Chapitre 7 - Vif d'or et électrocution
Une odeur de café. Non, pas exactement. De bois qui termine de se consumer, plutôt. Et un courant d'air froid qui chatouille le nez, glace les joues. Il faut vraiment qu'il fasse remplacer ses vieilles fenêtres par des modèles un peu plus isolants.
Mais en attendant, Harry cache son visage sous les couvertures. Le soleil n'est pas encore levé au-dehors et seul un oiseau idiot chante non loin de la maison. Tout est calme, doux, agréable. Et Hermione n'est pas là pour le tirer du lit dès potron-minet sous une excuse aussi fallacieuse que mauvaise du genre : « Par Merlin, Harry, on a un programme ultra chargé aujourd'hui, il faut revoir l'entièreté du cours de métamorphose, depuis le rat transformé en verre à pied de la première année à ce sort extraordinaire vu la semaine passée, permettant de voir s'ériger pendant quelques minutes l'Atomium en lieu et place de la Basilique Saint Marc à Venise. »
Quel plaisir, pour une fois, de pouvoir profiter d'une bonne nuit de sommeil et, s'il le désire, d'une grasse matinée exquise.
Soudain, le jeune homme rouvre les yeux, écarte la couverture d'un geste et se redresse dans son lit. Il a... dormi ? Et plutôt bien, en plus. Aucun cauchemar, pas de réveil en sueur, le cœur battant à 120. Pourtant, il n'a pas pris la potion de Rogue. Il ne l'a pas pu, l'homme a beau être surprenant, il ne se promène pas encore avec un assortiment de fioles dans la doublure de sa cape, façon vendeur de montres volées des années 80.
D'ailleurs, le professeur est toujours assis sur son fauteuil, dans le coin le plus éloigné du lit. Et il dort.
Dire qu'il a refusé de prendre le canapé, se rappelle Harry en se levant, la couette serrée autour de lui pour se tenir chaud. Il y aurait pourtant mieux dormi que là.
Il a à peine fait trois pas en direction du Maître des Potions, que le bout de la baguette de celui-ci se met à luire et, qu'une seconde plus tard, l'homme se réveille en sursaut, la main crispée sur la baguette de bois.
— Professeur ?
— Harry ! Tu es levé depuis longtemps ? demande-t-il en bondissant hors du fauteuil.
— Quelques minutes. Mais vous auriez dû prendre le canapé, le sermonne-t-il. Vous auriez mieux dormi.
— Je n'ai pas dormi, rétorque Rogue en lissant la cape qui lui a servi de couverture.
Harry hausse un sourcil et l'homme soupire en réponse.
— Pas plus de cinq minutes d'affilée. Je m'en suis assuré.
D'un mouvement, il indique sa baguette avant de la ranger.
— Que voulez-vous dire ? s'étonne Harry qui laisse petit à petit glisser la couette de ses épaules.
Rogue passe devant lui et quitte la chambre à grandes enjambées. Dans le salon, il alimente le feu qui se meurt et, d'un coup de baguette, accélère la flambée des bûches qu'il vient d'ajouter dans l'âtre. Ensuite, seulement, alors que tous deux peuvent commencer à se réchauffer, il se retourne vers le jeune homme.
— Simplement que je m'en suis assuré.
— Votre baguette vous réveillait toutes les cinq minutes ?
— C'est cela même. Si elle ne détectait aucun mouvement cinq minutes d'affilées, elle m'envoyait une petite décharge électrique.
Abasourdi, Harry met quelques instants avant de trouver quoi répondre. C'est absurde, s'infliger de telles douleurs juste pour ne pas s'endormir. Depuis quand Rogue est-il passé du côté M de ses probables pratiques sadomasochistes ?
— Mais... pourquoi ?
L'homme plisse ses petits yeux sombres. Le gamin est-il stupide ou est-ce encore une de ses blagues qu'il ne comprend jamais ?
— Dois-je vous rappeler ce qu'il s'est passé hier soir ?
Harry déglutit, mal à l'aise. S'il s'est infligé ça, c'est... pour lui ? C'est encore plus idiot.
Alors que sa vie n'a plus aucune espèce d'importance depuis qu'il a accompli sa mission. Quelle idée d'en faire tout un plat.
Mais s'il lui répond ça, Rogue se fâchera, il en est sûr, alors il se contente de détourner le regard.
— C'était pas la peine, marmonne-t-il. Je... vous sers un café ?
Ce gamin est une énigme. Severus approuve et se charge lui-même de leur faire griller des toasts et des champignons pour le petit-déjeuner pendant que le jeune sorcier s'occupe du liquide torréfié.
Harry en pyjama et lui-même en vêtements de ville, moldus, en plus d'être froissés par la nuit, assis tous deux autour de la vieille table en bois de la cuisine, le matin de Noël. Dans quel univers une telle chose est-elle censée se produire ?
En réalisant qu'il se met à penser le même genre d'absurdité que son élève, Rogue se tourne vivement vers lui. Ses pensées seraient-elles encore en train de sortir de sa tête comme la pellicule d'une bobine cassée ? Mais non, le garçon ne fait pas attention à lui. Il mâche distraitement, le regard dans le vague.
Quand il se tourne vers lui, Rogue ne peut s'empêcher une petite incursion dans son esprit. Il a peur de ce qu'il va y trouver, mais se dit qu'il vaut mieux qu'il en soit informé si jamais Harry compte recommencer ses bêtises.
— Arrêtez ! Vous ne pouvez pas entrer en moi quand vous le voulez, sans demander la permission, se braque Harry en sentant la présence du professeur dans sa tête.
Aucune mention à la nuit passée. Rogue sourit.
— Excusez-moi, Harry.
— Vous n'avez pas l'air désolé, grogne-t-il en lorgnant le sourire du professeur, effrayant.
— Alors comme ça, vous avez bien dormi ?
C'est si facile de détourner ton attention, Harry, pense Severus en le voyant se redresser avant de répondre. Si facile, et pourtant, tu étais prêt à commettre une chose affreuse, hier soir.
— Ah ! Oui. Étrangement... oui. J'en viens à me demander si vous ne m'avez pas drogué hier soir, profe....
Avant qu'il n'ait pu terminer sa phrase, une succession de tapotements rapides leur parvient de la fenêtre. Et dans les rayons timides du soleil levant, ils voient un minuscule hibou posé sur le rebord de la fenêtre et frappant celle-ci du bec avec tant d'énergie qu'ils s'imaginent, un instant, la voir se briser en mille morceaux sous l'assaut.
— Coq ! bondit Harry en allant lui ouvrir. C'est de la part de Ron ? Donne-moi ça.
Le petit hibou fait deux tours complets de la pièce avant de venir se poser sur la table, renversant au passage la tasse presque vide de Rogue. Et pendant qu'Harry décroche le petit paquet ficelé à sa patte, l'animal en profite pour grignoter son toast à peine entamé.
— Cet oiseau est bien mal élevé, fait remarquer Rogue en épongeant la tâche d'un tapotement de sa baguette.
— C'est celui de Ron.
— Étrangement, ça ne m'étonne pas.
Le petit colis transporté par l'animal riquiqui dévoile à Harry un cadeau de Noël de la taille d'un encrier et une lettre brève écrite par son meilleur ami. En la déroulant, le jeune homme ne peut empêcher son cœur de se serrer. Il n'était pas censé la lire. Sans Rogue, jamais il ne l'aurait eue entre les mains. Il n'aurait même pas pu faire entrer Coq et le jeune oiseau survolté aurait probablement frappé à la fenêtre suffisamment longtemps pour la casser, et peut-être se blesser.
« Joyeux Noël mon vieux !
C'était sympa hier soir, mais ça aurait été mieux si tu avais été là.
Maman a regretté ton absence toute la soirée et Hermione est toujours furieuse. Elle dit qu'elle va se faire rembourser ton cadeau.
À propos de cadeau, tu trouveras le mien dans la boite. J'ai pensé que ça te serait utile dans ta maison, mais si t'aimes pas, on peut le changer !!
Si tu veux passer le dernier jour de vacances à la maison, viens.
Tu sais que tu es toujours le bienvenu !
Et sinon, on se revoit demain soir à Poudlard.
Hermione dit qu'elle t'embrasse pas, mais Ginny si.
Et puis moi, bah, voilà quoi.
Allez, à bientôt, mon vieux.
Ron »
— Votre ami est un poète dans l'âme, ironise Rogue qui s'est levé en douce pour venir lire par-dessus son épaule.
Cachant la lettre contre lui, bien que ce soit trop tard, Harry lui lance un regard mauvais.
— Je ne vous ai pas permis de lire mon courrier !
— Rassurez-vous, personne n'a vraiment envie de lire... ça.
Oh, qu'il est énervant. Se levant dans la précipitation, Harry jette un œil par la fenêtre. Le soleil a commencé à tout envahir et l'air froid au-dessus du loch s'est cristallisé en une brume épaisse qui recouvre tout jusqu'à l'horizon. Seule la neige se fait toujours attendre. Ce qui est une première depuis qu'il est à Poudlard. Le jeune homme savait que le monde ne serait plus le même après la mort du Seigneur des Ténèbres, mais jamais il n'aurait pensé que ça aurait une influence sur la météo.
— Professeur, il se fait tard. Et si vous rentriez à Poudlard ? conseille-t-il, soudain, en reportant son attention sur l'homme.
— Vous comptez rejoindre Monsieur Weasley et Miss Granger ? l'interroge celui-ci en portant à ses lèvres la nouvelle tasse de café fumant qu'il vient de se servir.
Harry hésite. Il pourrait mentir, mais Rogue le saurait dans l'instant, alors il se contente de secouer la tête de gauche à droite.
— Et je suppose que vous ne rentrez pas non plus à Poudlard ?
— Non, je ne crois pas.
— Dans ce cas, je ne bouge pas d'ici.
— Professeur...
— Mais ne croyez pas que vous allez pouvoir vous la couler douce, Harry. Vous êtes en période de révisions, et si vous ne le faites pas avec Weasley, Granger, Londubat et sa petite-amie de Serdaigle, vous le ferez avec moi.
Il déconne ? Il ne va pas m'infliger ça, se répète Harry alors qu'il déglutit, les yeux rivés sur son professeur terminant de vider sa tasse de café.
— ... Merci pour votre offre, mais... je vais refuser.
— Malheureusement, je ne peux accepter cette réponse. Et croyez bien que le programme de Granger, aussi « intensif » ait-il pu vous paraître, n'est rien en comparaison du mien.
Avec ce sourire sadique, Rogue est tout bonnement terrifiant, et même Coquecigrue s'envole de la table pour venir se poser dans la nuque d'Harry, cachant sa petite tête dans ses cheveux en bataille.
— Je... Je vais peut-être accepter la proposition de Ron, bafouille Harry, sans le lâcher des yeux.
— Ça aurait été une bonne idée, en effet, mais maintenant, je ne vous crois plus. De plus, Albus me tuerait si je vous laissais repartir seul après ce qu'il s'est passé hier soir.
Encore cette histoire ? Rogue a vraiment dû avaler une potion périmée. Ça se saurait si le fantôme de l'ancien directeur hantait les couloirs de l'école.
— Le professeur Dumbledore est mort... professeur.
Harry jurerait avoir vu son sourire s'adoucir, pourtant, Rogue parait presque fou quand il hausse les épaules et enchaîne.
— Et alors ? En quoi cela l'empêcherait-il de me tuer ? Ouvrez votre cadeau, maintenant, et mettons nous au travail.
Son cadeau ? Ah, oui, le cadeau de Ron. Un bref instant, Harry a cru que Rogue lui avait offert un cadeau, ce qui aurait été une idée peut-être encore plus terrifiante que les séances de révisions à venir.
Un cadeau de Rogue. Ce serait... bizarre.
Alors Harry déballe le petit paquet en tâchant de faire abstraction des griffes de l'oiseau s'enfonçant dans son cou.
Le papier coloré contient une petite boite, qui, elle, contient un vif d'or. Un vif d'or ?
Harry l'approche de son visage, l'ausculte.
— Ce n'est pas un vrai, dit-il, alors que Rogue l'observe faire en silence. Je me demande à quoi il sert...
— Donnez, demande l'homme en tendant la main, et Harry le lui tend, espérant que l'analyse de l'objet l'occupera suffisamment longtemps pour mettre en péril ses plans de révisions.
Un simple coup d'œil lui suffit hélas pour déclarer avec assurance :
— C'est un aiguiseur à couteaux.
— Un... aiguiseur à couteaux ? répète Harry, dubitatif. Mais pourquoi Ron m'offrirait-il un aiguiseur à couteaux ?
Rogue cligne des yeux plusieurs fois en le lui rendant. Est-ce vraiment lui, l'Élu ? Le garçon qui a vaincu Lord Voldemort ?
— Ça parait évident, répond-il froidement.
— Pas pour moi.
— Parce que vous êtes attrapeur, souffle l'homme. Suffisamment riche pour vous offrir ce qui vous fait envie, nouvellement propriétaire d'une maison que vous n'avez pas meublée vous-même et que votre ami, lui, ne vole pas sur des galions d'or.
— Vous voulez dire...
— Qu'il vous conseille par ce simple présent de personnaliser un peu votre intérieur pour vous sentir chez vous dans votre maison ? Oui.
— J'allais dire qu'il m'incite à reprendre ma place d'attrapeur, mais... oui... vous avez certainement raison.
— Évidemment que j'ai raison, soupire Rogue en levant les yeux au ciel. Bon, vous renvoyez cet oiseau, qu'on se mette au travail ?
Terrifiant, on vous dit. Et inarrêtable quand il a décidé quelque chose.
**
Hey les gens !
Je vous avais dit que ce chapitre serait plus cool.
J'espère qu'il vous a plus.
Des bisous
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro