chapitre 5
1er septembre 1990, 10h45
La fumée du train embrumait le quai de gare, qui se remplissait de plus en plus. Il y avait des sorciers de tout âge, beaucoup d'enfants bien évidemment, qui courraient entre les chariots de gare, surmontés de malles et cages. Amalia poussa son propre chariot pour s'engager réellement sur le quai et laisser la voie libre derrière elle. Elle regardait le train comme si c'était la première fois qu'elle le voyait, comme s'il était nouveau. Il était rouge pourpre et devant était inscrit son nom, en lettres rutilantes.
- C'est magnifique, soupira Anna.
C'était plus que de la magie qui émanait de ce lieu, mais une ambiance mystique qui annonçait une scolarité extraordinaire. Le reste de la famille Richards débarqua derrière elle, et Timothy fut le premier à les taquiner sur leur air béat devant le train.
- Alors, c'est un train les filles, vous le savez, non ? Il est comme tous les autres trains !
Il passa devant Amalia en lui ébouriffant ses cheveux roux, qu'elle avait pourtant mis du temps à coiffer. Elle se renfrogna mais éclata de rire devant la mine amusée de son frère de cœur.
- Au revoir papa, au revoir maman ! s'exclama-t-il en s'apprêtant à courir vers un groupe de jeunes, à l'autre bout du quai. Bon les p'tits gars, on se retrouve à Poudlard !
Il s'enfuit, laissant là les autres Richards et Potter. Les enfants ne s'attendaient pas à des adieux larmoyants, mais cela restait tout de même la première fois qu'ils seraient séparés de leurs parents, exception faite de Bethany, qui faisait sa rentrée en quatrième année. Helen et Keith, sentant le quai s'agiter de plus en plus, embrassèrent chacun des enfants sur le front en leur souhaitant une bonne rentrée. Anna et Amalia leur adressèrent un sourire chaleureux ; pas même des adieux pouvaient briser leur journée de rêve. Ils se quittèrent en s'adressant un dernier regard, certes empreint de tristesse mais comblé par le bonheur.
Bethany rejoignit vite ses amies, déjà installées dans un compartiment, alors qu'Anna, Amalia et Louis s'avançaient timidement vers l'entrée la plus proche. Un jeune homme brun s'approcha d'eux, et leur proposa aimablement de monter leurs valises dans le train, ce qu'ils acceptèrent, sans même connaître son nom. Puis, partagés entre l'impatience et la peur, ils montèrent à bord du train, cinq minutes avant que celui-ci ne démarre. Ils avaient tout juste le temps de trouver un compartiment libre, ou du moins qui puisse les occuper.
Le train était déjà noir de monde. Ceux qui se connaissaient déjà s'embrassaient après deux mois de séparation, se retrouvaient dans de grandes effusions de joie, oubliant les timides premières années qui tentaient de se faire une place dans le petit couloir. Anna, en tête de file, passait sa tête dans tous les compartiments pour voir s'ils étaient libres, malheureusement, ils n'en trouvèrent aucun dans le premier wagon. Le wagon suivant, plus éloigné de l'entrée, était déjà moins bondé. Et après avoir dérangé des septièmes années déjà bien engagés dans une bataille explosive, les trois nouveaux trouvèrent une place dans un compartiment occupé par une fille qui devait avoir leur âge, et un garçon un petit peu plus âgé. Ils leur sourirent aimablement quand ils prirent place à côté d'eux, en laissant cependant une petite place entre eux sur la banquette.
Le train ne s'était pas élancé que la fille, une brune aux yeux noisette et au teint halé, s'engagea, souriante, en tendant sa main vers les nouveaux venus. Le garçon lui ressemblait mais sourit timidement quand elle les présenta.
- Je m'appelle Sarah Fosler et vous ? Je rentre en première année, vous aussi, n'est-ce pas ? Et lui, c'est mon frère, Marius.
La jeune fille avait un débit de parole très rapide. Pourtant, elle était chaleureuse et semblait bienveillante.
- Je m'appelle Anna Potter, commença Anna. Et voici...
- Potter ? Vraiment ? demanda le dénommé Marius. De la famille de Harry Potter ?
Les deux jumelles se scrutèrent, intriguées.
- Oui, répondit la rousse. Je m'appelle Amalia Potter, enchantée. Nous sommes ses grandes sœurs et...
- Et vous vivez avec lui ? Avec celui qui a survécu ? interrompit une nouvelle fois Marius.
Cette fois-ci, Anna et Amalia ressentirent un pincement au cœur, que Louis ressentit en leur caressant l'épaule. Heureusement, le départ du train mit fin à cette discussion. Enfin, temporairement. Le train s'élança en émettant un bruit puissant mais agréable. Les parents, toujours sur le quai, agitaient leurs mains pour leurs enfants, collés contre la vitre et leur répondant. Anna, Amalia et Louis aperçurent au dernier moment Keith et Helen, souriants et fiers de leurs cinq enfants, enfin à Poudlard. Quelques minutes plus tard, ils ne voyaient plus la gare de King's Cross, et le train quittait la banlieue londonienne dans un nuage de fumée.
- Donc vous connaissez Harry Potter ? reprit Marius.
- Hum oui... mais elles ne vivent pas avec lui, reprit Louis. On ne pourrait pas parler d'autre chose ? Je m'appelle Louis Richards. Tu es dans quelle maison ?
- Je suis à Serdaigle, dit fièrement le jeune homme, et je rentre en quatrième année.
- Oh, tu dois connaître ma sœur Bethany, à Poufsouffle ?
- Hum... oui ! On se connaît peu, mais on a quelques cours ensemble. Comme ça tu es son frère ? Tu ne lui ressembles pas tant... Peut être es-tu plus comme ton frère ?
Les jeunes gens s'esclaffèrent sur les histoires que Marius avait à raconter à propos de Timothy, plutôt charmeur, qui faisait tomber beaucoup de filles. Bethany, beaucoup plus sage et discrète donnait moins matière à discussion.
- Et, continua Marius, comme sorti de sa timidité, vous pensez aller dans quelle maison ?
- Serdaigle ! hurla Sarah.
- Poufsouffle, comme le reste de ma famille, dit Louis, avec certitude.
- Hum... Gryffondor, réfléchit Amalia. Mais je ne sais pas trop.
- Pareil, dit Anna.
- Vous êtes jumelles ? s'exclama soudain Sarah. C'est marrant, parce que vous ne vous ressemblez pas vraiment...
- Oui on est jumelles ! répliqua la rousse. Mais non on ne se ressemble pas, c'est vrai.
- Mais on serait le portrait craché de nos parents, enchaîna Anna.
Sarah ouvrit la bouche pour dire quelque chose d'autre mais se retint, comme si elle se doutait du malaise qui pourrait régner sur ce compartiment si elle posait une quelconque question à propos des parents Potter, qu'elle savait morts, bien évidemment.
La conversation se tourna vers le quidditch, que les Fosler suivaient comme toute famille sorcière, bien qu'ils soient de Sangs-Mêlés, puis vers Poudlard, pour une énième fois. Plusieurs heures s'écoulèrent au fil de leurs discussions.
- Les friandises ! dit Marius en sautant d'un bond, comme alerté par un quelconque bruit.
En effet, une voix chevrotante appelait les élèves à sortir pour acheter des friandises. Les jumelles avaient prévu quelques pièces au fond de la poche de leurs vestes, puisque Timothy les avait évidemment averties de ce divertissement plutôt agréable.
La vieille femme passa et le compartiment la dévalisa, littéralement. Ils étalèrent leur butin devant eux ; chocogrenouilles, patacitrouilles, bulles baveuses... il y avait de tout. Et Amalia était particulièrement gourmande, et regardait avec envie toutes ces friandises qu'ils se partagèrent dans la joie et la bonne humeur, pendant un long moment.
***
Le trajet du Poudlard Express passa à une vitesse folle ; les deux jumelles avaient à peine vu la nuit tomber sur la lande écossaise, une nuit sombre et pourtant, à peine effrayante. Pendant tous le trajet, elles s'étaient amusées avec Sarah et son frère, avaient discuté et avaient laissé de côté leurs appréhensions quant à rencontrer d'autres jeunes de leur âge. Louis était resté quoique plus en retrait, mais les jumelles avaient su s'intégrer rapidement. Elles étaient tellement prises dans un débat sur ce qu'elles préféraient entre les patacitrouilles et les chocogrenouilles qu'elles ne remarquèrent même pas que le train s'était arrêté. Un peu plus tôt auparavant, le groupe avait revêtu l'uniforme de Poudlard, orné d'une cravate bleu et bronze pour Marius, et d'un insigne surmonté d'un aigle, sur fond bleu.
Les élèves commençaient à se presser dans l'étroit couloir, et les occupants du compartiment finirent par les rejoindre, afin de descendre sur le quai de la gare de Pré-au-lard. Anna et Amalia n'en revenaient toujours pas. Si elles étaient tant fascinées par cet endroit, c'était non seulement parce qu'il était mystique, mais aussi qu'il les emmenait sur les traces de leurs parents, qu'elles avaient peu eu la chance de connaître.
- On y est, murmura Anna en serrant la main de sa sœur.
- On y est, répéta Amalia en regardant le ciel étoilé au-dessus de sa tête, manquant presque la marche du train.
- Les premières années, par ici ! hurla une grosse voix.
Cette voix provenait d'un homme de très grande taille, à la barbe broussailleuse qui se confondait avec ses cheveux. Il tenait une lanterne énorme dans la main et répétait sans cesse cette phrase aux premières années, désorientés parmi les plus âgés qui connaissaient déjà le chemin, du côté opposé du quai.
Le flot de premières années se stabilisa derrière ce grand homme qui se présenta comme le garde-chasse de Poudlard, Rubeus Hagrid. Quand il constata que plus personne ne descendrait du train, il emmena sa troupe sur un chemin certes court mais tortueux, à l'abri des arbres. Quand les arbres laissèrent place à la nuit, les premières années, aux abords du lac noir, purent apercevoir pour la première fois le château de Poudlard, ombre noire dans la nuit sombre.
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