chapitre 4
31 août 1990
Le temps orageux qui planait sur le Sud-Ouest de l'Angleterre n'empêchait pas les enfants de Godric's Hollow de jouer dehors. Les jeunes Richards et Potter avaient profités de cette dernière après-midi tous ensemble dans leur village natal pour jouer au Quidditch, dans la forêt. Le lendemain, à cette même heure, ils seraient dans le Poudlard Express, pour la première fois pour trois d'entre eux. Les jumelles, plus particulièrement, brûlaient d'excitation, et depuis leurs courses au chemin de Traverse, deux semaines plus tôt, il ne se passait pas une journée sans que le mot Poudlard ne leur vienne à la bouche.
Cette journée-là, après avoir été choisies par leurs baguettes, si similaire à celle de leurs parents, les deux petites n'avaient pas pu résister devant la boutique d'animaux. Anna, qui regrettait le chat que les Potter possédaient avant la nuit d'Halloween, eut le loisir d'en choisir un, au pelage fauve et tout petit, encore bébé, qu'elle nomma immédiatement Diego. Elle disait n'avoir aucune explication rationnelle à ce choix de prénom. Au contraire, Amalia choisit une belle chouette grise, plus grosse que sa propre tête, qu'elle nomma Andromède, en honneur de la brillante constellation qu'elle aimait admirer les soirs d'été, allongée dans le jardin.
Les enfants ne rentrèrent pas tard du Quidditch, en cette veille de rentrée ; tous devaient préparer leurs malles pour le lendemain, et devaient s'assurer de ne surtout rien oublier.
- Je ne veux pas envoyer un quelconque livre par hibou dans deux jours, leur répéta Helen.
Les jumelles grimpèrent alors dans leur chambre, au dernier étage de la maison en briques, similaires à toutes celles de leur avenue. Le sol était jonché de vêtements et de manuels qu'elles n'avaient pas encore rangés. Les uniformes, à peine pliés, formaient un tas informe dans un coin, tandis que les livres s'étalaient sur le sol. Le côté d'Amalia n'était pas plus rangé, mais elle avait réussi à mettre un peu d'ordre dans certains livres, puisqu'ils avaient été sa principale lecture pendant ces deux dernières semaines. Non, elle ne se vantait pas de les avoir tous lu. Cependant, elle s'était plongée deux jours durant dans l'Histoire de Poudlard tout autant que dans le livre d'Histoire de la magie, pour lequel elle allait demander des éclaircissements à leur voisine et amie, Bathilda Tourdesac. Quant à elle, Anna n'en avait pas ouvert un, seulement feuilleté les manuels de sortilèges et de métamorphoses, y consacrant cinq minutes tout au plus. Elle se disait qu'elle aurait bien le temps de les lire plus tard, quand elles seront à l'école et qu'elles n'auront que ça à faire, par exemple.
- Tiens Am', c'est à toi ça !
- Mais non ?! On a les mêmes uniformes je te rappelle !
- Je te le file juste parce qu'il est plus froissé, dit Anna en explosant de rire.
Ceci les mena à une énième chamaillerie qui les animaient sans cesse. Mais au bout d'une heure, elles réussirent à rassembler leurs affaires dans leurs malles respectives, floquées de leurs initiales. Ayant les mêmes, elles avaient dû y rajouter la lettre de leurs deuxièmes prénoms : Anna Avery Potter et Amalia Lily Potter. C'était l'unique moyen pour elle de les différencier.
- Eh bien... on est prêtes, non ? demanda la rousse.
- Prêtes à aller à Poudlard ! s'exclama Anna, tout en sautant de son lit.
- Oui !
Enfermées dans leur chambre, elles crièrent de joie et célébraient leur départ comme il se devait. Sur la commode dans l'entrée de leur chambre étaient posés plusieurs cadres photos. La première avait été prise le jour de leur dix ans, et on pouvait les voir souriantes qui soufflaient leurs bougies. Keith avait pris la seconde lors de leur première coupe du monde de Quidditch ; chacune était affublée d'un grand chapeau orange, aux couleurs de l'équipe néerlandaise qu'elles s'étaient surprises à supporter, face à la redoutable équipe russe. Elles avaient à peu près six ans. La troisième avait été prise quelques semaines avant la nuit d'Halloween : Lily était assise dans le jardin, Harry sur ses genoux, et James avait posé Amalia sur sa jambe gauche et Anna sur sa jambe droite. On pouvait distinguer la maison familiale dans le fond, mais aussi tout l'amour que dégageaient les Potter. Tout l'amour qu'ils avaient encore à donner. La dernière photo qui ornait leur commode montrait Anna et Amalia dans la neige, âgées d'à peine un an, Lily souriant plus que jamais dans les bras de James, dont les joues étaient rougies par le froid.
- On fait comment pour les photos ? demanda Anna. On les laisse ici ?
- J'aimerai bien en prendre une, murmura Amalia. J'ai pas envie de les laisser tous seuls ici.
- Ils ne sont pas tous seuls, tu le sais ? Keith et Helen iront toujours les voir, comme Tante Tilda.
- Oui mais... J'ai besoin qu'ils soient avec moi, tu comprends ?
- Bien sûr que je comprends. On prend laquelle ?
- Anna... Et si on est pas dans la même maison ? Et si on est pas dans la même chambre ? Une photo ne suffira pas...
- Mais enfin, Amalia ! On sera ensemble, on ne sera pas séparées, ne t'en fais pas !
- Tu en es sûre ?
- Gryffondor, non ? sourit Anna, fièrement. Ils ne peuvent pas nous séparer.
- Alors on prend celle avec Harry, dit Amalia en la saisissant.
Elle enveloppa le cadre argenté dans une chemise et le déposa délicatement dans sa malle, quasi pleine. Anna eut un sourire triste en la voyant disparaître dans les piles de vêtements. Il y avait comme un vide désormais sur cette étagère. Mais elle n'avait pas à s'en faire, elles ne seraient jamais séparées.
***
Après une soirée festive, où les Richards célébrèrent cette rentrée joyeusement, toute la famille se coucha. Mais Anna et Amalia étaient incapables de dormir. Leurs yeux restaient grands ouverts dans la pénombre, et aucune n'osait déranger le prétendu sommeil de l'autre. Elles pensaient à leur nouvelle vie qui commencerait le lendemain, à cette scolarité dont elles avaient tant rêvé, surtout depuis que Tim et Beth étaient à Poudlard et leur faisaient des récits incroyables de leurs aventures dans le château, à chaque vacances. Mais ce qui hantait le plus l'esprit des petites filles était l'éventualité qu'elles puissent être séparées. Leurs tempéraments étaient bien différents et pourtant elles se ressemblaient tant. Jamais elles n'avaient été séparées de manière durable ; depuis toujours, elles partageaient la même chambre, vivaient ensemble, faisaient toutes leurs activités ensemble. Elles ne furent séparées que pendant deux jours quand Amalia, âgée de huit ans, avait été soupçonnée d'avoir contracté la dragoncelle. Ce n'était en fait qu'une fièvre passagère et elle avait pu revoir bien vite sa sœur jumelle. Bercées par ces pensées, elles tombèrent dans un sommeil sans rêves.
***
Le réveil ne fut jamais aussi facile. A sept heures du matin, Amalia était déjà sur ses deux pieds, éveillée, à coiffer sa chevelure rousse dans la salle de bain attenante à la chambre commune des sœurs Potter. Même Anna qui, au contraire d'Amalia, n'était pas du genre matinale, était déjà en train de s'habiller, avec ses plus beaux vêtements. Elle caressa Diego qui commençait à adorer leur chambre, et scruta Andromède enfermée dans sa cage. A l'inverse de Diego, elle avait bien envie de partir.
Amalia revint quelques secondes plus tard, deux tresses sur le haut de la tête pour empêcher que de quelconques mèches rebelles lui reviennent dans le visage pour cette journée si importante. Elle était déjà habillée et lança un regard complice à Anna qui démêlait ses cheveux bruns avec difficulté, bien qu'ils soient plus courts que ceux de sa sœur. Alors, coordonnées, elles explosèrent de joie. Elles allaient enfin à Poudlard. Amalia embrassa du regard sa chambre pour une dernière fois et traîna sa lourde malle jusqu'au palier, où Keith l'attendait pour descendre les deux étages.
Anna contemplait la chambre vide de toute autre présence. Si elles n'étaient pas dans la même maison, cela allait lui faire bizarre. Elle serait elle-même vide. Son regard tomba sur la commode, où les photos étaient toujours à leur place. Pour ne pas éveiller les soupçons de sa sœur sur ses doutes, elle vérifia qu'elle était descendue. Ses cris de joie venant du rez-de-chaussée le lui confirmèrent et, discrètement, elle s'empara de la photo de la jeune famille Potter dans la neige. Elle ne pouvait pas les laisser là. Elle en était incapable. Elle enfouit le cadre photo dans ses vêtements, et déposa sa malle sur le palier en attendant que Keith la descende, puis se dirigea vers la cuisine, où les autres enfants Richards mangeaient déjà leur petit-déjeuner.
***
Quelques pancakes plus tard, la petite famille était en place dans la voiture que Keith louait tous les ans pour l'occasion. Elle appartenait à un voisin moldu qui lui faisait confiance. Les enfants, bien que la voiture soit grande, étaient un peu serrés entre les malles et les cages de chouettes, mais le trajet ne leur sembla pas si long. A dix-heure trente, la maisonnée était devant l'immense gare de King's Cross, dans le Nord de Londres.
La gare était imposante. Et même si elles y étaient déjà venues, elle paraissait d'autant plus grande et importante aujourd'hui pour les jumelles, qui s'y engouffrèrent avec grande impatience, après s'être emparées de chariot.
- Avance pas trop vite, Anna ! s'exclama Helen, en voyant la brune s'élancer imprudemment dans le hall, empli de moldus.
La brune éclata seulement de rire et continua sa course, vite rattrapée par Amalia. Mais elles se stoppèrent net entre la voie 9 et 10. Elles avaient déjà passé ce mur. Elles étaient déjà venues sur ce quai. Mais à chaque fois, elles tenaient fermement la main de Keith ou Helen. Aujourd'hui, elles s'élanceraient main dans la main, avec leur propre chariot. Pas avec le crapaud de Timothy ou la chouette de Bethany.
- A trois ? demanda Amalia en tendant sa main.
- A trois, affirma sa jumelle en prenant la main tremblante dans la sienne.
Elles s'adressèrent un dernier regard et fixèrent le mur. Elles n'avaient plus peur.
- Un... commença la rousse.
- Deux... continua la brune.
- Trois ! dirent-elles en chœur.
Sur ce, elles s'élancèrent vers le mur de brique, et sans même s'en rendre compte, traversèrent la barrière magique qui menait au quai 9 ¾. Enfumé, le quai était déjà plein de monde. Et face à elles se trouvait le Poudlard Express.
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