6
Après avoir récupéré France et Contance, Alix décide qu'il est grand temps de ramener les deux jeunes filles chez elles.
*
On se retrouve à la fin pour un petit mot !
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Au bout de dix minutes, comme prévu, et comme promis, elles firent toutes trois demi-tour. Alix s'était garée à quelques mètres du collège de France, ce qui fit paniquer l'adolescente lorsqu'elle s'en rendit compte.
— Hors de question qu'on passe devant le lycée, trancha France en s'arrêtant à cinquante mètres de celui-ci.
— Je suis garée juste à quelques mètres. Si on ne passe pas par le collège il faut faire demi-tour et passer par la rue parallèle.
— Attends, mais ça nous fait faire un détour titanesque, contesta Constance. On y est là !
— Si Slade me voit..., implora France.
On pouvait clairement lire le désespoir et la panique dans le regard de France. Son visage était déformé par la peur. Sa peau était plissée, formant une légère crevasse qui parcourait son front sur toute la longueur.
— Ayez un peu de cœur quand même ! s'égosilla France.
— O.K, râla Constance. Mais tu m'en devras une.
France acquiesça d'un signe de tête.
— Et moi on ne me demande pas mon avis dans tout ça ? s'indigna faussement Alix.
— S'il te plaît Alix, demandèrent en cœur les sœurs.
Alix attarda son regard sur sa montre. Une heure était déjà passée, il était grand temps de rentrer. Hors de question de vexer la Moody.
Les filles firent donc un large détour jusqu'à ce qu'Alix leur désigne sa voiture au loin :
— Et voici votre carrosse mesdemoiselles.
— Attends c'est ça ta voiture ? s'exclama France, enthousiaste.
— Oui, elle est assez ancienne. Ça lui donne un certain cachet.
— Je peux la toucher ? demanda-t-elle.
— Bien sûr, vas-y, bégaya Alix, étonnée de son comportement.
Pour une fois qu'elle appréciait quelque chose chez Alix – enfin qu'Alix avait – on n'allait pas l'empêcher de s'en approcher.
France accourut, puis hésita lorsqu'elle se retrouva au niveau de la voiture d'Alix. Constance et Alix s'étaient arrêtées, attendant comme une manifestation divine. France effleura alors une voiture d'un noir pétrole, mais il ne s'agissait pas de la voiture d'Alix, non ça aurait été trop beau. C'était une Lamborghini flambant neuve.
— Elle est vraiment magnifique ! s'émerveilla-t-elle.
Elle se retourna avec un sourire incroyable.
— Heu...France... ma voiture, c'est celle là, répliqua Alix en désignant la deux chevaux.
La jeune fille se tétanisa, comme si on lui avait jeté un sort, puis elle vient se placer devant la voiture ancienne, cabossée de toutes parts et légèrement sale. De la boue avait séché sur les pneus.
Elle s'écarta légèrement, avec une moue d'écœurement, toisant la voiture sur toute sa longueur.
— Alix ? murmura France.
— Oui ?
— Tu ne crois tout de même pas que je vais rentrer dans ça ?
— Si, je crois bien que si... enfin si tu n'as pas envie de rentrer à pied.
France roula des yeux quand Alix ouvrit la portière côté passager.
— Déjà que tu m'obliges à entrer dans cette épave, je ne vais tout de même pas m'afficher à l'avant de la voiture.
— Eh bien monte à l'arrière dans ce cas.
— Comme si j'avais vraiment le choix, asséna France.
L'adolescente s'assit avec hésitation sur le siège derrière Alix, vérifiant l'état de la banquette arrière. Constance, elle, entra sans un bruit, regardant avec exaspération sa sœur aînée.
Alix démarra, bien trop pressée de rentrer. Elle avait intérêt à bien la payer la Moody, oh oui, ça elle avait intérêt.
— Nan mais c'est même pas un intérieur cuir, c'est quoi ce truc ? soupira France.
— On a que quelques mètres à faire ! finit par beugler Constance.
— Vous êtes sûres que vous êtes sœurs? demanda Alix en les regardant toutes deux dans le rétroviseur. Il n'y a aucune ressemblance dans vos traits de caractère.
— Je pense qu'il y a des gènes qui n'ont pas du passer chez Constance. Elle ne ressemble à personne dans la famille.
— Heureusement que je ne suis pas comme toi, répliqua-t-elle en serrant son cartable contre elle.
Elles débattirent durant tout le trajet tandis qu'Alix mettait le volume de la radio assez fort pour couvrir leur prise de bec.
— Dans cinq minutes c'est fini, se murmura-t-elle en passant la première.
Effectivement quatre minutes, et 36 secondes — montre en main — suffirent pour se garer non loin de l'imposant immeuble où elles vivaient.
Alix n'entendaient même plus les filles se disputer quand elles arrivèrent enfin dans l'ascenseur. Constance déclara soudain :
— Allez, c'est bon, je suis le mouton noir de la famille, tu remportes la discussion, on oublie. Soyons au moins calmes devant maman.
— T'as raison, répondit France en introduisant ses clefs dans la serrure.
Elle ouvrit la porte d'entrée à la volée et croisa le regard de sa mère qui passait dans le salon.
— Oh ! France, chérie, vous êtes déjà rentrées ?
— Maman !!
France s'élança dans les bras de Madame Moody. Elle avait des trémolos dans la voix et des larmes perlaient au coin de ses yeux.
— Maman pourquoi tu nous a envoyé cette...
Elle désigna Alix de la main de haut en bas. Celle-ci était restée figée sur le palier, le cartable de Constance à la main.
— ... Elle ?! acheva-t-elle sur un ton dégoûté.
De façon tout à fait imprévue Constance emmena Alix à l'intérieur, voyant quelle ne bougeait pas. Elle claqua la porte dans un bruit assourdissant, attirant l'attention de tout le monde, et faisant cesser les pleurnicheries de sa sœur. Elle tira alors France par l'épaule, la faisant légèrement vaciller, et se plaça entre elle et sa mère.
— Alix est super gentille ! Judith est naze, elle nous achète jamais de glace comme elle. Tout ce qu'elle fait c'est parler de mode, de ses copains tous plus abrutis les uns que les autres.
— Comment ? s'exclama Leslie Moody.
— Oui, continua Constance. Elle m'énerve l'autre nounou.
— Non..., coupa-t-elle sèchement.
La Moody devient aussi rouge que sa veste pivoine. Son regard s'attarda alors sur Alix qui était restée sagement où Constance l'avait laissée, encore trop choquée de la scène de France.
— Comment pouvez-vous donner des glaces à mes enfants ? hurla Leslie de sa voix stridente. Elles ne mangent pas de sucre, et encore moins en si grosse quantité. Vous voulez les empoisonner ou quoi ?!
— Je ne savais pas qu'il y avait une quelconque allergie, s'étonna Alix.
— Qui vous parle d'allergie ? La glace c'est un poison, tous les enfants devraient être privés de cette invention italienne à la noix !
Au vu de ses joues qui s'empourpraient de plus en plus, elle ne plaisantait pas.
— J'ignorais qu'elles n'avaient pas le droit à tout ça. J'ai un peu été prise à la dernière seconde pour ce job. Je n'ai pas vraiment eu le droit à une formation pleine et entière.
Leslie Moody se prit la tête entre les mains, et se passa furieusement les doigts dans les cheveux.
— On va dire que c'est bon pour cette fois, aboya-t-elle.
Elle prit les enfants par le bras et les mit derrière elle, comme pour les protéger du démon machiavélique qu'était Alix.
— Ce sera bon pour cette fois-ci, répéta-t-elle. Vous pouvez disposer.
Elle tourna les talons, poussant les filles dans le dos pour qu'elles avancent vers l'escalier.
Alix écarquilla les yeux. Est-ce qu'elle était sérieuse cette bonne femme ?
Constance se retourna et croisa son regard éberlué tandis que France la mirait avec satisfaction.
— Maman ! grogna Constance en se dégageant de la main qui la poussait.
Leslie la regarda avec un faux sourire :
— Qu'est-ce qu'il y a mon poussin ? Autre chose à dire sur...
Non, impossible, elle n'avait pas oublié son nom quand même ?
— ...Alix, compléta Constance. Eh non !
— Alors que se passe-t-il ma poupée en porcelaine ? demanda-t-elle avec un sourire de plus en plus faux.
— Tu n'aurais pas oublié quelque chose ?
— Constance, s'il y a des papiers de l'école à signer, ça peut attendre ce soir, grommela-t-elle en effaçant totalement sa fausse béatitude.
— Non, reprit-elle. Tu as oublié de payer Alix.
Leslie eut un hoquet de surprise. Elle lança ses yeux d'un bleu vif sur Alix. Elle prit une profonde respiration qui fit mouvoir sa poitrine refaite et éclata soudain d'un rire si aigu que ça en fit sursauter Constance. Elle reprit soudainement une profonde respiration après avoir fait résonner son rire dans tout le couloir pendant une bonne poignée de secondes.
— Ma chère demoiselle, vraiment, je suis tête-en-l'air. Je vous devais combien ?
Alix hésita. C'est le signe de tête de Constance qui lui donna la force de dire :
— Le prix que j'imaginais avec un zéro derrière, pour reprendre vos paroles.
Leslie sourit, dévoilant ses dents d'une blancheur surhumaine.
— Et vous imaginiez combien ?
C'était une bonne question. A vrai dire, Alix aurait pensé à dix dollars de l'heure vue que les Moody habitaient dans un bon quartier. Mais si elle disait vingt, juste pour voir ? Hum... sûrement trop, ça reviendrait quand même à deux-cents dollars au total pour une misérable heure. Et dix-neuf... ? Oh et puis zut !
— J'imaginais dix-sept dollars, finit-elle par lâcher.
C'était trop, beaucoup trop. Qu'est-ce qui lui avait pris ?
Leslie Moody haussa le sourcil. Elle jaugea Alix, la sondant de son regard hypnotisant.
— Voyons, vous n'imaginiez tout de même pas dix-sept dollars ? Un peu de sérieux, souffla-t-elle en croisant les bras. Je donne neuf dollars à Judith, et c'est déjà excessif.
— Je...Euh...
— Bon, soit, décréta-t-elle en souriant. Disons donc cent soixante-dix dollars. C'est bien parce que vous m'avez sauvée la vie.
Elle alla de sa démarche féline dans l'immense salon de blanc et d'émeraude. Elle revint avec son sac à main d'une marque inconnue par Alix, mais d'un design sublime. Si c'était ça son sac de ville, on ne pouvait oser imaginer ce qu'elle prenait en soirée.
— Voici donc... Cent cinquante..et...vingt qui font cent soixante-dix dollars.
— Et n'oublie pas les glaces, intervint Constance qui regardait la transaction avec un sourire satisfait comme si c'était à elle qu'on donnait tout cet argent.
— Elle a essayé de vous empoisonner. Je ne sais pas si ça mérite de l'argent ma poupée, répliqua la matriarche avec son sourire hypocrite plus blanc que blanc.
— Maman, j'ai promis que je te demanderai de la rembourser, donc je le fais. Et quand je promets, je ne défais jamais cette promesse quoi qu'il advienne.
Les yeux de la petite brillaient tels des oriflammes lorsqu'elle dit ça à sa mère. Elle soutenait son regard avec détermination. Une sorte de haine se dégageait de cette confrontation mère-fille.
Alix se sentait mal d'être défendue par une enfant de dix ans, mais en cet instant on aurait pu croire qu'elle en avait vingt.
— Très bien, fulmina Leslie Moody.
Elle fit volte-face vers Alix et fonça sur elle comme un taureau pour lui écraser violemment un billet de cinquante dollars dans la main. Puis sans rajouter quoi que ce soit, elle fit claquer ses talons sur l'escalier de marbre tout en faisant virevolter sa chevelure blonde. Elle disparut en claquant avec rage la porte de sa chambre.
— C'est du racket ! vociféra aussitôt France quand elles se retrouvèrent toutes les trois. C'est une honte ! Deux-cent vingt dollars pour une misérable heure ?
Elle poussa sa sœur pas l'épaule pour se trouver nez-à-nez avec Alix :
— Et toi ! ajouta-t-elle. Ne pense pas que ma mère va être ta poule aux œufs d'or. Elle ne payera pas toujours ainsi. Comme tu l'as entendu elle donne neuf dollars de l'heure à Judith, et c'est...
— France, trancha Alix. Je ne suis plus ta nounou à partir de cet instant, donc...la ferme !
L'adolescente prit un air choqué dans un hoquet similaire à celui de sa mère.
Alix tourna son attention vers Constance qui se frottait toujours l'épaule après le coup violent de sa sœur. Elle fit quelques pas vers elle et s'accroupit, plongeant son regard dans celui de la petite fille dont les yeux s'étaient embrumés de tristesse.
— Constance, ma belle, je ne sais comment te remercier pour ce que tu viens de faire. Tu es vraiment adorable. Reste toujours aussi mignonne.
— Pourquoi tu parles comme si nous n'allions plus nous revoir ? bredouilla-t-elle en écarquillant ses grands yeux innocents.
Le plancher craqua lentement. France s'était rapprochée suffisamment pour croasser :
— Parce que c'est juste une femme de ménage qui a loupé sa vie !
— Toi, va cracher ton venin ailleurs, riposta Constance. On la reverra et tu le sais !
— On voit vraiment que tu as dix ans et moi quatorze. Quatre années qui changent tout comme on peut le voir, piailla France en regardant sa sœur de haut en bas.
— Alors là, rien à voir ! Moi j'ai dix ans de gentillesse, et toi quatorze ans de noirceur.
Elle tourna son visage rond vers Alix et lui prit la main avec douceur. Alix fut parcourue par une sensation étrange. Elle avait l'impression d'être importante quand Constance la regardait comme ça avec son sourire en coin que dessinaient ses petites lèvres roses.
Soudain la fillette retira sa petite main de la paume d'Alix. Elle baissa la tête comme pour puiser l'énergie nécessaire pour l'implorer :
— Maintenant fuis cette maison de dingues !
Elle s'avança à grands pas vers elle pour l'obliger à se relever, puis se dirigea avec elle vers la porte d'entrée.
— Merci, murmura Alix avant que Constance ne ferme la porte sur le Royaume du démesurément grand, une larme à l'œil.
Si on lui avait dit que son vendredi soir se terminerait avec deux-cents vingt dollars en poche et l'amour d'une petite fille, Alix ne l'aurait certainement pas cru.
Elle eut comme un déchirement au cœur en entrant dans sa voiture. Elle recompta ses billets, puis jeta un dernier regard à l'immeuble.
— Sacrée gosse, souffla-t-elle en rangeant la liasse dans son sac à main.
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Apolite Élueau
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