Chapitre 9.

— Comment m'as-tu trouvé ?

— Je te connais mieux que quiconque, mon frère. Le jeu est fini.

Ils se dévisagèrent durant de longues secondes.

— Que vas-tu faire maintenant ? Me traîner dans tout le palais comme un trophée de guerre ?

Thor soupira et secoua la tête.

— Ne sois pas idiot... Même si tu es persuadé du contraire, je ne souhaite rien d'autre que ton bien, Loki.

L'intéressé eut un ricanement sarcastique et amer :

— Oui... tu me l'as bien prouvé, hier soir... ! Je suis sûr que ça t'a plu, en plus...

Le blond le ressentit comme un coup de poignard en plein cœur. Pourquoi Loki ne pouvait-il pas voir tous les sacrifices qu'il faisait pour lui ?

— Si je n'avais rien fait, tu serais mort aujourd'hui. Soit un peu raisonnable.

Loki manqua de s'étouffer.

— Raisonnable ?! Alors que mon propre frère m'a violé ?

Le Jotun ne le voyait peut-être pas, mais il blessait le Dieu du Tonnerre de manière bien plus efficace qu'avec n'importe quelle arme.

— Je suis désolé, Loki... vraiment désolé... Je déteste ce que je t'ai fait, mais il n'y avait pas d'autres options. S'il y en avait eu, je les aurais prises ! Tu le sais tout aussi bien que moi. Et la mort n'était pas envisageable. C'est bien la seule chose que je te refuserai toujours.

Loki resta silencieux, évitant son regard. Thor soupira et pausa alors une question qui lui brûlait les lèvres ?

— Pourquoi t'es-tu enfui ce matin ? Nos parents étaient inquiets et tout le monde te cherchait dans le château...

Son frère eut un sourire narquois, amer.

— La réponse ne te paraît-elle pas évidente ?

— Loki... murmura le blond en étirant ses bras pour le prendre contre lui, alors que son interlocuteur essayait de se reculer, mais Thor le tint plus fort. C'était la seule solution... je ne me pardonnerai jamais pour ça, mais je ne peux pas non plus le regretter en pensant que si je ne l'avais pas fait... je t'aurais perdu une autre fois...

Le cadet frémit. Pour faire bonne figure, il tentait d'échapper à l'étreinte de son aîné, mais les gros muscles de son frère le retenaient prisonnier. Il grimaça et projeta une décharge d'énergie Eldritch sur Thor pour se dégager de son emprise.

— Ne me touche plus !

Son aîné le fusilla du regard, puis plissa les yeux, l'air énervé par le rejet qu'il venait de subir.

— Il te faudra combien de temps, Loki ?

Thor secoua la tête et rajouta :

— N'utilise plus tes pouvoirs sur moi – jamais – ou je vais te remettre les menottes et la muselière.

Loki serra les poings et crispa la mâchoire.

— C'est une menace ? Encore faudrait-il que tu m'attrapes.

Après tout, il était le sorcier le plus puissant des trois royaumes. Ses yeux brillèrent de malice et de défi.

— C'est une menace, confirma Thor en croisant ses biceps musclés sur son torse, et tu ne peux pas aller très loin avec le lien, même si je t'ai redonné tes pouvoirs.

Le cadet respirait bruyamment. À l'intérieur, il bouillonnait, mais tentait de ne pas faire de faux pas. Loki avait toujours été plus intelligent que la moyenne. Il savait que ce n'était pas le temps d'énerver trop son frangin ou ils finiraient par se sauter à la gorge – comme bien souvent – et au vu de la situation, le Jotun savait très bien qui serait le perdant...

— Il vaut peut-être mieux que nous arrêtions de se parler et de se voir pour ce soir, dit-il avec le sang-froid le plus contrôlé qu'il ait réussi à produire, mais non sans une idée derrière la tête...

— Très bien, lui répondit Thor après un moment de silence, sec. Mais je ne te laisse pas tout seul en liberté dans le palais ou tu risquerais de me claquer encore entre les doigts. Je te connais bien, Loki Odinson.

Pas Laufeyson, Odinson. Loki l'avait noté. Le Dieu du Tonnerre voulait lui prouver qu'il le considérait toujours comme son frère et que malgré son adoption, Odin demeurait son père et Frigga, sa mère.

Le plus jeune grimaça. Il était désastreux de remarquer à quel point Thor le connaissait. Peut-être même trop bien. Il n'avait peut-être pas son génie, mais son frangin, à sa manière, pouvait le déjouer bien plus facilement que n'importe qui.

Le blond lui attrapa le poignet en lui jeta un regard froid qui le mettait au défi de tenter quoique ce soit pour se libérer cette fois. Loki préféra ne pas tenter le diable.

— Tu préfères les cachots ou la chambre ?

Loki se figea. Thor comptait l'enfermer ! Il tira violemment sur son poignet, mais son frère ne le lâcha pas, continuant de le regarder dans les yeux, attendant sa réponse.

— Ne crois-tu pas que j'ai été enfermé bien assez longtemps ?

Il connaissait les prisons d'Asgard par cœur et avait été maintenu prisonnier et torturé des jours durant par Thanos, enchaîné un nombre de fois encore plus grand.

— Ça ne semble pas avoir eu suffisamment d'effets sur toi ! Et tant mieux, tu t'y sentiras comme chez-toi !

Loki se retrouva acculé au mur.

— Si je prends la chambre... où dormiras-tu ?

— Je reviendrai plus tard quand tu seras endormi, tu ne me remarqueras même pas.

— Je peux aller dans ma chambre ?

Thor eut un rire moqueur qui répondit à sa question sans même avoir besoin de mots.

— Tu rigoles ? Je suis certain que tu as des passages secrets et des artéfacts magiques de cachés là-dedans. Je ne vais sûrement pas te laisser là-bas tout seul ! Je t'emmène dans les prisons.

Ça ne servait même pas à quelque chose de se débattre. Il pourrait se défendre tant qu'il le pouvait, avec ce foutu lien qui les unissait, il ne pourrait pas fuir Thor et serait forcé de rendre les armes.

Ils marchèrent dans tous le château et Thor le jeta dans une cellule où le mur magique transparent se referma derrière lui. Loki se retourna pour fixer son frère, le visage indéchiffrable. Il connaissait beaucoup trop cet endroit... Les parois blanches, le petit matelas mince, la chaise nue... et rien d'autre.

Il pouvait utiliser ses pouvoirs, mais ceux-ci étaient limités et bloqués à l'intérieur de sa prison. Quelle frustration ! Une flammèche de pouvoir traversa sa cellule, envoyant balader la chaise et s'éclatant contre la paroi d'apparence vitrée.

Puis, il s'effondra sur le matelas, se prenant la tête entre les mains. Cela faisait un moment qu'il n'avait plus eu envie de pleurer comme ça, sans pour autant qu'aucune larme ne lui échappe...