bougie pour attraper un verre contenant un liquide foncé, mais quand il le lui tend il s'agit d'eau parfaitement claire. Adrien cligne des yeux et se promet de ne plus boire de vin.

— Tiens, ça va te faire du bien.

Adrien saisit et boit d'une traite cette eau si fraîche et désaltérante que son hoquet passe. La sensation étourdissante de l'alcool se dilue dans son corps avant de disparaître. Il se sent immédiatement mieux, et ne pensait pas qu'un simple verre d'eau pouvait faire passer aussi vite les effets de l'alcool. Il le remercie et s'excuse :

— Pardon, j'ai trop bu. Je voulais juste trouver un endroit calme.

Adrien panique et détourne les yeux, n'importe où dans la pièce tant que ce n'est pas sur lui. L'artiste est amusé et glisse une mèche derrière son oreille.

— Je m'appelle Gabriel, et toi ?

— Adrien, murmure-t-il en remuant les pieds.

— Tu m'espionnais ? demande Gabriel en tirant un tabouret au coussin de soie bleu pour s'installer face à lui.

Adrien rentre sa tête dans les épaules.

— Désolé, j'ai entendu ta voix une fois ici et je n'ai pas pu m'empêcher de...

Il se fige quand Gabriel s'approche pour éponger son front perlant de sueur avec un joli mouchoir azur. Une odeur douce et iodée se dégage de son cou nu.

— Tu chantes très bien, avoue timidement Adrien en posant le verre vide à proximité.

— C'est gentil, merci.

Gabriel range le carré dans la poche du veston de son invité surpris qui lève les yeux sur lui. Adrien éprouve encore une fois ce bouleversement.

— Je me sens idiot..., dit-il du bout des lèvres, je pensais que tu étais une femme.

Adrien est gêné, le rythme cardiaque toujours emballé par la présence du chanteur charismatique et se demande pourquoi il se comporte comme un abruti. Pourquoi son cœur ne cesse-t-il pas de battre si fort quand son regard ne peut se détacher de lui.

— Tu es déçu ?

Gabriel plonge ses yeux dans les siens.

— Non ! s'exclame Adrien. Enfin, je veux dire que ça ne rend pas la performance moins, heu, agréable. Tu es joli ! Heu, très beau et... je ne devrais pas dire tout ça...

Adrien se sent plus stupide que jamais. Gabriel l'observe en détail pendant d'interminables secondes silencieuses, comme s'il sondait l'âme du pauvre adolescent.

— Dire à un jeune homme qu'il est ravissant, c'est idiot ?

Adrien a l'impression que le chanteur s'est approché.

— Mon père m'a dit que ça ne se fait pas..., marmonne-t-il avec une moue de désapprobation.

Gabriel recule, sourit et lui tourne le dos. Adrien a peur de l'avoir froissé.

— Et m'aider à me coiffer ça ne se fait pas ? demande-t-il en lui tendant une brosse par-dessus son épaule.

Son invité, un peu perdu, la saisit. Gabriel prend de quoi se démaquiller tandis qu'Adrien saisit des mèches. Elles sont très douces, remarque-t-il, mais aussi très souples et denses.

D'un mouvement délicat, Adrien coiffe cette chevelure luisante, presque blanche, entre ses mains. Il ne sait pas pourquoi il rougit et lui pose des questions sur son métier. Le jeune artiste répond avec des d'anecdotes faisant rire son invité.

Dans le miroir, Gabriel le regarde, trouvant son visage rond affable et observe d'adorables fossettes sur ses joues. Pendant qu'Adrien parle du monde des affaires, dans lequel son père souhaite qu'il fasse carrière, Gabriel ne l'écoute plus vraiment. Il est fasciné par son regard marron clair, ambré. Lorsqu'il s'y est plongé, il a vu de la gentillesse ainsi qu'une vivacité fauve, matée sous une éducation trop sévère. Ça lui donne terriblement envie de briser son collier de bonnes mœurs.

L'idée lui plaît, mais il n'en montre aucun signe. Gabriel est insondable, c'est une question de survie. Mais quand son regard accroche plusieurs fois celui de son invité qui lui renvoie un sourire timide, ça le fait fondre de l'intérieur.

Quand les doigts d'Adrien effleurent la nuque de Gabriel en le coiffant, tous deux ont l'échine parcourue d'un frisson électrique. Ils se fixent quelques instants dans le miroir, leurs cœurs s'emballent.

Gabriel se lève d'un bond : il n'arrive plus à respirer dans son corsage à cause de ses émotions contenues. Dans la panique, Adrien attrape les lacets dans son dos et les détend pour libérer son thorax. Gabriel se retourne, pris d'un vertige soudain, il flanche. Ils s'attrapent l'un et l'autre et tombent à la renverse.

Adrien est au-dessus de l'artiste qui reprend sa respiration. Ils se regardent intensément.

— Tu vas bien ? demande Adrien inquiet.

— Non, répond l'artiste haletant.

Puis il tend les mains pour encadrer le visage au-dessus de lui. D'une voix exquise, il murmure :

— J'irais mieux si je comprenais ce qui m'arrive.

Les paumes du chanteur sont fraîches, malgré la houle chaude qu'Adrien sent bouillonner dans son bas-ventre.

— Moi aussi, avoue-t-il en hésitant, alors que son cœur palpite.

Gabriel amène doucement la bouche d'Adrien, qui se laisse faire, à la sienne. C'est tout un nouveau monde de sensations qui s'ouvre aux adolescents. Ils se connaissent à peine, ils sont jeunes, et pourtant ils ont l'impression de s'être attendus depuis longtemps.

Est-ce là ce qu'on appelle un coup de foudre ?

La porte de la loge s'ouvre. Ils sursautent. Adrien croise l'œil furibond de son père, qui s'avance d'un pas lourd et lui attrape le col pour le séparer de l'artiste. Gabriel se relève.

L'homme lui crache au visage.

Sidéré, il regarde l'adulte emmener son fils qui se débat en pleurant, le suppliant de le laisser dire au revoir, en vain. Les cris d'Adrien résonnent, jusqu'à disparaître soudainement, comme un retour à une réalité brutale.

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Bienvenue dans LMDPG. J'espère que ça vous plait ?
Si vous trouvez des passages problématiques, je vous invite à me le signaler.
A l'époque, la majorité était à 21 ans, toutefois la consommation d'alcool n'était pas aussi réglementé que aujourd'hui, surtout dans les clubs et café-concert qui avaient leurs propres règles x) . C'était aussi une période ou un adolescent était considéré comme un "homme" a partir de sa majorité sexuelle (Adrien a 17 ans et Gabriel 18).

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Magnifique illustration de MiraHat ci-dessous !


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