Chapitre 4 : Strawberry
Le taxi me déposa enfin devant ledit bar Strawberry. Celui-ci était étincelant malgré la pénombre, n'importe qui aurait remarqué l'enseigne, même à quelques dizaines de mètres. Le côté clinquant de cet établissement ne m'étonnait même pas à vrai dire. C'était un lieu réservé aux riches, il fallait bien montrer sa « richesse » d'une certaine manière. Bien évidemment, n'importe qui était attiré par ce genre d'endroit, il suffisait de constater la queue débordante de personnes espérant avoir leur quart d'heure de gloire.
Je repris alors conscience de la situation en me demandant ce que je devais vraiment faire. Deux possibilités s'offraient donc à moi : me présenter au vigile en disant que quelqu'un m'attendait tout en sachant par avance que je ne serais pas prise au sérieux ou attendre bêtement que quelque chose se passe. En fait, être venu était en quelque sorte une idée assez stupide en soi.
Alors que j'étais sur le point de faire demi-tour, quelqu'un s'empara de mon bras. Mon premier réflexe fut de m'en détacher, craignant qu'il s'agisse de quelqu'un de malhonnête. Il remarqua rapidement mon inquiétude mais ne dit rien à ce sujet.
— Êtes-vous bien Alice ? demanda-t-il froidement.
— En effet, répondis-je assez mal à l'aise.
— Suivez-moi, m'ordonna-t-il.
Je ne savais vraiment pas dans quoi je m'embarquais, mais après tout, je ne faisais que m'amuser, il n'y avait pas de mal à ça.
Alors, je m'engouffrai dans un sombre couloir par l'arrière me donnant soudainement l'impression d'être exceptionnelle. Puis je me rappelai que ce n'était que de courte durée. Dès que je serais dans son lit, ça serait fini et il m'oublierait. Intérieurement, j'en soupirai. Il n'y avait aucun intérêt à se faire de fausse joie... Même si une petite sauterie pouvait toujours être plaisante de temps à autre.
Finalement, je fus conduite dans une petite pièce privée. Mon regard se posa immédiatement sur Stan, visiblement occupé à parler avec quelques personnes que je ne reconnaissais absolument pas. Après tout, il y avait peu de chances que je croise des visages familiers.
Le vigile racla brièvement sa gorge et tout le monde se tourna vers moi, il n'y avait rien de plus embarrassant. Je ne savais absolument pas quoi dire, je fis donc mine de contrôler la situation ainsi que mes émotions, tandis qu'un léger sourire se dessina sur le visage de Stan. Il semblait me reconnaître. C'était bon signe déjà.
— Ravi de te revoir Alice, lâcha-t-il avec enthousiasme.
Il m'invita à m'asseoir à ses côtés et aussitôt, on me servit un verre. J'aurais dû refuser par habitude, mais je n'en eus pas le temps. Mis à part Stan, je ne connaissais personne. Ils parlaient vraiment de sujets banals, comme tout le monde. Il ne fallait pas s'attendre à quelque chose d'incroyable non plus...
Ne sachant pas vraiment comment me comporter, je restais assez à l'écart, sirotant mon verre de temps à autre. En fait, j'étais comme un fantôme, même Stan ne semblait plus s'intéresser à moi. Assez impressionnant étant donné qu'il m'avait invité... Il s'était sûrement foutu de ma gueule, j'en étais à peine étonnée. C'était tout à fait logique.
Brusquement, je me levai, sans trop y réfléchir plusieurs fois, et tous les regards se tournèrent enfin vers moi. Finalement, je n'étais pas tant que ça un fantôme.
— Je crois que je vais m'en aller, lâchai-je, assez incertaine.
Avant même de leur laisser l'occasion de me retenir, je m'enfuis, ne cherchant même pas à regarder derrière moi, jusqu'à ce que je sentis une pression à mon avant-bras. Je me tournai vers cette personne essayant de me retenir. Stan.
— J'ai dit que je m'en allais ! insistai-je en tentant de me détacher de son emprise.
— Tu n'es même pas restée dix minutes, me fit-il remarquer.
— Et alors ?
— Tu t'attendais vraiment à être le sujet de toutes les attentions ? m'interrogea-t-il, un sourire malin sur ses lèvres.
— Je ne m'attendais à rien, soupirai-je. Après tout, tu attends sûrement le bon moment pour me mettre dans ton lit, après, je ne serai qu'une de plus dans ta liste...
Il me plaqua contre le mur, ses lèvres s'approchèrent des miennes, et même si j'aurais pu le repousser, je ne le voulais pas. C'était plus fort que moi. Il était évident que Stan était indéniablement attirant et qu'au fond de moi, je le désirais. Sauf que ma raison revenait toujours pour me rappeler que nous étions bien trop différents...
— Alors pourquoi ne pas régler ça le plus vite possible ? lança-t-il par pure provocation.
— Ça te plairait bien hein ? déclarai-je pour poursuivre son jeu. Tu serais content de sauter une autre inconnue, une groupie, n'est-ce pas ? Personnellement, j'aimerais bien que tu sois frustré, mais je suis persuadée que ça ne va pas durer longtemps...
Je réussis enfin à m'extirper de ses bras.
— Tu veux vraiment jouer toi, lança-t-il, un sourire en coin.
— Appelle ça comme tu veux. En tout cas, je rentre chez moi...
— Laisse au moins mon chauffeur te ramener chez toi, me proposa-t-il.
— Désolée, mais je vais rester encore méfiante pour ce soir et prendre un taxi, refusai-je poliment.
Sans lui laisser le temps de rétorquer, je quittai le bar en empruntant le même chemin par lequel j'étais entré. Quelques personnes me regardaient, assez impressionnées par le fait que j'aie pu entrer dans ce lieu si envié de tous. Dans le fond, il n'y avait rien d'exceptionnel...
Aussitôt, j'appelai un taxi d'un simple signe de main, prête à rentrer chez moi... C'était suffisant pour ce soir. Après tout, nous nous étions tous les deux bien amusés même si c'était assez court...
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