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Hello tout le monde !
Je voulais tout d'abord vous REMERCIER pour ces 20 K vues ! Je suis vraiment sur un petit nuage!!!!!! Je me suis fais une petite danse à la Beyoncé pour fêter l'événement !!! XD Merci également à mes nouveaux followers qui me suivent avec autant d'entrain - et aux plus anciens qui continuent à me suivre vaille que vaille ( l'expression qu'on utilise plus depuis l'an 40 ! :D ). J'adore tous vos commentaires, vos votes et les ajouts à vos listes de lecture. Quand je vois des personnes aussi actives je me dis que c'est ça des lecteurs idéaux, ce sont ceux qui s'expriment ! C'est à dire... VOUS MES AMOURS ! Et on a la chance de le faire sur cette super plateforme, donc profitons-en, en plus je mords pas , ça tombe bien, non ?! ;)
Vous êtes vraiment les meilleurs ! Just enjoy the new chapter ! Besos !!
Votre fana du chocolat *o*
- Apolite
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Nina avait passé la soirée à émettre des hypothèses les plus tordues les unes que les autres sur le couple Anne- Franck. Et le lendemain elle ne s'était pas arrêtée :
— Tu penses qu'ils ont déjà couché ensemble ? Nan mais moi...c'est que ça me paraît évident ! Attends... Ce regard ! Elle battait des cils aussi vite qu'un colibri bat des ailes, rit-elle.
Elle s'était assise sur le rebord du lit d'Alix qui était toujours enfouie sous ses draps.
— Bonjour, grogna Alix en sortant le bout de son nez.
— Ouais, salut ! Nan, mais attends, la tête de la Moody quand elle entendra ça ! gesticula-t-elle.
Alix se découvrit en un éclair et fixa Nina, les yeux encore mi-clos par la fatigue et les cheveux ébouriffés par la nuit de sommeil.
— Tu vas lui dire ? demanda Alix sur ton menaçant.
— Non, je n....
— T'as même pas intérêt à lui dire ! la coupa-t-elle.
— Quoi ?! Tu défends Leslie Moody ? s'étouffa Nina en regardant dans tous les coins de la chambre comme une paranoïaque. Madame Moody, vraiment ? souffla-t-elle.
— Nan, jamais ! Mais si elle se rend compte que son mari la trompe potentiellement avec sa super pote d'enfance je crois pas qu'on va s'éterniser ici, et on vient juste d'arriver donc il en est hors de question ! Alors c'est motus et bouche cousue !
— Sur quoi doit-on se taire ?
Une voix suave avait résonné dans leur dos. Elles découvrirent avec un haut le cœur qu'Anne Solange était sur le pas de la porte, dans une robe rouge moulante, un foulard blanc et or noué autour du cou.
— Je suis navrée, je me suis permise d'entrer. Ça fait deux fois que je frappe à la porte, et comme je vous entendais parler...
Elle n'avait pas achevé sa phrase, se contentant d'arborer son sourire éclatant. Mais Anne les avait entendues parler. C'est ce qu'elle avait dit, textuellement. Est-ce qu'elle avait entendu toute leur conservation ?
Anne restait sur le pas de la porte, les mains jointes les regardant successivement avec ce regard maternel. Elle attendait toujours une réponse à sa question mais Alix tenta de noyer le poisson :
— Nous ne vous... avons pas entendu frapper, marmonna-t-elle, suspicieuse.
— Vous deviez être trop absorbées par votre discussion. Des choses qui arrivent.
— Sûrement..., répliqua Alix en la regardant droit dans les yeux.
Mais elle détourna très vite le regard, ayant l'impression qu'Anne Solange pouvait lire dans les pensées. Et il ne valait mieux pas qu'elle lise quoi que ce soit à cet instant.
— Vous ne voulez donc pas partager ce secret avec moi ? insista-t-elle. J'adore les secrets, surtout ceux qu'il ne faut pas dire à Leslie !
Alix sentit un profond malaise l'envahir. Elle avait entendu, c'était sûr maintenant. Que faire ? L'assommer ? Non, mauvaise idée elle n'avait qu'un oreiller sous la main. La supplier à genoux ? Jamais. Alors quoi ?
Nina était pétrifiée. Elle avait tourné son regard vers Alix qui tentait de calmer son palpitant dans un effort surhumain.
— On ... On voulait vous demander le code wi-fi mais on n'osait pas.
Un léger haussement de sourcil de la part d'Anne indiqua qu'elle n'attendait en rien cette réponse. Elle les toisa quelques secondes avant d'éclater de rire. C'était un petit rire cristallin, joli à entendre mais il résonna dans la chambre comme un glas. Nina regard Alix avec une moue d'angoisse avant de se tourner vers l'hôte.
— Ah, mais voyons, n'ayez pas peur de cette vieille Anne. Descendez avec moi, le boîtier est en bas, et le petit déjeuner vous attends.
— On vous rejoint dans quelques secondes.
— Oh oui, prenez le temps de vous coiffer. Je n'avais pas remarqué votre touffe Alix, rit-elle en mimant avec ses mains.
Alix se leva en riant faussement tandis qu'Anne se dirigeait de son pas royal vers les escaliers. Alix ferma la porte précipitamment et se plaqua dos à elle, les mains sur les yeux. Elle se mordit sauvagement la lèvre avant de bafouiller :
— On est grillées.
Nina se laissa tomber sur le lit, les membres encore tremblants.
— Elle ne nous a pas crues, murmura Alix. Même moi je ne me suis pas crue quand je l'ai dit !
— Alors on fait quoi ? demanda Nina qui était restée allongée droite comme une statue du jardin, à moitié paniquée à moitié tétanisée.
— Rien. Je me brosse les cheveux et on descend déjeuner normalement.
— Au moins on aura le wi-fi, sourit Nina.
— Oui c'est ça, le wi-fi contre mille soucis avec Anne. Le pied...
Alix et Nina trouvèrent Anne Solange dans le grand salon qu'elles avaient à peine vu la veille. De jour il y avait une lumière douce que laissait entrer la grande baie vitrée qui donnait sur le derrière du jardin tout aussi grand que le devant. Alix dut poser sa main sur le mur pour bien réaliser qu'il s'agissait de cuir. Tous les murs de la pièces était recouvert d'un cuir noir ébène qui contrasté avec la table blanche rectangulaire où l'on pouvait faire déjeuner une dizaine de convives. Une cheminée électrique était imbriquée dans le coin droit de la pièce à côté d'un piano immaculé. On retrouvait la simplicité du décor dans cette pièce. Elle n'était pas très meublée, mais chaque objet avait une valeur inestimable.
Anne Solange était installée dans le divan près de la baie vitrée et souriait à Leslie, une tasse de café dans les mains.
— Où sont les filles ? demanda Leslie sur un ton nasillard en voyant les deux amies arriver.
— Elles dorment toujours, répondit Alix qui avait totalement oublié qu'elle devait s'occuper d'elles. Le décalage horaire tout ça, continua-t-elle avec une gestuelle qui trahissait son mensonge.
Leslie eut un regard de gorgone. A ce moment là, alors qu'elle était terrifiante Alix se mit à la plaindre. Leslie ne savait sûrement pas qu'elle allait être cocue d'ici la fin du voyage.
La Moody ravala soudain son air méprisant. Elle ne semblait pas vouloir être détestable devant son amie, mais tôt ou tard sa nature véritable reprendra le dessus.
— Je vous en prie, prenez place. Nous vous attendions, dit Anne avec une gestuelle cérémoniale pour leur indiquer la table.
Il fallait vraiment que les deux amies soient stressées pour ne pas avoir remarqué la table du petit déjeuner. Sur une nappe blanche comme la neige était dressé un service de la même couleur en porcelaine. Mais le plus intéressant était la quantité astronomique de baguettes, de croissants, de petits pains et autres viennoiseries sucrées.
— En réalité on est très tartines et confiture avec mon mari, mais je me suis dit qu'un panel de produits français vous plairait.
— Merci beaucoup, dit Alix en la regardant droit dans les yeux cherchant comme une trace évidente de culpabilité.
Anne était donc mariée. Frank aussi. Il y a avait anguille sous roche. Alix était partagée entre la compréhension de Frank de vouloir prendre du bon temps avec autre chose que cette vipère qui lui servait de femme et son aversion pour adultère.
Anne Solange restait toujours aussi « professionnelle » dans son rôle d'hôte parfaite. Elle s'assit en face de la place qu'avait choisi Nina, les invitant à s'asseoir. Anne croisa le regard mauvais de Nina ce qui n'effaça pas pour autant son sourire béat. Nina regarda de toute part la pièce.
— La décoration vous plaît-elle Nina ?
— Oui, beaucoup, assura-t-elle en prenant un pain au chocolat. Mais je me demande où est Franck ?
Alix lui envoya un grand coup de pied sous la table, mais c'était trop tard les yeux d'Anne s'étaient rivés sur elle. Si l'hôte n'était pas sûre de ce qu'elle avait entendu là-haut elle en était certaine maintenant. A quoi elle jouait Nina ? C'était pas le moment de gaffer, surtout en face de la Moody.
Leslie allait répondre à la question surprenante quand Anne intervint plus tôt :
— Frank et moi avons déjeuné ensemble ce matin, dit-elle le plus simplement du monde avec une aisance qui aurait convaincu le dernier des sceptiques. Il avait rendez-vous de bonne heure avec un certain M. Simon. Et pas une cerne ton mari, épatant ! rit-elle en se tournant vers Leslie qui le prit comme un compliment personnel.
— Quand on est patron de l'entreprise de cosmétique numéro une aux États-Unis, on est un peu une vitrine de son produit.
— Il y avait un jeune-homme ma foi fort charmant avec eux, un grand blond, bien bâti.
—Oh Hans...
Nina eut un sourire narquois en se tournant vers son amie. Alix croisa son regard et lui murmura « commence même pas sinon on va s'attarder sur Victor ». Nina rougit un peu mais l'évocation de Hans la fit beaucoup plus rire.
— Eh bien, je ne savais pas que c'était l'amour fou entre vous, dit-elle à Leslie avec un haussement de sourcil qui donnait un air drôle à son visage.
Et elles parlèrent ainsi longtemps. Alix et Nina eurent le temps de dévorer de la brioche au Nutella qu'elles n'avaient pas encore finies de converser.
Alix louchait sur leur hôte qui regardait Leslie droit dans les yeux. Comment pouvait-elle être aussi belle et monstrueuse à la fois ? Elle regardait sa propre amie droit dans les yeux certainement en pensant à son mari. Ce monde était décidément pourri, Anne en était la représentation. Elle avait réussi à changer de sujet en un rien, avec un compliment. Elle avait cerné la Moody, trop imbue d'elle-même. A cet instant le peu d'empathie qu'Alix avait pour elle disparut en la voyant éclater d'un rire qui semblait fabriqué de toute pièce. Elle n'était qu'un rôle, une façade, une belle devanture comme elle l'avait dit pour son mari. Tout cela n'était qu'une belle discussion d'hypocrites pas tentées. Alix se leva de rage en reculant sa chaise dans un bruit assourdissant. La face de serpent de la Moody la scruta avec de gros yeux comme on regarde un enfant qu'on s'apprête à gronder. Anne les retint avec un sourire tout à fait différent, jovial à présent.
— Vous n'avez même pas pris le wi-fi, s'indigna Anne.
— Très juste, marmonna Nina voyant qu'Alix ne répondait pas, plongeant tout le monde dans l'incompréhension.
Anne alla chercher un bout de papier sur la table basse, et vint le tendre à Nina.
— Voilà, tout est inscrit dessus ! Et avant que je n'oublie, il faudrait que vous me montriez ce que vous allez porter pour le mariage mes chères amies. On ne peut pas prendre le risque de se ridiculiser, rit Anne.
— Vous ridicul..., commença à grogner Alix
— Quel mariage ? interrompit Nina.
Le sourire béat d'Anne s'effaça pour laisser paraître la torpeur. Elle se plaqua la main sur la poitrine dans une gestuelle tragique et se tourna vers la Moody.
— Tu ne les as pas prévenues ?
— Si, rétorqua Leslie avec un regard mauvais qu'elle jeta en biais à Alix. Bien sûr que si ! Alexia savait que c'était...
Alexia...C'était la goutte d'eau qui avait fait débordé le vase. Alix serra les poings, le regard sanguinaire.
— C'est Alix, la coupa-t-elle avec une rage violente, une fureur qu'elle avait gardée enfouie en elle. C'est Alix pour la centième fois ! Alix ! Je ne sais pas comment faire pour que vous le reteniez ! Ce n'est ni Alexia ni Alex ni aucun diminutif de merde ! cria-t-elle en insistant sur chaque voyelle. C'est Alix ! Vous voulez que je vous l'écrive, sérieux ? Que je le tague sur vos murs en cuir, votre coupé cabriolet ?
Les deux mégères la regardaient avec un air renfrogné... et qu'elle le garde cet air car Alix Benson n'avait pas fini de péter son câble ! Elle s'était même avancée d'un pas, et les deux femmes n'avaient pas osé reculer. La peur dans leurs yeux s'était murée derrière un voile de fierté.
Alix était trop près d'elles. Mais qu'elle qu'elle foutait ? Il était encore temps de faire marche arrière. Non, c'était fini il fallait crever l'abcès, faire exploser le volcan en irruption qui sommeillait en elle depuis trop longtemps. Elle mourrait d'un ulcère à force de tout garder en elle.
— Eh oui Madame Moody m'a prévenue qu'il s'agissait d'un mariage ! vociféra-t-elle en se tournant vers Anne qui la dégoûtait à présent. J'ai peut-être oublié de le dire à Nina, mais elle n'a que des sweat-shirts dans sa garde de robes, alors que voulez-vous ? OH ! Et vous, vous avez peur qu'on vous ridiculise ? ricana-t-elle. Oh ...c'est ça votre grande crainte ? Qu'on se dise que MADAME Anne Solange et MADAME Leslie Moody, la femme du numéro un de la cosmétique, se trimballent avec des nounous, enfin excusez-moi, dit-elle en se plaquant faussement une main devant son visage ahuri - pas des nounous, non, un PERSONNEL DE MAISON lamentablement mal habillé ? Que va-t-on dire ? dit-elle les yeux grands ouverts en se frôlant son nez au leur, les yeux grands ouverts. Oh ! Mais regardez-moi un peu les niakoués qu'elle se trimballe ces deux là ! ricana-t-elle en prenant une voix haut perchée et hautaine. C'est ça votre plus grande crainte ? Vous voulez que je vous dise ? Vous n'avez aucun respect pour autrui alors je vous emmerde si je vous fais honte, voyez-vous ! Parce que oui je porte du Zara, et pour moi c'est cher, pour moi quarante dollars c'est une fortune ce sont mes courses pour deux semaines. Alors je suis désolée, vraiment désolée si je vous fais honte ! Je ne sais comment faire... J'ai pas un mari qui me chie des liasses de cinq cents dollars tous les quatre matins, moi ! Alors vraiment... Excusez-moi si je vous fais honte.
Alix baissa soudainement la tête, ses cheveux à peine coiffés lui cachaient le visage. Un silence glacial avait envahi la salle après cet ouragan de reproches. Le calme après la tempête.
Alix releva soudain la tête, faisant reculer les deux amies, terrorisées. Elle rit à leur réaction. Qu'est-ce qu'elle venait de foutre bordel ? Et pourtant elle était si soulagée. Il ne fallait pas qu'elle s'éternise. Elle tourna les talons et vit France et Constance qui se tenaient dans l'encadrement de l'entrée du salon, main dans la main avec des enfants de leur âge. Ce devaient être Camille et Baptiste, les enfants d'Anne. Depuis combien de temps étaient -ils là avec leur air embêté d'enfant qui ne comprend pas ce qui se passe ? Ils avaient sûrement entendu tout ce qu'elle avait dit. Tant pis. Elle ne leur jeta qu'un regard en biais et monta quatre à quatre les escaliers.
Les enfants n'osèrent entrer dans la salle que quand Anne s'accroupit et leur tendit les bras pour les envelopper de sa chaleur maternelle. Nina était restée là, regardant son amie partir. Elle avait peur de ruiner toute l'énergie qu' Alix avait mise dans sa monologue en parlant tout de suite.
— Comme elle l'a dit... je n'ai que des sweat-shirts, se surprit-elle à dire.
Anne ne lui prêta aucune attention, essayant de rassurer ses enfants sur l'étrange femme qui venait de s'égosiller dans leur salon.
— Elle n'est pas toujours comme ça, les rassura Anne. Elle avait juste un problème et elle était très énervée, mais elle n'est énervée contre personne ici.
Belle tentative de mensonge Anne. Heureusement que ses enfants ne devaient pas avoir plus de sept ans. A cet âge là on gobe tout, mais Constance et France, elles, on ne leur faisait pas avaler des inepties comme ça, à la louche. Elles restèrent perplexe. France avait son petit regard mauvais.
— C'est encore la nounou débile qui pète un câble ? Je ne sais pas ce que tu lui trouves, reprocha-t-elle à Constance. Toi et ton stupide cadeau d'anniversaire... On a dépensé un billet d'avion pour cette cruche , de l'argent qu'on ne pourra pas réinvestir ailleurs. Papa me dit toujours que chaque euro dépensé doit être bien dépensé, et là c'était totalement un mauvais placement. Je crois que maman ne peut qu'approuver mes paroles.
Leslie écouta d'une oreille sa fille mais c'est Nina qui retenait toute son attention. Elle la regarda de haut en bas. Décidément cette fille ne ressemblait à rien avec son sweat-shirt trop grand et cette frange... Depuis combien de temps ne l'avait-elle pas coupée ? On devinait des yeux marron derrière ce rideau capillaire et on pouvait quand même apercevoir de jolies tâches de rousseur sur sa peau blême... Un gâchis.
— Montez immédiatement, ordonna Leslie à Nina. Je vous rejoins dans un instant.
Nina s'exécuta sans broncher. Elle entendit un bruissement venant de leur chambre. Elle s 'y précipita en riant.
— Je savais qu'on allait se marrer, mais là tu as mis la barre très haute ! Attends... Mais qu'est-ce que tu fais... ?
Alix semblait être comme en transe. Elle était tremblante, mais elle faisait quand même des allers- retours de son lit – où elle avait posé sa valise- aux quatre coins de la pièce où étaient ses affaires.
— Elle ne peut pas me garder là. Personne ne vous garderait après ça.
— Bon O.K t'as peut-être un tout petit peu déconné, mais tu ne t'es pas laissée faire. Mais bon...
On entendit les escarpins hors de prix de Leslie claquer dans les escaliers. La porte de la chambre s'ouvrit à la volée. Leslie apparut étrangement calme avec un visage détendu. Elle vient se planter devant les deux amies. Le lit d'Alix les séparait. La valise était ouverte dessus avec des habits jetés dedans sans souci de les plier. Leslie loucha sur la valise. Elle s'assit à côté et ramena un battant sur l'autre pour la fermer. Leslie Moody jaugea Alix du regard avant de lui désigner religieusement la place libérée sur le lit. Alix s'assit en continuant à regarder sa patronne qui était encore plus menaçante dans ce silence de plomb.
— De toute évidence toutes les deux vous devez avoir vos règles pour vous donner en spectacle ainsi, couina-t-elle. L'une à l'aéroport, l'autre devant mon amie la plus chère.
— Personnellement, commença Nina, je ne pense pas que...
— Je ne voulais pas que vous répondiez à cette question, interrompit Leslie dans un claquement de talons. Je me fiche éperdument de vos menstruations.... Et pourquoi êtes vous réellement en colère vous ? demanda-t-elle à Alix en tournant rapidement sa tête vers elle.
— Vous faire honte... On vous fait honte, répéta-t-elle en serrant les dents, n'arrivant pas à exprimer le fond de sa pensée.
Alix sentait encore la hargne la saisir. Il fallait qu'elle se calme. Elle avait suffisamment fait d'esclandre pour aujourd'hui.
— C'est parce qu'Anne a dit ça ? Ça vous a touché, vous et votre ego, je me trompe ? On vous a vexée ?
— Non, ce n'est pas ça, c'est juste que...
— Pitié, pas à moi, coupa-t-elle.
Elle eut un sourire amusé. Elle se redressa, ferma les yeux longuement avant de les ouvrir sur Alix et lui dire :
— La réussite des uns fait la jalousie des autres.... Vous vous rappelez quand je vous ai dit ça ?
— Oui, je m'en souviens très bien, répondit-elle simplement.
— Eh bien, je crois qu'aujourd'hui cette vérité s'applique à vous.
Voyant Alix froncer le sourcil, elle précisa :
— Vous êtes la jalouse Alix. Vous êtes celle qui n'arrive pas à voir son amie partir en France alors que vous restez dans votre appartement dégueulasse après avoir nettoyé celui de votre patronne. Aujourd'hui vous êtes Dorothy et Michelle. Vous avez mis du temps à l'être et j'admire votre résistance.
— Jalouse de qui ? De vous, d'Anne? ricana Alix. C'est la meilleure !
— De notre réussite. Il n'y a qu'à voir la façon dont vous avez énuméré le cuir sur les murs, le coupé cabriolet, les liasses d'argent. Vous assez soif d'argent...Peut-être que je vous inspire de la haine aussi. Tant mieux, vous en aurez besoin !
— Besoin pour quoi ?
Elle sourit une fois encore, comme si la chose était évidente. Alix n'osait plus l'interrompre, bien trop intriguée par cette nouvelle facette de Leslie.
— J'ai su à l'instant où vous avez franchi le seuil de mon appartement que vous étiez une de ces personnes bagarreuses qui ne jette pas l'éponge. Et vous avez le profil idéal pour être dans les plus hautes sphères. Vous en voulez... Vous avez la niaque ! Je le sais, je l'ai vu. J'ai l'habitude de ce milieu mondain, croyez-moi. Je sais reconnaître le potentiel quand je le vois. Vous refusez de subir. Bien sûr, vous subissez parce qu'il le faut bien dans votre métier et parce que vous ne travaillez pas à votre propre compte, mais vous refusez de subir la vie. Vous voulez la vivre. Et c'est là la subtilité, dit-elle en tapant chaque syllabe. Vous aurez besoin de cette rage de vivre, cette envie de vous dépasser.
Elle sourit presque aimablement. On aurait cru voir un visage sans maquillage, sans strass. Alix aurait cru voir la personne au delà de l'actrice quand Leslie la regarda avec ces grands yeux et cet air compatissant.
— J'étais pareille à votre âge Al...Alix. Toujours effrontée, en colère contre l'Univers. J'étais frustrée. Je ne savais ce que je voulais faire de ma vie, enfin ce que je devais faire pour avoir une vie correcte. J'étais mannequin à l'époque, dit-elle en fixant un point dans le vide comme si elle se revoyait. Je travaillais dur, j'enchaînais les shootings. L'argent, l'argent, je ne pensais qu'à l'argent, je ne pensais qu'à avoir ma propre maison, pouvoir vivre décemment, m'éloigner du modèle de vie de mes parents, dit-elle avec un rire nerveux. Je voulais fuir, fuir loin de la pauvreté et de toute cette vie banale à laquelle mes parents essayaient de m'accoutumer. Je ne voulais pas me complaire dans ce que j'avais parce que ce que j'avais ne représentait rien. Je n'avais pas envie de souffrir. Il y a des gens qui supportent de souffrir au quotidien, moi je ne le supporte pas. C'est simple. Je voulais avoir de l'argent car l'argent apporte des solutions, surtout quand on a connu une vie comme la mienne. Vous n'avez pas besoin de vous demander s'il vous reste cent ou deux-cents dollars sur votre compte pour le reste du mois, non. Le jour où j'ai compris ça je suis devenue une femme à mes yeux. Et le jour où j'ai réussi à accomplir ça, j'étais la femme de Frank Moody, numéro un en cosmétique américaine. Vous croyez peut-être que la suite a été simple ? Loin de là. On est dans un monde de rapiats, d'hypocrites, riches ou pauvres. J'ai du jouer des coudes, me battre pour en arriver où j'en suis et encore plus pour y rester. J'ai du faire des sacrifices, parfois même m'éloigner de celle que j'étais...mais il n'y a pas de réussite sans effort. Il n'y a pas de bonheur sans larme, pas de victoire sans sacrifice. Et évidemment, il n'y a pas de changement de vie sans changement de personnalité. Avoir de l'argent ce n'est pas un calme après la tempête, au contraire, c'est une tempête quotidienne. Avoir de l'argent est un moyen de ne plus penser à l'argent, que ce ne soit plus un problème. Mais alors on a le temps de se créer d'autres problèmes et ces autres problèmes sont souvent des gens qui ne vous veulent pas là. C'est une lutte intérieure comme extérieure. Vous pouvez y arriver Alix. Mais ce n'est pas contre moi que vous devez avoir de la haine, c'est contre les obstacles qui vous empêchent d'accéder à ce que vous voulez. C'est à vous de vous débrouiller pour ne plus me faire honte Alix... Mais comme vous ne le pouvez pas le faire pour l'instant nous allons voir ça ensemble....
Elle souffla, comme si elle avait eu envie de confier tout ça à quelqu'un depuis des années. Puis elle jaugea Alix du regard, une nouvelle fois durant un temps qu'on n'aurait pas su définir. Et Alix la regardait aussi, tentant de percer l'énigme qu'était la Moody. Cette femme changeante comme un paysage dans le vent.
— Descendez dans un quart d'heure. Mon mari sera rentré, dit-elle en se levant.
Elle avait essuyé le devant de sa robe comme pour la défroisser, dans un réflexe.
— Oh, Alix...
Cette dernière leva les yeux vers elle. Leslie reprit un visage plus dur :
— La prochaine fois que vous me parlez de la sorte vous pourrez effectivement faire votre valise. Je ne veux plus un seul incident !
Sur ce elle repartit comme elle était venue : dans le calme et la sérénité.
Alix la regarda s'en aller, l'esprit embrumé. Est-ce que ce qu'elle venait de dire était vrai ? Bien sûr qu'Alix ne voulait pas finir ses jours pauvre, sans le sou. Elle se mit alors à repenser à la conversation avec son oncle Reed. L'argent ne fait pas le bonheur... C'était faux. Elle l'avait toujours pensé. Mais comment atteindre ce niveau de richesse ? A quel point la Moody était-elle riche ?
Ce fut Nina qui vint la sortir de ses rêveries :
— Mon dieu, je crois qu'un miracle vient de se produire, murmura-t-elle dans le dos d'Alix. Leslie Moody est... humaine.
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