Chapitre 27 - Malaise et hésitations
L'examen de potions se déroule encore mieux que ce qu'Harry n'avait espéré. Tout se passe à merveille, il coupe ses ingrédients à la perfection, on ne lui demande de reproduire que des potions qu'il connaît par cœur et Rogue fait même une brève apparition dans la salle.
Vraiment, tout va pour le mieux. Ainsi, quand il aperçoit l'homme s'éloigner en direction des cachots au moment où il quitte la grande-salle, Harry se met à courir derrière lui avant même d'avoir commencé à réfléchir.
— Professeur ! crie-t-il, alors qu'il est presque arrivé à son niveau.
Deux élèves de Serpentard se retournent vers lui, mais il ne les remarque même pas et se glisse devant Rogue, un sourire de bienheureux ayant terminé les derniers examens de sa vie sur le visage.
Seulement, en se retrouvant face à lui, il se rend compte qu'il n'a absolument rien à lui demander. Il voulait juste le voir, lui parler cinq minutes, et là, de plus en plus d'élèves habillés de vert le dévisagent, une expression au mieux de surprise, plus souvent de dégoût, sur le visage.
— Professeur, répète-t-il, alors qu'il sent la situation lui échapper.
Les élèves autour d'eux ne le dérangent pas vraiment, mais il a conscience que Rogue, lui, ne doit pas voir les choses sous cet angle. D'ailleurs, lui aussi le détaille avec attention, attendant sa demande.
— Potter ? Vous avez avalé votre langue ?
La remarque, bien qu'elle n'ait pas été dite avec hargne, fait ricaner les Serpentards les plus proches et Harry comprend que bientôt, ils seront entourés de crétins en attente d'une déculottée en règle de Saint Potter.
— Je me demandais... reprend le Gryffondor.
Si vous étiez libre, ce soir ? Non, il ne peut pas demander une chose pareille, mais le simple fait de l'imaginer le fait sourire de plus belle, ce qui fait naître une crainte légitime chez Rogue, qui espère qu'il ne va rien tenter de stupide au milieu d'autant d'élèves de sa maison.
— ... si vous aviez des nouvelles concernant le remède pour... euhm, enfin, vous-savez-quoi.
Certains Serpentards échangent un regard interrogatif. Si tout le château sait qu'Harry a été attaqué et blessé peu après la rentrée de janvier, le fait que ses blessures ne soient toujours pas cicatrisées n'est connu que de ses amis les plus proches, les élèves partageant son dortoir et les professeurs. Bien que les onguents de Rogue et de Pomfresh les aient rendues quasiment indolores, elles restent fragiles, saignent dès que les bandages sont retirés et constituent de ce fait une faiblesse du sorcier que pourraient utiliser ses ennemis.
Seulement, demandé ainsi, ce remède pourrait concerner absolument n'importe quoi et il n'est pas difficile d'imaginer les raisons des ricanements de certains élèves vêtus de capes brodées de vert.
— J'y travaille, Monsieur Potter. Maintenant, si vous ne voulez rien de plus, j'ai encore du travail, moi.
Et sur ce, Rogue le contourne et l'abandonne là, parmi les Sepentards, comme s'il ne souhaitait pas lui parler davantage. Mais ce ne serait encore rien, s'il n'avait eu cette intonation glaciale qui paralyse Harry un instant.
Certes, il a eu tort de se précipiter comme un imbécile, devant ses élèves et sans savoir de quoi il allait pouvoir lui parler, mais une réponse si agressive était-elle obligatoire ?
Perturbé, il rejoint Ron et Hermione dans leur salle commune et tente, tant bien que mal, d'oublier la sensation désagréable qui l'a saisi quand Rogue l'a laissé. Il a mal interprété quelque chose, c'est ça. Il a juste mal interprété ce qu'il a dit pour brouiller les pistes. Et pour lever le mal-entendu, il prévoit de le rejoindre une nuit prochaine dans ses appartements. Juste pour être sûr et enfin mettre les choses au clair. Après tout, ils n'ont pas encore eu cette fameuse discussion qu'il lui a promise.
Mais pas cette nuit, il doit d'abord se reposer après ces journées de stress et d'interrogations. Ce ne sont que 24 ou 48 h de plus, rien d'insurmontable, il peut parfaitement attendre.
Et puis il est mort de trouille, surtout. Et si Rogue le chassait à nouveau ?
Perclus de doute, Harry laisse au final passer trois jours et trois nuits avant de se décider à agir. Et puis, la quatrième nuit, assis dans son lit, la carte des maraudeurs dépliée sur les genoux, il voit Rogue commencer sa ronde. Pendant vingt minutes, il le suit des yeux, le regardant déambuler sur la carte jaunie. Quand il le voit passer devant le portrait de la grosse dame, Harry retient sa respiration. Sera-t-il celui qui le rejoindra, pour une fois ? Mais non, bien sûr, il ne marque même pas un temps d'arrêt, se contente de passer devant le tableau comme s'il ne s'agissait pas le moins du monde de l'entrée de la salle commune des Gryffondors.
Encore cinq minutes et le jeune homme fait voler sa cape par-dessus sa tête et s'éclipse sur la pointe des pieds. Rogue a presque terminé sa ronde et s'il tente de l'intercepter dans les couloirs, il prend le risque que l'homme le renvoie dans son dortoir, ce qui ne doit pas arriver, pas cette nuit. Pas alors qu'il l'a évité depuis la fin des examens et qu'il vient enfin de prendre son courage à deux mains. Non, il faut qu'il maximise ses chances de se voir proposer l'entrée dans ses appartements, et pour ça, le mieux, c'est de patienter devant la porte.
Il pourrait entrer, s'installer sur le divan et l'attendre là. Il est presque sûr que son autorisation est toujours valide, mais il ne veut pas s'imposer, il veut que Rogue l'invite lui-même à entrer. Bon, il est prêt à faire un peu de forcing si l'homme décide de le rembarrer une nouvelle fois pour une raison qu'il refuse de lui expliquer, mais il n'entrera pas sans son accord.
Déjà, parce que ça peut s'avérer dangereux, qui sait ce que l'homme pourrait lui envoyer comme sort s'il le trouve là alors qu'il ne souhaite pas lui parler ? Mais surtout parce qu'il ne veut pas que son professeur se sente obligé de l'héberger s'il n'en ressent aucune envie. Harry veut qu'il souhaite le savoir auprès de lui. Il veut que Rogue ait envie autant que lui-même de passer cette nuit en sa compagnie.
Assis dans l'alcôve jouxtant la porte, il surveille la petite étiquette au nom de Severus Rogue sur la carte qu'il a étalée, une fois encore, sur ses genoux. Elle passe devant la grande-salle, traverse le couloir, prend les escaliers. Le cœur d'Harry bat de plus en plus fort. Il est presque là.
Refermant la carte, il se remet debout. Droit dans l'alcôve, il hésite. Devrait-il se mettre directement devant la porte ? Mais il n'a plus le temps de réfléchir, des pas ont commencé à retentir dans le couloir plongé dans le noir.
Soudain, devant lui, l'homme apparaît. Dans ses robes sombres, il est presque aussi invisible qu'Harry, sous la cape. Il s'arrête un instant devant l'alcôve, mais Harry ne voit pas son visage, alors, quand Rogue reprend sa marche, il ne peut retenir un chuchotement.
— Professeur...
Et il est là, son visage si près du sien, sa bouche à portée de lèvres. Et, enfin, sa main sur sa tête, se refermant sur la cape pour la faire glisser dans une caresse évanescente.
— Que faites-vous là, Harry ?
Sa voix est toujours aussi dure. Pourquoi ? Que s'est-il passé ? Qu'a-t-il raté ? Au moins, ne s'est-il pas reculé en découvrant à quel point ils se tenaient proches l'un de l'autre. En même temps, vu à quel point il s'est avancé dans l'alcôve, il était évident, qu'ils ne pourraient que s'y tenir collés-serrés.
— Vous m'évitez, est tout ce qu'Harry parvient à prononcer, ses yeux, qu'il tente de planter dans ceux du professeur, se cessant de revenir se perdre sur ses lèvres, si proches.
L'accusation est un peu malhonnête, car Rogue n'est pas le seul à avoir fui toute confrontation ces derniers jours, et Harry le sait.
— Pas du tout, répond l'homme en détournant la tête, s'éloignant ainsi du visage d'Harry, qui est tenté de faire un pas en avant pour rapprocher leurs deux corps. Pourquoi ferais-je ça, au juste ?
— Je l'ignore, avoue Harry. Mais si c'est faux, laissez-moi entrer chez vous.
Rogue esquisse un sourire qui parait sarcastique aux yeux d'Harry et recule d'un pas, se plaçant hors de portée des lèvres du jeune homme. Par Merlin, il va encore le perdre s'il le laisse s'éloigner. Il ne peut pas laisser une chose pareille arriver à nouveau.
— Je ne vois pas ce que j'aurais à gagner à faire ça, ajoute Rogue avec un regard vers la porte de ses appartements.
Lui attrapant le poignet avant que l'homme ne mette une trop grande distance entre eux, Harry se lance. Plongeant dans ses yeux sombres, au risque de laisser le professeur lire en lui la passion qui le dévore depuis trop longtemps, sa voix réduite à un murmure.
— Moi...
Dans sa paume, il sent le poignet de Rogue se contracter. Ce que tout son corps vient de faire, en fait. L'homme déglutit, tâchant, tant bien que mal, de se soustraire au regard vert et plein d'espoir du Gryffondor.
— C'est... c'est ridicule, Harry. Retournez vous coucher.
Resserrant sa prise sur son poignet fin, Harry l'attire à lui et, pétrifié, l'homme se laisse guider. Dans un mouvement rapide qui ne lui ressemble pas, le Gryffondor échange sa place avec son professeur et le pousse contre le mur avant de se coller à lui, laissant ses doigts remonter dans une caresse subtile le long de son bras.
— Dites-moi que vous ne ressentez rien quand je fais ça.
— Harry...
— Dites-le, insiste-t-il en faisant glisser son nez contre la joue du professeur. Dites-le ou faites moi entrer...
Sans réponse de la part de l'homme, il ajoute au contact de son nez, celui de sa bouche et dépose un baiser sur sa joue.
Il jurerait que Rogue est en train de fondre entre ses bras. En tout cas, il ne le repousse pas. Alors il continue et l'embrasse une seconde fois, puis une troisième, s'approchant à chaque fois plus de sa mâchoire. Et quand, enfin, leurs lèvres se scellent, quand il sent la bouche du professeur lui rendre son baiser, c'est lui qui se liquéfie.
Appuyant son baiser, ses mains cherchant sous les robes, une entrée vers la peau de l'homme qui a passé ses propres mains dans son dos, son cou, ses cheveux, il devient fou.
Sa peau brûlante est couverte de caresses et quand Rogue le fait pivoter pour se libérer du mur, il se laisse acculer à son tour. Les mains froides de Severus dans son dos, sur ses hanches. Sa bouche dans sa gorge, qui cherche un accès à son torse. Sa respiration saccadée qui caresse sa peau.
Ils doivent rentrer, maintenant. Il veut aller plus loin. Il le veut, lui, tout entier.
— Harry... halète Rogue en lui embrassant le cou et en le poussant contre le mur en pierres sombres.
— Professeur...
En une seconde, le comportement de Rogue change du tout au tout. Il cesse de l'embrasser, retire ses mains de sous son pyjama et son regard affolé inquiète Harry qui, l'espace d'un instant, s'imagine avoir été découvert par des élèves ou un autre professeur.
— Prof...
Il n'a pas le temps de l'interroger, Rogue pose sa main sur ses lèvres et Harry, toujours excité, les entrouvrent pour laisser le bout de ses doigts s'y introduire et les lécher en fermant les yeux.
Il n'a pourtant même pas l'occasion de les goûter que Rogue les retire dans un mouvement vif, comme si Harry venait de le mordre.
— Je... je ne peux pas, bégaie-t-il en lui touchant, presque malgré lui, la joue. Vous êtes encore un élève, Harry. Mon élève. Retournez dans votre dortoir. Immédiatement !
Et n'attendant même pas que le jeune homme obéisse, il le plante là et se précipite dans ses appartements.
Pantelant, Harry ne parvient pas à comprendre ce qui vient de se passer. Ses vêtements à moitié retirés, le souffle court, il peine à réaliser, quand la vérité lui apparaît. Rogue s'est laissé embrasser, il l'a chauffé et là, il vient de l'abandonner, plus excité qu'il ne l'a jamais été, dans un couloir froid et humide qui sent un affreux mélange de toutes les potions qui y ont, un jour, été tentées par des milliers d'étudiants.
Fou de rage et de chagrin, Harry se précipite contre la porte en bois et la laboure de ses coups de poings.
— Professeur. PROFESSEUR ! Ouvrez ! Alohomora !
Pendant un quart d'heure, le garçon s'égosille, ne remarquant même pas qu'un sort d'assiurdato a été posé autour de lui par l'homme, craignant qu'il ne réveille tout le château.
Assis à même le sol, la tête entre les mains, contre la porte à laquelle il vient de retirer l'autorisation spéciale du Griffondor, Rogue est foudroyé. Il n'a pas le droit de faire ce qu'il a fait, pas le droit de ressentir ce qu'il ressent. Harry mérite tellement mieux et est si jeune, si bon, alors qu'il est, lui, un meurtrier, un ex-mangemort et surtout vieux, si vieux.
À ses oreilles, résonnent les cris d'Harry, qu'il accepte, car il les mérite mille fois, et qui terminent de déchiqueter son cœur meurtri et ceux, plus désagréables, car injustifiés, d'un fantôme plus remonté que jamais.
— Mais enfin, Severus... Pourquoi ? POURQUOI ? hurle Dumbledore en arrachant ses longs cheveux translucides. Il est toujours derrière cette porte. Ouvrez-la. OUVREZ-LA, PAR MERLIN ! Vous ne pouvez pas lui faire ça !
— Allez au diable, Albus. Disparaissez ! ordonne le Maître des Potions en enfouissant son visage dans ses grandes mains blanches.
**
Hey les gens...
Vous me détestez encore plus que la semaine passée, non ?
Si ça peut vous rassurer, dites-vous que je sais où va cette relation (et cette histoire) ^^
Des bisous (sauf si vous me détestez vraiment trop ?)
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