Chapitre 2 - Admiration et négociations
Les autres élèves sont arrivés par le Poudlard Express. Harry a embrassé ses amis, retrouvé Ron, Hermione et Ginny qu'il n'avait plus vus depuis un mois.
Après la bataille, ni lui ni Hermione n'avaient osé accepter l'offre de Monsieur et Madame Weasley de rester au Terrier et ils avaient emménagé au 12 Square Grimmaurd, préférant laisser leurs amis gérer leur deuil sans étrangers dans les pattes.
Au bout de quelques semaines, pourtant, sous les assauts répétés de Ron, Hermione avait cédé et accepté de le rejoindre là-bas. Elle avait à son tour insisté auprès d'Harry et, quelques jours plus tard, ils débarquaient tous deux dans la famille endeuillée qui tâchait de faire bonne figure.
L'ambiance pesante de la maison jadis si gaie, les pleurs étouffés qui perçaient au travers des portes fermées, les yeux rougis au petit-déjeuner, au dîner, au souper. C'était trop dur à supporter pour Harry, et après trois jours seulement, il était parti.
Le Square Grimmaurd est un endroit sombre, triste, austère, et le jeune homme avait besoin d'autre chose. De verdure, de soleil, d'ouvertures sur le monde. Alors, quelques poignées de galions du coffre familial en poche, il s'était mis à la recherche d'un endroit qu'il pourrait enfin considérer comme « sa maison ».
En peu de temps, plusieurs offres lui avaient été faites, et après seulement trois visites, il avait acheté une maisonnette isolée située à un jet de pierre à peine de Poudlard.
La maison faisait face à un loch et était entourée de montagnes. Elle n'avait aucun voisin immédiat, bien que Préaulard ne se trouve pas loin, et le calme qui y régnait permettait à Harry de se replonger sans interruption aucune dans ses souvenirs les plus horribles, ce qui était devenu son activité principale après la fin de la guerre.
Oh, bien sûr, il y avait accueilli Ron, Hermione et quelques autres amis. Et puis, sur les conseils de Mcgonagall le sortilège de Fidelitas avait été posé sur l'habitation pour le protéger des mangemorts encore en cavale et, comme on pouvait s'y attendre, Hermione en était devenue la gardienne.
Ils auraient pu vivre à trois dans la maison en attendant la rentrée de septembre, mais Harry avait émis le désir de se retrouver un peu seul et le jeune couple avait accepté, à contre cœur, conscient que l'Élu était à bout et souhaitait se faire oublier de tous. Peut-être même d'eux, aussi.
Seul dans la masure, il avait pris ses marques, avait moins personnalisé l'habitation qu'il ne l'aurait fait encore une seule année en arrière, et était finalement beaucoup resté assis face au loch à penser à ses amis morts pour la liberté. Pour lui, surtout.
La rentrée avait été éprouvante pour Harry. Comme il le craignait, les plus jeunes sorciers et sorcières s'ébahissaient sur son passage, impressionnés de croiser le Sauveur dans les couloirs de l'école. Même les nés-moldus avaient été mis au courant par les autres de ce qui s'était passé l'année précédente et tremblaient en croisant le jeune homme à la cicatrice comme s'il s'était agi d'un chanteur célèbre.
Il n'avait pas encore assisté à un évanouissement, mais doutait de parvenir à terminer l'année sans que ça ne se produise.
Tout avait pourtant été fait pour qu'il se sente aussi à l'aise que possible. Le discours de Minerva Mcgonagall avait fait mention de la présence de nombreux combattants de la Bataille de Poudlard entre les murs du château. Elle avait été très claire, insistant pour que les nouveaux élèves et ceux trop jeunes, n'ayant pu participer aux combats, ne dérangent pas leurs aînés revenus pour terminer leur scolarité. Elle les avait qualifiés de héros, mais avait rappelé qu'entre les murs du château, ils étaient avant tout des étudiants comme les autres.
Attention à laquelle il aurait dû être sensible, Harry partageait le même dortoir qu'il habitait depuis sa première rentrée, avec Ron, Dean, Neville et deux autres garçons de leur âge. Des nés-moldus, qui avaient dû fuir les mangemorts et n'avaient pu valider leur année, contrairement à Seamus qui était pour sa part entré dans la vie active après avoir pu passer ses ASPIC après la bataille.
Ils se connaissaient, pour avoir passé toute leur scolarité dans la même classe. Et bien qu'ils ne soient pas intimes, au moins étaient-ils habitués à la présence d'Harry et ne lui vouaient-ils pas un culte.
Les cours se déroulaient en grande partie en petit comité, entre huitième année des quatre maisons. Avec seulement quelques heures par semaine où ils intégraient la classe de Ginny.
Ce n'était pas si terrible, la plupart des élèves étant aussi habitués à voir Harry dans le salon des Gryffondors depuis longtemps, mais il lui semblait toujours que quelques têtes se retournaient un peu trop souvent dans sa direction quand c'était à son tour de lancer un sort compliqué en cours de défense, ou quand il lui arrivait de faire un peu trop fumer son chaudron en potion.
C'était lassant, et ça n'arrangeait rien à son humeur, mais il s'interdisait de réagir, persuadé qu'il ne pourrait plus s'arrêter de crier si un seul mot plus haut que les autres sortait de sa bouche.
Même face à Rogue, qui le provoquait encore par moment, il restait apathique. Laissant couler sur lui les remarques acerbes du Maître des Potions qui avait repris son ancien poste.
Si bien qu'au bout de quelques semaines, l'homme, probablement las, avait cessé ses attaques et ne se contentait plus que de reprendre Harry quand celui-ci s'emmêlait trop les pinceaux dans ses ingrédients.
Loin d'être devenu un professeur apprécié, l'ex-mangemort n'était pourtant plus aussi craint.
Il ne félicitait toujours pas ses élèves, il ne fallait pas trop en demander non plus, mais sa présence avait cessé d'être source d'anxiété, au moins pour les élèves des dernières années, qui l'avaient connu terrifiant et sadique.
Le monstre des cachots s'était-il adouci à cause des regards admiratifs que portaient désormais sur lui une poignée d'élèves ou d'autres soucis occupaient-ils son esprit, au point de lui faire oublier de crier sur ces bons à rien de Gryffondors ?
Le premier trimestre avait filé comme un éclair de feu. Et entre les devoirs qu''ils récoltaient à la pelle, les révisions imposées autant par les profs que par Hermione et les exercices pratiques mis en place par la nouvelle prof de défense presque tous les soirs de la semaine, les septième année étaient épuisés. Ce n'était pas qu'une légende que l'année des ASPIC était la pire de toutes. Même celle des BUSES ressemblait à une sortie à Disney World en comparaison.
Les vacances de Noël apparaissaient pour certains comme une pause, quelques jours bénis où ils allaient enfin pouvoir souffler. Mais pour Ron, Ginny, Luna, Neville, Dean et Harry, il n'en était rien. Le programme concocté par Hermione ne comprenait qu'une seule soirée de libre, celle du 24 décembre, qu'elle avait consentit à leur accorder uniquement après que Ron ne lui ai fait du chantage, s'appuyant sur son envie de revoir sa famille, enfin, les membres encore en vie de sa famille, pour partager un grand buffet.
La maladresse du jeune homme l'avait d'abord fait pleurer. Sa famille à elle ne se rappelant même plus de son existence. Mais elle avait fini par donner son accord. Ils étudieraient la matinée du 24, puis prendraient un portoloin à midi pour se rendre au terrier, y compris Luna qui rentrerait chez son père depuis la maison des Weasley. Et le matin du 25, après avoir ouvert leurs cadeaux et embrassé Molly et Arthur, ils rentreraient tous à Poudlard pour rattraper le temps perdu.
— Certes, ça nous fera perdre presque une journée sur le planning, mais...
— Hermione...
— ... je suppose que je peux nous accorder ça. Après tout...
— Hermione.
— ... on n'a pas arrêté de réviser depuis le début de l'année. Ça ne devrait pas être si grave si...
— Hermione !
Les yeux plissés, à la fois d'agacement, mais aussi de surprise, Harry n'ayant plus haussé la voix depuis des mois, la jeune femme se retourne vers lui en se mordant l'intérieur de la joue pour s'empêcher d'ajouter quelque chose.
— On est épuisés. Tous. On a besoin de plus qu'un après-midi de libre.
— Mais...
— C'est Noël, Hermione ! Laisse Ron et Ginny rentrer au terrier, Luna passer plus de six heures avec son père, Neville avec sa grand-mère. Je sais que tu meurs d'envie de retourner voir si tes parents sont rentrés d'Australie. Fais-le. Et vas leur parler si c'est le cas.
— Ils ne se souviennent pas de moi, Harry ! renifle-t-elle en lui lançant un regard assassin.
— Invente une raison pour qu'ils te laissent entrer. Dis-leur que tu vends des assurances ou que tu fais un sondage sur les gens qui ont vécu à l'étranger, je n'en sais rien, Hermione. Tu trouveras quelque chose. Ils leur reste peut-être quelques souvenirs flous, une impression de manque, de déjà vu. Tu ne le sauras jamais si tu n'essayes pas.
Alors que la discussion aurait pu tourner à la dispute, aucun des deux Gryffondors ne semblant prés à fléchir, une voix flûtée vient les distraire d'une question simple.
— Où iras-tu, Harry ?
— Quoi ?
Le nez en l'air, suivant des yeux une créature fantasque connue d'elle seule, Luna hausse les épaules dans un mouvement pouvant faire penser à un début de danse contemporaine.
— Tu as parlé de Ron, de Ginny, d'Hermione, de Neville et de moi, mais tu n'as pas dit ce que toi, tu ferais de ce temps.
— Il viendra avec nous au terrier, bien sûr, répond Ron en la regardant d'un air ébahi.
Baissant les yeux, Harry se racle la gorge.
— En fait...
— Tu as d'autres plans ?
— Je pensais passer quelques jours chez moi... seul.
— Harry... s'adoucit Hermione en posant une main sur son genou.
— T'es pas sérieux, vieux ? Tu vas pas passer Noël tout seul ?
N'ajoutant rien, Ginny se contente de détourner la tête d'un air triste. Elle sait que rien de ce qu'elle pourra dire n'influencera le garçon.
— Peut-être pas Noël même, tente de s'en sortir Harry, mais j'ai besoin d'être un peu seul. Dans le calme. Il y a toujours du bruit, ici, et j'ai l'impression d'accumuler tellement de choses dans ma tête avec ces révisions, qu'elle va finir par exploser. J'ai juste besoin d'une pause, Hermione, reprend-il en regardant son amie. J'étudierai deux fois plus après, s'il le faut, mais j'ai besoin de quelques jours de détente.
Soupirant bruyamment, Ron se cale dans son fauteuil et s'étire.
— On en a tous besoin, Mione. Laisse-nous une semaine...
Alors qu'il pensait que le discours d'Harry l'avait attendrie, il la voit se redresser, un air outré peint sur le visage.
— Sûrement pas !
— Cinq jours ? tente-il de marchander.
— Q... Quatre...lâche-t-elle du bout des lèvres après quelques secondes de réflexion.
Un sourire ravit lui déchirant le visage en deux, le rouquin se penche vers ses amis et laisse ses mains claquer bruyamment sur la table qui les sépare.
— C'est plus qu'on en demandait, hein, Harry ?
À ce moment, Madame Pince apparaît dans l'alcôve où ils se sont réunis pour étudier et foudroie Ron, une lueur meurtrière dans les yeux.
— Si c'est pour faire autant de bruit, Monsieur Weasley, vous seriez mieux dans la cour extérieure.
Voyant que plus aucun des étudiants ne fait un mouvement, paralysés qu'ils sont par l'apparition quasi-spectrale de la bibliothécaire, elle fait mine de les déloger en agitant les mains, comme quelqu'un souhaitant faire s'envoler un groupe de pigeons récalcitrants.
— Allez ! Allez-vous-en. Vous dérangez les élèves qui souhaitent réellement étudier.
Plus tard, dans les couloirs, il est décidé qu'ils quitteront l'école le second jour des vacances, soit le 23 décembre, et qu'ils rentreront à l'école le 26 dans l'après-midi. De quoi passer Noël et un peu plus en famille et avoir toujours près d'une semaine et demie pour venir à bout du programme intensif d'Hermione.
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