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Chapitre 16

Assis devant le miroir de sa coiffeuse, Gabriel fixe son reflet. Il ne sait pas si la personne qu'il voit le dégoûte ou lui fait pitié. Il ferme les yeux, prend une profonde inspiration pour se sonder. Le besoin de chaleur s'est imposé à lui de manière fulgurante. Il a goûté à quelque chose et n'aurait pas dû, car le voilà maintenant face à un vide encore plus viscéral.

D'un bond, il se lève en attrapant manteau et chapeau. Son regard se pose une dernière fois sur le bouquet de fleurs, puis il quitte sa loge.

— Où tu vas ?! clame une voix.

Odette lui barre le chemin des escaliers, l'air en colère. Gabriel tente de passer d'un pas de côté, mais le bout d'un manche à balai le menace.

— Tu m'as envoyée paître tout à l'heure et j'sais très bien qu'tu fais ça quand t'es au plus mal p'tit merdeux !

Gabriel affiche un rictus.

— Je rentre chez moi.

— Menteur ! J't'ai d'jà dit qu'j'aimais pas tu acceptes ces fleurs !

Il hausse les épaules.

— Ça ne te regarde pas, répond-il avec froideur.

— Tes sœurs s'raient malheureuses si elles te voyaient, bougonne-t-elle.

Gabriel se penche sur elle, le regard mauvais.

— Elles ne sont plus là.

Les pupilles d'Odette prennent une force ovoïde.

— Justement ! Tu d'vrais faire gaffe à ton p'tit cul au risque d'finir comme elles ! crache-t-elle.

— Ça n'a rien à voir ! Tu ne sais pas ce que je ressens !

Le ténor la bouscule et descend les escaliers. Odette le regarde partir en serrant les poings, et brise en miettes le balai.

Dans le hall, Gabriel ouvre la porte avec élan. Il quitte l'Opéra par le premier fiacre. Sur le trajet, en direction de la place Vendôme, il contemple le défilement des rues avec indifférence. La route humide reflète les enseignes qui s'éveillent pour briller dans la nuit parisienne. L'odeur caractéristique de la pierre mouillée se mêle à celle du crin de cheval, plane dans l'air. Plus loin, Gabriel reconnaît une immense place encerclée de bâtiments haussmanniens. Il sort d'une poche la carte de visite, la tourne entre ses doigts.

Arrivé à destination, il se trouve devant un luxueux hôtel : le Ritz. Le hall de l'immeuble transpire la richesse. Le sol et les murs sont de marbre, les candélabres dorés diffusent une lumière chaleureuse. Le plafond, très haut, est soutenu par des arches élégantes. Au guichet, en bois précieux, s'affaire une jeune réceptionniste au chignon parfaitement épinglé.

Gabriel s'en approche, décoche un sourire charmeur et lui montre l'invitation. La jeune femme rougit de gêne, hoche la tête et lui donne une clé.

— Monsieur sera là dans une demi-heure, dit-elle.

Il la remercie et monte les marches de l'hôtel pour rejoindre le dernier étage. Un long corridor, décoré de tapis et rideaux azurés, dessert des portes en bois. L'ambiance feutrée et intimiste, garantie un service discret. Gabriel trouve son numéro, un peu isolé, au fond du couloir.

Le ténor ferme derrière lui, il sait que Lambourg a un double des clés. La chambre, lourdement décorée de moulures et objets d'art, est pourvue d'un petit vestibule. D'un soupir las, il retire son chapeau puis son manteau qu'il place sans précaution sur une chaise à l'entrée. Une faible lumière perce à peine les voilages de la pièce. Ça ne le gêne pas, au contraire.

Son regard observe la suite luxueuse qui lui a été réservée. La couche est immense, les draps sont immaculés, revêtus d'un carré de satin bleu roi. Le sol est habillé d'une moquette sombre à motif doré, qui étouffe chacun de ses pas. De magnifiques moulures ornent les murs et le plafond. Un miroir encadré d'acajou se dresse dans un coin, face au lit. Gabriel lâche un petit rire.

Une porte donne sur une salle de bain pourvue d'une baignoire en grès, avec deux robinets. Sans attendre, il ouvre le flux et se met nu, laissant tomber ses vêtements sur le sol, avant de se prélasser dans la cuve.

Quand l'eau fumante finit de couvrir son corps, il coupe le robinet. Sa tête bascule en arrière. La chaleur se diffuse en lui, mais le vide dans son cœur reste glacial.

🐚༄.°

Une silhouette discrète patiente dans l'angle d'une rue sombre, avec vue sur l'hôtel. La fraîcheur hivernale et l'humidité ont eu raison des promeneurs nocturnes. Adrien grelotte, mais endure le froid. Son esprit cogite après avoir suivi le ténor jusqu'ici.

Il l'a vu entrer seul, mais est-il attendu sur place ? L'inspecteur préfère attendre, et, s'il y en a une, prendre la rencontre sur le fait. Toutes les possibilités tourbillonnent dans sa tête.

Sa patience est récompensée au bout d'une vingtaine de minute par l'arrivée d'un fiacre noir à cabine. L'homme qui en sort, le bas du visage couvert par une écharpe sombre, cherche assurément la discrétion. L'instinct du policier s'agite et l'engage à le suivre du regard. Arrêté à quelques mètres de l'hôtel, l'individu s'y dirige d'un pas rapide en tenant une canne dans sa main droite et un paquet dans la gauche. L'inconnu scrute autour de lui, avant de pousser la lourde porte devant lui.

Adrien traverse la rue à grandes enjambées puis attend à l'extérieur. Probablement que l'homme est en train de discuter à la réception. Au bout de cinq minutes, l'inspecteur prend le risque d'entrer à son tour. Le luxe des lieux l'interpelle : ce n'est pas tout le monde qui peut s'offrir une nuit ici. La jeune employée, assise derrière son comptoir, le regarde.

— Puis-je vous aider, monsieur ? demande-t-elle en voyant Adrien observer la pièce.

Il hoche la tête, retire son chapeau et s'approche.

— Certainement, mademoiselle.

Il glisse une main dans sa poche et sort son insigne. La réceptionniste est prise d'un hoquet de surprise.

— Inspecteur Vaillancourt. J'ai quelques questions à vous poser.

Elle lève un regard paniqué sur lui.

— Oui, bien sûr, balbutie-t-elle.

Adrien sourit légèrement pour la rassurer. Elle est livide.

— Un homme aux cheveux argentés est entré ici, n'est-ce pas ?

Elle confirme d'un mouvement de tête.

— C'est un habitué ?

— Non, répond-elle en clignant plusieurs fois des yeux.

Adrien devine aisément qu'elle lui ment.

— Mademoiselle, je ne suis pas de la brigade des mœurs.

Il la voit détendre soudain ses épaules et son teint rosir.

— Oh, heu, eh bien c'est un ami d'un client.

— L'homme qui est arrivé il y a cinq minutes ?

— Oui, monsieur l'agent.

— Son nom ?

Elle hésite quelques instants.

— Son nom ? s'agace Adrien.

— Monsieur Lambourg.

L'inspecteur fronce les sourcils, il n'a jamais entendu ce nom.

— Est-ce un pseudonyme ? Vient-il souvent ici ?

— Je ne sais pas, monsieur. Mais il est un client régulier.

Elle baisse les yeux, les doigts repliés sur le pan de sa robe. Soit elle dit vrai, soit la menace qui pèse sur elle ou sur l'établissement est lourde, pense Adrien. Il pense à consulter le registre, mais plus tard.

— Je ne veux pas vous importuner plus longtemps. J'aimerais discuter avec ces messieurs. Où sont-ils ?

— Navré, mais je ne peux pas donner le numéro de chambre d'un client à...

Adrien la fixe en penchant la tête sur le côté, tend sa main vers son insigne pour le saisir et le ranger lentement dans son manteau. Très lentement.

— La 18, dit-elle la gorge serrée.

— Merci pour votre collaboration. Si vous rencontrez un problème suite à mon intervention, n'hésitez pas à me contacter aux Orfèvres : Vaillancourt.

Elle hoche la tête frénétiquement. L'inspecteur monte calmement les escaliers. Chaque pas semble plus lourd, comme si une partie de son cerveau voulait rebrousser chemin.

Aux aguets, il marche vers la porte au fond du couloir. Lorsqu'il se trouve devant, Adrien entend des cris étouffés. La panique le gagne : et si Lambourg assassinait Gabriel qui en sait trop ? Sa main essaie de tourner le bouton doré de la poignée, en vain. L'inspecteur peste, garde son sang-froid et sort un kit de crochetage. Les doigts tremblants, il ouvre en quelques secondes, entre discrètement et tire une matraque de son manteau. Il fait quelques pas, en silence, vers la chambre.

Depuis le vestibule plongé dans le noir, les yeux d'ambre d'Adrien glissent sur le corps nu de Gabriel, étendu sur le lit. Allongé sur le dos, sa tête en arrière, le ténor gémit. Sa peau blanche, glabre et humide, semble briller sous la lumière dorée provenant de la fenêtre. Sa posture lascive, ses cheveux lâchés collant à sa peau frémissante et son visage qui se fond dans une expression de plaisir, figent Adrien dans une fascination paralysante.

Sa vision est gâchée par les grognements d'un homme d'une quarantaine d'années, de constitution solide, à peine dévêtu, qui lui tient les cuisses, faisant claquer son bassin contre celui du ténor.

Adrien met du temps à réaliser ce qu'il voit.

Dans un réflexe incontrôlé, ses doigts se crispent sur sa matraque au point de blanchir ses phalanges. Les émotions se bousculent, il n'y a pas assez de place dans son thorax. Elles sont trop grandes, contradictoires, violentes. Un feu saisit son corps tout entier, faisant rougir ses yeux, brûle sa poitrine et ses entrailles.

Il parvient à faire un pas en arrière. Plus il regarde, plus le monde s'écroule autour de lui.

Adrien se tourne enfin, le souffle vient à lui manquer. En apnée pour ne pas être repéré, il s'apprête à partir quand il voit, sur une chaise, le manteau de l'inconnu. L'inspecteur range sa matraque et fouille le vêtement, trouve une carte, la glisse dans sa poche.

Puis il prend la fuite.

Loin. Le plus loin possible. Pédalant de toutes ses forces sur son vélo, Adrien halète. Son esprit est complètement blanc, agissant par automatisme, ne voyant pas le temps passer, ne ressentant ni le froid acéré ni son cœur qui se délite.

Lorsque Adrien reprend conscience, il est dans le vestibule de son appartement, sonné comme s'il avait reçu un crochet du droit en pleine tête. Ses doigts sont toujours crispés. Mireille vient à lui, en robe de chambre, ses longs cheveux tombent en cascade sur ses épaules. Elle l'appelle plusieurs fois et s'inquiète de son regard rougi.

Adrien lève enfin les yeux sur elle qui encadre son visage glacé de ses mains rassurantes. Inutile qu'elle lui demande s'il va bien.

— Adrien ? Que t'arrive-t-il ?

— Mireille... tu as envie qu'on essaye, ce soir ?

D'abord surprise, et voyant bien que son mari n'est pas dans son état normal, la jeune femme hésite. Puis elle se souvient que les opportunités sont rares. D'un sourire elle accepte, lui faisant confiance.

Cette nuit est la plus intense qu'elle ait goûtée. Malgré le plaisir qu'elle prend, Mireille devine la détresse dans l'attitude de son époux plus entreprenant, plus vigoureux, fauve mais larmoyant.

Dès qu'il ferme les yeux, Adrien voit Gabriel. Quand Mireille soupire, c'est la voix du ténor qu'il entend. Ça l'excite et le dégoûte. Le feu en lui ne prend fin que lorsqu'il atteint son paroxysme dans une extase qui les secoue tous deux.

Adrien s'effondre aux côtés de sa femme et fond en pleur.

— Je suis désolé, répète-t-il comme une supplique.

Mireille s'allonge contre lui, se collant à son dos et le serre contre elle.

— De quoi parles-tu ? C'était très bien.

Elle a pour seule réponse, un torrent de larmes, jusqu'à ce qu'Adrien s'épuise et s'endorme, bercé par sa chaleur et une douce mélodie dans sa tête.

⋆.ೃ࿔*:𓇼⋆.ೃ࿔*:⋆

Un chapitre très dramatique, qu'en avez-vous pensé ? :'(

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