Chapitre 16 : Tous de milieux différents
Le réveil fut assez brutal.
Mes yeux se refermaient d'eux-mêmes et je n'avais aucune envie de me réveiller. Je resserrai ma couette contre moi en espérant avoir encore quelques minutes de répit. Il m'était impossible d'effacer les souvenirs de la veille. Tout était encore bien trop frais. Ma famille, ma sœur... et Stan... J'avais connu les bords les plus limites de la détresse et du bonheur. Ces dernières heures avaient été bien trop mouvementées, tellement que je ne savais plus si je devais déprimer ou m'en réjouir.
Rapidement, j'eus une partie de la réponse en jetant un coup d'œil aux news sur mon portable. Des photos de Stan et moi avaient encore circulé, mais contrairement à la dernière fois, elles n'étaient pas aussi floues et mon visage pouvait être reconnu si l'on me connaissait.
Oh mon Dieu...
Je ne savais même plus quoi penser de tout ça. Pour l'instant, je n'étais désignée que comme une simple "inconnue", mais pour combien de temps ? Bientôt, toute la presse à scandale allait être au courant... Et là, je ne pourrais vraiment plus rien gérer. Déjà que je gérais à peine tout ça...
Je laissai tomber mon portable dans un coin du lit et fixai le plafond, complètement abasourdie et démunie. Peut-être que personne ne découvrirait mon identité... Il n'y avait rien de plus stupide que de penser ça. C'était impossible que je puisse rester une inconnue, chose que j'aurais tellement voulu.
À contrecœur, je quittai mon lit d'un mouvement brusque et me précipitai vers la salle de bains pour prendre une longue douche chaude, voire brûlante. J'avais vraiment besoin de décompresser, mais frotter violemment ma peau à coup de savon n'allait rien arranger.
J'ignorais combien de temps j'avais passé dans la salle de bains et j'étais presque triste de ne pas croiser ma sœur pour qu'elle me réprimande et m'accuse d'être en retard par ma faute. Un soupir s'échappa de mes lèvres. Elle me manquait, c'était indéniable, surtout parce que j'avais vraiment besoin de quelqu'un. Je ne pouvais même plus compter sur Moly ces derniers temps...
De retour dans ma chambre, j'enfilai brièvement quelques vêtements avant de m'emparer de mon portable pour y jeter un coup d'œil dans la foulée. Absolument rien. En même temps, ce n'était pas étonnant. Il n'y avait personne qui chercherait à me contacter... et d'une certaine manière, c'était plutôt rassurant.
Mon portable encore dans les mains, j'hésitais à joindre Stan. Mais en avait-il vraiment quelque chose à foutre ? Être poursuivi par les paparazzis était son quotidien, il ne pourrait pas comprendre ma détresse. Nous étions de deux milieux différents et il fallait bien qu'une situation telle que celle-ci se présente...
Malgré mon état explosif, je pris mon sac et partis en direction de la fac, en espérant que je me calme sur le trajet, ce qui était loin d'être gagné...
*
Les quinze minutes à pied ne m'avaient pas aidée à évacuer. J'étais toujours à cran, d'autant plus lorsque mon regard croisa la tignasse bleue de Moly. Elle était en compagnie de Sara, toutes les deux ruaient aux éclats. Puis elles remarquèrent ma présence bien que j'étais à l'autre bout du couloir. Elles se stoppèrent net et je m'approchai d'elle d'une démarche rapide, presque brusque.
— Qu'y a-t-il de si marrant ? demandai-je presque violemment.
Aucune d'entre elles ne me répondit et elles se contentèrent d'échanger un regard lourd de sens. C'était comme si Sara s'apprêtait à dire quelque chose mais que Moly le lui interdisait. Comprenant que la situation qui se préparait n'allait pas être simple, je repris une longue inspiration et me lançai, quitte à ce que ça se passe mal :
— Je sais qu'il se passe quelque chose, alors vous allez arrêter de me prendre pour une conne et me dire clairement ce qu'il se passe. On peut régler les conflits comme des adultes tout de même.
Moly croisa les bras et emprunta un air fier qui ne lui était pas habituel. Jamais son comportement ne m'avait semblé à ce point étranger.
— C'est toi qui oses dire qu'on te prend pour une conne ? rétorqua-t-elle en levant exagérément ses sourcils. Tu te fous vraiment de notre gueule... Comme toujours... Et on en a marre. On n'est pas tes chiens.
— Mais enfin... Moly, qu'est-ce qu'il te prend ? Tu sais très bien que ce n'est pas mon genre ! tentai-je de me défendre alors que je ne comprenais plus du tout la situation.
— Joue les ignorantes pendant que tu le peux encore... Mais on sait la vérité, déclara-t-elle d'une voix grave.
Elle s'empara du poignet de Sara et la força à la suivre contre son gré. Elles s'éloignèrent et je ne pouvais pas les quitter des yeux. Aucune partie de mon corps ne suivait. Je les regardais, impuissante. Puis je sentis le jugement des autres au fur et à mesure. En jetant un coup d'œil aux alentours, quelques personnes s'étaient intéressées à notre altercation.
Finalement, je réussis à reprendre possession de mon corps et quittai la fac. Tant pis pour les cours, je n'avais l'esprit pour rien. D'abord ma sœur, puis mes amies... Pourquoi tout déraillait en ce moment ? Pourquoi tout arrivait en même temps ? Pourquoi...?
J'avais couru pour rejoindre un coin à l'abri des regards et désormais je me retenais pour pleurer. Non, je ne devais pas pleurer. Je ne devais plus pleurer. Je me l'étais promis. Plus jamais. Je ne suis plus une petite fille... Je ne suis plus cette petite fille.
Lentement, je posai mon dos contre un arbre mordant ma lèvre inférieure en espérant faire passer cette soudaine envie de pleurer. Putain ce que c'était dur... Je ne devrais pas être dans un tel état juste pour des amis... Des amis, ça va, ça vient et ce n'est certainement pas éternel. Ces derniers temps, tout voulait vraiment m'achever...
Dans un élan de désespoir, je pris mon portable, prête à envoyer un message à Stan, puis m'arrêtai en cours de route. Je ne pouvais tout de même pas l'appeler à mon secours dès que les choses se compliquaient.
Finalement, je restai contre cet arbre en espérant me vider l'esprit et écoutai un peu de musique pour me calmer. Je ne comptais même plus les heures... En tout cas, le temps s'était beaucoup écoulé. Du moins, c'était ce que les musiques m'avaient plus ou moins fait comprendre à travers cette longue playlist.
Je n'avais pas pleuré et je ne savais même plus ce qui était le plus douloureux. Retenir ses larmes ou les laisser aller. Ma tête n'était plus qu'un énorme bordel qui avait besoin d'une bonne nuit de sommeil... Enfin, j'espérais vraiment que ce soit suffisant...
En voyant la nuit tomber petit à petit, je me décidai à quitter ce lieu, marchant jusqu'à ma maison, le cœur serré. Je tentais de me concentrer sur le chemin, mon esprit ne cessait de vagabonder dans l'inconnu de mes pensées. Si seulement j'arrivais à me détendre... Tout serait tellement plus simple. En tout cas, ça n'allait pas s'arranger aussi facilement, je le compris bien rapidement en arrivant devant ma maison. Des lettres rouges étaient inscrites sur la porte autrefois blanche. Quelques lettres, juste un simple mot... Si simple qu'il ne pouvait être que blessant.
« Connasse »
Mais qu'est-ce que c'était ce bordel ?
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