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Chapitre 15

Stupéfait de s'être ainsi laissé mener par le bout du nez, Adrien suit Gabriel avec un air renfrogné. L'atmosphère studieuse du Louvre, l'odeur de verni et de vieux bois, offrent un cadre intime à cette visite inopinée.

Gabriel est particulièrement intéressé par les tableaux qui dépeignent la mer ou n'importe quel cours d'eau. Devant chaque œuvre, il raconte une petite histoire, vraie ou fausse, peu lui importe tant qu'il a l'attention de l'inspecteur. Ce dernier, d'abord bougon, finit par lui prêter une oreille attentive et s'en amuser.

Ils avancent dans une galerie de peintures et arrivent face au « Le sommeil d'Endymion », de Girodet. Le magnifique corps nu d'un jeune homme endormi est baigné par des rayons de lumière argentés, représentant la déesse de la lune, éprise de sa beauté.

Gabriel scrute le tableau, le visage plus fermé que d'habitude. Son regard glisse sur Adrien, étudie ses yeux ambrés parcourant la toile, son air sérieux, ses mains jointes dans son dos, et les quelques mèches rebelles sur son front. Tant de petits détails qui font le charme du policier.

Adrien se redresse et croise son regard. Pendant une fraction de seconde, un frisson le traverse.

— Quelque chose ne va pas ? demande-t-il pour combler un silence trop lourd.

— Ce tableau me fait penser à quelqu'un. Une beauté cachée ne se révélant qu'à celui qui sait observer.

Adrien ressent un vertige, il a du mal à lire l'intention de Gabriel, ou ne veut pas la considérer.

— Et vous ? questionne le ténor.

L'inspecteur s'empresse de détacher son regard pour faire mine d'analyser une fois de plus la toile.

— Je vois un homme heureux dans son sommeil et quelqu'un qui veille sur lui.

À ces mots, sans y avoir trop réfléchi, Adrien identifie Mireille aux rayons bienveillants de la lune et le berger à lui-même. Soudain mal à l'aise, il invite précipitamment Gabriel à découvrir une autre œuvre.

Le ténor n'est pas dupe.

Après quelques tableaux, ils s'arrêtent devant une toile d'Eustache Le Sueur, « le Rapt de Ganymède ». Dessus, un aigle gigantesque, les ailes déployées, emporte un bel éphèbe légèrement vêtu. Voyant que la peinture suscite la curiosité d'Adrien, Gabriel improvise :

— Je trouve que Ganymède n'a pas l'air particulièrement impressionné, fait-il remarquer.

— Il se fait enlever par un oiseau géant tout de même.

— C'est assez récurrent à l'époque de se faire emporter par une divinité, répond Gabriel avec un rictus. Regardez, on dirait presque qu'il se dit : « Pourquoi m'enlever de façon aussi théâtrale ? Vous m'auriez demandé gentiment, je serais venu ! »

— Vous voulez dire par « gentiment » : comme la fois où l'on vous a sollicité pour remplacer monsieur Allaire, dit Adrien en levant un sourcil.

Gabriel sourit de plus belle et rétorque, très confiant :

— Personnellement, j'aurais réclamé à Jupiter un tapis rouge, jonché de fleurs rares, avec un petit orchestre.

Un silence passe.

Adrien se met à trembler, puis ne parvient plus à retenir son rire et pouffe le plus discrètement possible dans la galerie. Le cœur du ténor se gonfle.

La visite se poursuit tranquillement. L'inspecteur se sent bien, même heureux, et se surprend à apprécier les quelques œillades du chanteur à ses côtés.

Est-ce qu'il devrait lui avouer ? Qu'il se connaissent depuis ce soir-là, au cabaret ? Qu'il n'a pas cessé de penser à ce qui s'est passé ?

Tandis qu'ils admirent une autre toile du même artiste, une voix familière frappe l'oreille d'Adrien qui balaye du regard la pièce. Soudain, il reconnait un homme à quelques mètres, accompagné d'une femme et d'un petit garçon. Le nez encore bleu, le bras en écharpe : pas de doute, c'est Marc Vasseur.

Gabriel raille un détail amusant du tableau quand Adrien lui attrape fermement le bras pour l'inciter à avancer. Il lève la tête et voit le visage de l'inspecteur fermé et pâle. Le ténor se tait et se laisse mener dans l'alcôve la plus proche. Adrien ne perd pas de temps, il ouvre la première porte qu'il aperçoit et les fait entrer.

La pièce est exiguë, plongée dans le noir. Adrien peste, il espérait découvrir une cage d'escalier pour quitter l'étage. Face à Gabriel qui se retrouve dos au mur, la proximité soudaine de leurs corps le met mal à l'aise. Elle est beaucoup trop agréable pour être acceptable.

— Eh bien, vous désirez m'enlever ? taquine le chanteur. Je ne m'attendais vraiment pas à ce que vous...

La paume d'Adrien se presse sur sa bouche.

— Baissez d'un ton, ordonne-t-il à voix basse. À moins que vous vouliez que l'inspecteur Vasseur, qui souhaite vous envoyer en prison, ne vous découvre ?

Gabriel lève les sourcils et hoche la tête. La main d'Adrien se retire lentement.

— Me découvre avec vous, corrige le ténor en chuchotant. Circonstance aggravante, j'imagine ?

Comment peut-il s'amuser de la situation ?

— Oui, répond Adrien sèchement.

Gabriel sourit et ferme les yeux. Ses traits espiègles se fondent dans une expression plus douce. Après tout, dans le noir, il ne sert à rien de maintenir les apparences. À quelques centimètres d'Adrien, il ressent sa température corporelle, son odeur de bois fleuri et de coton. Il entend les battements de cœur du grand homme jouer un rythme qui incite le sien à le rejoindre.

Gabriel inspire profondément, tend ses bras de part et d'autre d'Adrien. Lentement, il mime qu'il l'enlace, sans exaucer son désir. Une houle de frustration remue son ventre. Une douceur mouillée glisse du coin de son œil jusqu'à sa joue. Refusant de s'abandonner, le ténor serre la mâchoire.

— Tout va bien ? demande Adrien, inquiet du silence inhabituel de Gabriel.

— Combien de temps allons-nous rester ici ?

L'inspecteur tend une oreille, puis prend le risque d'entrer ouvrir la porte. Vasseur est pile dans sa ligne de vue. Aussitôt, il referme et calcule la distance que Marc a parcourue depuis qu'ils sont dans le placard.

— S'il met environ cinq minutes par tableaux, et au vu du nombre de toiles : dans quinze minutes, nous pourrons sortir derrière lui.

Le chanteur cligne des yeux, étonné par cette estimation très précise.

— Je ne sais pas si j'aurais la patience..., commence Gabriel avant de se taire.

— Vous êtes claustrophobe ?

— Je n'aime pas les espaces exigus, ment Gabriel tandis que la tentation qui le ronge.

— Je suis navré, s'excuse Adrien. Voulez-vous que nous tentions de sortir ?

— Ne vous en faites pas pour moi, ça devrait aller, je crois.

Le malaise est palpable dans sa voix et ça n'échappe pas à Adrien. Fin observateur, il a aussi remarqué que le souffle du ténor s'était approfondi, signe d'une volonté de garder le contrôle sur ses émotions. Adrien connait bien ça. Et, par empathie, il glisse une main dans son dos pour l'amener contre lui.

— Quand j'étais plus jeune, ma femme me prenait dans ses bras lorsque je faisais des crises de panique. Ça me calmait.

Gabriel est à la fois attendri par cette touchante anecdote, et surpris par ce geste qu'il n'osait espérer. Délicatement pressé contre lui, il sent la chaleur radiante d'Adrien qui l'inonde de bien-être. De ses mains tremblantes, il enlace le gentil inspecteur et pose son front contre sa poitrine pour profiter de cette carrure rassurante. Un profond soupir s'exhale de ses lèvres entrouvertes.

Adrien ne bouge pas, se répétant en boucle que n'est qu'une étreinte virile compatissante, et rien d'autre. Jusqu'à ce que son esprit s'apaise et réalise que le ténor est agrippé à son dos, les doigts crispés sur son manteau. Il lui paraît soudain fragile, sa détresse s'exprimant sans un mot.

Gabriel colle son oreille contre lui.

— Vous êtes plus douillet que mon coussin, inspecteur, dit-il le sourire aux lèvres.

— N'en abusez pas non plus, répond Adrien amusé de l'entendre à nouveau taquin.

— Ce n'est pas mon genre, voyons.

Les deux hommes lâchent des rires étouffés.

— Comment êtes-vous devenu policier ? demande Gabriel qui souhaite faire durer l'instant.

— Je devais reprendre les affaires familiales, mais ça ne m'intéressait pas. Mon père a accepté à condition que je fasse un métier respectable.

— « Respectable », souligne Gabriel de façon ironique.

— Pour sûr, devenir boxeur n'était pas quelque chose qu'il considérait comme convenable.

Le ténor lève le menton vers lui.

— Vous ? Boxeur ? Je ne l'aurais jamais imaginé.

— J'aime beaucoup ce sport, répond Adrien en hochant la tête. J'ai rencontré des amis de mon père qui étaient policiers. De fil en aiguille, me voilà agent aux brigades du Tigre.

— Ça ne doit pas être facile tous les jours, dit Gabriel en plissant la bouche.

— Surtout quand un suspect passe son temps à vous mener par le bout du nez.

Ils rient à nouveau, puis, après quelques échanges, Adrien estime qu'ils peuvent prendre le risque de quitter la pièce. Il pousse la porte discrètement et atteste que la voie est libre : Vasseur est plus loin dans la galerie.

Les deux hommes sortent du placard, non pas sans attirer quelques regards, et se dirigent vers l'entrée. Dehors, sur les marches de la porte Denon, Adrien se tourne vers Gabriel :

— Vous ne continuez pas la visite ? demande-t-il en refermant sa veste. Le Louvre est immense, il y a peu de chance que vous le croisiez. Et sans moi, ce serait bien moins étrange de vous voir profiter d'un musée.

— Non, seul c'est bien moins amusant. Et savoir que cet homme est dans les parages me met mal à l'aise.

Le ténor se coiffe de son chapeau.

— Je comprends.

— Je retourne à l'Opéra, me faire enguirlander par Messager, dit-il en riant.

Pourquoi la séparation est aussi difficile ?

— Pour ma part, j'ai quelques affaires à boucler au bureau.

— Bonne fin de journée dans ce cas ! Au plaisir de vous revoir, inspecteur.

Gabriel lui adresse un clin d'œil, puis descend les escaliers avec un petit pas de danse. Il se tourne vers Adrien, le salue d'une révérence exagérée, avant de se rendre sur la place pour monter dans un fiacre.

Adrien sourit et l'observe disparaître dans le véhicule avec un pincement au cœur. Puis, ses traits se durcissent. La soirée va être longue.

🐚༄.°

Après une belle remontrance de Messager, et une répétition où tout le monde s'est montré pénible avec lui, Gabriel à l'impression de revenir d'une vertigineuse chute émotionnelle.

Odette lui rend visite avant le spectacle du soir, décelant que quelque chose ne va pas. Il la congédie en quelques mots, non sans peine : la petite femme n'est pas du genre à abandonner facilement quand elle est persuadée de quelque chose.

Gabriel se sent mal, bougon. Le vide dans son corps est d'un froid mordant, pesant. Sa représentation sera en deçà de ses habitudes.

Lorsque l'opéra est terminé, Amandine vient le voir avec un bouquet dans les bras.

— C'est de la part de monsieur Lambourg, annonce-t-elle timidement. Il cherchait à vous le remettre en main propre, mais Messager lui a demandé de partir.

Gabriel prend les fleurs, son regard glisse dessus. Il se sent las, sa peau glacée se languit d'une étreinte. Résigné, il accepte la discrète invitation, cachée entre les roses.

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J'ai mit beaucoup de temps à écrire ce chapitre pour bien doser, ne pas trop en faire. J'espère que ça vous a plu ce rapprochement entre Adrien et Gabriel ^^

Ci-dessous les 2 tableaux sur lesquels se ils se sont arrêté : le sommeil d'Endymion, et le Rapt de Ganymède.

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