33 ~Changement~
— Tiens.
Seungmin reçut un sweat sur la tête alors que Hyunjin ricanait doucement de son lancé maîtrisé.
— Merci, souffla tout de même le brun avant de se retourner pour retirer son haut trempé et enfiler le pull prêté.
— Pourquoi tu te retournes ? Je t'ai déjà vu torse nu tu sais.
Le nageur pivota légèrement dans sa direction avant de lui lancer un regard mi-blasé mi-timide.
— C'est pas pareil.
— Oh parce que quand t'étais sorti de la douche comme un exhibitionniste c'était différent ?
— Tu parles de la fois où t'as failli faire une syncope ? répondit Seungmin un rictus moqueur aux lèvres.
Un jogging lui fut balancé, atterrissant de nouveau en plein milieu de son visage.
— Mets ça au lieu de te foutre de ma gueule. Puis faut bien avouer que ton corps à de quoi déstabiliser.
— C'est à dire ?
— Que t'es bien foutu Kim.
Des rougeurs prirent place sur les joues du plus petit qui se retourna de nouveau pour enfiler son pantalon.
— Joli petit cul en prime de ça.
— Ta gueule !
Hyunjin rigola, appréciant bien trop de voir Seungmin perdre ses moyens. Il était mignon ainsi, gêné face aux compliments qu'on lui lançait. Le blond avait bien envie de le taquiner davantage mais il se doutait que son ami pouvait se refermer sur lui même s'il abusait trop de ses gentilles moqueries. Son ami... peut-être que cette appellation ne convenait plus vraiment à présent.
— On est quoi maintenant ? osa le plus grand.
— Je sais pas... est-ce que c'est vraiment nécessaire de poser une étiquette ?
Dans un mouvement lourd, Hyunjin se jeta sur son lit, en étoile de mer, les yeux rivés sur le plafond blanc. Il réfléchissait, retournait la question dans tous les sens, il était complètement perdu à cet instant. Il n'avait rien prévu de tout ça, il devait bien avouer que ça lui faisait peur de plonger la tête la première.
— On est potes avant tout, pas vrai ? Alors on peut juste être des amis qui s'apprécient un peu plus qu'ils ne le devraient. Rien de plus simple finalement.
Il avait beau prononcer ces mots, il n'y croyait pas une seule seconde. Non, rien n'était simple, tout se cassait la gueule. Son futur devenait incertain dès que Seungmin entrait dans l'équation. Il avait même envie de faire machine arrière, d'abandonner tout ce qu'il avait prévu.
— C'est ça, souffla le brun en s'allongeant à ses côtés tout en passant une main autour de sa taille. Des amis qui s'apprécient un peu plus qu'ils ne le devraient, finit-il par confirmer.
Il ferma les yeux, appréciant le contact du corps chaud contre lui. Il avait envie de s'endormir ainsi, de vivre dans cette étreinte pour l'éternité. Parce que c'était doux d'aimer et d'être aimer en retour. Seungmin soupira d'aise lorsque Hyunjin commença à caresser ses cheveux, il se sentait bercé par ce geste.
— Dis, j'ai entendu la dispute quand on était au téléphone, c'était ta mère ? prononça finalement le nageur.
— Oui, répondit le blond après quelques secondes de latence.
— Elle veut t'envoyer en internat ?
Les caresses s'arrêtèrent un instant avant de reprendre plus lentement encore. La pluie meublait le silence qui avait pris place, elle frappait les carreaux des fenêtres dans une symphonie désynchronisée. Le temps semblait vouloir se figer dans cette pièce.
— Oui, dans une école militaire à Incheon.
— Ça sera pas très loin de Séoul, sourit Seungmin.
— C'est une prison, je pourrais à peine sortir de là. Puis sérieusement, tu me vois aller là-bas ? Je suis pas sportif et mon truc c'est la littérature, pas les armes.
Seungmin releva sa tête pour croiser les orbes bruns de son ami. Ce dernier fixait les nuages qui s'agglutinaient dehors, comme s'il était présent dans la pièce mais à des années lumières d'ici.
— Tu peux pas aller à l'université ?
— Ma mère ne me laissera pas y aller, elle ne me fait pas confiance. Elle pense que je vais en profiter pour faire des conneries plutôt que de bosser. Elle a peur que je ternisse sa réputation.
Le ton de Hyunjin était sec, il était en colère. Son corps s'était tendu depuis qu'ils avaient commencé à aborder ce sujet. Dans ses yeux quelque chose brûlait, une détermination brimée par des ordres auxquels il était forcé à se plier.
— On s'entend pas très bien tu sais. Enfin pas du tout même. Elle dit que je suis un raté mais elle refuse de laisser ma garde à mon père. Elle à peur de ne pas pouvoir cacher mes imperfections si elle n'a pas le contrôle total sur moi. Ça entacherait sa carrière.
— Elle est écrivaine c'est ça ?
— Hwang Sunyoung, ça te dit quelque chose ?
Seungmin se releva sur son coude pour faire face à Hyunjin, complètement sonné par ce qu'il venait d'entendre.
— Hein ? C'est ta mère ?
Un rire mauvais s'échappa de la gorge du blond en observant la réaction du plus petit.
— Même toi qui n'aime pas la littérature tu sais qui sait. Elle est adulée de tous pour ses livres si émouvants et pourtant elle est complètement insensible quand il s'agit de son propre fils. De toute façon elle fait tout pour cacher le fait que j'existe, elle ne veut pas être associée à moi, elle fuit son rôle de mère à la perfection.
Seungmin était sous le choc. Il comprenait mieux pourquoi Hyunjin était aussi aisé, sa mère était une personnalité publique, une autrice connue dans tout le pays.
— C'est fou, j'ai l'impression de te connaître à peine, murmura-t-il en s'enfonçant de nouveau dans le matelas.
— Je suis né ici, à Kwangon, le vingt mars deux mille. Mes parents se sont séparés quand j'avais six ans, au début aucun d'eux ne voulait ma garde. Pendant un an, ils se sont fait la guerre au tribunal pour me refiler à l'autre. J'ai dû aller chez un psy après ça, apparemment ça m'a pas mal impacté. A partir de mes sept ans j'ai quasiment toujours vécu avec ma mère, enfin quand elle était là.
Il n'y avait rien à répondre à ça. Un désolé n'aurait fait que blesser Hyunjin, c'était quelqu'un qui haïssait la pitié. Un "ça va aller" n'aurait été qu'un mensonge, on pouvait aisément comprendre que le blond vivait très mal cette histoire, une douce amertume transparaissait dans sa voix. Mais Seungmin avait peur qu'en gardant le silence cela n'accroit la solitude du petit prince maudit.
— Tu t'en es bien sorti, souffla-t-il alors, peu sûr d'être capable de le réconforter ainsi. Tu es devenu quelqu'un de bien malgré tout ça Hyunjin.
Il reçut en remerciement un simple baiser sur le haut de son crâne qui fit accroître son rythme cardiaque.
— Je déteste les aubergines aussi. Je suis nul en sport. Je n'aime pas les chats mais j'adore les chiens. Je suis sensible à toute forme d'art : cinéma, peinture, théâtre, danse, littérature, musique. J'adore le rock d'ailleurs. Quand j'étais petit mon doudou s'appelait Pit, c'était un raton-laveur.
Au fur et à mesure qu'il parlait, les lèvres de Seungmin s'étiraient tandis qu'il le couvait d'un regard doux. Hyunjin s'ouvrait enfin réellement à lui, son cœur se réchauffait sous cette constatation.
— Et aussi je crois que je suis en train de tomber amoureux d'un garçon de ma classe. J'ai oublié son prénom, mince.
Le concerné pinça les côtes du plus grand pour le punir de se comporter ainsi avec lui.
— Quoi ?! Qu'est ce que j'ai dit encore ?
— Préviens quand tu sors des trucs comme ça.
Hyunjin plissa malicieusement les yeux avant de se tordre pour déposer un court baiser sur les lèvres de Seungmin.
— A toi maintenant.
Le brun renifla, faussement énervé pour camoufler sa gène et son désarroi.
— Je suis né à Jeonju, à trente minutes d'ici, le vingt-deux septembre deux mille. J'ai déménagé à Kwangon quand j'avais trois ans, et j'ai toujours eu une situation familiale un peu compliquée. J'adore l'odeur de la mer, les clémentines, le silence et le bleu. Je déteste l'Eté et le tic-tac des horloges. J'ai appris à seulement douze ans à faire mes lacets et je ne sais pas cuisiner. Pour finir je crois que je suis en train de tomber amoureux de mon meilleur ami, il s'appelle Hwang Hyunjin.
Le nommé attrapa aussitôt les épaules du plus petit entre ses bras avant de rouler sur le lit, l'entraînant avec lui.
— Tu m'étouffes.
Le blond était maintenant complètement allongé sur Seungmin, le pressant contre lui.
— T'es tellement adorable que j'ai envie de te mordre.
Alors qu'il ouvrait la bouche, prêt à mettre ses dires à exécution, le nageur lui écrasa sa paume contre son visage pour le tenir éloigné de lui. Heureusement pour lui, il était plus musclé que Hyunjin, il avait l'avantage en se débattant, même si le plus grand était coriace.
— Mords moi et je t'étouffe avec ton oreiller.
— Ce serait un crime passionnel, si romantique mon petit Seungmin.
— Je vais t'envoyer dans l'autre monde je te jure.
— Je préférerais plutôt que ce soit au septième ciel.
Le brun se dégagea vivement de son emprise avant de se relever hors du lit. Il avait une mine paniquée sur le visage, gardant une distance de sécurité avec Hyunjin qui se rapprochait de lui, toujours sur le matelas, dans des galipettes douteuses.
— T'es ravagé. Je veux revenir au stade de la simple amitié, tu me fais peur comme ça.
— Rooh ça va, je rigole je vais pas te bouffer non plus.
— Tu disais vouloir me mordre il y a quelques secondes.
Le blond s'arrêta dans ses mouvements qui semblaient être ceux d'une limace puis il réfléchit, les yeux rivés vers le plafond, la bouche pincée.
— Point pour toi. Mais bon vu que t'as pas l'air consentant je le ferais pas. Maintenant revient me faire un câlin, j'ai froid.
Seungmin expira bruyamment par le nez, incertain, pour finalement craquer et retrouver la position qu'ils avaient précédemment. Il se glissa entre les bras du blond, emmêlant leurs jambes pour se coller l'un à l'autre.
— Hyunjin !
— Aï !
Le plus grand n'avait pas pu résister.
— Putain, tu m'as enculé le nez !
— T'avais qu'à pas me mordre espèce de traître ! Puis c'était un réflexe d'auto-défense.
— Excuse moi Jackie Chan, je savais pas que donner un coup de boule c'était naturel chez toi !
Avec appréhension, le brun encadra le visage de Hyunjin de ses mains pour voir les dégâts sur son visage. Du sang s'échappait légèrement de sa narine droite, rien de très grave mais c'était tout de même embêtant.
— Oh... je t'ai pas loupé en effet. Viens.
Il tira son ami à sa suite alors qu'il quittait la chambre pour rejoindre la salle de bain.
— J'ai la tête qui tourne, je vais partir Seungmin, je le sens.
— Arrête de faire ta princesse, j'ai pas frappé si fort.
— Ça y est, je vois la lumière blanche, elle m'appelle, répondit Hyunjin dramatiquement.
Le nageur souffla avant de baisser l'abattant des toilettes pour finalement intimer le souffrant de s'y asseoir. Il fouilla rapidement dans les placards, à la recherche d'une compresse ou d'un mouchoir. Une fois un équivalent trouvé, il tendit une mèche de coton au blond.
— Mets ça pour pas te tâcher, l'enfonce pas trop.
Pour finir, il s'empara d'un tube d'arnica avant d'en déposer sur le nez amoché.
— Désolé, finit-il par prononcer, légèrement honteux.
— J'aime bien quand tu t'occupes de moi, ça en vallait le coup, t'inquiète pas.
Seungmin lui sourit calmement, comme il l'aurait fait à un enfant. Hyunjin il était aussi explosif que doux, il y avait quelque chose en lui qui appelait à être protégé, choyé. C'était un être constitué de deux facettes qui se complétaient autant qu'elles se contredisaient.
— Tu devrais pas être en cours plutôt qu'ici d'ailleurs ? s'inquiéta finalement le plus vieux.
— J'ai séché ce matin à cause d'une personne un peu trop têtue.
— Tu devrais y retourner cet après-midi, les examens finaux sont dans moins d'un mois, c'est important pour toi.
Hyunjin était conscient que le brun devait réussir avec brio ces tests s'il voulait entrer à l'Université nationale de Séoul et obtenir une bourse. Il ne pouvait pas le retenir bien longtemps ici pour profiter de sa compagnie.
— J'irais oui, mais t'en fais pas pour moi, je suis confiant là-dessus.
— Tu restes quand même manger p'tit géni ? Je sais cuisiner moi, je peux te préparer un truc rapidement si tu veux.
— Avec plaisir, il faut que je teste les talents culinaires de mon futur homme, plaisanta Seungmin, un rire niché dans sa voix.
Malgré l'orage qui s'activait dehors, la maison était ensoleillée par ce nouveau départ qu'ils prenaient ensemble. Tout s'était compliqué aujourd'hui, Seungmin et Hyunjin savaient qu'ils sortiraient abîmés par leur histoire. Mais pour l'instant le soleil qui brillait dans leurs yeux était tellement doux, ils ne voulaient pas se préoccuper du futur.
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Un peu de douceur prc les embrouilles ça va deux minutes
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