Chapitre 29 - Hiboux et embuscades
Pendant les jours qui suivent, Ron et Hermione surveillent Harry de très près pour s'assurer qu'il ne s'enfonce pas à nouveau dans la déprime la plus totale alors qu'aucun d'eux ne parvient à coincer Rogue pour le forcer à avoir une discussion avec l'Élu.
En effet, quand celui-ci n'est pas en train de faire passer un examen à une de ses classes, il reste enfermé dans ses appartements ou dans son laboratoire. Et quand il lui arrive de sortir de là, pour se restaurer, en général, il parvient systématiquement à s'échapper lorsque l'un des Gryffondors s'imagine être en état de l'attraper.
Rapidement, cette activité devient leur principale source de distraction, et même si aucun de leurs amis n'a conscience de l'importance de la tâche, ils se mettent tous à épier les allées et venues du professeur dès qu'ils ont cinq minutes de libre. Un véritable jeu de piste se met alors en place dans les couloirs du château après chaque repas.
Embuscades, code basé sur des imitations de chants d'oiseaux et qui résonnent dans tous les étages, cavalcades, bousculades d'élèves n'ayant rien à voir dans cette traque, préfets ulcérés et professeurs dépassés. À quelques jours à peine de la fin de leurs études, une partie des septième année, pourtant inconsciente des enjeux réels, semble bien décidée à profiter de ses derniers moments d'insouciance en participant à un nouveau jeu inédit.
Hélas, cette surveillance accrue et les nombreuses tentatives infructueuses pour le pousser à se retrouver seul avec Harry dans une classe, un cul-de-sac ou à l'infirmerie, ont tôt fait d'agacer Rogue et l'incitent à sortir encore moins souvent de ses appartements, plongeant Harry un peu plus dans l'angoisse et la tristesse chaque jour.
Un soir, après avoir passé la journée à lui courir après sans succès, Harry, Ron et Hermione se retrouvent à l'infirmerie, à attendre que Madame Pomfresh refasse le bandage d'Harry.
— C'est bientôt les vacances, annonce l'infirmière en entrant dans la pièce, des bandages et des onguents plein les bras, sur le ton de quelqu'un venant de faire une révélation sujette à un changement radical dans la vie de ses interlocuteurs.
— En effet, approuve Harry en fronçant les sourcils, alors que ses amis regardent la sorcière avec le même air interrogatif.
— Vous ne comprenez pas ce que ça veut dire, n'est-ce pas ? l'apostrophe-t-elle en déposant son fardeau sur la table la plus proche.
— Je crois que si, bredouille Harry, au contraire très au courant de ce que ça signifie pour lui et son cœur brisé.
Mais l'infirmière soupire en portant un regard agacé sur lui.
— Vos bandages, mon garçon, explique-t-elle. Ni le professeur Rogue, ni moi-même ne seront à vos côtés pour les refaire.
— Oh, réalise Harry, qui tente de cacher de son mieux à quel point cette phrase vient de l'atteindre.
Évidemment que Rogue ne sera plus là pour changer ses bandages. Mais ce n'est pas la seconde partie de cette phrase qui lui tord les boyaux depuis près d'une semaine.
— Vous allez passer vos vacances ensemble, j'imagine, interroge Madame Pomfresh en regardant Ron et Hermione.
Et comme ils approuvent d'un hochement de la tête, elle reprend.
— Bien. Dans ce cas, vous allez tout deux apprendre à refaire les bandages de Monsieur Potter.
Et pendant deux heures, elle les regarde mettre et enlever les bandages autour du torse d'un Harry de plus en plus agacé par la situation, et ce, jusqu'à ce qu'elle estime que le travail est fait à peu près proprement. Elle leur explique ensuite comment appliquer les différents onguents et leur demande de revenir le lendemain pour s'assurer qu'ils ont bien tout retenus.
De toute la semaine, Hermione n'a pas reparlé des formulaires du Ministère à Harry, comprenant que le jeune homme souhaite profiter de l'été pour réfléchir à la direction qu'il choisira de prendre. Ainsi qu'à se remettre de son chagrin d'amour, s'ils ne parviennent pas à forcer une discussion sérieuse entre lui et Rogue. Malgré ça, chaque jour, sa voix agacée résonne dans les couloirs alors qu'elle pourchasse Ron, ne supportant pas de le voir perdre son temps à glandouiller au lieu de penser à ce qu'il fera une fois son diplôme en poche.
— Hermioooone... laisse-moi respirer, se plaint-il un après-midi alors qu'il est allongé au bord du lac, à discuter avec leur groupe d'amis.
— Mais on quitte le château dans deux jours, s'énerve cette dernière, qui vient d'ailleurs de relâcher un hibou à qui elle a confié une lettre de motivation à remettre au Premier Ministre en personne. Comment peux-tu être aussi zen ?
— Parce qu'aucune formation ne commence avant fin août, voilà pourquoi.
— Mais on peut intégrer les stages avancés du Ministère, avant ça. Ron, si tu veux être Auror, ce sera un atout énorme !
Soupirant, le rouquin se détourne d'elle et grimace à l'attention de Luna et Neville qui ont tournés la tête dans sa direction. Assis dans l'herbe à deux mètres de lui, les tourtereaux sont toujours occupés à organiser leur voyage et ne se déplacent plus qu'accompagnés de leurs nombreuses cartes et notes. À les voir, on pourrait penser que leur périple est prévu jusque dans les moindres détails, leur circuit millimétré et les étapes indispensables épinglées, mais en réalité, ils se contentent d'entourer les régions par lesquelles ils veulent à tout prix passer et ne font, en dehors de ça, que beaucoup rêver.
Penché sur la carte des Maraudeurs, Harry n'accorde que peu d'attention à leur nouvelle dispute. Elle se terminera de toute façon comme les autres jours, par une réconciliation empreinte d'excuses de leurs parts à tous les deux.
Alors qu'il espionne la petite étiquette au nom de Severus Rogue se mouvoir dans son laboratoire, un mouvement rapide en provenance du château et des cris aigus lui font tourner la tête. Un sourire gigantesque lui déchirant le visage en deux, Ginny accourt dans leur direction, Tobias sur les talons et une lettre à la main. Quand elle s'arrête dans un dérapage à demi contrôlé au milieu d'eux, elle est à bout de souffle, mais son sourire ne l'a pas quittée.
— Ginny ? l'interroge Hermione en fronçant les sourcils alors que tous ont relevé la tête à l'apparition de la jeune fille.
Les mains sur les genoux pour reprendre son souffle, la rousse se met à rire alors que son petit ami la rejoint enfin et lui pose une main sur l'épaule.
— Montre-leur, Gin', montre-leur.
Toujours euphorique, elle lève la main qui tient le parchemin et leur annonce dans un éclat de rire :
— Les Harpies de Holyhead veulent me voir dans une semaine. L'entraîneuse a assisté à notre dernier match et elle me propose de faire un test avec l'équipe en vue de l'intégrer. Je vais être joueuse pro. Je vais devenir une Harpie.
Aussitôt, les cris de tous leurs amis se mêlent en un brouhaha qui fait se retourner la plupart des élèves éparpillés en petits groupes de leur côté du lac et profitant, eux aussi, du soleil et de la fin de leurs examens.
— Par Merlin, Ginny, c'est fantastique !
— Incroyable !
— Faudra que tu nous refiles des places à l'œil.
— Bravo !
Ron se lève même le premier pour venir enlacer sa sœur avec des larmes de fierté aux coins des yeux.
La nouvelle les rend tous si joyeux pour le reste de la journée qu'Hermione en oublie d'astiquer Ron et qu'Harry abandonne la carte au fond de sa poche jusqu'au lendemain matin. Ils ont tous hâte d'assister au premier match de Ginny, persuadés qu'elle aura la place sans aucune difficulté.
Le lendemain, entre les préparatifs liés à son départ et les adieux à faire, Harry n'a pas une seule seconde à lui pour se lamenter sur son sort. Ce n'est qu'une fois couché, ce soir-là, qu'il prend conscience de ce que signifie son départ le lendemain. Sa dernière journée complète à Poudlard vient de s'écouler sans qu'il n'en profite véritablement. Le prochain réveil sera le dernier entre ses murs pour les septième année, pour lui, et une fois encore, il n'a pas vu Rogue de la journée. Inquiet, il ressort à nouveau la carte et se met frénétiquement à chercher le professeur.
Dans ses appartements ? Non. Dans son laboratoire, alors ? Non plus. Dans les couloirs ? Pas plus de succès. Chez les autres professeurs, dans le parc, dans le bureau de la directrice ? Non, non et non. Le Maître des Potions a disparu, encore une fois.
Atterré, Harry finit par replier la carte et se couche, des picotements plein le nez, le cœur douloureux.
Le lendemain, au petit-déjeuner, le professeur n'a toujours pas fait son apparition. Et alors que la grande entrée se remplit de malles et de sacs de voyage, Harry prend peu à peu conscience du fait qu'il ne reverra pas Severus avant de prendre le train.
Comment l'homme peut-il lui faire ça ? Et où est-il encore fourré ? Il n'est pas obligé de partager ses sentiments malgré ce qu'ils ont vécu, mais il lui a promis une discussion. N'est-il pas homme de parole ?
Alors qu'il se désole une fois de plus sur son sort, Harry est sorti de ses sombres pensées par des cris de joie traversant la salle d'un bout à l'autre.
Alors que le courrier a été distribué il y a un bon quart d'heure, un nouveau ballet aérien vient de commencer. Cent ou peut-être deux cents hiboux aux plumes lustrées et au port altier tournoient au-dessus des tables, libérant leurs missives estampillées au logo du Ministère devant les élèves de septième année.
Assise à sa droite, Hermione, plus stressée que jamais, lui agrippe l'avant-bras d'une main alors que la seconde se crispe de la même manière sur celui de Ron.
— Ils... Ils apportent les résultats... Harry... Oh, par Merlin... Ron...
— Du calme, Hermione, la rassure le rouquin. Si toi, tu as échoué, ça veut dire qu'on revient tous l'année prochaine.
Alors qu'elle lui répond par une grimace, pas du tout rassurée, une chouette effraie aux yeux verts envoûtants dépose une lettre devant elle. Quelques secondes plus tard, un hibou grand-duc aux serres terrifiantes en fait de même devant Harry, et enfin, une chouette de l'Oural à la face ronde et blanche se pose devant Ron et lui tend une patte à laquelle est attachée sa propre lettre.
Les trois amis échangent un dernier regard, puis décachettent les enveloppes d'un même mouvement.
— J'ai... j'ai... J'ai réussi, bégaie Hermione, les larmes aux yeux.
— Wow ! s'exclame Ron. Moi aussi ! Et j'ai un, deux, trois, quatre... Cinq O. C'est incroyable !
— Harry ? s'inquiète soudain Hermione en ne l'entendant pas réagir. Harry ? C'est pas bon ?
Et se penchant vers lui, elle détaille sa lettre avant de sourire, rassurée.
— Tu as presque autant d'optimaux que moi, Harry, c'est fantastique ! Même en potion. Vous pourrez tous les deux intégrer la formation d'Auror.
Il a réussi ses examens.
Génial.
Il va pouvoir devenir Auror.
Merveilleux.
Suivre la voie qui a été tracée pour lui. Ne pas décevoir les attentes du monde sorcier.
Se conformer.
Suivre le plan imposé.
Et puis mourir.
Malheureux, Harry s'éclipse à la fin du repas et se glisse jusqu'aux cachots, sous sa cape d'invisibilité pour ne pas se faire voir par les nombreux Serpentards qui défilent sans discontinuer dans les couloirs. Devant la porte des appartements de Rogue, il pose la main droite à plat sur le bois, il la supplie de s'ouvrir, une pointe d'espoir coincée dans la gorge, mais le lourd battant reste clos. Le professeur n'a pas réactivé son autorisation.
Les heures qui suivent, Harry les passe à déambuler sans but, faisant ses adieux aux murs, aux pierres, aux tableaux. À toutes ces choses qui ont rythmé sa vie d'étudiant de ses onze à presque dix-neuf ans, mais auxquelles il accorde à peine un regard ce matin, terrassé par la douleur irradiant de son cœur meurtri.
À onze heures, il rejoint ses amis pour un déjeuner anticipé et à midi et demi, il descend les marches menant à la grande porte tel un zombie, n'écoutant pas les discussions autour de lui, ne répondant pas quand ses amis s'inquiètent à son propos.
Pourtant, quand Hermione agrippe son poignet avec une brusquerie inhabituelle, il tourne la tête dans sa direction. Il a senti que quelque chose était différent et, à l'expression peinte sur son visage, il s'imagine un instant que des mangemorts ont envahi le château.
Il va se retourner, la main déjà portée à sa baguette, quand elle ouvre la bouche et que sa voix, voilée par l'émotion, s'en échappe en un chuchotement qui lui est entièrement destiné.
— Il est là. Rogue.
**
Les gens !!
J'ai oublié de publier ce chapitre cette nuit, toutes mes excuses !
Mais la bonne nouvelle, c'est que j'ai pratiquement fini d'écrire cette fic (cette nuit, du coup). À priori, il me reste un chapitre et demi à écrire. Donc, lundi, il est très probable que je vous annonce le nombre total de chapitres qu'elle comportera, et aussi la date de publication du dernier.
Ça me fait bizarre de me dire que c'est bientôt fini... Enfin, rassurez-vous, nous sommes encore ensemble au moins pour un mois, avec toujours deux updates par semaine.
Des bisous ^^
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro