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Chapitre 6

Attablé dans une belle brasserie face au palais Garnier, les mains de part et d'autre d'un couvert de qualité posé sur une nappe blanche, Adrien se demande ce qu'il fait là.

En face de lui, quelqu'un lit un grand menu.

Le souvenir d'avoir entendu Gabriel lui proposer de déjeuner est suivi de vagues images où ils quittent l'Opéra pour venir s'installer ici. Le rythme cardiaque d'Adrien s'affole, ce n'est pas un rendez-vous professionnel, il ne se rappelle pas avoir approuvé cette idée, et c'est bien Gabriel qui baisse la carte pour le fixer de ses yeux bleus.

— Vous en faites une tête ! Le menu ne vous convient pas ? s'inquiète le ténor.

Le policier serre ses mains devenues moites.

— À quel moment ai-je accepté de déjeuner avec vous ?

Gabriel hausse les sourcils, puis replie la carte avant de la poser.

— Au moment où je vous ai demandé très gentiment, répond-il en insistant sur le dernier mot de sa phrase.

Alors qu'Adrien s'enlise dans la confusion en cherchant ses souvenirs, un serveur vient à leur table. Gabriel commande du filet de bar à la parisienne et une bouteille de vin blanc. Lorsque le tour d'Adrien arrive, ce dernier n'a évidemment rien décidé et, gêné, choisit à la hâte la suggestion du jour, signant ainsi qu'il accepte de rester en compagnie du chanteur.

Il soupire de sa propre bêtise tandis que le garçon repart.

— Je suis de si mauvaise compagnie que ça ?

Gabriel affiche un sourire pincé et recroqueville ses doigts gantés.

— Ce n'est pas ça.

— Alors quoi donc ?

— Déjeuner avec le suspect numéro un dans une affaire de meurtre n'est pas... professionnel. Cela peut biaiser mon jugement, vous comprenez ?

Gabriel hoche la tête et répond :

— Vous ne devez pas vous attacher à moi.

Adrien remarque que son attitude est différente, peut-être qu'être entouré de personnes étrangères dans un lieu public calme ses ardeurs ?

— Mais, je suis tellement séduisant, que voulez-vous.

Non en fait, pense Adrien qui lâche un faible râle. Gabriel rit, c'était évidemment une provocation.

— Vous ne les enlevez pas ? demande Adrien en pointant du regard les gants du ténor.

Les yeux du chanteur s'écarquillent quelques secondes, avant d'exprimer à nouveau ce petit air taquin insupportable.

— Je suis tatillon sur l'hygiène, je ne mets pas mes mains sur n'importe quoi, ou qui.

— Ça ne joue pas en votre faveur, vous savez, rétorque Adrien pour montrer que la provocation glisse sur lui.

Même s'il ment, parce que ce regard saphir l'atteint plus qu'il ne devrait. Il déglutit. Le serveur arrive comme le messie, sa présence fait baisser la tension. D'un geste maîtrisé, il dépose les assiettes puis débouche la bouteille qu'il tenait sous le bras afin de servir ses clients.

— Monsieur Vaillancourt, si nous déjeunons ensemble ce n'est pas uniquement par caprice de ma part, annonce Gabriel d'un ton sérieux.

Le garçon quitte la table. Pendant que le ténor s'applique à mettre une serviette pour protéger son précieux costume, Adrien le fixe avant d'observer autour d'eux : les personnes sont occupées à manger, discuter, boire. Certes, il y a quelques regards portés sur Gabriel à cause de ses cheveux platine.

— Ah oui ?

Adrien fronce les sourcils, à la fois méfiant de ce que Gabriel va lui dire et circonspect devant son assiette composée d'un ragoût de bœuf au vin rouge accompagné d'une purée.

— Les murs du palais ont des oreilles, dit Gabriel en s'attaquant à son plat.

— Vous pensez être espionné ?

Gabriel lève ses yeux sur lui alors qu'il porte à sa bouche une portion de son repas. Il prend le temps de mastiquer, d'avaler, sans détourner son regard. Adrien ne sait vraiment pas comment interpréter son attitude.

— Croyez-le ou non, je ne suis pas responsable de la disparition d'Auguste. Et j'ai vite compris que j'étais le suspect idéal : je ne l'appréciais pas, c'était mon rival, je vis sur une péniche et j'ai lu dans la presse que son corps a été repêché dans la Seine.

Adrien a l'impression d'avoir affaire à une autre personnalité, tant l'attitude de Gabriel et son timbre de voix ont changé. Il saisit ses couverts et commence à manger sans appétit.

— Vous pensez que le meurtrier est un employé de l'Opéra, conclut le policier qui trouve finalement l'échange intéressant.

— Certains individus de la troupe ont des comportements... versatiles, si je puis dire. Et si l'on m'entend vous dire ceci, j'aurai des ennuis.

Par réflexe, Gabriel observe d'un coup d'œil par-dessus l'épaule d'Adrien.

— Je suis très apprécié. J'ai la confiance de beaucoup de gens, mais je dois admettre que pour ma part, je suis plutôt méfiant.

Il porte un masque devant les autres, se dit l'inspecteur qui commence à percevoir la complexité de l'homme face à lui.

— Ou alors vous êtes juste paranoïaque, soulève Adrien en reposant ses couverts.

— Vous ne me croyez pas, soupire Gabriel.

— Ce n'est pas ça. Il peut aussi s'agir d'une coïncidence. J'avais pensé à la piste d'un accident et dans la panique l'agresseur aurait jeté le corps. Mais la disparition de madame Patti me fait douter de cette théorie.

Adrien croise les bras, tendant son costume. Gabriel se souvient à ce moment que le policier à une carrure avec laquelle il ne faut vraiment pas plaisanter. Il écoute l'inspecteur réfléchir à voix haute, ses yeux ambrés perdus quelque part sur la nappe blanche.

— Les deux victimes ont disparu le même soir. L'une a été retrouvée morte, l'autre... nous n'en savons rien. Il n'est pas évident de se débarrasser de deux personnes en une seule fois sans complice, à moins d'avoir une force herculéenne.

Un silence plane entre les deux hommes. Adrien ne va pas plus loin dans son questionnement et relève son regard sur Gabriel pour déceler la moindre réaction suspecte sur son visage. Il n'y trouve rien, hormis de la fascination.

— C'est tout ce que vous vouliez me dire monsieur Neuville ? Que vous vous sentez menacé, au point de ne pas pouvoir en discuter dans votre propre loge ?

Adrien fait allusion à ce que le ténor a gardé pour lui lorsqu'il a évoqué le ministre, cousin d'Auguste. Gabriel continue d'avancer son repas tranquillement.

— Pas uniquement. Je peux vous parler de Giulietta si vous le souhaitez.

Ainsi, l'inspecteur apprend que la cantatrice qui a su rester modeste face au succès et quelques noms de personnes dont elle s'entoure à l'Opéra. Une femme sans histoire, conclut le policier, tout du moins de ce point de vue.

Une fois cette discussion terminée, Gabriel commande deux cafés en guise de dessert. N'aimant pas gâcher de la nourriture, Adrien se penche sur son repas et décide d'en finir.

— Vous avez un grand appétit, susurre le ténor d'une voix trop suave pour ce constat innocent.

Adrien manque de s'étouffer et se retient de le regarder.

À quoi joue-t-il ? Est-ce moi qui suis dépravé d'interpréter ses propos ? Se souviendrait-il de nous et se moquerait de moi ? pense-t-il, les oreilles rouges, en achevant son assiette. Il a soudain une idée :

— Parlez-moi de vous, de votre carrière.

Gabriel cligne des yeux plusieurs fois, il ne s'y attendait pas.

— Oh, eh bien, je suis le fils d'un propriétaire de cabaret à Montmartre « Les perles de nacre ». C'est là-bas que j'ai appris à chanter. Un soir, un professeur m'a repéré. Quand j'eus ma majorité, il m'a pris sous son aile et j'ai ainsi débuté dans la troupe.

Les doigts d'Adrien se mettent à trembler. Il n'y a plus aucun doute possible. C'est bien lui. Il baisse son regard qui se perd sur la brillance des couverts où danse un jeu d'ombre et de lumière.

— Vous allez bien ?

Le policier fixe le couteau. D'un doigt encore fébrile, il effleure l'ustensile. Gabriel fronce les sourcils, trouvant son comportement étrange.

Adrien redresse soudain la tête vers lui.

— Il y a une cantine, ou un restaurant au palais Garnier ? demande-t-il au ténor un peu confus.

— Oui, dans la rotonde du glacier, pourquoi ?

— Je dois m'y rendre.

Il se lève, prêt à partir quand Gabriel lui attrape la main.

— A-Attendez le café au moins !

Le regard de Gabriel est implorant. Adrien ignore s'il joue la comédie, mais cela semble si vrai, comme si le fanfaron avait soudain peur de se retrouver seul.

— S'il vous plaît ? supplie Gabriel avec un sourire.

Dans un râle, Adrien se rassoit.

— Vous abusez de ma gentillesse, marmonne-t-il.

Le garçon vient débarrasser la table en quelques secondes.

— Je plaide coupable, avoue le ténor amusé.

Le silence s'impose à nouveau, brisé par l'arrivée des cafés fumants dans des tasses en porcelaine.

Adrien se demande qui va payer la note.

— J'ai peur d'être seul, murmure Gabriel en glissant ses doigts dans la petite anse chaude. Parfois, on éprouve des expériences qui laissent des traces indélébiles.

Adrien a soudain l'image, fugace, de son père crachant sur le visage du jeune chanteur. Il déglutit, car en face de lui, Gabriel a une mine qui lui inspire de la peine.

— On vous a abandonné ? demande-t-il presque à voix basse.

Gabriel pose un coude sur la table afin d'appuyer sa mâchoire sur sa main libre. Son regard étincelant scrute le policier et son sourire taquin a laissé place à une expression mélancolique.

— J'ai perdu toute ma famille dans des circonstances tragiques.

C'est comme si, tout d'un coup, le ténor avait laissé tomber le masque. Adrien éprouve le besoin d'en savoir plus sur sa vie, mais reste dans la retenue.

— J'ignore pourquoi je vous raconte ça, soupire-t-il. Il y a quelque chose en vous qui me donne confiance. C'est peut-être pour ça que j'aime bien vous taquiner.

Son sourire malicieux s'étire à nouveau sur sa peau de lait.

— J-Je suis po..., bégaie Adrien le cœur battant.

— Policier, et je suis le suspect.

Gabriel porte le café à ses lèvres. Adrien l'imite, mais tire une moue quand sa langue rencontre l'amertume prononcée de sa boisson.

— Pardon, j'aurais dû vous commander autre chose.

— Non c'est très bien, c'est le coup de fouet dont je vais avoir besoin.

🐚༄.°

Les deux hommes n'ont pratiquement plus échangé depuis qu'ils ont quitté la brasserie. Adrien reconnaît que la discussion était plus intéressante que prévu, tant pour l'enquête, que dans sa découverte des facettes de Gabriel. Ce dernier le conduit jusqu'à la rotonde du glacier, sans réaliser le moindre jeu de mots douteux. Mais Adrien ne prend pas le temps de s'émouvoir devant l'opulent style baroque qui orne le chaque recoin. Il ne fait pas attention au plafond richement décoré de fresques, ni aux dorures, marbres et moulures. La pièce est vide, quelques tables sont prêtes à servir pour la représentation de ce soir.

Il traverse cette atmosphère luxueuse comme si de rien n'était. Suivant les indications de Gabriel, il se dirige vers la cuisine. Il demande où sont rangés les couverts, mais Gabriel hausse les épaules. Adrien enfile ses gants et commence une fouille en ignorant la proposition d'aide du ténor.

Gabriel l'observe le gentil inspecteur devenir un véritable limier, obsédé par sa piste. Il croise les bras et s'appuie contre l'encadrement de la porte. Puisque partir le rendait encore plus suspect et que monsieur Vaillancourt ne veut pas de son aide, alors il ne lui reste plus qu'à le regarder sous toutes les coutures.

Adrien trouve ce qu'il cherchait dans un grand tiroir et examine tous les couteaux qui y sont soigneusement alignés. Mais aucun ne correspond aux blessures d'Auguste. Il soupire de déception.

— Vous avez pensé à regarder sous le meuble ? dit Gabriel en lui pointant du doigt une armoire sur pied.

Les deux hommes se penchent ensemble pour regarder dessous : un couteau est contre le mur, hors de portée de bras.

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Pauvre Adrien qui se fait mener par le bout du nez x')
Il se passe des choses bizarres quand même avec les gens de l'Opéra non ?
 


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