S&G Partie III: Spectacle de Malhonnêtes
- Monsieur l'étranger est intéressé par mes dessins et mes gravures ?
Goswin eut un léger sursaut et leva les yeux pour rencontrer ceux du vendeurs derrière son étalage improvisé. Il était vieux mais paraissait bien conservé par le temps, dans ses habits beiges assortis.
- C'est esthétiquement intéressant, certes, mais mon regard ne se posait sur rien en particulier qui aurait pu m'intéresser sur votre établi, avoua le bouffon qui avait retiré son chapeau à grelots et dont le manteau cachait le costume.
- Alors fichez moi le camp et laissez regarder ceux qui sont intéressés, répondit le vieil homme agressivement.
- Ah ah ! À vrai dire, vous m'avez mal compris, je me demandais juste quelque chose sur vos travaux, répondit Goswin en gardant sa fourrure fermée sur ses habits.
Le vendeur posa les mains aux seuls endroits libres sur son établi et pencha sa tête en avant, vers son interlocuteur.
- Et qu'est-ce que les étrangers peuvent-ils se demander qui les fasse ricaner ? Rétorqua l'homme en beige.
- Toutes vos oeuvres sont-elles là ? Ou en conservez-vous d'autres quelque part ? Demanda discrètement Goswin parmi le brouhaha ambulant des visiteurs heureux.
- Si ce monsieur n'est pas plus spécifique, je crains de ne pas pouvoir l'aider de trop.
- Faites-vous des cartes du continent ? Demanda-t-il d'un oeil curieux. Vu votre talent de graveur, j'imagine que vous savez peut-être dessiner.
Le marchand ambulant esquissa finalement un sourire amusé et se baissa pour chercher quelque chose derrière son établi.
Il se releva avec une bouteille de bière à la main et la posa devant son client.
Goswin la considéra un instant et se retint d'éclater de rire l'instant d'après.
Alors qu'il s'éloignait de la petite tente, aménagée exprès pour y exposer des objets à vendre, il entendit un cri grave par dessus son épaule.
Il se retourna pour faire face au vieux marchand qui lui tendait la bouteille.
- Je ne fais pas de cartes vu mon talent de dessinateur médiocre, et celles-ci se font rare hors des donjons ou des avant-postes de guerres. Mais, je connais quelqu'un qui à un remarquable coup de crayon et qui pourrait vous faire une carte en un temps remarquable si vous y mettez un prix correct.
Le marchand essuya son front en sueur et fit un clin d'oeil surprenant à celui qu'il venait juste de rencontrer.
- Comment est-ce possible ? Et pourquoi cette bouteille ? Il faut attendre qu'il soit incapable de tenir debout pour pouvoir tenir un crayon ? Ah ! Demanda le bouffon avec son visage plus gris que blanc.
- Pas mal, avoua le vendeur en souriant. Je sais qu'elle est capable de dessiner une carte en un temps remarquable parce qu'elle l'a déjà fait plusieurs fois. Quant à cette bouteille, fit-il en la détaillant des yeux, elle sera la preuve que je vous envoi et sans doute la seule raison qui lui ferait accepter de faire votre croquis, si vous y mettez le prix.
- Oui, j'ai compris que ce serait assez cher mais ce que je n'ai pas compris c'est la raison pour laquelle votre attitude a changé envers moi, avoua le bouffon en frottant son menton.
À ces mots, l'homme mystérieux ricana en inclinant la tête vers l'avant.
- J'ai fini par comprendre. Ça m'a pris du temps mais j'ai saisi, dit-il fièrement en ajustant un nouveau clin d'oeil de l'autre côté cette fois.
Goswin fronça les sourcils.
- Je ne sais pas pour qui vous me prenez, mais j'accepte volontier votre aide, déclara le fugitif. Donc c'est une femme ?
- Tout juste, mais pas n'importe laquelle, il faut s'y prendre délicatement pour qu'elle soit votre amie.
- Je ne veux pas être son ami, je n'en cherche pas, ah ! Je veux juste qu'elle me dessine une carte correcte.
Le vendeur montra un stand du doigt. Celui-ci se trouvait au fond du marché ambulant et à l'opposé du sien.
- Demandez Miranna avec deux n, donnez cette bouteille et elle ne tardera pas à se réveiller pour venir vous voir, juste par curiosité, assura le vendeur. Elle saura que je vous envoie, donc que vous êtes de notre côté.
Le bouffon saisit délicatement la bouteille en verre et fronça encore les sourcils.
- Juste une dernière question.
L'homme en beige tendit l'oreille tout en regardant dans le vide.
- Quels sont les meilleurs moyens de gagner de l'argent facilement et rapidement ici ? L'interrogea le bouffon avec son visage étiré en longueur.
Le vendeur ambulant éclata de rire en montrant celui qui lui faisait face du doigt.
- J'ai vraiment cru que vous alliez me poser une question sérieuse encore une fois, vous m'avez bien eu.
- Je suis sérieux, je n'ai pas assez d'argent pour me payer les services de votre amie, mais il me faut cette carte rapidement, affirma-t-il sèchement.
- Eh bien, vous pouvez vendre n'importe quoi si vous avez un aménagement comme moi, et des choses à vendre. Ou alors vous pouvez toujours tenter votre chance aux différents tournois, fit le vendeur en reprenant son sérieux. Chaque année il y en a des nouveaux, même si certains sont beaucoup plus stupides que d'autres si vous voulez mon avis.
- J'aimerai en savoir davantage sur ces tournois, ah !
- Ah ! Imita le vendeur qui, voyant aussitôt que ça ne plaisait pas à son interlocuteur, s'éclaircit la gorge. Je crois bien qu'il y a la grande course qui se déroule chaque soir, et le vainqueur remporte cinq kilos de patates ou de pommes, ça dépend de la récolte de l'année. Il doit aussi y avoir les tournois de force, certains avec de la lutte et d'autres avec des démonstrations de forces, que du muscle, rien dans la tête ces gars là. Mais si ils se rendent compte que vous les avez bernés, ils vous déchirent le corps de tous leurs muscles, déclara le vieil homme appuyé sur ses objets, en montrant un groupe d'homme énormes qui soulevaient des rochers de leur taille. Le pauvre étranger qui était venu deux saisons auparavant en a fais les frais, ils ont même dû arrêter la foire pendant deux jours. Ça fait perdre de l'argent ces histoires !
- Ah ah ah ! C'est très tentant, dit Goswin, sarcastique.
- Si vous avez du cran et aucune peur de la mort ou de l'amputation, il reste le grand tournoi du village, même si j'ai vu carrément mieux dans les grandes villes niveau violence et techniques de combat. Ça se déroule au centre de la foire, juste là entre les spectacles de marionnettes, annonça-t-il en montrant une installation ronde, fermée par des barrières de bois avec de la terre battue au sol. C'est l'arène, et chaque année des jeunes imprudents viennent prouver qu'ils sont plus fort que n'importe qui, parfois même dignes d'être des vôtres, mais se font vite rapiécer par les rares véritables guerriers qui sont de passage. La moyenne, je crois, est de deux morts et six blessés gravement pour dix combats. Mais si vous vous sentez en veine et que vous avez l'argent pour vous inscrire et participer, vous pourrez y gagner assez, en quelques combats, pour payer mon amie. Si vous n'avez pas le goût du risque, vous pouvez toujours participer aux paris. Ils ne ferment qu'au début de chaque combat et quelque chose me dit qu'il y aura du monde ce soir, donc de l'argent à rafler !
- Merci bien pour tous ces renseignements, conclu le bouffon.
- Pour la vérité, dit le marchand juste assez fort pour que Goswin l'entende.
Il se retourna une dernière fois et acquiesça avec un léger sourire gêné.
L'homme en fuite parcourut une longue distance dans la foire en se faisant bousculer par les promeneurs et en cherchant des yeux son compagnon qu'il avait laissé.
Il s'approcha d'un stand où les gérants confectionnaient des armes et des armures sous les yeux émerveillés des gens. Certains s'approchaient trop près et se faisaient taper les mains par la vendeuse lorsqu'ils touchaient les objets présentés. Il y avait des magnifiques pièces d'armure et des lames qui brillaient de mille feux.
Goswin bouscula les gens pour passer à travers et se poster au seul endroit où ils ne s'agglutinaient pas. La vendeuse prépara sa baguette pour frapper une main potentiellement baladeuse mais le bouffon lui tendit la bouteille de bière pour attirer son attention.
- J'ai un service pour Miranna avec deux n. Je viens de la part d'un ami commun.
La femme à la baguette manqua d'attraper la bouteille car Goswin la plaqua contre lui. Il ajouta:
- Je préfère la lui remettre en main propre, affirma-t-il. J'attendrai.
La femme en robe verte foncée pencha la tête sur le côté et crispa la mâchoire. Puis elle tourna le dos au groupe de clients et voleurs potentiels, et s'enfonça dans la tente derrière un drap qu'elle releva. L'homme qui venait de forger une lame la deposa sur l'établi et prit la place de la femme qui était partie, pour surveiller.
Un long moment plus tard, Goswin, impatient et en train d'admirer les flammes de la forge danser, fut sorti de ses pensées par une parole lui étant adressée.
- Qu'est-ce que vous me voulez ? L'interpella une femme aux cheveux courts et roux.
Elle avait un habit d'homme en cuir parfaitement ajusté à son corps et des boucles d'oreilles assez discrètes. Ses yeux bleus le détaillaient de haut en bas et ses mains délicates étaient posées sur ses hanches. Ses traits étaient assez agréables à regarder mais Goswin ne s'attarda pas trop dessus vu qu'elle s'impatientait de sa réponse.
- Miranna avec deux n ? Demanda-t-il. J'ai ce présent pour vous de la part d'un ami commun et j'aimerais que vous me dessiniez une carte du continent pour ce soir. Quel serait le prix ? Fit-il en avançant son visage du sien.
- Pourquoi ce maquillage ? Remarqua-t-elle en prenant la bouteille.
Il sourit et ricana finalement en lui montrant les habits de bouffon discrètement. Elle haussa les sourcils et les fronça finalement avant de reprendre la parole.
- Je pourrai te faire une carte de Koldir assez correcte, pour demain matin, si je travaille dessus toute la nuit le temps de me rappeler de tous les détails, pour 100 pièces d'argent.
Le bouffon écarquilla ses yeux marrons.
- En parlant d'une somme ! Ah ! Et vous me garantissez que cette carte sera de qualité ?
- Tout ce que je peux vous garantir c'est que vous l'aurez demain matin, au mieux, si je m'y mets dès que vous partez. Plus vite vous partirez, meilleure la qualité sera, exposa-t-elle.
- Très bien, mais en parlant du prix, je vais devoir attendre pour...
- Comme vous venez de la part d'un ami à qui je fais confiance, je vous laisse jusqu'à demain matin à l'aube pour me payer. Si vous ne vous pointez pas ou si j'ai un doute sur la somme que vous me donnez, je déchire la carte sous vos yeux et la jette dans la forge. Les cendres, vous pourrez les récupérer sans problème, le coupa-t-elle, violemment.
- Une femme autoritaire et talentueuse ne mérite pas qu'on essaie de la duper ou qu'on la fasse attendre, répondit le bouffon calmement. Vous aurez vos 100 pièces d'argent demain à l'aube mais j'espère que votre carte en vaudra bien la peine ! Ah !
- Bonne soirée, conclut-elle en un sourire aussi faux que les diamants de ses boucles d'oreilles.
Goswin lui sourit sans même lui répondre et continua son chemin hors de la foule sur le sentier principal de la foire.
Soudain, une main épaisse l'attrapa par l'épaule et lui fit faire un demi-tour sur lui-même. C'était Serynch.
Ils étaient tout les deux arrêtés au milieu du passage et ne tardèrent pas à se faire grogner dessus par les passants.
Le bouffon fit signe au gaillard de le suivre dans l'allée principale jusqu'à un petit coin isolé, près d'un aménagement en bois permettant de faire des spectacles de marionnettes.
Des jeunes enfants et des adultes curieux s'impatientaient à l'idée que le spectacle soit sur le point de commencer.
Serynch claqua des doigts devant les yeux de Goswin qui regardait les spectateurs.
- J'espère que tu as trouvé quelqu'un, parce que les seuls personnes qui ont accepté de me parler étaient à moitié conscientes et à moitié alcoolisées, fit-il, affichant un air déprimé sous sa capuche.
- Oui, ça y est ! On va avoir nos six mille pièces d'or ! Enfin uniquement si...
- Si quoi ?
- Il va falloir qu'on se donne tous les moyens pour gagner une certaine somme avant l'aube, si on veut notre carte, reprit-il en considérant les premiers combattants qui s'entraînaient dans l'arène.
- Combien ? Et comment on va gagner cet argent ? Demanda l'homme sous sa capuche.
- Cette fois-ci, je vais vraiment avoir besoin de toi en particulier, s'exclama le bouffon. Ah !
Il se dirigea droit vers l'arène, suivi par l'homme aux traits angéliques.
Goswin repéra un homme contre la barrière, trop délicat et frêle pour être un combattant.
Il se posta à côté de lui, contre la barrière en bois, tandis que Serynch s'interrogeait continuellement.
- Vous êtes le responsable des combats et des paris de ce soir, j'en suis sûr, annonça-t-il à l'homme relativement petit.
Celui-ci se retourna et les regarda tout les deux d'un air plus que désintéressé. Finalement, il répondit.
- C'est moi, oui, mais je crois que vous n'avez pas assez d'argent pour espérer gagner un seul pari. Vous m'en voyez navré, débita-t-il faussement.
- Mon ami sait se battre et il souhaite s'inscrire pour combattre ce soir. Il a son équipement et il est déterminé, affirma fermement Goswin.
Serynch écarquilla les yeux et tenta d'imposer son désaccord mais le bouffon lui fit signe d'attendre.
L'autre homme jeta un rapide coup d'oeil par-dessus son épaule, à destination du compagnon grand et large, et leur répondit - tout en faisant mine d'être plus intéressé par l'entraînement, à l'intérieur des barrières en bois.
- À qui pensez-vous vous adresser, fit l'homme arrogant, je peux voir que vous n'avez rien de rien dans vos poches crasseuses. Et, au cas où vous vous demanderiez, c'est 20 pièces d'argent la participation et les prix ne sont pas flexibles, comme chez vous.
Le bouffon tenta de garder son calme, mais le feu en lui brûlait de plus belle et Serynch le sentait bien.
- Si vous lui avancez juste l'argent de la participation, mon ami vous fera du beau spectacle tel qu'on en voit qu'aux foires des grandes villes, ah ! Il affrontera n'importe quel guerrier que vous lui designerez, affirma le bouffon, impatient de faire craquer l'autre.
L'homme en charge des combats de l'arène tourna la tête, puis leur fit enfin face, intrigué.
- N'importe qui ? Vous êtes sûr de vous ? L'interpella-t-il en haussant les sourcils.
- Je vous le garantis, il sait se battre et faire du spectacle, répéta finalement Goswin.
L'homme délicat se pencha sous la capuche de Serynch pour distinguer son visage, et se releva net avant de retourner s'appuyer contre la barrière.
- Sa face d'ange n'est bonne qu'à être écrasée et cisaillée, vous feriez mieux de vous abstenir. En d'autres mots, je ne suis pas intéressé, j'ai une réputation à tenir. Je ne peux pas faire participer n'importe qui à mes combats, je demande un minimum de contraintes auxquelles il faut se plier tout de même ! S'exclama-t-il.
Goswin sentit la colère prendre contrôle de tout son être. Il serra ses poings, crispa la mâchoire et voulut se saisir du coup de l'homme qui lui tournait le dos, mais Serynch l'arrêta brusquement.
Si brusquement que son sac tomba au sol et quelques objets se répandirent sur le sol mouillé, dont la marionnette de Kólasi.
Attiré par le bruit, l'homme arrogant jeta un nouveau coup d'oeil en arrière. Ses yeux se posèrent sur la marionnette et ne la quittèrent plus pendant un long moment.
Finalement, il se tourna tout en fixant le pantin ensorcelé, sur le sol.
- Qu'est-ce que c'est ? C'est à vous ? Demanda-t-il sans le quitter des yeux, comme enchanté.
- Euh rien, ça n'a aucune importance, fit le bouffon en le ramassant.
Alors qu'il allait le ranger, Serynch l'arrêta et lui fit signe de regarder les yeux fixes du vendeur.
- Il me la faut. Tout de suite ! Quel est son prix ? Demanda-t-il en les suppliant de la lui donner.
- Elle n'est pas à... Commença le bouffon, avant que Serynch lui mette un léger coup dans les cottes.
- Laissez-moi participer aux combats, avancez moi le prix de ma participation et nous penserons peut-être à vous donner un prix fixe, conclut le gaillard sans son casque.
- Je vous inscris sur la liste tout de suite, Messire ? Demanda-t-il en écrivant sur un parchemin qu'il venait de sortir.
- Serynch. Juste Serynch, répondit-il.
Quand le nom fut enfin sur la liste, Goswin rangea le pantin rapidement et discrètement dans son sac.
Le responsable de l'arène aménagée pour la foire d'hiver se frotta longuement les yeux et manqua de tomber par terre, mais se retint à la barrière.
Les deux acolytes se ramenèrent à l'endroit où ils s'étaient postés, près des spectacles de marionnettes, et firent le point.
- Qu'est-ce qu'il s'est encore passé avec ce maudit pantin en bois, ah ? S'interrogea Goswin.
- Cette marionnette à un pouvoir vraiment envoûtant. Il a fonctionné sur toi la dernière fois, tes yeux étaient pareils que les siens ! Expliqua son compagnon. Je crois qu'il marche sur tout le monde, je l'ai senti moi aussi la première fois que je l'ai vu.
Le bouffon resta bouche bée tout en soutenant le regard de Serynch, qu'il écoutait.
Il balaya des yeux les alentours. Son regard croisa un groupe de paysans en train de marchander avec un commerçant qui vendait des "bouchées aux mille saveurs", puis des enfants qui se chamaillaient à la table où leurs parents mangeaient, et enfin, les spectateurs du marionnettiste, toujours plus nombreux.
- J'ai une brillante idée, ah ! Cria-t-il un peu trop fort.
- Tu crois que ça marcherait ? Demanda le gaillard, qui avait deviné ce que s'apprêtait à faire son acolyte.
- Autant essayer, je vais commencer le spectacle moi-même vu que le marionnettiste n'est pas là, dit-il en observant le derrière de la petite scène de bois, mise en place sous un drap rouge.
Il se dirigea vers l'endroit par l'arrière des tentes, pour ne pas être vu, et se nicha derrière l'aménagement en bois.
Serynch resta éloigné de la mascarade, alors que le bouffon se donnait en spectacle devant les spectateurs heureux.
Il manipulait les ficelles de la marionnette d'une manière délicate et soignée, tout en racontant une histoire que Serynch douta être véridique.
Un quart d'heure plus tard, alors que Serynch dévorait une miche de pain dur avec une pomme verte, le vrai marionnettiste entra en fureur derrière l'aménagement pour réprimander le fauteur de troubles.
Après un court instant, la marionnette cessa de bouger et disparut soudainement derrière le décor.
Puis quelques minutes plus tard, Goswin sortit de sous le drap et alla voir les spectateurs ébahis, toujours avec la marionnette dans les mains.
Il passa devant chaque rangée de banc en bois, occupés par des spectateurs, et ceux-ci étaient absorbés par la présence de la marionnette.
Certains d'entre eux déposaient des poignées entières de pièces en bronze et même, parfois, quelques pièces en argent dans le chapeau à grelots du bouffon.
Lorsqu'il eut fini, il disparut à nouveau derrière les tentes pour aller rejoindre Serynch, qui s'était arrêté de manger.
- Ah ah ! Tu as aimé le spectacle, j'espère ? Tant mieux car ce n'était que le premier rebondissement de l'histoire, ah ! Ricana l'homme frêle, en rangeant le pantin enchanté.
- Ce petit jeu marche bien, j'ai vu ça, avoua le grand homme en croquant dans sa pomme. Combien tu en as eu ? L'interrogea-t-il en montrant le chapeau de la tête.
- Treize pièces d'argent et trente-huit pièces de bronze, c'est tout ce qu'ils avaient je pense, annonça Goswin en considérant la doublure de son chapeau, remplie de pièces qui s'entrechoquaient.
- Ce n'est toujours pas assez pour notre carte...
Soudain, un homme, positionné au centre de l'arène de terre battue, annonça de tous ses poumons le début des combats.
Il annonça également les participants du premier combats.
- Pour commencer, Messire Ferom Ilan affrontera Messire Juste Serynch ! Cria-t-il.
- Ah ah ! On dirait que c'est à toi de montrer tes talents, maintenant ! Affirma Goswin en ramassant le casque en métal de Serynch.
Ce dernier se leva, prit le casque qu'il enfila, et marcha d'un pas décidé en direction de l'arène, accompagné par l'autre fugitif.
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