chapitre 6
1er septembre 1990
Les fenêtres brillantes du château illuminaient le ciel comme des milliers d'étoiles. La vue était à couper le souffle, et tous les premières années se figèrent devant ce spectacle. On avait beau pu leur vendre la beauté de cet endroit, jamais ils n'auraient pensé être subjugués à ce point devant un château éclairé. Rubeus Hagrid n'interrompit pas leur contemplation ; il attendit quelques secondes avant de les entraîner vers des barques, sur la rive du lac noir.
Les premières années se retrouvèrent répartis par petits groupes dans les barques, d'environ cinq, et les jumelles eurent la joie de se retrouver ensemble, accompagnées de Sarah et de deux autres filles à qui elles n'eurent pas le temps d'adresser la parole. Les barques avançaient seules, si bien que les nouveaux arrivants restaient figés sur la contemplation du château et n'osaient même pas parler. Anna et Amalia se serraient la main chaleureusement, non pas en signe de réconfort, mais plutôt comme un signe de victoire. Elles y étaient enfin. Elles arrivaient enfin dans cet endroit mystique qui avait fait la vie de leurs parents et de nombreux autres grands sorciers avant eux. Quelques minutes suffirent pour traverser les eaux noires du lac, et la marée d'élèves débarqua dans une petite crique, au pied du château. Leurs yeux s'en étaient finalement détachés, et ils étaient désormais concentrés sur la volée de marche qui menait vers l'entrée.
- Bonne rentrée ! hurla Hagrid, un énorme sourire sur les lèvres.
Son sourire se figea quand Amalia se retourna en faisant voler ses cheveux roux dans son dos. Elle lui sourit, mais il resta de marbre, avant de reprendre ses esprits.
Les élèves continuèrent leur course dans les escaliers, avant de débarquer sur un palier, face à une lourde porte de bois. Anna n'en revenait toujours pas d'être dans ces couloirs. Elle savait, d'après les histoires de Tim et Beth, que derrière ces portes se trouvait la Grande Salle et ses quatre longues tables, une pour chaque maison. Elle savait qu'ils allaient être répartis sous peu. Elle saurait si elle avait raison de douter de sa répartition et de celle d'Amalia ou non.
Une femme d'un certain âge s'avança vers eux, vêtue d'une longue robe vert émeraude et d'un chapeau pointu à motifs écossais.
- Bienvenue à Poudlard, clama-t-elle. Nous allons procéder dans quelques instants à la cérémonie de la répartition ! Cette cérémonie est très importante : vous allez être répartis dans les différentes maisons qui représenteront comme une deuxième famille pour vous, tout au long de votre scolarité ici. Vous y suivrez les mêmes cours, partagerez les mêmes dortoirs et passerez votre temps libre dans la même salle commune. Les maisons ont pour noms Gryffondor, Serdaigle, Poufsouffle et Serpentard. Chaque maison a sa propre histoire, sa propre noblesse, et a formé au cours des siècles de nombreux sorciers et sorcières majeurs.
Elle se retourna vers la lourde porte, juste le temps pour les premières années pour se scruter les uns les autres. Qui serait dans sa maison ? Avec qui dormiront-ils ce soir ? Certains nourrissaient une certaine inquiétude, mais Amalia abordait au contraire cette épreuve avec sérénité. Elle ne pourrait pas être séparée de sa sœur. Louis aussi était comme certain de sa répartition, et avant que la professeur revienne vers eux, adressa un dernier regard complice aux jumelles avec qui il avait partagé son enfance et son foyer.
Les portes s'ouvrirent et laissèrent de nouveau place à l'émerveillement. Le flot de premières années s'engagea dans l'allée disponible entre deux longues tables de bois et examinèrent la salle du regard. Le plafond enchanté représentait le ciel étoilé à la perfection et des milliers de bougies flottaient au-dessus de leurs têtes. Des « wow » époustouflés s'échappèrent même de la bouche de certains. Les autres élèves, déjà répartis, les scrutaient avec une certaine indiscrétion. Sur leur gauche, Anna reconnut la table des Poufsouffle, vêtus de leur uniforme jaune et noir. Et au milieu de cette table, au moment où le cortège s'approchait, Timothy se leva pour les acclamer. Les jumelles s'esclaffèrent quand il se fit réprimander, tout comme Louis et même Bethany qu'elles distinguèrent un peu plus loin, quoique rouge de honte.
Le cortège arriva bien vite devant la table des professeurs, table devant laquelle avait été posé un petit tabouret. La professeure qui les avait accompagnés et s'était présentée comme la professeure McGonagall, revint quelques instants plus tard avec un chapeau pointu tout élimé : le Choixpeau. En voyant celui-ci, les élèves furent séparés entre l'excitation et l'inquiétude. Anna tint fermement la main de sa sœur alors qu'une boule se formait au creux de son ventre. Elles regardaient toutes deux devant elles, vers ce chapeau qui scellerait leur destin. Soudainement, le chapeau commença à entonner une chanson, qui se disait être différente chaque année.
Une nouvelle année
Va bientôt commencer
Et alors nous allons
Amorcer la répartition !
Si vous avez un cœur honnête,
Poufsouffle vous accueillera peut-être.
Pour les ambitieux,
Serpentard, rien de mieux,
Pourtant les audacieux,
De Gryffondor rejoindront les cieux.
Mais de Serdaigle,
Les plus érudits suivront les règles !
Maintenant vous les connaissez,
Les maisons que vous allez intégrer,
Et malgré les ténèbres,
Laissons place à la fête.
Vous l'espériez, nous l'attendions,
Laissons place à la répartition !
Le chapeau se tut sous un tonnerre d'applaudissements de la part de tous les élèves de salle, assis à la table de leurs maisons respectives ou même debout, à attendre d'être répartis. Anna serrait encore plus fort la main de sa sœur qui ne devinait pas son inquiétude, trop absorbée par l'ambiance festive du château. La professeure McGonagall s'avança avec un long parchemin dans les mains et annonça un premier nom. La personne en question, un jeune garçon blond s'avança timidement sur le tabouret où le chapeau prit le temps de réfléchir avant de le répartir chez Poufsouffle. Il en fut ainsi pour de nombreux autres élèves qui y allaient plus ou moins audacieusement, dont Sarah qui s'avança tout sourire avant d'être répartie à Serdaigle, très rapidement. Le flot de premières années s'amincissaient sous les applaudissements.
Soudain, une fille blond platine s'avança fièrement vers le chapeau, sans une once d'inquiétude, la tête haute. Et Anna la reconnut ; c'était la fille qui était assise dans les escaliers chez Fleury & Bott et qui l'avait regardée étrangement. Une certaine Malefoy. Et à peine le chapeau eut effleuré ses cheveux qu'il l'envoya chez Serpentard.
- Amalia Potter ! s'exclama McGonagall, quoiqu'un peu surprise.
Un chuchotement s'éleva dans la salle, perturbant la marche assurée de la rousse. Anna la suivait du regard et essayait d'oublier tous ces bruissements autour d'elle ; chuchotements à propos de leur frère, sûrement. Pour la réconforter, Louis vint placer sa main dans la sienne, une main chaleureuse et amicale qu'Anna ne refusa pas.
Amalia s'assit sur le tabouret et riva son regard sur sa sœur : elle ne pouvait pas regarder ces centaines de paires d'yeux qui n'attendaient qu'une chose. Elle devait rester courageuse et ne montrer aucune faiblesse, bien qu'elle tremblât de tout son être. Après quelques secondes qui semblèrent durer une éternité, McGonagall posa le chapeau sur sa tête. Et celui-ci commença à parler à la rousse, pour sa plus grande surprise.
- Une Potter ! s'exclama-t-il. Eh bien, je vois beaucoup de courage, un cœur de lion... Mais surtout une intelligence et une réflexion ! Oh mais... que vois-je ? Vous êtes curieuse ? Je dirais même très curieuse et intéressée... Hum... Tu aurais ta place chez les Gryffondor, mais... Tu t'épanouiras mieux chez...
Amalia tremblait d'impatience. Sans s'en rendre compte, elle avait fermé les yeux pour se concentrer sur les paroles du Choixpeau. Elle n'allait pas à Gryffondor. Elle ne serait pas avec sa sœur.
- Serdaigle ! hurla le Choixpeau, entraînant un tonnerre d'applaudissements de la part de la table des bleu et bronze.
Amalia se releva chancelante. Elle put à peine croiser le regard apeuré d'Anna, qui savait que ce serait à son tour de passer sur le tabouret. Qui sentait monter en elle ce doute, comme une certitude désormais. La rousse rejoignit la table des Serdaigle et s'assit à côté de Sarah qui la félicita, mais elle ne s'attarda pas.
- Anna Potter ! continua la professeure McGonagall avec encore plus d'étonnement.
Les chuchotements reprirent. Anna lâcha la main de Louis avec désespoir et s'assit sur le tabouret en fixant le vide, au-dessus de la lourde porte. Ses yeux noisette étaient embués de larmes. Elle avait peur. Elle sentit à peine le chapeau se poser sur ses cheveux bruns en bataille.
- Une autre Potter ! impressionnant ! dit-il. Ce même cœur de lion que votre sœur, cette loyauté exceptionnelle. Mais... serait-ce une ambition débordante que je vois là ? De la jalousie ? Seriez vous prête à tout pour atteindre votre but ? Même si, comme votre sœur, vous auriez pu avoir votre place à Gryffondor, il est indéniable que cette ambition qui vous ronge vous offre une place à...
Anna tremblait de plus en plus. Elle savait qu'il ne la dirigerait pas à Serdaigle. A vrai dire, elle savait ce qu'il s'apprêtait à annoncer. Elle y était préparée, et ferma les yeux en songeant à ses parents. Que diraient-ils de leur fille ? C'était impensable qu'une Potter finisse à...
- Serpentard ! cria le Choixpeau, haut et fort.
Anna émit un léger sourire quand elle rejoignit la table des vert et argent. Un faible sourire qui ne parvint pas jusqu'à Amalia, qui était aussi dévastée qu'elle d'être séparée. Il n'y avait aucun mal à être à Serpentard, et s'il l'avait fallu, Amalia l'aurait suivi. Elles étaient séparées. Dans deux maisons différentes. Dans deux maisons rivales. La rousse retint ses larmes et ne suivit pas le reste de la répartition. Anna était figée sur son assiette vide, avait du mal à accepter sa maison. Elle croisa le regard désolé de Bethany, sur la table voisine. Un regard désolé, pas un regard haineux. La brune saisit juste que Louis avait été réparti à Poufsouffle, comme convenu, mais n'entendit pas le reste de la répartition. Elle était beaucoup trop bouleversée.
Aucune des deux jumelles, à un bout et l'autre de la salle ne suivirent le discours de Dumbledore, sur cette nouvelle année qui allait commencer et sur ce qui était autorisé ou non dans l'enceinte de l'école. Peu importe. Elles étaient séparées. Et même le festin qui apparut sous leurs yeux, dont elles rêvaient depuis si longtemps, ne purent apaiser la plaie béante qui avait déchiré leurs cœurs.
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