Chapitre 8 : Toujours des excuses...
Mes yeux ne pouvaient quitter l'écran de mon portable. On ne me voyait pas clairement sur la photo, mais les gens savaient à propos de mon existence et c'était déjà suffisant. Je n'osais même pas imaginer tout ce que ça impliquait.
— Qu'est-ce qu'il se passe ? s'enquit Moly, constatant que quelque chose me troublait.
— Absolument rien, prétendis-je.
Aussitôt, j'éteignis mon portable et le rangeai dans mon sac. Je voyais bien que Moly n'était pas convaincue et doutait de moi, cependant, elle en fit rapidement abstraction.
— C'est bien, tu vas enfin écouter le cours, rétorqua-t-elle avec un air faussement satisfait.
Je lui adressai un léger sourire, qui bien qu'il soit à peine visible me déchirait les joues.
Je ne savais même pas comment je devais réellement réagir, mais je voulais juste contacter Stan. Si seulement j'avais son numéro... En me rendant chez lui, j'aurais dû lui demander, le forcer à me le donner... Au lieu de ça, j'étais partie précipitamment parce qu'il m'avait déstabilisée. Quelle andouille j'avais été !
J'allais donc devoir attendre samedi pour avoir des nouvelles de sa part...
*
Les jours suivants, je ne faisais que regarder toutes ces news people que j'avais tant détestées tout au cours de ma vie. La plupart des articles parlaient de cette inconnue et proposaient quelques hypothèses farfelues. Mais pour l'instant, rien de bien concret à mon sujet n'avait été dévoilé. Pour l'instant, j'étais encore saine et sauve... mais je savais que ce n'était qu'une question de temps. Ce genre de journalistes étaient prêts à tout pour la moindre information et bientôt ce ne serait pas que mon nom qui serait affiché.
Alors que je continuais mes recherches sur mon ordinateur portable, assise sur mon lit, je reçus un appel d'un numéro masqué. Pensant qu'il s'agissait de lui, je me jetai dessus pour avoir enfin une discussion sérieuse.
— Il faut qu'on parle, annonçai-je d'une voix sombre.
— En effet... Je suppose que tu es au courant, lâcha-t-il d'un ton hésitant.
— Oui, soupirai-je. Heureusement, il n'y a rien à mon sujet... Je ne suis qu'une inconnue... et je pense que c'est mieux ainsi... D'ailleurs, je ne pense pas que je pourrais accepter ce shooting samedi.
Même si ça me tuait de refuser, je n'avais pas le choix. Je préférais la prudence, je préférais toujours la prudence. J'allais passer à côté d'une opportunité exceptionnelle, mais je ne cessais de me persuader que c'était pour le mieux.
— Il en est hors de question Alice. J'ai besoin de toi pour ça.
— Tu peux sûrement trouver un autre photographe, tu n'auras pas la moindre difficulté pour. Sur ce, ça a été sympa de te connaître.
— Alice, tu ne peux pas–
Je ne lui laissai pas le temps de poursuivre et raccrochai subitement. Je regardai longuement mon portable, sceptique. Peut-être avais-je fait une erreur... mais je m'en fichais.
Je m'allongeai sur le lit, pensive. De nouveau, mon portable sonna. Numéro masqué. Sûrement lui, encore. Je ne cherchai même pas à répondre et ignorai volontairement l'appel. Comme ça, il comprendrait que c'était inutile d'insister.
Mon choix était fait.
*
Jusqu'à vendredi, il continuait de m'appeler de temps en temps, espérant sûrement que je réponde. Mais à chaque fois, je déclinai ses appels. Je ne voulais plus rien avoir à faire avec lui.
En arrivant en cours, je croisai Moly en compagnie de Sara, une amie que nous avions en commun. Toutes les deux semblaient en pleine discussion et mon arrivée sembla arrêter subitement celles-ci.
— Bah dis donc, je viens de lancer un énorme silence ! plaisantai-je. Allez, dites-moi tout et ne faites pas les timides, je suis curieuse.
Même si c'était quelque chose de complètement stupide et inutile, ça pourrait me distraire un peu et oublier les récents évènements.
— Moly me proposait d'aller en boîte ce soir, pour draguer un peu, expliqua Sara.
Comme toujours, Sara était la première à lâcher le morceau, j'en étais à peine étonnée. Toujours fidèle à elle-même. Moly fit une légère moue, voulant probablement garder ça pour elles.
— Mais ça ne doit pas t'intéresser puisque tu as un mec, rétorqua-t-elle d'un ton presque agressif.
— Il ne se passe rien... et même s'il se passait quelque chose, c'est terminé, je ne lui parle plus. Alors draguer, ça m'intéresse !
Moly sembla retenir un soupir, espérant que je ne vienne pas. Elle avait vu Sara et, comprenant qu'elle était bien plus influençable que moi, celle-ci l'aurait suivie, peu importe l'idée.
— Ok, on ira toutes les trois, on verra laquelle d'entre nous sera la plus douée pour pécho ! capitula Moly.
*
Le soir même, nous nous rendîmes dans un bar assez populaire en ville, dont nous avions néanmoins l'accès. Le plus éprouvant fut cette longue attente avant que le videur nous laisse entrer.
Aussitôt, nous nous installâmes au bar, commandant quelques verres tout en observant les personnes aux alentours. Il y avait vraiment de quoi faire pour s'amuser.
Moly se jeta rapidement sur un homme qui lui faisait de l'œil. Quant à Sara, elle resta assez discrète, n'osant pas aborder la moindre personne. Tandis que moi, je les observais, amusée.
Alors que je discutais avec Sara de banalités quotidiennes, un homme lui offrit un verre. Elle le remercia timidement et baissa la tête.
— Tu ne veux pas aller le voir ? demandai-je.
— Mais qu'est-ce que je vais lui dire ? s'inquiéta-t-elle.
— Tu n'es pas obligée de parler. Tu dis bonsoir, tu remercies pour le verre et tu le laisses parler... Au moins tu verras si c'est quelqu'un de fiable.
— Et s'il ne dit rien ? s'enquit-elle, tremblante.
— Tu te poses vraiment trop de questions, soupirai-je. Vas-y au lieu de trop réfléchir ! Un peu d'impulsivité, ça fait du bien dans la vie !
De nouveau, elle baissa la tête. Cette fille devait vraiment quitter son petit confort pour découvrir le monde, quitte à y découvrir quelques atrocités au passage. Chacun devait se forger à sa manière.
— Pourquoi tu n'y vas pas toi ? esquiva-t-elle.
Malgré son innocence et sa naïveté aux premiers abords, Sara pouvait être douée pour mener la conversation là où elle le souhaitait.
— Parce que je voulais vous voir... En vrai, ça ne m'intéresse pas tellement... Je préfère me pencher sur mes études.
— C'est ce qu'on dit toutes, lança-t-elle, un grand sourire sur les lèvres. En fait, tu es juste à fond sur cet inconnu... Moly n'a pas arrêté de faire des hypothèses et elle pense que ça a l'air très sérieux, mais que tu préfères garder tout ça secret.
Il en fallait peu pour qu'elle crache le morceau. Elle n'avait jamais su tenir sa langue, ce pourquoi j'en avais toujours profité, quitte à ce que ça ne paraisse pas raisonnable.
— Moly dit n'importe quoi. Elle interprète tout mal. On a pris un verre et ça s'est arrêté là... Ça m'arrive souvent, mais Moly doit toujours s'emballer pour un rien, tu la connais toi aussi !
Elle se mit à rire, ce qui sembla attirer le regard de l'homme qui lui avait précédemment offert un verre.
— Alors, tu ne vas pas aller le voir ? l'interrogeai-je, un sourire en coin.
— Je ne sais pas...
— Finis ton verre cul sec et ose !
— Mais... mais je vais passer pour une conne ! me contredit-elle, désemparée.
— Mais Sara, si tu n'oses pas, tu vas encore plus passer pour une conne. Essaie... en plus, tu n'as rien à perdre !
Elle se balança sur ses pieds, hésitant longuement à si elle allait tenter ou non. Puis brusquement, elle but son verre d'une traite, le reposa sur le comptoir et se dirigea vers l'inconnu malgré sa démarche titubante.
Pendant ce temps, je commandai un autre verre tout en la regardant, j'avais envie de m'amuser de ce spectacle. Je fus alors interrompue lorsque mon téléphone sonna. Dès que je vis le numéro masqué, je raccrochai. Encore...
*
Je ne savais plus combien de verres j'avais enchaînés, mais sûrement bien trop pour agir normalement. Aux côtés d'un homme – qui ne m'intéressait absolument pas au passage –, je ne cessais de rire, comme si j'étais face à un humoriste, ce qui n'était pas le cas justement.
Alors que je gloussais comme une imbécile, Moly et Sara s'approchèrent de moi.
— En voilà une qui a trop bu ! s'exclama Moly, ne pouvant contenir son mépris envers moi.
— Mais je m'amuse ! rétorquai-je.
— Allez, on rentre ! Tu fais n'importe quoi ! Et ça commence à devenir lamentable qui plus est !
Elle me prit par le bras. J'eus à peine le temps de saluer le type avec qui je discutais qu'elle me tira à l'extérieur du bar et m'installa dans le siège arrière de sa voiture. Je plaquai ma tête contre la vitre et fermai les yeux, m'endormant brièvement le temps du trajet. Mes paupières se fermaient d'elles-mêmes et je n'avais pas la force de rester éveillée, autant dormir.
Bien rapidement, nous arrivâmes en face de ma maison, ce pourquoi Moly me tira de me rêveries.
— Hé ! Alice ! Y a un mec devant chez toi ! s'écria Moly, assez inquiète.
Je jetai un coup d'œil vers la vitre mais l'alcool ne m'aidait pas à voir clair. Pourtant, je pouvais vaguement distinguer une silhouette se tenant sous le perron, avec un chapeau, me semble-t-il.
— Tu attendais quelqu'un ? s'enquit-elle.
Sans même voir son visage, je savais que ce ne pouvait être que Stan. Celui-ci n'était pas près de me lâcher, quitte à me retrouver chez moi.
— Ouais ! Juste un relou ! Je vais rapidement m'en débarrasser ! Vous en faites pas pour moi !
Je descendis du véhicule tandis que Sara descendit la vitre pour me donner quelques conseils :
— Fais attention à toi !
— Mais il ne va pas me violer, y a pas de quoi avoir peur ! rétorquai-je tout en riant.
Je leur fis un bref signe d'au revoir et Moly se décida à repartir. Une fois qu'elles furent parties, je m'approchai du porche et distinguai de mieux en mieux cet homme. Il releva alors son chapeau pour dévoiler une partie de son visage.
Stan.
C'était bien la première fois qu'il s'approchait de moi à ce point. Tout ça pouvait lui coûter beaucoup. Mais alors, pourquoi prenait-il le risque de se rendre chez moi ?
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